Jeudi 30 juin 2011

Les Palestiniens sont en train de vivre l’expérience des Amérindiens

Par Jimbo Simmons, Choctaw

Publié par Brenda Norrell, sur Censored News

Traduction Christine Prat

Original article in English below/Article original en Anglais ci-dessous

 

Je fais partie d’un groupe d’Indiens de plusieurs tribus qui menons une veillée spirituelle avec un feu sacré qui brûle en permanence depuis plus de deux mois, dans un endroit appelé Segora Te, qui héberge les restes de nos ancêtres depuis plus de trois mille ans. La ville de Vallejo, en Californie l’appelle Glen Cove, d’après un des colonisateurs du 19e siècle, et veut maintenant développer cette terre. Un projet similaire est en train d’être mis en place à Jérusalem, où Israël construit un soi-disant « Musée de la Tolérance » sur un ancien cimetière Musulman confisqué aux Palestiniens.

C’est loin d’être la seule expérience que nous partageons avec les Palestiniens. La majorité des gens des deux peuples ont été chassés de leurs terres ancestrales. Les deux peuples se voient refuser plus qu’un semblant de souveraineté. Ils sont tous deux maintenus dans une pauvreté abjecte, appelée, dans le cas des Palestiniens, par les décideurs politiques Israëliens « mettre les Palestiniens au régime ».

Cette année, j’ai accepté une invitation du Mouvement Palestine Libre, une association Américaine, de me rendre à Gaza avec la Flotille de la Liberté. Je me rend compte qu’Israël ne nous laissera probablement pas entrer, et pourrait même user de méthodes violentes pour nous décourager. Cependant, la défense Indienne contre l’assaut des forces US à Wounded Knee en 1973 fait aussi partie de notre expérience, et nous rappelle que la lutte pour nos droits demande souvent des sacrifices qu’on soit Indien ou Palestinien.

Israël revendique ses droits à l’autodéfense, mais nous ne posons pas de danger. Nous ne sommes pas armés et nous ne transportons ni des matériaux ni des individus dangereux. En droit international, le seul droit d’Israël est d’empêcher l’entrée d’armes, ce qui doit être assuré par des inspections par des agents du gouvernement aux points de départ. Cependant, nous avons l’habitude de gouvernements qui utilisent l’argument de la sécurité contre des civils sans défense afin de procéder au nettoyage ethnique, et de la manière dont les lois et les traités sont ignorés par les puissants au détriment des faibles. C’est malheureusement encore une expérience que nous partageons avec les Palestiniens.

Au cours du siècle dernier, longtemps après que la plupart des grands massacres aient eu lieu, le gouvernement fédéral nous a forcé a choisir des identités tribales ou à renoncer totalement à notre identité d’origine, ce qui constitue une autre manière d’effacer notre identité. Petit à petit, l’usure de notre identité continue, tandis que de moins en moins de membres de nos nations satisfont aux conditions requises, imposées par des institutions sur lesquelles nous avons peu ou pas de contrôle et dont le but est de faire disparaître totalement les Indiens du continent afin qu’il n’y ait plus jamais de discussion sur l’attribution de terres ou de ressources à notre profit.

Nos frères et sœurs Palestiniens font face à un combat similaire. Aujourd’hui, moins de la moitié des Palestiniens dans le monde possèdent une carte d’identité délivrée par les Israëliens, ce qui est le seul moyen pour rester sur leur terre. Israël les force à choisir entre des emplois et des études d’une part, et garder leur foyer d’origine d’autre part. Ceux qui restent trop longtemps à l’extérieur peuvent se voir refuser le renouvellement de leur carte de séjour, ce qui les exile pour toujours de leur foyer ancestral. Pour les millions d’entre eux qui vivent en exile en n’ayant jamais eu une telle carte, le droit de rentrer chez eux reste un rêve.

Alors que les nations indigènes ont été autrefois le seul peuple d’Amérique du Nord, ils représentent maintenant moins d’un pour cent de la population. Bien que la majorité des Palestiniens aient été chassés de Palestine, ils constituent toujours près de la moitié de la population. Nos deux peuples résistent au génocide progressif, c’est pourquoi nous avons une forte relation de solidarité réciproque depuis plus de quarante ans. En tant que membre de l’American Indian Movement, je me sens obligé de défendre la lutte autochtone Palestinienne et toutes les autres luttes pour les droits autochtones. Nous avons accueilli et continuons à apprécier la participation des Palestiniens à notre lutte pour que tous nos droits soient respectés et rétablis et pour que notre peuple puisse vivre en toute souveraineté chez lui.

William « Jimbo » Simmons appartient à la nation Choctaw et est membre du Conseil Dirigeant de l’American Indian Movement. Il vit à Davis en Californie.

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Thursday, June 30, 2011

Palestinians are Living the American Indian Experience

By Jimbo Simmons, Choctaw

Censored News

 

I am one of a group of Indians from several tribes that have been keeping a spiritual vigil with a sacred fire burning continuously for more than two months at a place called Segora Te, which has held the remains of our ancestors for more than three thousand years. The city of Vallejo, California calls it Glen Cove, after one of the 19th century colonizers, and it now wants to develop the land. A similar project is taking place in Jerusalem, where Israel is building a so-called “Museum of Tolerance” on an ancient Muslim graveyard confiscated from Palestinians.
This is hardly the only experience that we share with Palestinians. Most of both peoples have been expelled from their ancestral lands. Both are denied anything more than token sovereignty for their people. Both are kept in abject poverty, which, in the case of the Palestinians, has been called, “putting Palestinians on a diet” by Israeli policy makers.
This year, I accepted an invitation from the Free Palestine Movement, a U.S. nonprofit, to sail to Gaza with the Freedom Flotilla. I recognize that Israel will probably not let us in, and may even use brutal means to discourage us. However, the 1973 Indian defense of Wounded Knee from assault by U.S. forces is also part of our experience, and a reminder that the struggle for our rights often demands sacrifice, whether we are Indian or Palestinian.
Israel claims self defense rights, but we pose no danger. We carry no arms, and no dangerous materials or persons. Under international law, Israel’s only right is to prevent the entry of arms, which will be assured by government inspection at the points of departure. However, we are very familiar with governments that use security arguments against defenseless civilians for the purpose of ethnic cleansing, and the way laws and treaties are disregarded by the powerful at the expense of the weak. This is unfortunately another experience that we share with Palestinians.
Over the last century, long after most of the great massacres of Indians had taken place, the federal government has been forcing us to choose tribal identities or to give up our native identity altogether, which is another way of erasing our identity. Little by little, attrition of our identity continues, as more members of our nations fail to qualify under standards that have been imposed upon us by agencies over which we have little or no control, and whose aim is to make Indians disappear entirely from the continent so that there will no longer be any discussion of allocating land or resources to us.
Our Palestinian brothers and sisters face a similar struggle. Today, less than half the Palestinians in the world possess an Israeli-issued identification card, which is their only means of remaining on their land. Israel also forces them to choose between jobs and education on the one hand, and retaining possession of their home on the other. Those who spend too much time away from home may be refused renewal of their residency permits, effectively exiling them forever from their ancestral home. For millions living in exile without ever having held such a card, the right to return to their homes remains a dream.
Where indigenous nations were once the only people in North America, they are now less than one percent of the population. Although a majority of Palestinians have also been driven out of Palestine, they still constitute almost half the population. Both of our peoples are resisting progressive genocide, which is why we have had an important solidarity relationship with each other for forty years or more. As a member of the American Indian Movement, I feel compelled to support and defend the indigenous Palestinian struggle and all other struggles for indigenous rights. We have welcomed and continue to value Palestinian participation in our struggle, so that all of our rights are respected and restored, and so that our people will live in full sovereignty in their homes.

William “Jimbo” Simmons is a member of the Choctaw nation and a member of the Governing Council of the American Indian Movement. He lives in Davis, California.

 

 

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