DES DEFENSEURS DE LA TERRE MANIFESTENT CONTRE LA ‘DECLARATION VIDE’ D’UNE JOURNEE DE PEUPLES AUTOCHTONES A ‘FLAGSTAFF’

 

Mardi 9 octobre 2018

Rapport publié par le Comité Ad-hoc d’Agitation Anticoloniale du Territoire Occupé de Flagstaff
Photos Ed Moss & anonymes

Publié par Indigenous Action Media
Traduction Christine Prat
(J’ai mis ‘femmes/trans’ pour ‘womxn’ dans l’original, néologismes!)

 

TERRITOIRE OCCUPE DE FLAGSTAFF, Arizona – Lundi soir, plus de 45 personnes se sont rassemblées sur “Heritage Square”, dans le territoire occupé de soi-disant “Flagstaff”, pour appeler à la libération des Autochtones lors de la Journée des Peuples Autochtones. Les intervenants au rassemblement ont fortement rejeté la récente déclaration d’une “Journée des Peuples Autochtones” par les politiciens de Flagstaff, comme étant une mesure hypocritement symbolique, vu que les Autochtones de la région continuent à être confrontés au génocide culturel, à des incarcérations hors de proportion, à être sans abris, à un profilage racial extrême, et à la violence d’état.

Le rassemblement s’est concentré sur les voix des femmes et des parents à deux esprits, qui ont parlé de leurs histoires de résistance à l’hétéro-patriarcat et à la violence d’état. La foule a distribué des bandanas rouges avec le hashtag #MMIW en l’honneur des Femmes Autochtones Disparues ou Assassinées (MMIW – Missing and Murdered Indigenous Women), un mouvement qui affronte le fait qu’un tiers des femmes Autochtones des soi-disant “Etats-Unis” ont disparu ou ont été assassinées.

Nicole Joe, qui appartenait à la communauté locale des Autochtones sans abris, est morte le 25 décembre 2017, après que son compagnon, Vaughn Seumptewa, l’ait battue et laissée dehors dans le froid pendant plusieurs heures, avant de la trainer dans un appartement, où elle mourut un peu plus tard.

Les manifestants ont réclamé la justice pour Nicole Joe, Loreal Tsingine (assassinée par la police à Winslow en 2016), et Vanessa Lee, récemment trouvée morte à Flagstaff, sans que la cause de la mort ait été déterminée jusqu’à maintenant.

“Si les communautés doivent mettre un terme à la disparition et l’assassinat de femmes/trans Autochtones, il doit y avoir un soutien plus efficace pour les femmes/trans devant quitter des partenaires violents, à l’opposé du système actuel, intrinsèquement raciste contre les femmes/trans Autochtones, dont les histoires ne sont souvent pas crues ou sont placées sur des listes d’attente avant d’obtenir le même traitement que les non-Autochtones,” dit Bonn Baudelaire.

Bonn ajouta: “Nous avons résisté à cette narration depuis 500 ans. Et c’est pour cela que nous sommes ici aujourd’hui, pour que le futur soit réimaginé par le féminin. Ainsi, qu’est-ce que ça signifie quand nous disons Femmes/trans Disparues et Assassinées? C’est ce que nous voulons dire, nous réimaginons le futur dans nos propres mains. Que se passe-t-il quand les corps de femmes/trans sont attaqués? C’est exactement la même chose que d’attaquer Notre Mère la Terre. Les femmes recréent littéralement la vie sur cette terre et lorsqu’elles sont attaquées, nous attaquons le cœur même de ce que signifie être en vie.”

Des histoires sensibles ont été partagées au rassemblement, par des gens qui souffrent directement de la violence d’état, des raids et détentions de l’I.C.E. [Immigration and Customs Enforcement], et de l’hétéro-patriarcat suprémaciste blanc. Le rassemblement a connecté de nombreuses et diverses luttes contre la violence faite aux femmes/trans, le profilage racial et les incarcérations, la profanation de la terre sacrée, et la violence contre nos parents sans abris, avec des banderoles disant “Pas de justice sur des terres volées” et “Avant 1492, personne n’était sans abris.”

Les politiciens de Flagstaff ont refusé de revenir sur leur fameuse “Ordonnance Anti-Camping“, qui avait valu à la ville la 10ème place dans le rapport de La Coalition Nationale pour les SDF, sur les villes les plus “médiocres” des soi-disant Etats-Unis. Des capitalistes à Flagstaff continuent de discriminer ouvertement les Autochtones sans abris, et de leur refuser des services.

Ale Becerra, un représentant de la Coalition pour l’Abrogation, déclara: “Nous parlons du même problème, c’est-à-dire de la violence de l’état contre des communautés, les communautés Autochtones, et les sans-papiers. Nous partageons la même lutte. Nous devons apprendre à le reconnaître.”

La Coalition pour l’Abrogation a demandé l’arrêt immédiat de la collaboration de la ville de Flagstaff avec les attaques de l’I.C.E. contre la communauté des sans-papiers.

Le rassemblement s’est finalement transformé en manifestation dans les rues, bloquant plusieurs carrefours dans le centre de Flagstaff. Toute la nuit, il y eut une forte présence policière, et des flics ont saisi et bousculé des gens, démontrant par là que la ville de Flagstaff ne s’engage qu’à “honorer” les Autochtones symboliquement, mais lâchera la violence d’état contre eux, même au cours de la “Journée des Peuples Autochtones”.

Ce traitement n’était pas une surprise, étant donné que le nombre hors de proportions d’Autochtones arrêtés à Flagstaff démontre un grave problème, le ciblage de la communauté Autochtone par les forces de l’ordre. D’après une étude récente, les Autochtones représentent 10% de la population, mais près de la moitié du nombre d’arrestations annuelles. Qu’un Autochtone sur deux vivant à Flagstaff, indépendamment de son âge, risque l’arrestation est un grave problème. (Source: Rapport Annuelle de la Police de Flagstaff 2009-2017)

Scandant “Boycottez Snowbowl” et “Pas de Colomb, Pas de KKK, Pas d’Etats-Unis Fascistes”, la foule a défilé dans les rues. Les slogans ont résonné dans tout le centre, incitant des passants à se joindre aux manifestants. La manifestation a duré plus d’une heure, occupant divers carrefours et bloquant la circulation toute la nuit.

Le 2 octobre 2018, la Ville de Flagstaff a précipitamment adopté une résolution reconnaissant la “Journée Colomb” comme Journée des Peuples Autochtones. Cependant, cette résolution ne fait rien pour changer la perpétuation du génocide culturel des Autochtones, dont la Ville reste complice et dont elle profite. La Ville de Flagstaff refuse d’annuler son contrat de vente d’eaux usées pour faire de la neige artificielle sur les Pics San Francisco, sacrés pour plus de 13 nations Autochtones. Le combat ininterrompu pour protéger les Pics a conduit à plusieurs affaires en justice qui ont fait jurisprudence pour entamer négativement la liberté religieuse de tous les Peuples Autochtones.

Des flics attendaient sur les lieux du rassemblement avant l’arrivée des organisateurs, et après la fin de la manif, environs 20 flics en civil tournaient autour des gens encore présents, les surveillant et essayant de les identifier. Des flics ont suivi des gens jusqu’à leurs voitures et ont photographié les plaques minéralogiques.

En dépit de l’intensité de l’intimidation et de l’agressivité policières cette nuit-là, les manifestants ont tenu bon et ont terminé la marche en chantant le chant de l’AIM, en occupant le croisement des rues Beaver et Leroux.

Il y eu des appels pour les phases suivantes et pour des actions continues, un drapeau “Américain” a été brûlé, et quelqu’un dans la foule a déclaré: “La résistance Autochtone ne sera jamais sanctionnée par l’état. Chaque jour est une Journée des Peuples Autochtones, et chaque jour nous devons continuer à combattre pour notre existence.”

 

Les Organisateurs ont appelé à des actions immédiates:

  • Continuation du boycott d’Arizona Snowbowl et de l’exigence que la Ville de Flagstaff résilie son contrat avec la station de ski,
  • fin du profilage racial et de la collaboration avec l’I.C.E. et travailler à l’abolition de la police dans nos communautés en établissant des réseaux de soutien à la communauté et des options de justice transformatrice/réparatrice,
  • abrogation de l’ordonnance anti-camping et de toutes les politiques anti-SDF,
  • dons de sacs de couchage et de vêtements d’hiver pour nos parents sans abris à Táala Hooghan Infoshop (1704, N 2nd).

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