PICS SAN FRANCISCO: ACCES A LEUR SITE SACRE INTERDIT A DES AUTOCHTONES LORS DE L’OUVERTURE DE LA STATION DE SKI

 

Par www.protectthepeaks.org
Publié par Indigenous Action Media
Egalement publié sur Censored News
Vendredi 16 novembre 2018
Traduction Christine Prat

 

Flagstaff, Arizona – Poursuivant des années de destruction de l’environnement, de menaces pour la santé publique, et de profanation et d’attaques contre le mode de vie des Autochtones, la station de ski Arizona Snowbowl a ouvert la saison ce vendredi, avec de la neige artificielle faite de millions de litres d’eaux usées recyclées. La police a bloqué une partie des Pics San Francisco, une montagne du Nord de l’Arizona sacrée pour plus de 13 Nations Autochtones et gérée par le Service des Forêts des Etats-Unis, en tant que terre publique. Les flics ont menacé d’arrêter toute personne sans ticket de ski qui essaierait d’accéder à la zone. Les supporters de Snowbowl ont également essayé d’attaquer des manifestants.

Environs 20 personnes se sont rassemblées pour prier à 7h30 du matin, au pied de la route de Snowbowl, tandis que quatre véhicules des forces de l’ordre patrouillaient et surveillaient le cercle de prière.

Lorsque le groupe a commencé à monter plus haut sur la montagne, il a été suivi par les forces de l’ordre. Plusieurs personnes ont été bloquées et harcelées pour de supposées infractions mineures à la circulation.

A près de 2 km de la station Snowbowl, les gens sont descendus de leurs voitures et ont continué à monter à pied, en chantant et portant des banderoles et des bâtons de prière.

Ray Ray, qui conduisait la manifestation par des prières, déclare: “Ne suis-je pas autorisé à prier ni à aller sur la Montagne Sacrée pour laquelle mes ancêtres et mon peuple ont prié bien longtemps avant que ce soit considéré comme l’Amérique? Qu’un espace sacré puisse être privatisé par une compagnie qui paie pour que mes droits religieux soient retirés, pour que ma liberté d’expression soit retirée, c’est de la tyrannie et de la malveillance de la part de la compagnie, des employés, de la sécurité et des commanditaires de Snowbowl.”

Des véhicules d’assistance ont été déplacés et leurs conducteurs menacés de contraventions pour “obstruction à la circulation”, alors qu’ils suivaient les marcheurs pour assurer leur sécurité.

Plus de 20 agents des forces de l’ordre de divers services, y compris la “Force Antigangs de l’état”, patrouillaient autour de la zone de ski quand le groupe est arrivé.

Des agents des forces de l’ordre, entre autres les Rangers du Service des Forêts, bloquaient l’accès à la seule piste de ski que Snowbowl avait pu ouvrir, et menaçaient quiconque n’avait pas de ticket de ski d’arrestation pour “effraction.” Il y avait un panneau sur lequel on pouvait lire: “Ticket de ski obligatoire au-delà de ce point. Luge interdite. Pas de piétons sur les pentes de ski.”

“C’est notre montagne sacrée, notre église, comment pourrions-nous y être par effraction? Comment pouvez-vous nous interdire l’accès à des terres publiques?” demanda Klee Benally, un bénévole de Protectthepeaks.org, aux Sheriffs du Comté de Coconino et aux Rangers du Service des Forêts. “Où s’arrêtent les terres publiques? Qu’est-ce qui vous donne le droit de m’interdire l’accès à mon église?” demanda K. Benally, mais les agents refusèrent de répondre à ces questions. Le Sheriff du Comté répondit: “Si vous dépassez ce panneau, vous serez arrêté.”

Quand il fut de nouveau demandé où s’arrêtaient les terres publiques et pourquoi les Peuples Autochtones n’étaient pas libres de se promener sur la montagne, le Ranger du Service des Forêts déclara: “Vous comprendrez au tribunal.”

Vintrivia Zee, qui habite à Flagstaff et avait rejoint le rassemblement de prière et la manifestation dit: “Les flics ne savaient même pas pourquoi nous ne pouvions pas aller sur la montagne. Ils ont tout simplement violé nos droits.”

“A 25 ans et en tant que femme Autochtone, je vois et ressens la lutte de mon peuple et le racisme dans la ville de Flagstaff, adjoignant [la Réserve Navajo].” Dit Tylene Halfmoon, “j’avais le sentiment d’avoir des devoirs envers mes ancêtres, et tous les peuples Autochtones qui souffrent d’être SDF, de la dépendance à la drogue et à l’alcool, de foyers brisés, de violence conjugale, d’être visés par la police simplement parce que leur peau est trop brune, et pour mes grand-mères qui ont eu une vie si dure, à l’époque. Tout bien considéré, aujourd’hui j’ai eu l’espoir qu’il y avait encore des gens pour qui ça importe, et c’est quelque chose qu’il faudra continuer et enseigner à nos générations futures, pour qu’elles comprennent que nous ne sommes pas un peuple faible: nous sommes forts, tenaces, résilients, et nous sommes toujours là, même après qu’ils aient essayé de nous éliminer par un génocide de masse” dit T. Halfmoon.

“De notre eau, notre terre et notre air, à la position même que nous prenons sur terre, ils veulent nous prendre tout ça” dit Ray.

“En tant que Musulmane, je reconnais la valeur des sites sacrés, parce que nous avons les nôtres, dans ma religion. Voir cette montagne continuellement profanée pour des profits capitalistes, et ceci complètement contre la volonté de 13 Nations Autochtones qui étaient ici des dizaines de milliers d’années ou plus avant que ce soi-disant pays soit créé!” dit Sumayyah Dawud, qui était venue de Phoenix pour offrir son soutien. “Ce qu’ils font est inacceptable, et c’est pourquoi je suis venue aujourd’hui, et pourquoi j’étais déjà venue par le passé et continuerai à résister à cette insulte coloniale, et à la violence d’état et à l’oppression coloniale. Nous faisons face à un changement climatique catastrophique, et ce qu’ils font à cette montagne avec cette neige d’eaux usées contribue à la violence contre la terre.”

Alors que le groupe résistait, tenant des banderoles et scandant leurs slogans, deux supporters de Snowbowl ont tenté de pénétrer de force dans la foule et d’attaquer des manifestants. Ils ont vite réagi, défendu leurs amis et scandé leurs slogans.

“J’ai ressenti tellement de niveaux de violence et d’oppression contre des gens qui résistent pour leur survie, au cours de cet incident” dit Mary Begay, qui a habité Flagstaff toute sa vie et est Protectrice de la Montagne bénévole, “nous marchions en pleine profanation quand nous avons été bloqués par les forces de l’ordre qui ne protégeaient que la compagnie et ses bénéfices. Les protecteurs de la montagne ont été constamment insultés par les skieurs, et deux femmes parmi les protecteurs de la montagne, ont été agressées physiquement par un homme qui frappait leurs visages avec le bord de sa planche de surf, et elles auraient été blessées sérieusement, si elles n’avaient pu la bloquer de leurs mains à temps. Nous ne nous laisserons pas intimider par la police ou les supporters racistes de Snowbowl. Si les sites sacrés et la survie culturelle sont attaqués, nous devons nous défendre” dit Mary Begay.

Snowbowl est la seule station de ski au monde qui fait de la neige avec des eaux usées. Ils sont autorisés par le Service des Forêts à utiliser près de 700 millions de litres d’eaux usées par saison. Elles sont acheminées par un tuyau de la ville de Flagstaff, qui maintient son contrat de vente d’eaux usées à la station.

“Que des gens soient prêts à payer pour skier sur une rivière gelée d’eaux usées est ridicule” dit Eva Malis. “Il a été prouvé que ces eaux usées contiennent des produits dangereux et des agents cancérigènes, et l’EPA n’exige ni tests ni remèdes pour les produits pharmaceutiques et les hormones trouvés dans ces eaux.”

La présence de Snowbowl sur les Pics San Francisco est controversée depuis longtemps. La station de ski opère grâce à un permis spécial d’utilisation sur des terres publiques gérées par le Service des Forêts des Etats-Unis. Pendant des décennies, ça a fait l’objet de nombreuses poursuites en justice qui ont constitué un précédent pour la liberté religieuse et les sites sacrés des Autochtones.

Le Service des Forêts a approuvé l’expansion de la zone skiable et l’utilisation d’eaux usées pour faire de la neige en 2005.

Les poursuites en justice de groupes écologistes et de Nations Autochtones ont finalement échoué, et Snowbowl a commencé à faire de la neige d’eaux usées recyclées en 2012. La Tribu Hopi est actuellement en conflit avec la ville de Flagstaff à propos de son contrat de vente d’eaux usées à Snowbowl, et une décision de la Cour Suprême d’Arizona pourrait tomber d’un jour à l’autre.

Pour plus d’informations (en anglais): www.protectthepeaks.org
En français: résumé de l’historique de la station de ski et de la lutte contre et tous les articles traduits

Photos © www.protectthepeaks.org

 

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