LETTRE OUVERTE AUX MILITANTS D’OCCUPEZ WALL STREET

Par John Paul Montano, Anishinabe

Traduction Christine Prat (Original article in English below)

 

Samedi 24 septembre 2011

Merci pour votre courage. Merci pour votre tentative d’améliorer la situation dans ce qui s’appelle maintenant les Etats-Unis. Merci pour votre attachement à la paix et la non-violence. Merci pour vos sacrifices. Merci.

Juste une chose. Je ne fais pas partie des 99% dont vous parlez. Et çà m’attriste. S’il vous plait, ne vous méprenez pas. Je voudrais faire partie des 99%… mais vous avez choisi de m’exclure. Peut-être n’en aviez vous pas l’intention, mais vous m’avez exclu. En fait, des millions d’entre nous, peuples autochtones, ont été exclus du mouvement de protestation Occupez Wall Street. Sachez, s’il vous plait, que je me doute que cette exclusion n’était pas volontaire de votre part. C’est pourquoi je vous écris. Je crois que vous pouvez réparer cette erreur. (J’espère que vous avez encore le sourire.)

Il semble que depuis que nous, les Autochtones, avons découvert les Européens et les avons invités à nous rendre visite ici, sur notre terre, nous avons dû subir d’innombrables « -ismes », religions, programmes sociaux et autres, destinés à nous « réparer ». Le Protestantisme, le Socialisme, le Communisme, la Démocratie Américaine, le Christianisme, les Pensionnats et autres écoles… bref, vous comprenez. Et il s’avère aussi que ces stratégies soit disant « éclairées » ont presque toujours été mises en pratique et imposées sans notre consentement. Et je suppose que vous savez comment çà a fini pour nous. Oui. Horriblement.

Ce qui me ramène à vos activités, par ailleurs très intéressantes, d’Occupez Wall Street. Le 22 septembre, j’ai lu avec beaucoup d’enthousiasme votre déclaration d’ « Une revendication ». J’espérais, je croyais que des gens « éclairés » comme vous, combattant pour la justice et l’égalité, et pour la fin de l’impérialisme, etc., etc., mentionneraient le fait que le territoire sur lequel vous protestez ne vous appartient pas, que vous êtes des hôtes sur des terres indigènes volées. J’espérais que la nation indigène dont c’est le territoire serait mentionnée. J’espérais que vous traiteriez la question de l’histoire de tous ces siècles pendant lesquels, nous les autochtones avons subi les innombrables « -ismes » de tous les « bienfaiteurs » prétendant construire une « société plus juste », un « monde meilleur », un « pays de la liberté » sur nos sociétés indigènes, sur nos terres indigènes, en détruisant et/ou ignorant nos modes de vie. J’espérais que vous reconnaîtriez tout cela, vu que vous êtes des colons sur un territoire indigène et avez besoin de – et devriez vouloir – notre consentement pour construire quoique ce soit sur notre territoire – qui plus est, toute une société. Vous voyez où je veux en venir ? J’espère que vous gardez le sourire. Nous sommes toujours amis, donc ne vous énervez pas. Je crois que vos cœurs sont à la bonne place. Je sais que toute cette histoire de génocide et de colonialisme crée parfois beaucoup de confusion pour nous tous. Mais il me semble que vous êtes inconsciemment en train de faire ce que tous les colonialistes ont fait avant vous : faire des choses sur notre territoire sans nous demander la permission.

Mais n’ayez pas peur, chers amis. Nous les indigènes avons le sens de l’humour. Donc, je pense que je peux vous soumettre quelques suggestions amicales pour aider à sortir de la position colonialiste dans laquelle (involontairement, j’espère) vous vous trouvez. [Jeu de mots difficilement traduisible – NdT].

Soit dit en passant, je ne suis qu’un individu indigène. Je ne représente que moi-même. C’est une initiative isolée d’écrire cette lettre. Peut-être qu’aucun de mes compatriotes Anishinaabe ne me soutiendront. Peut-être que certains le feront. Je respecte leurs opinions de toutes façons. J’aimerai toujours mon peuple Anishinaabe. J’essaie juste de faire quelque chose de bon, tout comme vous dans le mouvement Occupez Wall Street dans ce qui est maintenant appelé New York.

Donc, ce que je propose. (Vous souriez toujours, n’est-ce pas ?)

1) Reconnaissez que les Etats-Unis d’Amérique sont un pays colonial, un pays de colons, construit sur les territoires de nations autochtones ; et/ou…

2) Exigez la libération immédiate du prisonnier politique indigène Leonard Peltier ; et/ou…

3) Exigez du gouvernement colonial des Etats-Unis d’Amérique qu’il respecte tous les traités signés avec toutes les nations indigènes dont les territoires sont appelés collectivement « Etats-Unis d’Amérique » ; et/ou…

4) Mentionnez d’une manière ou d’une autre que vous êtes conscients d’être des colons et que vous n’avez pas l’intention de répéter les erreurs de tous les colons bien intentionnés qui vous ont précédé. En d’autres termes que vous êtes prêts à obtenir le consentement des peuples autochtones avant de faire quoique ce soit en territoire indigène.

Espérant que cette liste peut vous être utile, j’attend votre réaction avec impatience, mes amis.

Miigwech ! ( « Merci ! »)

JohnPaul Montano
http://twitter.com/jpmontano

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Saturday, September 24, 2011

An Open Letter to the Occupy Wall Street Activists

Thank you for your courage. Thank you for making an attempt to improve the situation in what is now called the United States. Thank you for your commitment to peace and non-violence. Thank you for the sacrifices you are making. Thank you.

There’s just one thing. I am not one of the 99 percent that you refer to. And, that saddens me. Please don’t misunderstand me. I would like to be one of the 99 percent… but you’ve chosen to exclude me. Perhaps it was unintentional, but, I’ve been excluded by you. In fact, there are millions of us indigenous people who have been excluded from the Occupy Wall Street protest. Please know that I suspect that it was an unintentional exclusion on your part. That is why I’m writing to you. I believe that you can make this right. (I hope you’re still smiling.)

It seems that ever since we indigenous people have discovered Europeans and invited them to visit with us here on our land, we’ve had to endure countless ‘-isms’ and religions and programs and social engineering that would “fix” us. Protestantism, Socialism, Communism, American Democracy, Christianity, Boarding Schools, Residential Schools,… well, you get the idea. And, it seems that these so-called enlightened strategies were nearly always enacted and implemented and pushed upon us without our consent. And, I’ll assume that you’re aware of how it turned out for us. Yes. Terribly.

Which brings me back to your mostly-inspiring Occupy Wall Street activities. On September 22nd, with great excitement, I eagerly read your “one demand” statement. Hoping and believing that you enlightened folks fighting for justice and equality and an end to imperialism, etc., etc., would make mention of the fact that the very land upon which you are protesting does not belong to you – that you are guests upon that stolen indigenous land. I had hoped mention would be made of the indigenous nation whose land that is. I had hoped that you would address the centuries-long history that we indigenous peoples of this continent have endured being subject to the countless ‘-isms’ of do-gooders claiming to be building a “more just society,” a “better world,” a “land of freedom” on top of our indigenous societies, on our indigenous lands, while destroying and/or ignoring our ways of life. I had hoped that you would acknowledge that, since you are settlers on indigenous land, you need and want our indigenous consent to your building anything on our land – never mind an entire society. See where I’m going with this? I hope you’re still smiling. We’re still friends, so don’t sweat it. I believe your hearts are in the right place. I know that this whole genocide and colonization thing causes all of us lots of confusion sometimes. It just seems to me that you’re unknowingly doing the same thing to us that all the colonizers before you have done: you want to do stuff on our land without asking our permission.

But, fear not my friends. We indigenous people have a sense of humor. So, I thought I might make a few friendly suggestions which may help to “fix” the pro-colonialism position in which you now (hopefully, unintentionally) find yourselves. (Please note my use of the word “fix” in the previous sentence. That’s an attempt at a joke. You can refer to the third paragraph if you’d like an explanation.)

By the way, I’m just one indigenous person. I represent no one except myself. I’m acting alone in writing this letter. Perhaps none of my own Nishnaabe people will support me in having written this. Perhaps some will. I respect their opinions either way. I love my Nishnaabe people always. I am simply trying to do something good – same as all of you at the Occupy Wall Street protest in what is now called New York.

So, here goes. (You’re still smiling, right?)

1) Acknowledge that the United States of America is a colonial country, a country of settlers, built upon the land of indigenous nations; and/or…

2) Demand immediate freedom for indigenous political prisoner Leonard Peltier; and/or…

3) Demand that the colonial government of the United States of America honor all treaties signed with all indigenous nations whose lands are now collectively referred to as the “United States of America”; and/or…

4) Make some kind of mention that you are indeed aware that you are settlers and that you are not intending to repeat the mistakes of all of the settler do-gooders that have come before you. In other words, that you are willing to obtain the consent of indigenous people before you do anything on indigenous land.

I hope you find this list useful. I eagerly await your response, my friends.

Miigwech! ( ~”Thank you!” )

JohnPaul Montano

http://twitter.com/jpmontano

 

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