Par No More Deaths
Sur Censored News
1er août 2020
Traduction Christine Prat

Arivaca, Arizona – La Patrouille des Frontières des Etats-Unis a attaqué un poste d’aide humanitaire, et arrêté et détenu plus de 30 personnes qui recevaient des soins médicaux, de la nourriture, de l’eau et un abri, par une température d’environ 40°. Au cours d’une démonstration de force colossale, la Patrouille des Frontières – avec l’Unité Tactique de la Patrouille des Frontières, récemment déployée à Portland, dans l’Oregon – a fait une descente dans le camp avec un blindé, trois SUV, deux hélicoptères et des dizaines de véhicules identifiés et banalisés.

Pour son raid contre notre camp d’aide humanitaire, la nuit dernière, la Patrouille des Frontières avait un mandat, mais a refusé de le montrer en entrant. Le mandat spécifiait la saisie de tous les téléphones portables et des documents papier, une tentative évidente de supprimer toute information sur leurs actions, et les agents ne portaient pas de masques. Pendant deux heures, dans le noir, ils ont détenu et pourchassé des gens qui recevaient des soins, un agent de la Patrouille des Frontières filmant la scène. Le jour précédent, des agents avaient pénétré dans le camp sans mandat et avaient détenu une personne qui recevait des soins. Puis la Patrouille a mis en place une surveillance de 24 heures autour du périmètre, décourageant quiconque d’entrer dans le camp pour demander de l’aide.

L’attaque de style militaire de la nuit dernière contre le poste d’aide est un exemple flagrant du système mortel de la Patrouille des Frontière destiné à perturber l’aide humanitaire. Beaucoup de bénévoles de No More Deaths travaillent comme Techniciens Médicaux d’Urgence : du personnel paramédical, des infirmières et des médecins. Les bénévoles sont formés pour respecter l’autonomie des individus qui reçoivent des soins – selon la pratique normale dans le domaine médical, ils n’appellent le 911 et la Patrouille des Frontières qu’avec le consentement du patient. Toutes les personnes dans le camp avaient été évaluées médicalement, étaient dans un état stable et recevaient des soins constants.

La première détention et la surveillance du camp ont été mis en place tout juste 24 heures après que No More Deaths ait publié des emails d’une requête d’informations selon la Loi sur la Liberté d’Information, qui révélaient le rôle de la BORTAC [l’Unité Tactique de la Patrouille des Frontières] et du Syndicat de la Patrouille des Frontières, dans une attaque de 2017 contre le même poste d’aide.

Cette précédente attaque contre le même camp en 2017, s’est produite avant l’arrestation du Docteur Scott Warren, en janvier 2018, pour avoir fourni de l’aide humanitaire à deux individus. Warren avait été arrêté seulement quelques heures avant que No More Deaths ne publie un rapport détaillé sur la perturbation de l’aide humanitaire par la Patrouille des Frontières et une vidéo, devenue virale*, montrant des agents détruisant des tonneaux d’eau. Le message est clair : dénoncez les exactions de la Patrouille des Frontières et attendez-vous à des représailles.

« Hier, la Patrouille des Frontières a nuit à plus de trente personnes de façons irréparables. Quotidiennement, ceux qui migrent à travers le désert d’Arizona sont poursuivis, terrorisés, détenus et déportés » dit le Docteur Scott Warren, « la nuit dernière, nous avons été témoins de ces tactiques employées contre des gens qui cherchaient de l’aide médicale et des secours au poste d’aide de No More Deaths. Comme toujours, quand l’aide humanitaire dans les régions frontalières est visée, ce sont ceux qui ont besoin de soins qui sont confrontés le plus à l’escalade de la violence. »

No More Deaths / No Más Muertes s’engage totalement à continuer son travail d’aide à tous ceux qui voyagent à travers les régions frontalières et sont en danger de souffrance et de mort. L’aide humanitaire n’est pas un crime.

Nous continuerons à vous tenir informés de futurs développements ou d’appels à l’action. Merci encore d’être avec nous en ce temps difficile.

Si vous pouvez soutenir notre travail financièrement, vous pouvez donner ici.

Dans la solidarité,

La communauté No More Deaths / No Más Muertes

Pour rester informés sur les évènements dans notre camp, suivez-nous sur Twitter, Facebook ou Instagram et diffusez l’information dans vos communautés, svp.

***

La vidéo citée dans l’article:

FRONTIERE US/MEXIQUE : LA REPRESSION S’INTENSIFIE CONTRE LES ORGANISATIONS QUI DEMANDENT JUSTICE POUR LES MIGRANTS

Publié par Indigenous Action Media
Le 15 avril 2019
Traduction Christine Prat

TERRITOIRES OCCUPES DE SOI-DISANT “EL PASO, TEXAS” – La police d’El Paso a émis des mandats d’arrestation contre seize militants – connus comme Borderland16 – de sept états différents, entre autres de Californie, New-York, Missouri et Texas, suite à une action du 16 février 2019 au Musée de la Patrouille des Frontières. Trois personnes ont été accusées de délit et d’effraction et treize autres d’infraction criminelle.

Ce jour [15 avril] à 8h du matin, deux des activistes se sont rendues d’elles-mêmes à la prison du Comté d’El Paso, après une marche partie du Aztec Calendar Park. Les activistes, Ana Tiffany Deveze, d’El Paso, et Elizabeth Vega, née à Las Cruces et habitant aujourd’hui à St. Louis, ont été rejointes par des supporters qui portaient des panneaux exigeant l’abandon des poursuites.

Les seize activistes poursuivis pour actes criminels, faisaient partie de “Tornillo L’Occupation”, une coalition d’individus et d’organisations d’El Paso et de tout le pays, qui avaient fait le voyage jusqu’à la frontière pour attirer l’attention sur les conditions de détention inhumaines d’enfants, au tristement célèbre centre de détention de Tornillo.

L’action attirait l’attention sur les histoires de Jakelin Caal Maquin, Felipe Gomez Alonzo et Claudia Patricia Gomez Gonzalez, trois jeunes migrants morts alors qu’ils étaient détenus par la Patrouille des Frontières, au cours des derniers mois.

La coalition estime que les allégations portées contre ses membres sont extrêmement exagérées, particulièrement à la lumière des violations des droits humains, comme l’entreposage de demandeurs d’asile sous le Pont Paso Del Norte.

Elizabeth Vega, une des accusées, grand-mère et vétéran, originaire de Las Cruces, dit “Notre gouvernement met en cage des hommes, des femmes et des enfants, sous un pont entouré d’une clôture et de barbelés coupants. Ces êtres humains, dont beaucoup de jeunes enfants, reçoivent de la fiente de pigeons, sont exposés à des vents froids et n’ont rien pour s’abriter. Les gens qui marchent sur le pont entendent des enfants qui pleurent sous leurs pieds. C’est criminel et constitue de véritables crimes contre l’humanité. En tant que mère, grand-mère et vétéran, Je me sens moralement obligée de prendre position” dit E. Vega.

La coalition pense que ces accusations font partie d’un processus très choquant de criminalisation de l’aide humanitaire et de ceux qui dénoncent la violence sanctionnée par l’état. Quelques jours avant que les mandats d’arrestation contre Borderland16 aient été émis à El Paso, des étudiants de l’Université d’Arizona ont également été accusés d’infractions criminelles pour avoir protesté contre des représentants de la Patrouille des Frontières, au cours d’une présentation sur le campus. En janvier 2018, huit membres de No More Deaths, une organisation d’aide humanitaire, avaient été arrêtés pour avoir déposé de l’eau le long des chemins suivis par les migrants dans le désert d’Arizona, suite à la publication d’un rapport sur les actions des agents de la Patrouille des Frontières, qui détruisent de l’aide humanitaire vitale. “Donner de l’eau et aider des êtres humains ne devrait jamais être un crime” dit Ana Tiffany Deveze, seul membre local de la coalition accusée suite à l’action. Mme Deveze, mère et éducatrice communautaire, a été accusée de délit et d’effraction et sa photo a été mise sur la liste des personnes les Plus Recherchées d’El Paso. Elle dit qu’elle n’est pas une criminelle et qu’elle n’a pas honte. “Ayant résidé toute ma vie dans la région frontalière, et en tant que mère, je dois penser très sérieusement au genre de monde que je veux laisser à mes enfants, et au type d’exemple que je veux leur donner. Les atteintes aux droits humains dont moi-même et les membres de ma communauté avons été témoins sont inadmissibles. Je ne peux pas rester sans rien faire quand des familles de migrants sont assiégées à la frontière. Mon travail de soutien aux communautés immigrées et les histoires entendues dans ma ville m’ont forcée à parler et agir. J’en appelle à la communauté internationale pour entendre les voix et les histoires des familles de migrants et exiger la fin de cette fabrication d’une crise des droits humains à la frontière U.S./Mexique. Je ne laisserai pas criminaliser mon travail. Je continuerai à soutenir ma communauté et à défendre les droits humains des deux côtés de la frontière, je ne me laisserai pas intimider. Je n’ai pas honte et je n’ai pas peur.”

Un fonds a été créé pour la défense légale de Borderland16. La coalition demande à tous les gens ayant une conscience de les aider par des dons pour leur défense légale sur : http://bit.ly/borderland16