L’Opération Clandestine des États-Unis Signifiait la Mort pour les Diné dans les Mines d’Uranium

Par Brenda Norrell
Censored News
8 novembre 2023
Traduction Christine Prat

« Ils ne nous ont pas dit que la roche était dangereuse. Ils disaient qu’ils l’utiliseraient pour faire des armes utilisées contre les Asiatiques. Mais c’est nous qui avons eu les retombées. »

C’est la voix d’une grand-mère Diné, parlant dans sa langue.

Dans cette famille Diné, il y a eu huit morts atroces. Ã l’hôpital, quand le plus jeune est mort, les docteurs ont demandé à la famille : « Est-ce que vous viviez près d’une mine, par hasard ? »

La famille raconte leur histoire dans le nouveau film, ‘Demon Mineral’, sélectionné pour le Festival International du Film sur l’Uranium 2024.

L’opération secrète et clandestine du gouvernement des États-Unis a envoyé des mineurs Diné à la mort dans des mines d’uranium dans la Nation Navajo. Le gouvernement des États-Unis savait que les radiations tueraient des Navajos, mais ne leur a pas dit, et les a envoyés dans les mines d’uranium sans aucune protection.

Des familles Diné respiraient la poussière et lavaient les vêtements couverts de poussière radioactive ramenés à la maison par les mineurs Diné. Les Diné mangeaient la nourriture qui poussait dans les champs couverts de poussière radioactive, tout comme leur bétail.

Le Dr. Tommy Rock, Diné, est le producteur du film sur les terres de Diné Bikéyah, la Nation Navajo, dans ce qui est connu comme l’Arizona, le Nouveau-Mexique et l’Utah. La bande annonce est disponible sur Vimeo

« De 1944 à 1986, près de 30 millions de tonnes de minerai d’uranium ont été extraits des terres Navajos. Aujourd’hui, les mines sont fermées, mais l’héritage de la pollution par l’uranium est toujours là, entre autres dans les plus de 500 mines d’uranium abandonnées et dans les maisons contaminées et des sources d’eau, » disent les organisateurs du Festival International du Film sur l’Uranium, basé au Brésil. Window Rock, dans la Nation Navajo était parmi les sites du festival les années précédentes.

‘Demon Mineral’, réalisé par Hadley Austin en 2023, avait été sélectionné par les Festival International du film sur l’uranium comme l’un des premiers films pour sa 13ème édition à Rio de Janeiro, à la cinémathèque du célèbre Musée d’Art Moderne (MAM Rio), du 25 mai au 1er juin 2023. Le Festival sera aux États-Unis en 2024. Le film est nominé pour une récompense au Festival International du Film Documentaire de Munich. Dans la distribution, il y a la famille Jones Benally – Jones, Clayson et Jeneda – et Leona Morgan, une Diné qui a passé sa vie à se battre contre l’extraction d’uranium dans sa région de Church Rock, au Nouveau-Mexique, dans la Nation Navajo, site de la pire fuite d’uranium de l’histoire des États-Unis.

Dr. Tommy Rock

 

Un regard pénétrant sur le désert radioactif dans la Réserve Navajo, qui souffre des effets de décennies d’extraction d’uranium, Demon Mineral fait un portrait accablant de l’inaction bureaucratique et de ses effets à long terme sur la vie humaine.

Ce documentaire fascinant, dirigé par Hadley Austin et produit par le Dr. Tommy Rock, utilise une série d’informations scientifiques bien documentées, associées à des archives et un tournage sur place, pour fournir une vision vivante du sacrifice déchirant des radiations omniprésentes, pour la population Autochtone d’Arizona, du Nouveau-Mexique et de l’Utah.

Avec peu de moyens pour diminuer leur souffrance – à cause de l’apathie constante de politiciens qui pourraient peut-être aider – un groupe de scientifiques, d’Anciens et d’activistes Autochtones luttent pour réparer Diné Bikéyah, la terre sacrée des Navajos, et obtenir une compensation pour leurs terres polluées. Le film révélateur ‘Demon Mineral’ est un moyen essentiel, pour ceux qui sont directement touchés par cette situation désastreuse, d’attirer l’attention sur leur détresse – Zaki Hasan

FESTIVAL INTERNATIONAL DU FILM DE L’URANIUM


Par Brenda Norrell
Censored News
3 avril 2023
Traduction Christine Prat

 

CHURCH ROCK, Nouveau-Mexique – Une firme canadienne a fait des forages de test pour de nouvelles mines d’uranium à Church Rock, en décembre [2022]. C’est le site de la plus grande fuite radioactive des Etats-Unis, qui continue d’empoisonner la région étant donné que la radioactivité dans le lit du Rio Puerco coule vers l’ouest.

NuFuels, une branche de Laramide Resources de Toronto, dit avoir forer sept trous pour les nouveaux projets de mines d’uranium in-situ. Le site est à la frontière des communautés de la Nation Navajo de Church Rock et Crownpoint, au Nouveau-Mexique, à environ 16 km au nord-est de Gallup, N.M. NuFuels a commencé à forer en décembre et effectue maintenant une évaluation économique des mines projetées, dit Laramide.

« Ce projet est autorisé pour une usine de traitement 1,36 millions de kilos de yellowcake, » écrit Mining online à propos du site de Crownpoint. Il ajoute que Laramide a l’intention de forer pour de l’oxide d’uranium à Church Rock.
Dans une déclaration choquante, la Secrétaire à l’Intérieur Deb Haaland a annoncé à Farmington, Nouveau-Mexique, que l’industrie de la bombe atomique conduirait à la transition vers une économie verte dans la région de Four Corner. Le Laboratoire National de Los Alamos, responsable pour les tests et l’entretien de l’arsenal nucléaire dans le nord du Nouveau-Mexique, dirigera la Réaction Rapide des Etats-Unis, une soi-disant transition énergétique dans la région de Four Corner [région la plus polluée des Etats-Unis].

Immédiatement après la déclaration, le gouvernement de la Nation Navajo a annoncé la construction d’un nouveau système de voies ferrées pour des chargements lourds, de la région de Church Rock à celle de Shiprock, au Nouveau-Mexique. Le chemin de fer passerait par Red Valley et la région de Cove, où les Diné furent envoyés à la mort pour extraire de l’uranium sans vêtements de protection, pendant la Guerre Froide. Dans les années 1990, chaque famille Diné de la région avait des membres atteints de cancer.

Les décès par cancer chez les Diné ont continué pendant des décennies, chez les mineurs et leurs familles qui consommaient de la nourriture couverte de poussière radioactive et la viande de bestiaux contaminés, lavaient à la main les vêtements des mineurs, et construisaient leurs maisons avec des pierres radioactives. Les Etats-Unis connaissaient les dangers de la radioactivité mais ne l’ont jamais dit aux mineurs Diné.

Aujourd’hui, il y a toujours des déchets radioactifs des mines d’uranium éparpillés dans la Nation Navajo. Les Etats-Unis n’ont pas cessé de tromper le public avec des promesses de décontamination.

À Toronto, Laramide a annoncé viser la région Navajo et les terres d’Aborigènes d’Australie pour de nouvelles mines d’uranium.

Marc Henderson, Président de Laramide Resources, dit que le forage à Church Rock et Crownpoint avait commencé en décembre.

« Pendant toute la durée de la récession du marché de l’uranium, nous avons maintenu et rehaussé notre base d’actifs, ainsi que l’essentiel de notre capacité technique et cette stratégie a payé, nous permettant maintenant de faire repartir nos plans de développement pour plusieurs des Actifs U.S. de la compagnie » dit Henderson.

La nouvelle exploitation d’uranium de Laramide concerne aussi des Aborigènes en Australie. Laramide a terminé deux programmes de forage du Projet Westmoreland, à Queensland, Australie, et on attend les résultats d’essais pour les deux, dit-il.

« Nous avons aussi achevé un ILUA (accord d’utilisation de territoire Autochtone) et un accord annexe avec la Corporation Gangalidda et Garawa Aborigène avec Titre Autochtone, pour le projet d’uranium de Westmoreland.

Laramide dit avoir passé un contrat avec la Corporation SLR International, à Denver, Colorado, pour compléter une évaluation préliminaire du Projet d’Uranium de Laramide à Crownpoint/Church Rock, au Nouveau-Mexique.

La fuite de Church Rock s’est produite le 16 juillet 1979, lorsque la digue du bassin de déchets de l’usine de traitement d’uranium de United Nuclear Corporation’s tailings à Church Rock s’est rompue. L’accident est toujours la plus grande fuite de matériau radioactif de l’histoire des Etats-Unis, la quantité de radioactivité libérée étant plus importante qu’au cours de l’accident de Three Mile Island, trois mois plus tôt.

Aujourd’hui, les déchets radioactifs de la fuite de Church Rock continuent de couler dans le Rio Puerco vers Flagstaff, en Arizona.

 

Photo Multicultural Alliance for a safe environment

Par Kirena Tsosie
Centre de Recherche et d’Information du Sud-ouest Chris Shuey
Publié par Censored News
Le 14 juillet 2022
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan

Chaque année, ce jour-là, l’Association de la Communauté de la route de la Mare d’Eau Rouge (RWPRCA) de la Nation Navajo, dans le nord-ouest du Nouveau-Mexique, se rassemble pour commémorer les impacts de la plus grande fuite, en volume, de déchets radioactifs de l’histoire des Etats-Unis. Il a été estimé que plus de 430 millions de litre d’eau polluée d’une usine de traitement d’uranium, se sont déversés dans la Rivière Puerco, par une brèche dans une digue de l’usine de traitement d’uranium de la United Nuclear Corp. (UNC), le 16 juillet 1979.

Les familles de la RWPRCA vivent entre deux mines d’uranium abandonnées et l’usine et les déchets de l’UNC, dans le Chapitre [division administrative – Ch. P] de Coyote Canyon. Au sud, il y a encore la mine Nord-Est de Church Rock (NECR), située dans le Chapitre de Church Rock, qui a fonctionné de 1968 à 1982, produisant environ 3,5 millions de tonnes d’uranium, c’était une des plus grandes mines d’uranium dans la Nation Navajo. Le minerai d’uranium de la mine NECR était traité dans l’usine adjacente, UNC, dans le Chapitre de Pinedale. Les déchets d’usine sont ce qui reste après le traitement du minerai, pour extraire de l’oxyde d’uranium, une poudre métallique jaune. Les déchets étaient stockés dans des mares d’évaporation, en terre non recouverte d’un matériau imperméable, ce qui polluait l’eau souterraine locale.

A 5h30 du matin, le 16 juillet 1979, une brèche de 9 mètres s’est ouverte dans la digue qui fermait une mare de déchets, laissant couler de l’eau radioactive dans la Rivière Puerco. Les liquides échappés ont coulé à plus de 120 km en aval, jusqu’en Arizona, après avoir traversé de nombreuses communautés Navajo et la ville de Gallup, au Nouveau-Mexique. L’eau acide (pH=1.5) était tellement toxique qu’elle causait des brûlures aux pattes du bétail et aux pieds de gens qui, dans l’ignorance, pataugeaient dans la rivière juste après la fuite. Le bétail et les plantes mouraient le long des berges de la Rivière Puerco, et des niveaux d’uranium et de radium élevés étaient détectés jusqu’à 96 km en aval. La fuite de Church Rock est encore la troisième fuite de déchets radioactifs, après la catastrophe de Fukushima (2011) et la fusion de Tchernobyl (1986) et plus importante que la fusion partielle de Three Mile Island (1979).

Les effets de la fuite ont été exacerbés par près de 30 ans d’assèchement de mines souterraines, dans le district minier de Church Rock, situé à près de 20 km au nord-ouest de Gallup. Au fil des années, l’eau des mines a ajouté près de six fois plus de radioactivité au bassin de la Rivière Puerco que la fuite initiale. La pollution à l’uranium continue, dans l’eau alluviale, a été constatée dans des puits situés près de la Rivière Puerco, à Sanders, Arizona / région des Nouvelles Terres* de la Nation Navajo. On enquête toujours sur le rôle de l’eau des mines dans la pollution de l’eau souterraine, en-dessous de la Rivière Puerco, près de 50 ans plus tard.

Des recherches ont montré que les Autochtones sont touchés de manière disproportionnée par la pollution de la terre, de l’eau et de l’air, par les déchets de mines, étalés sur 15 états de l’ouest. La RWPRCA et d’autres communautés de la base, dans la Nation Navajo, tiennent les corporations et le Gouvernement Fédéral pour responsables de l’assainissement des mines d’uranium abandonnées, remontant aux débuts de l’extraction d’uranium, au début des années 1940. Les communautés Autochtones de trois ou quatre générations ont dû vivre avec les dangers des déchets d’uranium, qui affectent leurs familles, leurs domiciles, leurs moyens de vivre et leurs pratiques culturelles sacrées.

Ce jour-là, le 16 juillet, nous commémorons aussi la première détonation dans l’atmosphère d’une arme nucléaire, appelée l’Explosion de Trinity, dans le Bassin de Tularosa, dans le centre-sud du Nouveau-Mexique, le 16 juillet 1945. Comme les mineurs d’uranium de la Région des Quatre Coins, les gens du Bassin de Tularosa continuent de demander des compensations pour les maladies qu’ils relient à l’Explosion de Trinity. La bombe, développée au

Laboratoire National de Los Alamos (Nouveau-Mexique) pendant le Projet Manhattan, qui préparait les bombardements atomiques d’Hiroshima et Nagasaki, au Japon, les 6 et 9 août 1945.

Nous nous souvenons des évènements irresponsables et horrifiants qui ont fait l’histoire nucléaire des 80 années passées, afin de ne plus les répéter, ni maintenant ni dans le futur. Comme la pendule sur la couverture du Bulletin des Scientifiques Atomiques nous le rappelle, le monde est à seulement 100 minutes d’un conflit nucléaire cataclysmique. S’il vous plait, enseignez cette histoire à vos enfants, pour qu’ils deviennent l’avant-garde de la paix et la prospérité pour des générations futures.

Cliquer sur la carte pour pouvoir lire…

* Des terres initialement attribuées aux Navajos chassés de Big Mountain, pour faire place aux mines de charbon de Peabody Coal.



Churchrock disaster, 1979
By Leona Morgan
May 2019, in Bure, Western France
En français

On July 16th, 1979, the worst nuclear disaster in the history of the United States, took place in Churchrock, New Mexico. In Churchrock were two uranium mines and a processing mill. The mill had a tailings pond to hold the waste from the mill. Waste from a processing mill is much more radioactive than mine waste. That pond was closed by a dam made of clay. There was a crack in it, the company and the government knew it, but the company kept putting waste in the pond. In the morning of July 16th, 1979, the dam broke. 90 million gallons of radioactive waste spilled into a dry ravine, and further in a mostly dry river, the Puerco River. It usually has no water, but after the spill occurred, it rained, so the river was full of water and flowed 100 miles away into Arizona. It happened only a few months after the Three-Miles-Island accident, in Harrisburg. Although the spill in Churchrock was the worst nuclear accident ever, it got almost no media coverage and no public attention. Harrisburg is in the east, in a densely populated area, mostly white people (there has been a movie about the accident, starring Meryl Streep). In Churchrock, there are not so many people, mostly Indigenous.

Today, it still has not been cleaned up. In July 2015, Tommy Rock, a Diné scholar from the Northern Arizona University, found that the drink water, in a Diné community in Sanders, Arizona, 40 miles downstream on the Puerco River, had two times the legal level of uranium. The children at the local school were given bottled water to drink. The community is still fighting for cleanup. They want the waste to go off the Navajo Nation, away from their homes. “But,” says Leona, “because of the checkerboard area, which is out of the Reservation, the government piled up waste quite close to their homes, and the wind brings it back.” She adds “Uranium mining was banned in 2005, but it is uranium mines from the 1980’s which are still affecting the animals and the community.” People want the mines to be cleaned up. The company is proposing to scrape the radioactive dirt, put it above the mill’s waste and cover it with clay, saying it would be safe for a thousand years. But their plan applies only inside the private land of the company and will not include the whole area of the spill, 100 miles west. People fear another spill. The Puerco is a dry river, but heavy rains can always occur.

Out of the 15 000 abandoned mines, this is the most affected place in the United States.





Le 16 juillet 1979, s’est produit la plus grande catastrophe nucléaire jusqu’alors. Depuis, Chernobyl et Fukushima ont fait mieux. Mais Church Rock reste une catastrophe majeure qui a encore des effets aujourd’hui. Personne n’en a parlé, vu que la catastrophe a eu lieu dans la Réserve Navajo. La même année, il y a eu un accident à la centrale de Three-Miles-Island, qui a fait la une des médias, et un film avec Meryl Streep dans le rôle principal. La catastrophe de Church Rock a toujours des conséquences aujourd’hui. Ci-dessous, je reproduis le témoignage de Leona Morgan, Navajo de Crownpoint (même région), qui est devenue une célèbre militante anti-nucléaire à cause des nombreux cancers qui se produisaient parmi ses proches. En 2019, elle est venue visiter Bure, pour manifester sa solidarité, et a expliqué la situation à laquelle elle et ses proches sont confrontés, et le travail qu’elle fait pour réagir.
En 2015, Tommy Rock, un chercheur Navajo de l’Université de Flagstaff, a trouvé de la radioactivité dans l’eau “potable” de Sanders, en aval. La pluie, plus abondante qu’à l’ordinaire, avait entrainé la radioactivité de Church Rock dans la rivière Puerco, normalement à sec en été.

Christine Prat, CSIA-Nitassinan

La catastrophe de 1979, à Churchrock
In English

Le 16 juillet 1979, la pire catastrophe nucléaire de l’histoire des Etats-Unis a eu lieu à Churchrock, au Nouveau-Mexique. A Churchrock, il y avait deux mines d’uranium et une usine de traitement. L’usine avait un bassin de rétention des déchets. Les déchets d’une usine de traitement sont beaucoup plus radioactifs que ceux des mines. Ce bassin était fermé par un barrage en argile. Il y avait une fissure dans ce barrage, l’entreprise le savait, le gouvernement aussi, mais l’entreprise a continué à mettre des déchets dans le bassin. A l’aube du 16 juillet 1979, le barrage s’est rompu. Plus de 400 millions de litres de déchets radioactifs se sont déversés dans un ravin à sec, puis dans une rivière qui est à sec la plupart de temps, la rivière Puerco. En général, il n’y a pas d’eau, mais après la fuite, il a plu et la rivière s’est remplie d’eau et a coulé jusqu’à 160 km, en Arizona. Ça s’est passé quelques mois après l’accident de la centrale nucléaire de Three-Miles-Island, à Harrisburg. Bien que la fuite de Churchrock ait été le pire accident qui se soit jamais produit, les médias n’en n’ont presque rien dit et ça n’a pas attiré l’attention du public. Harrisburg se trouve dans l’est des U.S.A, dans une zone très peuplée, essentiellement de Blancs (il y a eu un film sur l’accident, avec Meryl Streep dans le rôle principal). A Churchrock, il n’y a pas beaucoup d’habitants et la plupart sont Autochtones.

A ce jour, ce n’a toujours pas été décontaminé. En juillet 2015, Tommy Rock, un chercheur Diné de l’Université de Flagstaff, a découvert que l’eau potable d’une communauté Diné, à Sanders, en Arizona, à 65 km en aval sur la rivière Puerco, contenait deux fois la concentration légale d’uranium. Les enfants de l’école locale ont reçu de l’eau en bouteille pour boire. La communauté se bat toujours pour que ce soit décontaminé. Ils veulent que les déchets soient enlevés des environs de la Nation Navajo, loin de leurs maisons. “Mais” dit Leona, “à cause de l’échiquier, qui est hors de la Réserve, le gouvernement a entreposé les déchets non loin de leurs maisons, et le vent les ramène.” Elle ajouta que “l’extraction d’uranium est interdite depuis 2005, mais ce sont les mines des années 1980 qui continuent d’affecter les animaux et la communauté.” Les gens veulent que les mines soient décontaminées. L’entreprise propose de gratter les déchets radioactifs, de les entreposer sur les déchets de l’usine, et de recouvrir le tout d’argile, affirmant que ça tiendrait au moins mille ans. Mais leur projet ne s’applique qu’au terrain privé de l’entreprise et n’inclue pas toute la zone touchée par la fuite, jusqu’à 160 km à l’ouest. Les gens craignent une autre fuite. Le Puerco est une rivière sèche, mais des pluies abondantes peuvent toujours se produire. (En tous cas, le Puerco n’était pas complètement à sec en septembre 2015, il y avait probablement eu des pluies en juillet…)

Des 15 000 mines d’uranium abandonnées, c’est le lieu le plus gravement touché des Etats-Unis.

Christine Prat

28 décembre 2013

Des membres du Conseil de la Nation Navajo [le Gouvernement de la Réserve Navajo] soutiennent un projet de législation, présenté et défendu par le Délégué Leonard Tsosie, membre du Comité pour les Ressources et le Développement, visant à autoriser l’exploitation d’uranium et son transport sur les Terres Tribales, par la compagnie Uranium Resources Inc. (Voir ci-dessous l’appel de Jonathan Perry du 20 décembre, appelant les Navajo à envoyer des Commentaires au Conseil).

Autrefois, de nombreuses mines d’uranium ont été exploitées en territoire Navajo et autour. Les mesures de sécurité n’étaient pas vraiment appliquées, de nombreux mineurs Navajo sont morts de cancers (mais aussi des membres de leurs familles, des épouses qui lavaient des vêtements de travail contaminés, par exemple). Il y a actuellement 2000 mines d’uranium abandonnées (mais pas décontaminées) dans et autour de la Réserve Navajo. (Voir vidéo de Klee Benally).

Le projet actuellement discuté devrait se situer à Church Rock, au sud-est de la Réserve Navajo, qui fut le site de la plus grande catastrophe nucléaire de l’histoire des Etats-Unis : en 1979, une digue retenant un bassin de récupération des déchets d’uranium s’est rompue, le contenu radioactif du bassin s’est déversé dans le Rio Puerco, avec des effets dévastateurs sur la vie sauvage, le paysage et les gens. A l’époque, le Congrès Américain a déclaré la zone « Région de Sacrifice National ».

Le 23 décembre, une réunion Spéciale du Conseil a eu lieu au Chapitre de Chilchinbito, sous la présidence de Katherine Benally, déléguée du Chapitre de Chilchinbito.

D’après un article de Jennafer Waggoner-Yellow Horse (une non-Navajo qui réside dans la Réserve), publié sur Facebook le 24 décembre, le Délégué Leonard Tsosie s’est montré menaçant vis-à-vis des opposants. Pour justifier sa position, il est remonté jusqu’à 1492, indiquant que c’était la colonisation et la conquête des terres Autochtones qui obligeaient le Conseil Tribal actuel à passer des accords regrettables avec les grandes compagnies.

Le Département de la Justice de la Nation Navajo (NNDOJ) a exprimé son opposition à la résolution, citant divers problèmes et complications légaux opposés à l’adoption de la nouvelle législation. Ce à quoi M. Tsosie semble avoir répondu que le NNDOJ n’était pas habilité à s’opposer à la volonté du Conseil Tribal Navajo et que le BIA [Bureau des Affaires Indiennes, représentant le Gouvernement des Etats-Unis… Lors de sa création, il dépendait du Ministère de la Guerre !] avait déjà approuvé le transport d’uranium et dérivés par la firme URI [Uranium Resources Inc.] dans des camions entrant et sortant de la zone gérée par la Tribu. « Pas un mot n’a été dit par les membres du Conseil présents sur le taux élevé de décès causés par les véhicules heurtant des piétons, qui, ne disposant pas de transports en commun, doivent faire du stop pour se rendre à leurs rendez-vous… » écrit Jennafer Waggoner-Yellow Horse, qui ajoute que « les particuliers roulant trop vite sont la cible des agents de la circulation alors que les camions dévastent ces zones pour livrer à temps ». « Un problème souvent soulevé par les personnes âgées qui disent que ces camions manquent de les renverser quand ils tournent en direction de leurs domiciles, alors que les amendes pour excès de vitesse sont abondamment distribuées aux touristes et aux habitants ».

Alors qu’un membre du NNDOJ [« Ministère de la Justice » Navajo] expliquait les problèmes juridiques liés au transport de matériaux nucléaires, des membres du Service de Police Navajo sont entrés dans la salle de la réunion, des officiers ont expliqué qu’on leur avait dit qu’il y avait une manifestation dans les lieus. « Quand on leur dit que la réunion portait sur l’uranium, ils furent surpris, vu que le public était parfaitement calme et respectueux… ».

Après avoir justifié pendant des heures sa résolution en affirmant qu’un contrat avec URI donnerai plus de possibilités de contrôle sur les mesures de sécurité, M. Tsosie a violemment critiqué le site de l’activiste Jonathan Perry [Voir son appel ci-dessous].

D’après l’article de Jennafer Waggoner-Yellow Horse, il semble que des personnes aient été empêchées de s’exprimer et que celles qui ont pu le faire « disaient ce que le Comité souhaitait entendre ». Quelques personnes ont cependant pu défendre le point de vue de ceux qui s’opposent à l’uranium et affirmer que c’était la véritable volonté de la population (ce que nous voulons bien croire, vu leur histoire !).

Cependant, le Comité des Ressources et du Développement a voté en faveur de la proposition (3 pour, 2 abstentions), « Bien que le Département de la Justice de la Nation Navajo dise que cela enfreint la Loi Tribale ».

« Ce problème sera indubitablement le prochain camp retranché appelant à une opposition dans le style de Ward Valley, contre le transport, le stockage et le traitement de matériaux nucléaires au-dessus d’une vieille nappe aquifère du désert, sur des Terres Autochtones », conclut Jennafer Waggoner-Yellow Horse.

 

See article by Jennafer Waggoner-Yellow Horse on Facebook

 

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APPEL A L’ACTION: S’OPPOSER AU PROJET DE LOI DE LA NATION NAVAJO POUR AUTORISER L’EXTRACTION D’URANIUM

Par Jonathan Perry

20 décembre 2013

Publié par Indigenous Action Media
See original article in English

[…]

Le Délégué au Conseil de la Nation Navajo Leonard Tsosie, du Comité pour les Ressources et le Développement (RDC) soutient la Résolution 0373-13 qui autorise la firme URI à entamer sur des Terres Tribales, un projet d’EXTRACTION D’URANIUM à Church Rock, « Section 8 ». Uranium Resources Inc. ou « URI » est une compagnie du Texas, autrefois connue sous le nom d’Hydro Resources Inc. pour avoir contaminé les eaux souterraines sur les sites des ses autres projets et contaminera très certainement les eaux souterraines de l’Est de [la Réserve] Navajo si ce projet se réalise. De nombreuses communautés des environs de Church Rock seront en danger si les opérations commencent et nous devons donc répandre l’information.

Le RDC accepte les Commentaires Publiques et un meeting spécial doit avoir lieu lundi 23 décembre 2013 au Chapitre de Chilchinbeto, à Chilchinbeto, Arizona (au sud de Kayenta).

Cette action initiée par quelques officiels élus est INACCEPTABLE !! Cela mettra sans aucun doute en danger notre communauté, nos enfants et la région que nous appelons « chez nous ». L’uranium est un poison et l’extraire constitue un usage inapproprié de notre eau et de nos ressources naturelles ! l’uranium devrait être laissé dans le sol ! Nous ne pouvons pas le réguler et penser que nous avons le pouvoir sur la nature est présomptueux et dangereux. Je vous demande d’envoyer des Commentaires et de rejoindre beaucoup d’autres Diné [Navajo] pour dire NON ET BLOQUER UNE NOUVELLE CONTAMINATION A L’URANIUM au meeting Spécial du RDC lundi matin au Chapitre de Chilchinbeto.

[…]

Je vous demande de transmettre ceci à tous vos contacts afin qu’ils puissent aussi transmettre l’information et BLOQUER la résolution du Délégué Tsosie. Je vous en prie, soyez avec nous pour défendre nos foyers et notre santé. La vie humaine n’a pas de prix et nous devons parler au nom de la prochaine génération qui n’a pas encore la parole. Les jeunes enfants et les générations à venir devront vivre avec nos choix d’aujourd’hui.

Merci

Jonathan Perry

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Voir de nombreux articles traduits en français sur le problème de l’uranium dans le sud-ouest des Etats-Unis