Photo Hillary Abe

MANIFESTATIONS LORS DE L’OUVERTURE DE LA STATION DE SKI ARIZONA SNOWBOWL, AVEC DE LA NEIGE FAITE A 100% D’EAUX USEES RECYCLEES

Par Indigenous Action Media
See original article in English
30 novembre 2014
Also published on Censored News
Traduction Christine Prat

FLAGSTAFF, Arizona – Vendredi 28 novembre 2014, plus de 50 personnes se sont rassemblées et ont défilé, tandis que la station de ski Arizona Snowbowl ouvrait la saison avec de la neige faite à 100% d’eaux usées recyclées, sur les San Francisco Peaks, montagne sacrée pour les Autochtones. Faute de chute de neige naturelle, Snowbowl n’a ouvert que 3 pistes sur 40. Des gens sont venus de Prescott et de Kayenta, en Arizona, et même de Shiprock, au Nouveau Mexique, pour soutenir les habitants de Flagstaff exprimant leurs inquiétudes sur l’ouverture de Snowbowl, que le propriétaire multimillionnaire voulait promouvoir comme « Vendredi Blanc » [ce vendredi était, aux USA, le ‘Vendredi Noir, jour où, traditionnellement, les consommateurs Américains achètent comme des malades, pour Thanksgiving – NdT].

Snowbowl on November 28, 2014

« Çà m’attriste profondément que le simple respect n’ait pas pu empêcher d’arroser les Pics d’eau usée » dit Rudy Preston, un habitant de Flagstaff, « et pour ajouter le nuisible à l’insulte, je les ai vu répandre de la neige d’eaux usées sur toutes les tables de piquenique de la partie restauration du chalet, neige qui a fondu une semaine plus tard, laissant une étrange poudre grise qui couvrait tout. Le jour de l’ouverture, j’ai vu au moins 50 personnes prendre leur déjeuner dans ce produit. Ils ne respectent même pas leurs propres clients. » « Je suis dégouté par les articles récents de la presse locale sur Arizona Snowbowl, qui ne sont rien d’autre que de la publicité pour la station de ski et vont jusqu’à falsifier leurs reportages avec des photos et vidéos du domaine skiable avec beaucoup plus de neige dessus. S’ils sont prêts à mentir à ce point pour une station de ski noyée dans les eaux usées, enfoncée dans le caca, est-ce que je peux jamais croire un mot de ce qu’ils disent? » dit Rudy.

Dans des communiqués de presses et des interviews, Snowbowl trompe aussi le public et met les gens, particulièrement les enfants, en danger, en omettant intentionnellement de dire qu’ils utilisent 100% d’eaux usées pour faire de la neige.

« Çà va au-delà du racisme environnemental, c’est un acte perpétuel de génocide culturel », dit Klee Benally, un bénévole de Protect the Peaks. « Le Service des Forêts des Etats-Unis, Snowbowl, et la Ville de Flagstaff ont clairement montré que quelques petites pistes de ski couverte de 30 cm d’eau d’égouts et un profit économique marginal sont plus importants que les cultures de 13 Nations Autochtones, la santé publique, et l’intégrité écologique des Pics sacrés San Francisco. »

Louise Benally from Big Mountain.

Louise Benally, une résistante Diné [Navajo] de Big Mountain, dans la Nation Souveraine Diné, a parlé des attaques de style paramilitaires et du vol de bétail commis par le Bureau des Affaires Indiennes et des rangers tribaux contre les habitants de Black Mesa. Louise a offert un chant de prière avant que le groupe ne défile dans le centre de Flagstaff. Les jeunes Diné Toby et Jody Manuelito se sont joints à Supai Waters, de la Nation Havasupai, pour conduire la marche qui s’est arrêtée pour une ronde traditionnelle à Heritage Square. La manifestation s’est aussi arrêtée devant des commerces connus pour soutenir Snowbowl. Les manifestants ont scandé « Boycottez Snowbowl », « Vous dites récréation, nous disons profanation ! » et « Quand Notre Mère la Terre est attaquée, que faisons-nous ? Nous combattons ! »

Renae Yellowhorse & Sarana Riggs from Save the Confluence

Renae Yellow Horse et Sarana Riggs de Sauvez la Confluence ont parlé des tentatives de profanation de la Confluence du Grand Canyon par un projet de développement appelé l’ « Escalade ».
« Nous sommes tous des défenseurs des terres, au-dessus et en dessous, tout autour de nous » dit Renae Yellow Horse, porte-parole des Familles et Soutiens de Sauvez la Confluence, « les montagnes, les rivières, les espaces et sites sacrés. Notre montagne sacrée, Dooko’osliid et nos sites sacrés, la Confluence du Petit Colorado et du Colorado – tous sont menacés par le développement, que ce soit Snowbowl ou l’Escalade du Grand Canyon. C’est mauvais et nous devons tous résister et nous exprimer. Défendez le Sacré ! » dit Renae.

« Nous représentons les Etudiants d’Arizona Contre Snowbowl (ASAS – Arizona Students Against Snowbowl), une coalition qui se développe à l’échelle de l’état, d’étudiants qui appellent sur les campus au boycott de Snowbowl dans leurs universités. » dit Iliana Correa-Hernandez, étudiante à Prescott, « nous sommes venus pour protester contre l’utilisation par Snowbowl de millions de litres d’eau d’égouts pour faire de la neige artificielle sur les San Francisco Peaks. C’est une profanation d’une terre sacrée et un acte de génocide culturel. Nous soutenons les 13 Nations Autochtones qui protègent le sacré et défendent la vie. »

« J’ai été surpris d’apprendre que des gens à Snowbowl ne savaient pas que de l’eau usée recyclée était utilisée pour faire la neige » dit Robyn Jackson, porte-parole d’une communauté Diné et activiste de Wheatfields, Arizona, dans la Réserve Navajo. « Alors que deux jeunes femmes Diné portaient une banderole ‘Boycottez Snowbowl’, des gens ont fait savoir qu’ils soutenaient Snowbowl, mais d’autres sont venus dire qu’ils appréciaient et soutenaient notre présence. Nous avons vu des enfants jouer dans la neige et un groupe de gens mangeant dessus. Il semble que les gens n’étaient pas totalement conscients des dangers pour la santé auxquels ils s’exposaient. »

« Et de la connexion que nous avons en tant que Diné avec notre montagne d’abalone [suivant la mythologie Navajo, les San Francisco Peaks ont été créés à partir de coque d’abalone – NdT], et de l’importance que çà a dans notre existence. La neige est malsaine pour tout l’écosystème de notre montagne sacrée. » dit T. Tracy, un Diné venu pour protester de Tséhootsooí. « J’ai vu des enfants jouer dans de la neige faite d’eau d’égouts recyclée. Leurs mains et leurs visages exposés au produit d’égouts. Il n’y avait pas beaucoup de monde, mais j’imagine qu’il y a beaucoup plus de gens ignorants de ce dans quoi ils se roulent, qui se rendent à la montagne sans aucune idée de ce à quoi ils s’exposent et à quoi l’écosystème de la montagne est exposé aussi » dit T. Tracy.

Des officiels de la ville admettent que l’eau recyclée peut contenir des bactéries résistantes aux antibiotiques et des produits pharmaceutiques, mais ils n’ont pas de date limite pour faire des tests et solutionner ces problèmes. Il est illégal d’ingérer de l’eau recyclée par les yeux, la bouche, les oreilles ou la peau à cause des coliformes fécaux et des produits chimiques qu’elle contient. Malgré cela, les institutions de l’état ferment les yeux sur ces faits s’agissant de Snowbowl – donc, la Ville et les services de l’état font courir des risques à des milliers de skieurs et de familles.

« Le génocide culturel des identités de Peuples Autochtones, les sites sacrés, et la liberté religieuse sont constamment attaqués » dit Amanda Blackhorse [ci-contre, avec Klee Benally], partie civile dans une plainte contre l’équipe raciste de Washington NFL [qui a adopté une figure Autochtone comme mascotte, contre l’avis des peuples concernés – NdT]. «Beaucoup de gens ne se rendent pas compte que les grandes entreprises se renforcent mutuellement s’agissant d’appropriation culturelle, que se soit les mascottes Autochtones des sports professionnels ou la profanation de Dooko’osliid (San Francisco Peaks), temple pour les Autochtones. Les Autochtones sont constamment à la merci de l’Amérique privatisée, et nous regardons notre culture, notre religion, et nos identités utilisées pour le profit commercial ou détruites au profit des loisirs » dit Amanda.

Le Comité des Nations Unies pour l’Elimination de la Discrimination Raciale (CERD) a publié en 2011 une réaction aux plaintes déposées par des organisations Autochtones et la Commission des Droits de l’Homme de la Nation Navajo, stipulant que « le Comité demande des informations sur les mesures concrètes prises pour assurer que le caractère sacré de ce site pour les Autochtones soit respecté, entre autres la possibilité de suspendre le permis accordé à Arizona Snowbowl afin de consulter plus avant les peuples Autochtones et de prendre en compte leurs inquiétudes et leurs traditions religieuses. » Le CERD est chargé de vérifier la conformité avec la Convention Internationale sur l’Elimination de toutes les formes de Discrimination Raciale.

Les organisateurs de la manifestation ont exprimé leur solidarité avec tous ceux qui réclament justice pour Mike Brown et ceux qui luttent pour protéger des sites sacrés, de la Montagne du Sud, des Shell Mounds Ohlone, de Hickory Grounds, du Mont Taylor, de Medicine Lake, du Mont Graham, de la Yucca Mountain, du Mont Tenabo à Mauna Kea.

Snowbowl est une entreprise privée à but lucratif opérant avec un Permis d’Utilisation Spéciale sur des terres publiques du Service des Forêts. James Coleman, propriétaire de plusieurs stations de ski dans le Sud-ouest, a révélé récemment qu’il avait fait une offre pour acheter les pistes de ski. Coleman a proféré de nouvelles menaces d’expansion de la station. Snowbowl étant sur des terres publiques, le Service des Forêts des Etats-Unis devra approuver un nouveau Permis d’Utilisation Spéciale si la vente a lieu. Les Nations Autochtones ont la possibilité et le droit de demander à être consultées au cours de ce processus.

 

Voir la vidéo sous-titrée en français du documentaire de Mari Cleven ‘Eaux usées’ sur les dangers de l’eau recyclée de Flagstaff

2012-12-24-SnowYellow1

Par Indigenous Action Media
24 décembre 2012
See original article in English
Traduction Christine Prat

Contact : Rudy Preston
Email : info@truesnow.org
Téléphone: (00 1) 480-382-5288
Site: www.TrueSnow.org

 

 

ARIZONA SNOWBOWL COMMENCE A FAIRE DE LA NEIGE ARTIFICIELLE A PARTIR D’EAU D’EGOUT… ET C’EST JAUNE

 

FLAGSTAFF, Arizona (San Francisco Peaks) – Après une décennie de batailles juridiques et d’opposition de la part de groupes écologistes, de citoyens se sentant concernés et de Nations Autochtones, la station de ski Arizona Snowbowl a commencé à faire de la neige artificielle à partir d’eau recyclée des égouts de Flagstaff.

Surprise… Elle est jaune !

« Mes parents m’ont toujours dit de ne pas manger de neige jaune, c’est absolument dégoutant » dit Katie Nelson, qui vit depuis longtemps dans le Nord de l’Arizona. « Les parents diront-ils à leurs enfants qu’ils peuvent jouer dedans ? Avant, je faisais du ski et du snowboard, mais je boycott Snowbowl parce que de toute évidence ils ne se préoccupent pas de ma santé ou de l’environnement », ajoute t’elle.

Snowbowl va être la seule station de ski au monde à faire de la neige avec 100% d’eau d’égout. Ceci pose de graves problèmes à la communauté et aux groupes écologistes, vu les risques potentiels pour la santé et pour le fragile écosystème de la montagne.

« Snowbowl ignore de toute évidence la santé publique en ne respectant même pas l’obligation de mettre des pancartes indiquant que la neige artificielle est faite d’eau d’égout et ne doit pas être consommée. J’ai vérifié tout le secteur où les enfants font du ski et prennent des leçons de ski et je n’ai pas trouvé une seule pancarte d’avertissement » dit Rudy Preston, ancien membre du Réseau Activiste de Flagstaff. « Il n’y en avait pas non plus sur les remonte-pente pour les enfants » ajouta t-il.

Bien que le manager de Snowbowl JR Murray ait déclaré que l’eau d’égouts recyclée serait « plus propre que la neige tombant du ciel », la couleur jaune de leur neige indique clairement que quelque chose ne va pas.

La loi de l’état dit qu’il est illégal pour quiconque de consommer de la neige faite d’eau d’égout. Les manières d’ingérer comprennent les yeux, les oreilles, le nez, la bouche et la peau. De plus, toute « réutilisation directe » ne doit pas avoir le « potentiel d’ingestion ». Bien que la fabrication de neige soit considérée comme légale, la « réutilisation directe » d’eau d’égout recyclée comprend en fait « skier » dessus, et l’ADEQ [l’administration de la qualité de l’environnement d’Arizona] ignore ses propres lois en autorisant Snowbowl à fabriquer cette neige (Arizona Administrative Code : R-18-9-704).

« A part les risques évidents pour la santé, on aurait pu penser que le respect pour nos frères et sœurs Autochtones auraient dû suffire pour empêcher ce projet il y a des années, l’utilisation d’eau d’égout pour faire de la neige étant un affront absolu pour les Nations Autochtones qui vénèrent les Pics comme sacrés et pour ma part j’ai choisi de respecter leurs souhaits et je ne skierai plus à Arizona Snowbowl » dit Rudy Preston.

 

SB-protest1-224x300

De nombreuses manifestations et prières collectives ont eu lieu depuis l’ouverture de la station Snowbowl jeudi dernier.

 

 

 

 

 

 

 

Le 14 novembre 2012, la Tribu Hopi a déposé une nouvelle plainte et une demande d’injonction provisoire en raison de la menace que constitue l’eau recyclée pour une plante menacée qu’on ne trouve nulle part ailleurs dans le monde que sur les deux plus hauts Pics. La Tribu Hopi demande qu’une injonction bloque les activités de fabrication de neige jusqu’à ce que des consultations avec les services ministériels responsables des Poissons et de la Vie Sauvage et de l’Agriculture aient abouti. La Cour n’a pas encore répondu.

Les eaux usées, qui sont recyclées suivant les plus haut standards de la municipalité de Flagstaff, contiennent selon des preuves scientifiques, des perturbateurs endocriniens (voir article : http://azdailysun.com/article_a53bda53-1369-5d4b-bf1f-cbce10164267.html ) et même des bactéries résistant aux antibiotiques (Voir article : http://www.rwlwater.com/antibiotic-resistant-bacteria-genes-found-in-flagstaff-water/ ). Etant donné que l’Agence de Protection de l’Environnement n’a pas de règles spécifiques concernant ces produits dans l’eau d’égout traitée, le Service des Forêts, la Ville de Flagstaff, le Service de la Qualité Environnementale d’Arizona (ADEQ), et Snowbowl continuent de dire que cette eau est « assez propre pour être bue » bien qu’il serait illégal de le faire.

Les règles de l’ADEQ autorisent l’eau recyclée A+ à contenir des matières fécales trois jour sur sept de l’échantillonnage (R 18-11-303 2a). En plus, d’après le biologiste de l’Université du Nord de l’Arizona Dr. Paul Torrence, l’eau recyclée peut aussi contenir des antibiotiques comme le triclosan et le triclocarban, qui se divisent en dioxines cancérigènes bio-accumulatives sous l’effet de la lumière du soleil.

Depuis près de dix ans, tous les problèmes environnementaux présentés devant les tribunaux par le Sierra Club, le Centre pour la Diversité Biologique, et le Réseau Activiste de Flagstaff ont été enterrés sous des subtilités juridiques et aucun tribunal n’a pris de décision sur les problèmes de réutilisation et d’ingestion. A propos d’une autre plainte déposée par les Hopi contre la légalité du contrat signé par la Ville de Flagstaff et Snowbowl, le Juge Joe Lodge a décrété que la Tribu avait attendu trop longtemps pour que le tribunal puisse se décider sur des violations claires des lois sur l’environnement de l’ADEQ.