Photo Ofelia Rivas

Article et photos Ofelia Rivas, Tohono O’odham
Spécial Censored News
Publié le 30 avril 2020
Traduction Christine Prat

Ofelia Rivas et sa famille s’efforcent de faire parvenir de la nourriture à leurs familles du côté mexicain de la frontière, dont ils sont maintenant séparés par le Mur…

“A cause d’une barrière illégale, nous avons dû faire passer l’aide à pied”

C’est en quelque sorte difficile de commencer cette histoire, nous ne sommes pas des guerriers de Facebook. Nous suivons seulement la voie de nos ancêtres, nous aidons toute personne et nous partageons ce que nous avons. Les frontières politiques Internationales ne nous arrêtent pas.

Les décennies de négligence des communautés O’odham côté sud de cette frontière sont une honte. L’ensemble des O’odham a perdu d’immenses territoires importants culturellement, et absolument vitaux pour les vies de tous les O’odham.

Des générations de jeunes O’odham n’ont jamais mis les pieds sur les plages, ni grimpé sur les montagnes pour cueillir de la nourriture et des plantes médicinales, ils ne connaissent même pas les noms de ces endroits.

Chemin vers le sud, dans le territoire O’odham qu’ils appellent Sonora, au Mexique

Les institutions qui montrent des cartes des terres O’odham s’arrêtent abruptement à cette frontière politique. Le système politique crée des documents supposés guider et faire autorité, comme la Constitution Tohono O’odham qui affirme implicitement que tous les O’odham sont unis, que la culture O’odham est protégée, comme tous les documents de ce genre, qui ne sont que des mots écrits et souvent répétés méthodiquement, sans aucun lien ou compréhension.

Dans ces temps féconds pour les entreprises qui jouent à la roulette, les terres du sud ne sont qu’un inconvénient pour les politiciens qui doivent écrire quelques mots et obtenir un budget pour aller au Mexique tous frais payés.

Pendant ce temps, les O’odham vivent sans eau vraiment potable et sans électricité, et très souvent sans nourriture.

Nous ne travaillons qu’avec des dons.
« Nous n’avons pas de comptes Go Fund Me et nous ne sommes pas un club à-but-non-lucratif. La compassion est une grande vertu O’odham. »
Vous pouvez donner par PayPal au Projet de Solidarité O’odham, sur le site « O’odham VOICE Against the Wall » :
http://tiamatpublication.com/
Écrire à Ofelia Rivas : PO. Box 1835, Sells, Arizona 85634
Email : 4oodhamrights@gmail.com

©Ofelia Rivas, Censored News. Ni l’article ni les photos ne peuvent être utilisés sans permission.

LES ORDRES DE CONFINEMENT DE LA NATION TOHONO O’ODHAM ET DE L’ÉTAT D’ARIZONA SONT IGNORÉS PAR LES AGENTS DE LA PATROUILLE DES FRONTIÈRES ET LE VIRUS SE PROPAGE PARMI EUX

Par Brenda Norrell
Censored News
6 avril 2020
Traduction Christine Prat

Les agents de la Patrouille des Frontières continuent de harceler des femmes âgées Tohono O’odham devant leur domicile, en dépit des ordres de confinement émis par la Nation Tohono O’odham et l’état d’Arizona. Cela se passe après que des agents de la Patrouille des Frontières du secteur de Tucson aient été testés positifs au Coronavirus. Plus de 300 employés du Service de Sécurité Intérieure, dont 64 agents de la Patrouille des Frontières U.S., ont été testés positifs dans tous les Etats-Unis.

En dépit des ordres de confinement visant à contrôler la propagation du virus, la construction des tours d’espionnage israéliennes dans la Nation Tohono O’odham et du mur de frontière continuent.

La construction du mur continue juste à côté de la frontière ouest de la Nation Tohono O’odham, près du Monument National du Cactus Tuyau d’Orgue.

Les tours d’espionnage – des tours fixes – dans la Nation Tohono O’odham ont été autorisées par la Sécurité Intérieure sous le gouvernement Obama. Elbit Systems, la compagnie israélienne responsable pour la sécurité de l’Apartheid en Palestine, a été choisie pour construire les tours dans les communautés O’odham, y compris sur des sites sacrés où se trouvent des sépultures O’odham. Les tours ont été approuvées par le gouvernement élu de la Nation Tohono O’odham au printemps 2019, en dépit des objections des O’odham traditionnels qui luttent pour protéger les sites funéraires et de cérémonies.

Bien que les tours soient supposées être destinées à surveiller la frontière, la plupart seront situées dans des communautés O’odham et non pas directement à la frontière. Ces tours violeront la vie privée des O’odham dans leurs domiciles et lors de célébrations de cérémonies.

Des femmes O’odham ont dit à Censored News le 6 avril, que la Patrouille des Frontières continuait à les harceler devant leurs domiciles, dans la Nation Tohono O’odham, et que la construction des tours d’espionnage se poursuivait.

Le 25 mars 2020, deux agents de la Patrouille des Frontières du secteur de Tucson ont été testés positifs pour le Coronavirus. La Patrouille des Frontières refuse de dire combien d’agents ont été testés positifs depuis.

La période d’incubation est de 2 à 14 jours, donc une personne peut avoir le virus, ne pas le savoir, et contaminer les autres.

Etant donné que des agents de la Patrouille des Frontières pourraient avoir le virus sans le savoir, des O’odham pourraient être contaminés. Les O’odham sont à haut risque, à cause de forts taux de diabète. Les personnes âgées sont particulièrement vulnérables.

« Dans un message – qui a fui – envoyé mardi à des employés, le chef des opérations de Tucson, en Arizona, a informé les agents que deux de leurs collègues avaient été testés positifs » a rapporté le Daily Mail, quotidien britannique, le 25 mars.

« Le Chef de la Patrouille de Tucson, l’agent Roy D. Villareal, dit qu’un employé de la Station de Tucson assigné ailleurs et un autre de la Station de Nogales [poste frontière] ont été frappés par la maladie. »

La Patrouille des Frontières des Etats-Unis refuse maintenant de fournir plus d’informations aux médias.

CNN a annoncé il y a cinq jours que près de 300 employés du Service de la Sécurité Intérieure, parmi lesquels des agents de la Patrouille des Frontières, avaient été testés positifs. Des centaines d’agents se sont mis d’eux-mêmes en quarantaine après avoir été exposés au virus. Cependant, très peu d’informations ont été fournies au public, à propos de qui avait été en contact avec les agents et qui les agents auraient pu contaminer.

« Près de 300 agents du Service de la Sécurité Intérieure des Etats-Unis ont été testés positifs, et plus de 8500 se sont mis en quarantaine, d’après les données fournies par le Service au personnel du Congrès et obtenues par CNN. »

« Le 30 mars, les agences du Service de la Sécurité Intérieure présentant le plus de cas positifs étaient la Protection de la Frontière et des Douanes et l’Administration de la Sécurité des Transports, avec respectivement 64 et 129 cas, d’après les données réparties par services, » dit CNN.

La Protection de la Frontière et des Douanes et l’Administration de la Sécurité des Transports ont aussi des centaines d’employés en quarantaine volontaire : 640 agents de la Patrouille des Frontières et de l’ICE, et 4084 agents de l’Administration de la Sécurité des Transports. Parmi les gens les plus vulnérables, il y a les migrants dans des prisons et des centres de détentions, détenus dans des conditions de surpopulation, sans eau potable, ni nourriture, ni médicaments. Les enfants migrants continuent de courir des risques élevés dans ces prisons, qui sont ni plus ni moins des camps de concentration en violation des lois internationales.

En dépit de la propagation du Coronavirus dans la Patrouille des Frontières du secteur de Tucson et des ordres de confinement de la Nation Tohono O’odham et de l’état d’Arizona, des agents restent dans la Nation Tohono O’odham, et la construction des tours d’espionnage et du mur continuent sur le site du Cactus Tuyau d’Orgue.

L’invasion d’ouvriers construisant le mur frontière dans les communautés de la frontière en Arizona, entre autres dans la petite ville d’Ajo, amène aussi une menace de propagation du virus.

Récemment, la Patrouille des Frontières a fait sauter à la dynamite Monument Hill, près de la frontière ouest de la Nation Tohono O’odham, où des ancêtres étaient enterrés.

Les Etats-Unis ont suspendu toutes les lois fédérales, entre autres celles qui protègent les sites sacrés Amérindiens et les espèces menacées, pour construire le mur. Il y a des espèces menacées ici, dans le Désert de Sonora, qu’on ne trouve nulle part ailleurs dans le monde.

©Brenda Norrell, Censored News

 

Par Brenda Norrel
Censored News
Traduction Christine Prat
28 février 2020

WASHINGTON – Le Président de la Nation Tohono O’odham, Ned Norris Jr., a témoigné devant un comité du Congrès et a exprimé le supplice qu’il endurait, sachant que, pendant qu’il témoignait, le gouvernement Trump faisait sauter un site funéraire où reposaient ses ancêtres, pour construire le mur de frontière.

« C’est dur de voir cela sauter dans une vidéo d’aujourd’hui, parce que je sais dans mon cœur et de par ce que nos anciens nous ont dit et ce que nous avons appris, que cette zone était la demeure de nos ancêtres, » dit Norris d’une voix étranglée. « Ce que nous avons vu aujourd’hui, cette explosion et ces destructions, a totalement perturbé et blessé notre peuple pour toujours. »

« Ce manque total de respect pour nos sites sacrés et leur profanation par notre gouvernement fédéral est profondément douloureux. Ces sites ne sont pas seulement sacrés pour notre Nation ; ils font partie de notre héritage culturel commun, en tant que citoyens des Etats-Unis » dit Norris.

Le Président Norris dit au cours de son témoignage qu’il y avait 34000 membres de la Nation O’odham aux Etats-Unis, et 2000 au sud de la frontière, vivant dans 17 communautés, qui partagent la même religion, la même langue, la même histoire et la même culture. Les Tohono O’odham ont près de 100 km de frontière commune avec le Mexique, et les O’odham traversent régulièrement pour des raisons familiales ou des cérémonies.

Le Président Norris dit que le territoire d’origine des Tohono O’odham inclut les Sources de Quitobaquito et Monument Hill, dans le Monument National du Cactus Tuyau d’Orgue, où des sites funéraires ont été détruits pour la construction du mur de frontière.

Monument Hill est le dernier repos des Tohono O’odham. Au début du mois, ce site funéraire a sauté. Les Tohono O’odham n’avaient pas été prévenus jusqu’au jour même du dynamitage, dit-il au comité.

  1. Norris dit aussi que, tout juste deux heures avant, il y avait eu une détonation contrôlée du site funéraire de Monument Hill. Il dit que cela ne faisait aucune différence avec l’éventuelle construction d’un mur au Cimetière d’Arlington ou dans la Cathédrale Nationale [à Washington D.C.].

En conséquence des réformes des lois sur l’immigration, le Ministère de la Sécurité Intérieure « piétine » la Nation Tohono O’odham. Et pour cela, le Ministère ignore toutes les lois pour construire le mur de frontière. Cela doit cesser, dit-il.

Le Président Norris dit que la Nation Tohono O’odham mérite le respect. Il dit qu’il devrait y avoir des exigences obligatoires de consultation, mises en place entre les Nations Amérindiennes et le gouvernement des Etats-Unis, impliquant plus que les simples déclarations pour la forme actuelles.

Bizarrement, la Protection des Douanes et des Frontières avait invité les médias à voir l’explosion de Monument Hill, dans le Monument National du Cactus Tuyau d’Orgue – un site funéraire pour les O’odham à la frontière de l’Arizona – au moment même où le Président Norris témoignait à Washington.

Le Président O’odham dit que « personne ne révère nos vétérans militaires que les O’odham, cependant le dynamitage de ces sites sacrés et funéraires revenait au même que de passer au bulldozer le Cimetière National d’Arlington ou tout autre cimetière. »

« Je veux être clair : quand des sites culturels sacrés sont détruits au cours d’un conflit international, c’est considéré comme un crime de guerre » dit le président du sous-comité, le Représentant Démocrate d’Arizona Ruben Gallego.

Le Représentant Deb Haaland, un Démocrate du Nouveau Mexique, membre de la tribu Pueblo Laguna, s’est aussi exprimé avec passion : « Quand des dirigeants tribaux n’ont pas de siège à la table, l’histoire Autochtone est perdue. »

Les Représentants Ruben Gallego et Raul Grijalva, tous deux Démocrates d’Arizona, se sont également exprimés contre la construction du mur au cours de la réunion du Sous-comité pour les Peuples Autochtones du Comité de la Chambre pour les Ressources Naturelles.

Sur le côté Arizona de la frontière, les Tohono O’odham et d’autres qui considèrent le Désert de Sonora comme leur patrie, furent choqués et horrifiés quand les explosions ont détruit le site funéraire.

« Dynamiter une terre sacrée est bien assez terrifiant, mais en plus, le gouvernement Trump veut faire tout un cirque pour s’en vanter » dit Laiken Jordahl, qui fait campagne pour les terres de la frontière au Centre pour la Diversité Biologique.  « Ça fend le cœur de les voir massacrer ce spectaculaire monument national et profaner des terres sacrées Autochtones. Nous continuerons à nous battre contre le méprisable mur de Trump à chaque étappe. »

Il y a des espèces menacées qu’on ne trouve nulle part ailleurs dans le monde. Mercredi [26 février 2020], le Corps des Ingénieurs de l’Armée a dynamité le site funéraire O’odham. Déjà, l’entreprise sous contrat Southwest Valley Constructors, d’Albuquerque, a drainé de l’eau – si précieuse dans la région – pour faire du béton, détruit des voies de migration des jaguars et des pronghorns [Antilocapra americana sonoriensis], et détruit le Cactus Saguaro protégé.

Les destructions sont un prix très lourd à payer pour un mur de frontière dont il est prouvé qu’il peut être escaladé en quelques secondes et qu’il est facile d’y percer des trous assez larges pour y passer en camion. Des camions chargés de matériaux pour la construction du mur roulant à toute allure, ont causé deux fois des accidents dans la Nation Tohono O’odham, entre Tucson et Lukeville, mettant en danger les vies des O’odham, d’habitants d’Arizona et de voyageurs.

Trump clame avoir passé outre à toutes les lois fédérales de protection, y compris celles qui protègent les sites sacrés Amérindiens, les espèces menacées et le sol, l’eau et l’air.

Le Centre pour la Diversité Biologique dit : « Le gouvernement Trump fait sauter Monument Hill, dans le Monument National du Cactus Tuyau d’Orgue, habitat d’espèces menacées et lieu de sites funéraires Autochtones, pour construire le mur de frontière. Les entreprises sous contrat extraient des millions de litres d’eaux souterraines pour fabriquer du béton pour le mur, mettant en péril les Sources de Quitobaquito. Cette oasis rare dans le désert est l’habitat de deux espèces menacées, la tortue Sonoyta et le cyprin de Quitobaquito. »

Le Centre dit : « Plus de 160 km de nouveau mur sont planifiés et traversent l’Arizona, payés par des fonds que Trump détourne du budget de la Défense. Pour accélérer la construction du mur, Trump est passé outre à des dizaines de lois qui doivent protéger les terres publiques, les ressources culturelles, les sites sacrés et la vie sauvage menacée. Le Centre et des soutiens ont lancé des poursuites contre la déclaration d’état d’urgence de Trump, qui finance cette construction. »

 

Par Ofelia Rivas
Article et photos ©Ofelia Rivas
Publié sur Censored News
9 février 2020
Traduction Christine Prat

Le mouvement VOIX O’odham Contre le MUR et des soutiens se sont rendus dans l’est des terres de la réserve pour faire un reportage sur les destructions dévastatrices dans les terres O’odham.

La construction des Tours de surveillance Fixes Intégrées a commencé.

La Sécurité Intérieure des Etats-Unis a accordé un contrat à la compagnie de Défense Israélienne Elbit Systems – responsable de la sécurité de l’Apartheid en Palestine – pour construire des tours d’espionnage ici, dans les communautés O’odham de la Nation Tohono O’odham.

Le gouvernement Tohono O’odham a adopté une résolution pour le permettre.

D’abord, le site est sur l’aire où les sous-traitants, Meridian Engineering de Tucson, en Arizona, occupent une grande zone clôturée où ils entassent leurs divers matériaux de clôture, leur équipement lourd, les camionnettes de transport des employés et leurs camions d’eau.

L’équipement lourd a creusé une route, d’une route de la communauté au site. Les routes dans la zone inondable ont été renforcées avec du béton. Les arbres et les cactées et toute la végétation sont empilés près du site.

Sur le site, près des terres sacrées O’odham de la chaine de montagne Baboqivari, il y a une tour portable sur les collines. Le territoire de notre pays est altéré pour toujours.

Les attaques contre les peuples Autochtones aux Etats-Unis n’ont jamais cessé, d’abord en nous tuant purement et simplement, et maintenant par cette occupation forcée, avec ses militaires appelés patrouilles des frontières, les agents de l’ICE [immigration] et les unités d’Opérations Spéciales et les milices incontrôlées.

Les frontières internationales servent maintenant de terrain d’expérimentation pour le nouvel équipement de surveillance high tech et les nouveaux véhicules militaires. ‘Souveraineté’ est juste un mot facile à employer à la convenance des politiciens.

Les politiciens Tohono O’odham sont depuis des décennies déconnectés des gens qu’ils sont supposés servir, et aussi déconnectés du puissant savoir culturel O’odham et des terres en train d’être détruites par leur négligence.

Ce sera à jamais leur héritage dans l’histoire O’odham. La politique à mener, la législation et l’autorité reposent dans leurs mains d’incapables.

Ils ont abandonné leur autorité pour une poignée de dollars. Où sont les dollars pour réparer les montagnes et les collines détruites, faire revivre les voies d’eau, les communautés dévastées par les inondations, les espèces sauvages de la région, et toutes les plantes et les animaux déjà déplacés ou simplement éliminés par les destructions ?

Voir aussi l’article de mai 2014 sur le contrat avec des entreprises Israéliennes

OFELIA RIVAS, TOHONO O’ODHAM, A NEW-YORK AVEC ‘EXTINCTION REBELLION’

« Le consumérisme poussé par le système menace Notre Mère la Terre » – Ofelia Rivas

Par Brenda Norrell »
Censored News
2 décembre 2019
Traduction Christine Prat
See original in English

NEW-YORK – Ofelia Rivas, Tohono O’odham, s’est exprimée au cours d’un rassemblement d’Extinction Rebellion, à New-York, le ‘Vendredi Noir’, sur la nécessité de protéger Notre Mère la Terre.

Ofelia Rivas dit qu’elle était venue « porter ce message pour que les gens envisagent de faire un choix personnel et conscient pour mettre un terme au consumérisme poussé par ce système de profits ».

« Le message des Peuples Autochtones est de protéger Notre Mère la Terre. S’ils entreprennent cette action ici, c’est un signe indiquant qu’ils ont entendu notre message » dit Ofelia à Censored News.

A New-York, Ofelia Rivas a ouvert l’évènement, organisé par une organisation qui compte 20 millions de femmes, à East Village.

Ofelia a aussi offert un chant de prière aux Boliviens, au rassemblement pour « la Communauté Aymara victime de l’impunité », qui avait lieu au Centre pour les Droits Constitutionnels et la Loi de Harvard.

Au meeting des Citoyens Impliqués pour le Changement, à Manhattan College, Ofelia a également fait une présentation.

L’action d’Extinction Rebellion à New-York faisait partie des manifestations organisées partout dans le monde contre le Vendredi Noir – comme, entre autres, le blocage des rues commerçantes à Paris, Montréal et Madrid – appelant à la fin du consumérisme.

Ofelia Rivas est la fondatrice de ‘Voix O’odham contre le Mur’ [O’odham Voice against the Wall] et a passé sa vie dans son territoire d’origine, devant se battre continuellement avec la Patrouille des Frontières des Etats-Unis, qui campe devant sa porte. Un agent des Opérations Spéciales de la Patrouille des Frontières d’El Paso, l’a menacée avec une arme à feu alors qu’il la harcelait devant sa porte.

Après avoir témoigné devant la Commission Interaméricaine des Droits de l’Homme en Jamaïque, en mai dernier, où elle a parlé de la militarisation de son pays et des violations commises par la Sécurité Intérieure des Etats-Unis et de sa Patrouille des Frontières dans la Nation Tohono O’odham, Ofelia a été retenue pendant deux jours avant de pouvoir rentrer chez elle, par la Sécurité Intérieure pour des fouilles répétées, à cause de son témoignage.

Actuellement, le Cactus Saguaro, qui est protégé, et des espèces menacées sont détruits près de la maison d’Ofelia Rivas, dans la Nation Tohono O’odham. Sur le territoire tout proche du Monument National d’Organ Pipe [cactus ‘tuyau d’orgue’], une portion du Mur menace maintenant une source sacrée. La construction du Mur le long de la frontière de l’Arizona bloque des voies de migration des jaguars, des antilopes d’Amérique [ou Antilocapre] et d’autres espèces rares et menacées.

Il est déjà prouvé que le mur de frontière est inutile, un enfant de huit ans pouvant l’escalader en quelques secondes. Récemment, à la frontière de Californie, une brèche a été ouverte dans le mur et un camion y est passé.

Précédemment, Ofelia Rivas et des Anciens O’odham avaient remis les restes de leurs ancêtres à leur place, après qu’ils aient été déterrés au cours de la construction d’une barrière anti-véhicules dans la Nation Tohono O’odham.

Maintenant, le violateur des droits humains Elbit Systems, une entreprise Israélienne sous contrat avec la Défense, responsable de la sécurité du système d’Apartheid en Palestine, construit des tours d’espionnage dans la Nation Tohono O’odham. Ces tours intégrées, commandées par la Sécurité Intérieure des Etats-Unis et placées dans des communautés O’odham isolées, continuerons d’espionner et de harceler les O’odham, comme le fait déjà la Patrouille des Frontières U.S.

Vendredi [29 novembre 2019], au moins 27 membres d’Extinction Rebellion ont été arrêtés à New-York.

« C’est une véritable crise. C’est une crise morale. Nous sommes dans un lieu vraiment triste » dit Sarah Kollodny, 80 ans, résidente de Manhattan, au New York Post.

« Nous voulons vraiment attirer l’attention sur ce qui se passe dans le monde. Le Vendredi Noir est un jour de consumérisme effréné » ajouta-t-elle, appelant les gens à « réfléchir sur nos ressources et le consumérisme. »

Les membres d’Extinction Rebellion portaient des banderoles appelant à « l’empathie, l’humilité, la frugalité » et déclaraient une « urgence climatique », causée par les émissions de carbone dues à une consommation excessive.

Photos ©Ofelia Rivas
Article ©Ofelia Rivas, Brenda Norrell, Censored News

Barrière anti-véhicules dans la Nation Tohono O’odham, photo ©Christine Prat

 

LE MUR DE TRUMP A LA FRONTIERE US/MEXIQUE SIGNIFIE LA MORT DES ESPECES MENACEES ET DES SITES SACRES

Photos ©Ofelia Rivas, Tohono O’odham
Article de Brenda Norrell
©Censored News
31 août 2019
Traduction Christine Prat

AJO, Arizona – Tandis que les bulldozers de Trump détruisent le Désert encore vierge du Sonora, à proximité du site classé du Cactus “Tuyau d’Orgue” [Organ Pipe Cactus National Monument], les Tohono O’odham et des habitants d’Arizona manifestent contre ces destructions inhumaines.

Ofelia Rivas, Tohono O’odham qui vit à la frontière, a déclaré à Censored News “C’est un beau jour dans le pays O’odham, un groupe de gens unis est venu pour être le porte-parole des terres et de la nature contre la politique génocidaire d’un système de gouvernement inhumain, qui attaque toute forme de vie.”

“La Société de ces terres volées devrait condamner en justice les crimes inhumains de cet infâme individu.”

“Le groupe continuera à être une voix pour l’honneur des abeilles, des animaux sacrés menacés, des plantes, et de tout le territoire et des gens qui l’habitent” dit Ofelia Rivas.

Toutes les lois sur les espèces menacées et toutes les lois qui protègent les sites sacrés des Autochtones ont été pulvérisées. La construction du mur de frontière utilise déjà une quantité énorme d’eau du désert pour faire du béton.

Ces défenseurs du territoire protestent aussi contre les tours d’espionnage Israéliennes qui visent maintenant la Nation Tohono O’odham. L’entreprise Israélienne Elbit Systems projette de construire d’autres tours d’espionnage et de détruire des sites funéraires sacrés et des lieux de cérémonie de la Nation Tohono O’odham. Le gouvernement tribal a approuvé ces tours en mars dernier, mais le District de Gu-Vo continue de s’opposer à ce qui constitue une oppression et des destructions. Elbit se charge déjà de la sécurité de l’Apartheid en Palestine.

Ofelia Rivas est la fondatrice de “Voix O’odham contre le Mur” [O’odham Voice Against the Wall], et a passé sa vie à combattre les méfaits de la Patrouille des Frontières des Etats-Unis. Ofelia vit à la frontière, dans la Nation Tohono O’odham et est porte-parole des droits humains.

Vous pouvez faire des dons à Ofelia sur son site, pour payer l’essence nécessaire à son action, sur:

http://tiamatpublications.com/

Les photos ©Ofelia Rivas, Tohono O’odham,
pour Censored News,
ne peuvent être utilisées sans autorisation.

 

 

Le gouvernement Trump vient d’envoyer des bulldozers à la frontière pour faire un coup d’éclat avant les prochaines élections. Ils ont déjà commencé à détruire des espèces rares. En fait, il ne s’agit pas de construire un mur, mais de le rehausser, d’ajouter des barbelés, etc. On l’appelle en France le “Mur de Trump” parce qu’avant que Trump arrive au pouvoir, les médias n’en parlaient pas. Cependant, la construction a commencé bien avant, et n’a certainement pas été ralentie sous les gouvernements Obama.

En 1846, les Etats-Unis ont attaqué le Mexique et conquis beaucoup de territoire. La frontière actuelle a été dessinée à la plume et à la règle sur une carte d’état-major lors de la signature du traité de Guadalupe-Hidalgo. Bien entendu, elle traverse des communautés Autochtones et des villages. Pendant longtemps, les habitants des communautés coupées par la frontière pouvaient passer facilement d’un côté à l’autre. Dans les années 1990, la propagande anti-immigration s’est intensifiée, et des mesures ont été concoctées pour que les réfugiés ne puissent plus passer, ce qui a créé des problèmes pour les habitants de la région. Cependant, une habitante de la frontière dit que la situation s’est soudain aggravée au lendemain du 11 septembre 2001. Trump ne fait que surenchérir, comme tous les politiciens de droite quand ceux “de gauche” ont fait une politique peu différente de la leur.

Les humains sont menacés, des espèces rares d’animaux et de plantes aussi.

Christine Prat

LES SOURCES DE QUITOBAQUITO : LA CONSTRUCTION DU MUR A LA FRONTIERE DETRUIT DES SITES SACRES ET LE FRAGILE ECOSYSTÈME DU DESERT DE SONORA

Par Brenda Norrell
Publié sur Censored News
Le 27 août 2019
Photos ©photographe résident
Pour plus de photos, voir Censored News
Traduction Christine Prat

Quitobaquito est une rare oasis dans le désert, qui fournit de l’eau vitale à de nombreuses espèces animales. La tortue Sonoyta n’existe nulle part ailleurs dans le monde. A proximité, la construction du Mur frontière a déjà commencé, près de Lukeville, en Arizona.

Trump utilise des fonds militaires détournés pour construire le monstre qu’est ce mur frontière, et a ignoré toutes les lois qui protègent les lieux et espèces sacrés ou menacés. Dans le désert de Sonora, particulièrement fragile, c’est un crime contre la nature, un crime contre toutes les formes de vie.

Ces portions du mur qui coûtent si cher – entre l’est du Texas et la côte de Californie – menacent les régions les plus fragiles, et serviront seulement à repousser les migrants vers des zones mortelles. Au lieu de mettre un terme à l’immigration, ces portions du mur ne seront qu’un symbole du nationalisme Blanc et de la destruction.

Ofelia Rivas, une Tohono O’odham qui vit à la frontière qui coupe la Nation Tohono O’odham, a demandé “Où sont les Protecteurs de l’Eau ?”

“Les sources d’information disent que chaque 30 cm de mur exigera 1530 litres de béton. 30 cm de béton signifie 177 litres d’eau. Ce qui signifie que chaque mile – 1,6 km – de mur coûte environs 1,9 millions de litres d’eau” dit Ofelia Rivas à Censored News.

Alors que la construction se poursuit à proximité, le photographe, un résident, expliqua que la barrière anti-véhicules est déjà en place et que l’énorme mur n’est pas nécessaire dans cette région fragile.

“La barrière anti-véhicules permet à la vie sauvage de se déplacer librement à travers la frontière, dans le Monument National des Cactées “tuyaux d’Orgue” [Organ Pipe Cactus National Monument]. Ça empêche les véhicules de franchir la frontière, ce qui serait très dommageable pour l’environnement particulièrement fragile.”

SAUVER LA TORTUE SONOYTA

Le Centre pour la Diversité Biologique dit que “la tortue Sonoyta a évolué d’une espèce aquatique dans une des zones les plus sèches du Désert de Sonora. Avec des pattes palmées et le don inné de nager, cette tortue dépend totalement du peu d’eau qui reste dans le Sud-ouest des Etats-Unis. On peut identifier une tortue Sonoyta d’après l’endroit où elle se trouve, étant donné que c’est la seule tortue dans cette zone très limitée. L’espèce aux Etats-Unis a été réduite à une seule réserve, dans le Monument National des Cactées “tuyaux d’Orgue” [Organ Pipe Cactus National Monument], une zone appelée Quitobaquito Springs. Au Mexique, ces tortues habitent quelques petites sections du Rio Sonoyta.”

Parmi les créatures menacées de Quitobaquito Springs, il y a aussi le “pupfish” [si rare qu’il n’y a pas de nom en français, seulement le terme latin Cyprinodontidae, donc de la famille des cyprins comme les poissons rouges, mais beaucoup plus rare]. “La plus grande quantité d’eau du Monument National des Cactées se trouve dans les sources et la mare de Quitobaquito, habitat du “pupfish” écrit le site Wild Sonora.

“L’importance culturelle de la zone de Quitobaquito remonte approximativement à 11 000 ans avant le temps présent, c’est-à-dire 1950. “La mare habite l’escargot de Quitobaquito, la tortue Sonoyta, et le câprier du désert. C’est le seul endroit aux Etats-Unis où ces espèces peuvent être trouvées à l’état naturel” selon le Service des Parcs Nationaux [National Park Service].

“les câpres du désert font vivre le papillon des câpres (ascia Howarthi) qui existe qu’avec la plante. Les escargots de Quitobaquito sont si petits qu’ils sont durs à trouver.”

“On peut parfois voir l’escargot, à peu près de la taille d’un grain de poivre, dans les petits cours d’eau alimentés par les sources, qui se jettent dans la mare. Quitobaquito est aussi le seul endroit des Etats-Unis où on trouve la tortue Sonoyta qui est candidate pour être protégée par la Loi sur les Espèces Menacées.”

La Section 102 d’une loi de 2005 permet de passer outre à 28 lois sur l’environnement et autres (voir ci-dessous) en cas d’urgence nationale ou de menace terroriste. Le #45 ayant déclaré qu’il y avait un état d’urgence à la frontière afin de pouvoir financer le mur, les constructeurs n’ont pas à se conformer aux lois qui s’appliquent à tous les autres types de construction.

Les lois délibérément ignorées :

1) Loi sur la Politique Nationale Environnementale

2) Loi sur les Espèces Menacées

3) Loi sur la qualité de l’Eau

4) Loi sur la Préservation Historique Nationale

5) Loi sur le Traité sur les Oiseaux Migrateurs

6) Loi sur la Protection des Oiseaux Migrateurs

7) Loi sur la qualité de l’Air

8) Loi sur la Protection des Ressources Archéologiques

9) Loi sur la Préservation des Ressources Paléontologiques

10) Loi sur les Ressources des Grottes Fédérales

11) Loi sur la Salubrité de l’Eau Potable

12) Loi sur le Contrôle du Bruit

13) Loi sur les Déchets Solides

14) Loi Générale sur l’Action, Compensation et Responsabilité Environnementales

15) Loi sur la Préservation Archéologique et Historique

16) Loi sur les Antiquités

17) Loi sur les Sites Historiques, les Bâtiments et les Antiquités

18) Loi sur la Politique de Protection des Terres Cultivées

19) Loi sur la Gestion des Zones Côtières

20) Loi sur la Politique et la Gestion des Terres Fédérales

21) Loi sur le Système d’Administration des Refuges Nationaux pour la Vie Sauvage

22) Loi Nationale sur la Pêche et la Vie Sauvage

23) Loi de Coordination de la Pêche et de la Vie Sauvage

24) Loi sur la Procédure Administrative

25) Loi sur les Fleuves et les Ports

26) Loi sur la Protection des Aigles

27) Loi sur la Protection et le Rapatriement des Tombes Autochtones

28) Loi sur la Liberté Religieuse des Amérindiens

Le 28 août, Democracy NOW! titrait (publié sur Censored News):

Parmi d’autres informations sur l’immigration, le Washington Post écrit que le Président Trump a ordonné à son équipe d’accélérer la construction de son mur de frontière, même si ça implique d’enfreindre des lois. Trump aurait dit à ses collaborateurs qu’il les gracierait s’ils devaient être confrontés à des répercussions légales suite à cette demande, qui pourrait impliquer la confiscation de terres privées, la signature immédiate de contrats de construction pour des milliards de dollars et la négation de règlements sur l’environnement. Trump aurait balayé les inquiétudes concernant les implications qu’il y aurait à contourner les procédures appropriées, entre autres en utilisant l’expropriation, disant à ses collaborateurs de simplement “prendre les terres”.

Voir l’article de Democracy NOW! (en anglais)


Ofelia Rivas en Jamaïque, photo Brenda Norrell

LA SECURITE INTERIEURE U.S. MALTRAITE LES TOHONO O’ODHAM DANS LEUR PROPRE TERRITOIRE. TEMOIGNAGE D’OFELIA RIVAS EN JAMAIQUE.

Photos et article par Brenda Norrell
Censored News
19 mai 2019
Traduction Christine Prat

KINGSTON, Jamaïque – Ofelia Rivas, Tohono O’odham, a dit dans son témoignage que les gens de son peuple étaient maltraités par la Sécurité Intérieure des Etats-Unis, et que son territoire était militarisé, tout comme c’est le cas à Standing Rock.

S’adressant à la Commission Interaméricaine des Droits de l’Homme en Jamaïque, Ofelia parla de 500 ans de politiques génocidaires qui aboutissent aujourd’hui à ce que son peuple soit constamment attaqué par les Etats-Unis. “La Sécurité Intérieure des Etats-Unis a criminalisé les Tohono O’odham” dit Ofelia.

A la suite de son témoignage, lorsqu’elle est retournée chez elle, elle a été retardée pendant deux jours, subissant des fouilles répétées, les autorités des Etats-Unis ayant mis le statut ‘SSSS’ sur ses cartes d’embarquement, de Miami à l’Arizona.

Elle commença son témoignage en Jamaïque en saluant le Peuple Arawak, ancêtres des Autochtones de l’île. Ofelia dit qu’elle parlait en tant que descendante et témoin direct de plus de 500 ans d’atroces politiques de génocide contre les Peuples Autochtones, de la part des gouvernements des Etats-Unis.

Le Traité de Guadalupe Hidalgo en 1848, et l’Acquisition Gadsden en 1953, ont divisé son territoire d’origine entre deux pays, les Etats-Unis et le Mexique, ont déplacé des O’odham et les ont exilés, dit-elle dans son témoignage. “Aujourd’hui, aux Etats-Unis, nous existons sur un dixième de nos territoires d’origine.”

Ofelia dit comment les territoires O’odham au Mexique avaient été perdus. “Nos terres ont été volées et vendues par le gouvernement de l’état, et reprises par les cartels de la drogue” dit-elle dans son témoignage.

Dans la Nation Tohono O’odham [la Réserve dirigée par le Conseil Tribal, dans le sud de l’Arizona – NdT], l’impact le plus récent a été la militarisation de nos territoires, après le 11 septembre [2001]. “Des lois racistes et inhumaines, comme le Patriot Act, et les lois sur l’immigration” ont conduit à des maltraitances constantes des Tohono O’odham. “Maintenant, des gens sont attaqués avec des chiens.” “Leurs domiciles sont envahis et ils sont détenus dans leur propre maison, avec leurs enfants.” “Les gens sont attaqués par des militaires armés, forcés de quitter la route, et détenus sans raison.” “La Sécurité Intérieure des Etats-Unis a criminalisé les Tohono O’odham.”

Ofelia dit avoir été témoin de comment des Anciens O’odham, de plus de 80 ans, avaient été mis à genoux près de la route, les bras en l’air, parce qu’ils n’avaient pas compris les exigences de prouver leur citoyenneté. “Ils parlent leur propre langue et ne comprennent pas les ordres de parler Anglais ou Espagnol” dit-elle dans son témoignage.

Elle dit que l’intention des Etats-Unis était d’éradiquer les gens dits ‘inférieurs’ par sa politique génocidaire. Ofelia dit aussi que l’intention des Etats-Unis était d’appliquer leur politique de ‘destiné manifeste’, comme le monde entier avait pu le voir lors de l’attaque des Protecteurs de l’Eau à Standing Rock.

“Je prie pour que tous les animaux, les plantes, les êtres vivants soient reconnus et protégés” dit-elle pour conclure.

Ofelia a témoigné de la criminalisation des Peuples Autochtones avec Michelle Cook, avocate et organisatrice Diné, Casey Camp, membre du Conseil Tribal Ponca, et Leoyla Cowboy, Diné, épouse du Protecteur de l’Eau emprisonné Michael Little Feather Giron.

La délégation de femmes Autochtones a témoigné le 9 mai, à Kingston, à l’Université des Indes Occidentales.

La Commission Interaméricaine des Droits de l’Homme a entendu des témoignages de l’ensemble des Amériques.

©Brenda Norrell

Earl Tulley et Ofelia Rivas

OFELIA RIVAS, O’ODHAM, ET EARL TULLEY, DINÉ: REFLEXIONS SUR LE CARACTERE SACRE DE LA VIE

Interview du 1er juin 2018
Govinda Dalton, Spirit Resistance Radio
Article de Brenda Norrell
Publié sur Censored News
Le 12 juin 2018
Traduction Christine Prat

DILKON, Nation Navajo, 1er juin 2018 – Ofelia Rivas, Tohono O’odham, et Earl Tulley, Diné, ont parlé des modes de vie culturels et des fondements spirituels de leur peuples, au cours de la Convention de Diné CARE pour l’ouest [de la Nation Navajo]. Ofelia commença par décrire les vastes territoires qui constituaient les terres ancestrales des Tohono O’odham dans ce qui est maintenant l’Arizona, Etats-Unis, et le Sonora, Mexique.

“Nos terres sont très vastes” dit Ofelia, au cours de la conversation avec Earl Tulley, un Diné de Blue Gap, pour Spirit Resistance Radio.

Le territoire ancestral Tohono O’odham s’étendait d’Hermosillo, à des centaines de kilomètres de la frontière actuelle, et au nord jusqu’à Phoenix, à l’est jusqu’à Benson, à la Rivière San Pedro, et jusqu’à la Mer de Cortez, dans le Sonora, au Mexique, dit-elle.

La vie des plantes – médicinales et alimentaires – et la vie animale, nourrissaient les gens. “Nos histoires sur la Création disent que nous étions là dès le début, pour être témoins de la formation de nos Montagnes Sacrées.” “Le commencement de nos Montagnes Sacrées est le commencement de qui nous sommes.”

La culture O’odham est fondée sur les pluies qui apportent de l’eau au désert, dit-elle. “Les chants et les cérémonies les plus sacrés reconnaissent la mer, et le lieu où les nuages se forment et traversent les terres pour apporter la pluie à la saison où on plante, et qui renouvelle notre nourriture, sur les terres.”

Ofelia a été élevée dans la tradition O’odham, dans laquelle les femmes s’asseyaient à part et ne disaient rien. Mais tôt dans sa vie, elle a été reconnue par les Conducteurs de Cérémonies pour son rôle. “Ça commence par la prière” dit-elle du cycle Cérémoniel, et dit comment de jeunes hommes continuent la tradition cérémonielle.

Quand le saguaro [cactus typique du sud-ouest] mûrit, fin juin ou début juillet, c’est le Nouvel An des O’odham.

Pour Ofelia, la résistance est de parler sa langue et de continuer le mode de vie O’odham. Ofelia encourage les autres à, comme elle, survivre aux pensionnats et maintenir la vie suivant les pratiques traditionnelles.

Earl Tulley demanda à Ofelia comment elle saluait d’autres gens qui venaient dans son pays. “Nous sommes toujours là”, dit Earl, à propos du salut Diné Ya’at’eeh. Ofelia répondit que la façon traditionnelle était de faire savoir que vous êtes présent et la personne de la famille présente donne de l’eau et de la nourriture.

Earl dit que les jeunes Diné qui ne parlent pas la langue, utilisent souvent des signes de la main, ou de la tête, pour communiquer et montrer du respect aux Anciens qui ne parlent que Diné. Il dit aussi qu’avant les temps du Traité, les Diné vivaient selon des lois naturelles, en comprenant la lune et le soleil.

Selon Ofelia, les O’odham ne séparent jamais la vie du monde naturel dans des mots comme “environnement”.

“Les femmes avaient leur propre rôle, et étaient très puissante” dit-elle.

Elle dit que pendant des milliers d’années les O’odham récoltaient du sel de la mer. “Il faut connaître les chants, pour récolter cette médecine appelée le sel.” Quand il n’était pas récolté de la manière appropriée, ça causait un déséquilibre. Elle ajouta que quand les gens ne sont pas connectés aux lois naturelles, ça provoque un déséquilibre.

“Nous espérons que la Septième Génération apprendra ce que nous avons appris en grandissant,” dit Ofelia.

Il y a beaucoup de manque de respect parce que les gens ne parlent ni ne comprennent le O’odham. Ofelia dit de son peuple, “Je suis du peuple, des Etoiles qui Apparaissent.” Aujourd’hui, les jeunes gens sont déconnectés, et ils prononcent mal, même à la radio. Elle donna l’exemple de l’expression “maïs qui commence à pousser,” et comment les Anciens disent qu’une légère erreur de prononciation peut être un manque de respect.

Ofelia parla du respect pour les montagnes et la terre, et pour les gens qui y ont été autrefois, quand on marche sur le territoire.

Earl dit qu’avoir grandi, pour un enfant, de façon traditionnelle, est un mode de vie, comme offrir du pollen de maïs au lever du jour. Il parla de la façon dont l’éduction est vue des nos jours, et comment la société actuelle appelle l’imitation “éducation”, qu’on considère souvent comme “devenir instruit.” Mais traditionnellement, l’éducation a une signification différente, qui inclut des accords tacites, comme quel membre de la famille doit parler.

“Celui qui Fait la Terre nous donne nos talents” dit Earl.

A propos de l’éducation moderne, Ofelia raconta que son neveu avait dit que ses diplômes étaient sans valeur, quand la Rivière San Juan a été polluée par une mine d’or, parce qu’il ne pouvait pas empêcher la pollution.

Ofelia se souvient avoir écouté les Anciens et suivi la lune, et le monde naturel. Aujourd’hui, dit Ofelia, les O’odham sont forcés de parler anglais pour pouvoir parler à d’autres. Les Peuples d’Origine du Territoire sont connectés à l’univers, et les Chants et les Prières sont pratiqués chaque année pour la régénération, dit-elle.

Earl raconta comment certains, qui avaient fréquenté des écoles comme Carlisle, avaient appris des techniques, comme par exemple fabriquer des chaussures. Mais quand ils retournaient au Pays Navajo, les gens portaient des mocassins, pas des chaussures. “Ils se sont enfuis à cause de cela,” dit-il, parce que leurs capacités n’avaient plus de place chez eux.

Se souvenant des paroles des Anciens O’odham, Ofelia dit “Quand le vent souffle, nous devons nous courber pour ne pas casser.”

Ofelia dit que le gouvernement tribal était bureaucratique et n’avait pas encouragé les jeunes à partir pour acquérir une éducation et revenir au Pays O’odham avec ce qu’ils avaient appris. Les jeunes O’odham sont partis, ont acquis une éducation et doivent être encouragés à revenir, même ceux qui ont appris à s’occuper d’argent. Elle dit qu’elle avait cessé de travailler au problème de la frontière pendant cinq ans, et attendu que les jeunes reviennent avec des solutions, mais aucun n’est venu avec des solutions contre les exactions de la Patrouille des Frontières, qui se perpétuent actuellement.

Elle expliqua comment travailler avec les jeunes. Ils plantent des graines, les arrosent, puis regardent grandir les plantes et les protègent pendant qu’elles poussent. Le savoir de base peut être utilisé à tous les niveaux, dit-elle. Les jeunes ont besoin de leur éducation.

Earl dit que nous vivions dans un monde où on peut manger des choses hors saison, mais que ce n’est pas pareil. Il dit aussi que le respect ne devait pas être oublié, comme laisser son siège à une personne âgée, ou la laisser passer en premier dans la queue pour la nourriture. Earl dit que la connaissance n’est pas faite pour être gardée pour soi, mais pour être partagée. Il dit aussi que beaucoup de Diné avaient des enfants et des petits-enfants et étaient liés à d’autres peuples.

Ofelia dit que cependant, dans une Cérémonie, c’est inclusif, qu’il n’y a ni couleur ni race. “Ça nous enrichit” dit-elle des O’odham qui sont O’odham et d’autres tribus. Elle dit que si nous savons qui est notre grand-mère, il n’y a pas de déconnexion.

Earl dit que dans l’histoire, il n’y avait pas d’école, ni personne qui pouvait supprimer la langue d’origine. “Nous nous le faisons à nous-même.” Il dit qu’au pensionnat, ils étaient forcés de répéter le Serment d’Allégeance tous les matins. Mais ils disaient le mot Diné signifiant “les moutons arrivent” au lieu du mot “Amérique”.

Earl dit que les prières Diné demandaient la bénédiction de tous ceux A Cinq Doigts, c’est-à-dire tous les gens.

“Nous sommes tous un seul peuple”, dit Ofelia. “Où que nous allions, nous devons nous en souvenir, Nous sommes un seul peuple, et nous avons tous nos façons d’être.”

A propos de la violence domestique, Earl dit “si nous sommes de vrais guerriers, nous devons comprendre notre rôle particulier et que la vie est sacrée.” “C’est alors que Celui qui Fait la Terre sera très fier de nous.”

Ofelia dit que les produits chimiques dans la nourriture et les médicaments devaient être supprimés.

Earl dit que Ceux Qui Ont Deux Esprits avaient des points de vue différents et devaient être respectés. Aujourd’hui, Ceux Qui Ont Deux Esprits ne sont pas complètement acceptés.

“Toute vie est sacrée” dit Ofelia.

©Ofelia Rivas et Censored News. Article traduit avec autorisation. Utilisation commerciale strictement interdite.

La Réserve Tohono O’odham actuelle, avec la frontière tracée sur une carte à la règle. Certains villages ont le même nom des deux côtés, parce qu’ils ont été coupés en deux par la frontière.

 

Il y a quelques semaines, une caravane de migrants du Honduras était attendue à la frontière Etats-Unis/Mexique. A cette occasion, Michelle Cook avait interviewé Ofelia Rivas, Tohono O’odham, qui habite près de la frontière. Depuis, on a appris que ces immigrants et d’autres étaient arrivés à la frontière de la Californie. Brenda Norrell s’y est rendue et a écrit l’article ci-dessous.

 

A LA FRONTIERE, LES ETATS-UNIS ONT OUBLIE LEUR NOM
Article et photos Brenda Norrell
Censored News
3 mai 2018
Traduction Christine Prat

 

Frontière de SAN YSIDRO, Californie – C’est calme et tranquille à la frontière, aujourd’hui. Tous les gangsters sont à Washington. C’est généralement calme, à la frontière – sauf quand des agents de la Patrouille des Frontières U.S. harcèlent, frappent et tuent des gens de couleur.

Si les agents de la Patrouille des Frontières pouvaient trouver une raison de frapper ou d’abattre quelqu’un aujourd’hui, ils le feraient.

Sur le sentier pour piétons qui mène au Mexique, des femmes avec des litres de laits et des provisions dans leur caddy rentrent chez elles. Des jeunes mangent de la pizza et achètent des téléphones portables.

Il n’y a pas de hordes de migrants se ruant sur la frontière, comme le Président Trump voudrait le faire croire aux gens, en attisant la haine et la violence raciales aux Etats-Unis.

Au bout de la ligne de trolleybus de San Diego, ici à la frontière, il n’y a pas de banderoles “Nous haïssons Trump”, pas d’affiches rappelant à tous que “la Première Dame, Melania Trump, est une immigrée.”

Peut-être que personne ne pourrait accueillir des réfugiés mieux que la Première Dame Melania Trump, qui est elle-même immigrée.

Dans ce calme, le sentier vers le Mexique est très fréquenté, et il semble qu’il y ait plus de gens voulant entrer au Mexique qu’aux Etats-Unis, aujourd’hui.

Mais à seulement quelques dizaines de mètres, de l’autre côté de la frontière, à Tijuana, au Mexique, la caravane de migrants qui cherchent désespérément la sécurité, est arrivée à la frontière.

Il fait froid et il pleut aujourd’hui. Ils n’ont ni nourriture ni abri.

Beaucoup d’entre eux ont marché sur de longues distances, certains ont traversé plusieurs pays, certains avec des bébés dans les bras, pour fuir la violence au Honduras et d’autres pays d’Amérique Centrale, certains pour fuir la violence domestique, d’autres pour fuir le terrorisme.

Ceux qui vivent le long de la frontière, aujourd’hui avec leurs provisions, montrent toute la difficulté de la vie réelle qui attend les migrants qui attendent d’obtenir l’asile aux Etats-Unis.

Ceux qui sont venus du sud et passé leur vie ici aux Etats-Unis sont las. Leurs dos sont courbés par une vie passée à nettoyer des parquets, récolter des légumes, réparer des toits et soulever des charges que personne d’autre ne veut soulever.

Un autre terrorisme attend beaucoup de ceux qui viennent aux Etats-Unis maintenant, à la recherche d’une vie meilleure – l’emprisonnement dans des prisons privées, qui font cela pour l’argent, et qui sont remplies d’immigrants.

Le seul drame visible aujourd’hui, c’est l’océan. Il est agité, frappe de ses vagues qui s’écrasent sur la côte. Peut-être que l’océan sait, se souvient des principes des anciens – d’accueillir les âmes épuisées, d’héberger les désespérés, de nourrir les affamés, d’abriter ceux qui ont tout perdu, et de donner la sécurité aux femmes, qui donnent la vie, et aux petits. L’eau a sa mémoire.

 

Copyright Brenda Norrell, Censored News