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NOUVELLE VENTE SCANDALEUSE (ET ILLEGALE) A DROUOT, ET PROTESTATION DE MEMBRES D’IDLE NO MORE FRANCE ET DU CSIA-NITASSINAN

Drouot30-5-2016 05smallLundi 30 mai 2016, une nouvelle vente scandaleuse d’objets sacrés Amérindiens a eu lieu à la salle Drouot. La vente était une fois de plus organisée par la firme EVE. Quelques jours plus tôt, le Conseil Tribal Pueblo Acoma avait adressé une lettre ouverte aux Français, publiée sur Internet en anglais et en français (voir plus bas), et envoyée à des organisations de soutien. La lettre explique ce que ces objets signifient pour les Autochtones seuls autorisés à les posséder et quel sacrilège une telle vente représente.

Drouot Auction Paris CSIA Action2 2016smallIl est évidemment nécessaire que les Français, surtout ceux qui achètent, comprennent à quel point c’est choquant et douloureux pour les Autochtones, et qu’il s’agit encore d’une violence colonialiste.

Drouot30-5-2016 02smallCependant, certains ne comprendront jamais, en particulier le Tribunal du 9ème Arrondissement, où une Juge, de toute évidence croyante fanatique en la Religion Intégriste du Libéralisme Economique, a chaque fois décidé que les croyances et les sentiments devaient peut-être être respectés, mais surtout pas être une entrave à la liberté du commerce. Dans ce cas, il serait bon de faire valoir que ces objets ont forcément été achetés illégalement, vu que la vente en est interdite depuis toujours par les Autochtones auxquels ils appartiennent, et maintenant aussi par la loi américaine (le consulat des Etats-Unis a protesté, comme d’habitude). Même si le dernier acheteur dit de bonne foi avoir acheté ‘légalement’, les objets ont forcément été volés au départ, et en France comme ailleurs, il est illégal de posséder ou de vendre des objets volés. Ça s’appelle du recel, et c’est un délit. En juillet 2014, Klee Benally, Navajo de passage à Paris, accompagné de membres d’Idle No More France et du CSIA-Nitassinan (dont moi-même) a porté une lettre de protestation à la firme EVE. Monsieur le Commissaire Priseur, très agressif, après avoir essayé de prétendre que les objets avaient été achetés légalement, ce qui n’est pas possible, a fini par s’embrouiller et prétendre que les objets vendus par EVE n’étaient pas des objets sacrés, mais des objets fabriqués spécialement pour les touristes! Comme si des copies pour touristes pouvaient être vendues à 500 000 euros (un masque a été vendu pour ce prix lundi) à la Salle Drouot! En fait, cela signifie que EVE, soit vend des objets volés et est coupable de recel, soit escroque ses clients en leur vendant des faux pour touristes à un prix exhorbitant!

Ces ventes se sont multipliées ces dernières années (vous pouvez trouver plusieurs articles sur ce site), il semble que ce soit la mode. Il convient donc d’être vigilants et d’essayer de trouver des solutions définitives – par exemple prouver l’illégalité de ces ventes (malheureusement, je ne suis pas juriste).

Christine Prat

Photos CSIA-nitassinan et Idle No More France

 

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Lettre ouverte du Conseil Tribal Acoma aux Français (traduction fournie par eux-mêmes) Voir en anglais

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Lettre ouverte au peuple de France

26 mai 2016

Le peuple du Pueblo of Acoma, une tribu indienne des Etats-Unis, appelle à l’aide le peuple de France pour qu’il lui donne son support. Une pratique très troublante (et dérangeante) existe dans les maisons de ventes aux enchères de Paris comme dans le monde de l’art et mène à l’indignation et à la condamnation dans de nombreuses tribus amérindiennes aux États-Unis, y compris le Pueblo of Acoma. Il s’agit du trafic et de la vente illégale de certains objets du patrimoine culturel de diverses tribus amérindiennes des États-Unis. Ces objets, fondamentaux pour notre culture, sont considérés sacrés et sacro-saints, et ne peuvent être ni vendus ni transférés à quiconque. Nous demandons que les maisons de ventes aux enchères françaises n’offrent pas ces articles en vente, et qu’elles assistent à  les rendre à leurs propriétaires légitimes.  Une telle vente aux enchères aura lieu la semaine prochaine à la Société EVE à Paris

Ces éléments ne sont pas des œuvres d’art, mais, plutôt, parties intégrantes de notre identité culturelle et de nos pratiques spirituelles. Leur perte a été terriblement douloureuse pour nous; la possibilité de leur retour nous apporte de l’ espoir. Il faut noter que le marché noir et le trafic du patrimoine culturel amérindien est illégal aux États-Unis et d’après la loi tribale du Pueblo of Acoma.

Les objets actuellement mis aux enchères sont sacrés et font partie du patrimoine culturel du peuple d’ Acoma. Ils sont d’ une grande importance – semblable aux éléments fondamentaux d’églises, de basiliques et de lieux de culte dans le monde entier. Ces objets sont si importants que personne ne peut les  détenir, les  vendre  ou les transférer.  Ils  sont  vénérés  et  utilisés  dans la prière et les cérémonies par les chefs traditionnels de nos Pueblo – cérémonies sacrées célébrées pour le bénéfice du monde entier. Malheureusement, dans la dernière décennie, ces articles ont été enlevées de nos terres traditionnelles et ont fini dans des ventes aux enchères, sur l’internet et dans les galeries d’art aux Etats-Unis et, plus récemment, en Europe. Ces lieux de ventes ont créé une incitation monétaire pour les voleurs et les malfaiteurs.

Pour ceux en Europe qui ne connaissent pas notre histoire, nous vous proposons ce bref résumé. L’histoire archéologique du peuple Pueblo a ses origines dans l’état du Nouveau- Mexique il y a plus de 10.000 ans. Cependant, le peuple Pueblo croit avoir occupé cette terre depuis des temps immémoriaux. Bien qu’il n’y ait pas de trace écrite reflétant la présence de la population Pueblo, de nombreuses preuves existent sous forme de marques, gravures rupestres, toutes images qui reflètent notre vision du monde, ainsi que de grandes structures monumentales, habitations, kivas et objets qui parlent de civilisations existant bien avant l’arrivée des premiers Européens.

Au fil des siècles, le peuple du Pueblo s’est déplacé et s’est installé dans une zone connue sous le nom de Four Corners dans la partie sud-ouest des États-Unis. Là, il a construit de grandes structures communales dans des lieux comme Chaco Canyon et Mesa Verde. Autour de l’an 1300, le peuple ancestral d’Acoma s’est déplacé de la région de Four Corners à “un lieu préparé” dans l’ouest du Nouveau-Mexique. Il y a établi un grand pueblo qui a été continuellement habité depuis. Des siècles plus tard, le peuple d’Acoma continue de maintenir sa culture, son style de vie, et son système de croyance distinct fondé sur une forte connexion à la terre et à des  repères géographiques importants, en combinaison avec leurs coutumes sociales, leur affiliations claniques et leur cérémonies sacrées et vénérées. Le Pueblo reste sur ses terres d’origine, sa structure de gouvernance, sa langue, sa culture, ses cérémonies, son système de croyance toujours intacte, et ses familles et sa communauté protégée par les lois laïques et traditionnelles du Pueblo.

Nous vous demandons d’ aligner vos convictions avec les nôtres et de faire appel aux maisons d’enchères de Paris afin qu’elles arrêtent la pratique de la vente des objets identifiés sacrés par le Pueblo,  actions qui sont clairement fausses et profanes.

 

 

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Samedi 2 avril, de nombreux Navajos et autres manifestants ont protesté et organisé une veillée à Winslow pour Loreal Tsinijini, une jeune Navajo tuée de cinq balles par un policier. Mardi 5, une veillée a été organisée à Paris à l’initiative d’Idle No More France. A Nantes, une bougie et un tambour Mohawk ont rendu hommage à Loreal.

Le samedi à Winslow, les Autochtones étaient nombreux à la veillée en hommage à Loreal, qui devait se tenir devant le commissariat de police de Winslow. Des membres de la famille de Loreal ont prononcé de nombreux discours. Klee Benally, présent à la veillée a déclaré que « c’était impressionnant de voir tant de gens si profondément contre le racisme et la violence policière. Indépendamment des organisations et des politiciens, c’était clair que le pouvoir était au peuple. » Il y a cependant eu quelques problèmes avec des flics qui auraient voulu que les gens se tiennent dans une ‘zone approuvée’, arguant que leur présence en dehors de cette zone était ‘préjudiciable pour le tourisme’. Un commerçant avait appelé les KleeWinslowDemo3-4-2016fflics. Klee Benally: « Apparemment, c’était une menace pour le capitalisme et la suprématie blanche. Un commerçant raciste les [les manifestants] a d’abord affronté puis a appelé les flics. Tout comme lui, ils étaient perturbés du fait que les protestataires avaient quitté la zone permise et ‘nuisaient au tourisme’. » Finalement, les flics ont dû laisser tomber vu la détermination des gens qu’ils avaient voulu intimider.

KleeCopWhoKilledLorealEntretemps, le flic tueur a été identifié. Il avait déjà fait l’objet de sanctions disciplinaires pour des actes illégaux. Il semble aussi qu’il appartienne à un mouvement d’extrême droite raciste, en tous cas, il porte le t-shirt.

 

 

 

 

 

Klee Benally a rappelé que le plus important maintenant était d’aider la famille de Loreal.
Pour les dons: www.gofundme.com/loreal

 

Le mardi 5 avril, une veillée a eu lieu à Paris à l’initiative de membres d’Idle No More France.

 

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