Photo Red Hawk

 

Par Ladonna Brave Bull Allard
Sur le site de Sacred Stone Camp
Egalement publié sur Censored News
4 février 2017
Traduction Christine Prat

 

La police est venue au Camp Last Child en plein jour, avec des blindés et des fusils dégainés, pour arracher les gens à notre terre. Beaucoup de protecteurs de l’eau étaient en train d’effectuer des marches de prières et des cérémonies. Nous regardions du haut de la colline le Camp Oceti Oyate alors que les troupes marchaient sur eux. Nous avons envoyé nos prières à ces innocents et aux braves guerriers venus pour résister avec les gens de Standing Rock, et protéger les eaux sacrées d’Unci Maka (Notre Mère la Terre).

Puis ils sont venus à notre Camp de Sacred Stone, le camp spirituel d’origine, que nous avions construit pour y offrir nos prières et protéger notre eau de l’oléoduc Dakota Access. Mais cette fois-ci, ils étaient accompagnés par le Conseil Tribal Sioux de Standing Rock. Ils n’avaient pas de mandat, mais ils ont forcé l’entrée de mon terrain privé, le terrain de ma famille, où j’ai grandi sur les rives de la Rivière Cannonball. C’était les membres de notre propre Conseil, avec le Service des Poissons et de la Vie Sauvage de Standing Rock, le Bureau des Affaires Indiennes (BIA), le Bureau de l’Alcool, du Tabac, des Armes à feu et des Explosifs (ATF), et le Corps de l’Armée des Etats-Unis, tous venus pour me chasser de ma terre natale.

Le monde veut soutenir Standing Rock, mais Standing Rock se dresse contre nous. Le Président Dave Archambault a jeté nos gens aux chiens quand il a dit que les actions des camps « …ne représentent ni la tribu, ni les intentions initiales des protecteurs de l’eau. » Il oublie que nous, au Camp de Sacred Camp, avons été les premiers à résister pour l’eau, et que nous sommes avec tous les camps qui ont rejoint notre lutte.

Ce mouvement a été initié par les gens, et conduit par nos jeunes. La décision de la Tribu Sioux de Standing Rock de négocier avec l’état et de disqualifier les gens venus combattre pour notre eau, est ce qui pourrait finalement mener à notre chute. Nous avons eu des milliers de gens, prêts à résister ensemble devant ces machines. Les Nations Autochtones de Turtle Island n’avaient jamais été aussi unies auparavant. Mais maintenant que la division s’accroît, c’est très difficile de voir comment avancer.

Je n’ai pas pu dormir la nuit dernière, je suis restée assise et fait du tabac. Ça a quelque chose de calmant de travailler avec du saule rouge, assise en pensant aux temps passés avec ma Grand-mère, à laquelle je pense beaucoup. C’est l’hiver ; c’est supposé être le temps de raconter des histoires et de transmettre notre histoire aux jeunes.

C’était à cette époque de l’année, il y a un siècle et demi, que les ‘Longs Couteaux’ des forts militaires et les agents [des affaires] Indiennes ont dit aux gens qu’ils devaient partir pour les réserves ou mourir (Loi du 28 février 1877, connue comme Vendre ou Mourir de Faim).

Historiquement, la résistance de notre peuple a été réprimée par des batailles sanglantes et des massacres – aussi de la main de collaborateurs Indiens. Nos parents ne voyaient pas qui était l’ennemi, parce que c’était leurs propres parents qui se retournaient contre eux, permettant le même genre de mensonges par le même genre de médias dominants.

Nos dirigeants traditionnels ont été mis de côté de force, par la Loi de Réorganisation Indienne de 1936, par laquelle les autorités fédérales ont imposé la création de conseils tribaux dans les réserves. C’est un système de gouvernement colonial, qui n’a aucune base dans la culture ou les enseignements Lakota/Dakota/Nakota. C’est la même tactique que celle qu’ils ont utilisé avec les agents Indiens et les trahisons de ceux qui traînaient autour du Fort [the Hangs Around the Fort]. Ils fabriquent un dirigeant qui leur permettra de nous prendre tout ce qu’ils veulent. La soif de pouvoir peut diviser un peuple.

Comme chacun sait, il y a beaucoup de dirigeants dans ce mouvement, et pourtant il n’y en a aucun. C’est un mouvement populaire ; c’est un mouvement pour l’eau, ni possédé ni contrôlé par qui que ce soit.

Comme Red Cloud et Spotted Tail, et autres Lakota « des services » qui ont livré si vite nos terres et nos modes de vie pendant que des milliers de gens se défendaient avec Sitting Bull et Crazy Horse, aujourd’hui, notre conseil tribal n’a pas bien compris ce qui est vraiment en jeu.

Photo Red Hawk

 

Ce mouvement ne concerne pas seulement un oléoduc. Nous combattons pour un changement de direction, ou pour une meilleure procédure dans les tribunaux de l’homme Blanc. Nous nous battons pour nos droits en tant qu’Autochtones de ce pays ; nous nous battons pour notre libération et la libération d’Unci Maka, Notre Mère la Terre. Nous voulons que tous les oléoducs et gazoducs jusqu’au dernier soient retirés de son corps. Nous voulons la guérison. Nous voulons de l’eau saine. Nous voulons déterminer notre propre futur.

Chacun de nous combat pour nos petits-enfants et leurs petits-enfants, et pour nos parents qui ne peuvent ni parler ni se défendre. Imaginez que nous ayons résisté tous ensemble le 27 octobre, le jour où ils nous ont repoussés du Camp du Traité que nous avions construit en travers du trajet du Serpent Noir – notre position la plus forte au cours de toute cette lutte. Si nos gens n’avaient pas négocié la renonciation à notre pouvoir ? Si nos gens n’avaient pas ouvert les routes et ne s’étaient pas retournés pour marcher contre nous les bras tendus, alignés sur la police anti-émeute et les blindés ? Pourquoi adopter des résolutions appelant les agents fédéraux à attaquer notre peuple et supprimer les camps tandis que la foreuse creuse sous notre eau sacrée ? Quelle puissance aurions-nous si nous décidions de tenir sur notre territoire des traités où nous avons déposé des milliers de prières ?

Nos ancêtres n’ont pas abandonné Pȟežísla Wakpá (la Rivière Little Bighorn), lorsque nous avons uni pour la dernière fois Oceti Sakowin pour défendre notre terre du Septième de Cavalerie ; nous non plus, ne devons pas abandonner Mni Sose (le Fleuve Missouri). Nous ne devons pas vendre le sang, la terre et l’eau de notre peuple pour maintenir le disfonctionnement sous lequel nous vivons maintenant. Nous n’avons pas le choix, nous devons briser le cycle du traumatisme afin que nos générations futures puissent avoir une meilleure vie. Je crois que ça commence par l’eau et finit par l’eau. L’eau c’est la vie. Serez-vous avec nous ?

 

ladonnaun3-10-2016

 

LES NATIONS UNIES SOMMEES D’INTERROMPRE LA CONSTRUCTION DU PIPELINE DAKOTA ACCESS: DECLARATION DE LADONNA BRAVE BULL ALLARD

 

Par Brenda Norrell
Censored News
3 octobre 2016
Traduction Christine Prat

 

ladonnaunNEW YORK – LaDonna Brave Bull Allard, une Lakota de Standing Rock, a sommé les Nations Unies d’interrompre immédiatement le pipeline Dakota Access et demandé une assistance immédiate pour les Dakota, Lakota et Nakota. Mme Allard s’est adressée à l’Assemblée Générale des Nations Unies au cours d’une séance consacrée aux Problèmes Autochtones.

Mme Allard a commencé sa déclaration en soulignant le besoin de consultation et en montrant à quel point c’est vital pour le bien-être des Nations Autochtones.

Mme Allard a dit que le pipeline Dakota Access constitue une violation flagrante de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, de la Déclaration des Nations Unies sur les Droits des Peuples Autochtones, du Traité de Fort Laramie de 1868, des revendications territoriales Indiennes non résolues, et, ce qui est le plus important, de Notre Mère la Terre.

Les gens de Standing Rock en appellent à la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, à la Déclaration des Droits des Peuples Autochtones et à d’autres lois des Nations Unies pour stopper ce pipeline.

« Nous demandons qu’un observateur et une équipe de journalistes soient envoyés immédiatement et de façon permanente à Standing Rock. »

Mme Allard a dénoncé le terrorisme permanent exercé contre les Autochtones par les multinationales à Standing Rock, en Amazonie et ailleurs.

Elle dit que les Peuples Autochtones protègent la vie sur terre et de l’eau saine pour les générations futures, afin que toute vie continue d’exister. Le savoir traditionnel Autochtone est la seule voie qui existe encore pour remédier à la destruction incessante causée par la consommation.

Sans le savoir traditionnel Autochtone, la voie sera celle de la destruction.

Elle a demandé l’unité pour protéger l’eau et demandé que les Nations Unies interviennent pour arrêter immédiatement la construction du pipeline Dakota Access.

« Nous devons nous unir pour protéger l’eau et notre Mère la Terre. »

 

La Déclaration de LaDonna Brave Bull Allard :

Je salue les distingués représentants,

Je vous salut de bon cœur aujourd’hui. Je suis Ta Maka Waste Win, membre de la Tribu Sioux de Standing Rock, je parle en prenant en compte la participation de plus de 300 millions d’Autochtones de Unci Maka, notre Mère la Terre. Dans le cadre du système des Nations Unies, nous les Peuples Autochtones demandons qu’on nous accorde une participation au plus haut niveau et que nos représentants soient légitimes et élus par les Nations et organisations Autochtones dans chaque région. Ceci assurera que notre participation et nos contributions aux questions qui nous concernent soient traitées légitimement. Le manque de représentation et de contributions légitimes aux questions qui nous concernent aboutissent à des violations de nos droits égaux et inaliénables de membres de la famille humaine. C’est se qui se passe dans la situation actuelle urgente de la Tribu Sioux de Standing Rock, chez moi, où la compagnie Dakota Access Pipeline a violé de manière criante la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, la Déclaration des Nations Unies sur les Droits des Peuples Autochtones, l’article 169 de l’OIT, le Traité de Laramie de 1868, la Revendication Territoriale non résolue Ihunktonwana Dossier 74A et, le plus important, notre Mère la Terre.

L’organisation demande donc par ceci, que la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, la Déclaration des Nations Unies sur les Droits des Peuples Autochtones, l’OIT 169, soient appliqués et réanimés pour mettre un terme immédiat à la construction du pipeline Dakota Access. Nous demandons qu’un observateur et une équipe de journalistes soient envoyés immédiatement et de façon permanente à Standing Rock jusqu’à ce que le problème soit résolu pour protéger l’eau. Cette situation due au Dakota Access dure depuis 6 mois. Ça a duré au printemps, pendant l’été et l’automne, et risque de se poursuivre en hiver, alors que nous protégeons et défendons notre droit à l’eau. Nous demandons une assistance et une protection immédiates pour nos sœurs et frères Lakota, Dakota et Nakota. Aujourd’hui, nous sommes ici officiellement pour dénoncer le terrorisme des multinationales contre les Peuples Autochtones de notre Mère la Terre, étant donné que c’est notre situation à Standing Rock et aussi une situation urgente pour nos sœurs et frères Autochtones en Amazonie et beaucoup d’autres régions du monde.

L’organisation reste engagée par son devoir de résoudre les défis auxquels notre génération doit faire face, c’est-à-dire de protéger la vie et l’eau saine pour les générations futures et pour que tout ce qui existe continue d’exister. Le Savoir Autochtone Traditionnel est la seule voie qui reste pour réparer les effets du modèle non-viable de production et de consommation qui détruit nos vies et le monde autour de nous. L’Agenda 2030, sans nos représentants légitimes et sans l’inclusion du Savoir Traditionnel des Peuples Autochtones, échouera. Notre savoir peut aider à guérir notre Mère la Terre. Sans lui, des dégâts énormes et irréparables nous conduiront à la destruction. Nous devons nous unir pour protéger l’Eau et notre Mère la Terre. Nous, les Peuples Autochtones de notre Mère la Terre, marchons vers le futur sur les traces de nos ancêtres.

 

Publié sur Censored News