Le musicien et compositeur Hopi Ryon Polequaptewa

Par Brenda Norrell
Censored News
3 février 2024
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan

Chants de l’Eau

Des Voix Autochtones du Plateau du Colorado s’élèvent en opposition à l’extraction d’uranium dans le Grand Canyon

FLAGSTAFF, Arizona – Dans un bel hommage, Ed Kabotie, Hopi, a interprété « The Trail » [La Piste], en l’honneur de ceux qui ne sont plus là, qui voyagent parmi les étoiles, au cours de Rumble on the Mountain, qui a duré sept heures, au Théâtre l’Orpheum, samedi dernier.

Ed Kabotie a remémoré l’artiste Diné Baje Whitehorne Sr., Rainy Ortiz, fille de Simon Ortiz et Joy Harjo, et le Diné Klee Benally.


Radmilla Cody, Sage Bond, Ed Kabotie

Avec un extraordinaire plateau de stars, au cours du 10ème Rumble on the Mountain, Kabotie a parlé de guerre, une guerre de paradigmes et de philosophies, et de l’extractivisme industriel qui ne respecte pas les gens ni la valeur du territoire.

Ed Kabotie et les Tha Yoties ont interprété « War » en l’honneur des Havasupai.
« Cette petite Réserve dans le Grand Canyon nous a appris à combattre. »
Photo Carletta Tilousi

La guerre, c’est maintenant le combat contre la mine d’uranium dans le Grand Canyon, qui menace l’eau du Petit Colorado et l’eau potable des Supai.

« Coyote Soldier » exprimait le mode de vie Hopi d’humilité et de lutte pour protéger l’eau. Leur chanson « Génocide », parlait de l’Holocauste Américain. Kabotie et Tha Yoties ont été rejoints sur scène par la chanteuse Diné-Apache Sage Bond.
« Il n’y a pas de paix sans justice » rappelle la chanson « Génocide ».

Appelant tout le monde à crier ‘Haul No!’ Kabotie dit que le transport d’uranium de la mine – qui venait juste de commencer dans le Grand Canyon, dans le nord de l’Arizona – à l’usine de traitement de White Mesa, dans le sud-est de l’Utah, est une menace pour tous ceux qui vivent le long des trajets de transport. L’uranium transporté en camions, menace tout le monde, du Grand Canyon à Williams, à travers les terres Hopi et Navajo, et finalement les Utes de White Mesa.

L’usine de traitement d’Energy Fuels est à White Mesa, territoire ancestral des Utes de White Mesa, déjà dévasté par des années de largage de déchets radioactifs.

Leona Morgan, Diné membre de ‘Haul No!’, dit « Nous sommes fatigués d’être une colonie de ressources. »
« Nous ne sommes pas une zone de sacrifice » dit Leona, se référant aux nouveaux projets de mines d’hydrogène dans la Nation Navajo.
« La Nation Navajo en a assez d’être creusée pour l’extractivisme. »

Leona a prévenu du projet de Biden de tripler la production mondiale d’énergie nucléaire. Elle souligna qu’il n’y avait pas de place pour mettre les déchets des centrales nucléaires – des déchets radioactifs pour toujours.

Leona dit que Holtec International avait été empêché de construire la plus grande décharge de déchets radioactifs au monde, au Nouveau-Mexique, l’an dernier. Ça a été empêché par une loi de l’état du Nouveau-Mexique, après que la Commission de Régulation Nucléaire des États-Unis ait déjà délivré un permis. Une autre décharge de déchets radioactifs a été bloquée au Texas.

« Nous pouvons arrêter la mine Pinyon Plain, dit Leona. La mine, appelée jusqu’à maintenant Canyon Mine, a déjà violé des lois.
Bien que la mine n’ait commencé ses opérations que récemment, Leona dit que de l’uranium avait déjà été transporté dans des camions banalisés à l’usine de traitement de White Mesa, en Utah.

Les opérateurs de la Mine du Canyon ont déjà été pris en train de pulvériser de l’eau contaminée par l’uranium sur des terres du Service des Forêts, près du Grand Canyon. La semaine dernière, un tracteur s’était retourné, ce qu’ils ont signalé.
Leona a demandé au public d’aller surveiller la mine d’uranium, qui se trouve sur des terres publiques, et de signaler les violations.

Leona a expliqué comment Haul No! était né de l’inquiétude causée par Energy Fuels, propriétaire d’une mine d’uranium sur la montagne sacrée des Diné, le Mont Taylor, au Nouveau-Mexique. Puis, il y a eu la menace de la mine d’uranium d’Energy Fuels, Canyon Mine/Pinyon Plain, près du Grand Canyon.

Leona dit que la menace était que deux mines pourraient transporter de l’uranium à travers la Nation Navajo, qui a des lois interdisant l’extraction et le transport d’uranium en terre Diné.

Leona rappela les discussions qu’elle avait eu avec Serena Riggs, de la lutte pour protéger la Confluence, et avec Klee Benally.
« Nous étions assis autour de la table, discutant de nos inquiétudes, et Klee Benally dit ‘On l’appellera Haul No!’ »
« C’est comme cela que Haul No! A commencé, » dit Leona.

Il fut montré une vidéo du premier Rumble on the Mountain, avec un discours de Vernon Masayesva, Hopi de Hotevilla et ex-président, qui encourageait à chercher un nouveau paradigme dans la vie.
Photo Black Mesa Trust.

« L’eau c’est la vie, sans eau la vie n’existe pas. »

Il parlait des Pics sacrés San Francisco comme d’une Kiva sacrée, il disait que les gens devaient maintenant aller au-delà d’ici, et dans le monde, pour assurer qu’il y aura une continuité au-delà du Quatrième Monde des Hopis.

Les gens doivent imaginer le Cinquième Monde.

« Nous venons de la mer, l’eau est ce qui nous connecte tous. Tous ensemble, nous pouvons ramener le sacré à la Terre, notre mère, que nous avons insultée. »

« Elle nous appelle à l’aide, mais personne ne semble écouter. Mais maintenant, nous les Autochtones devons nous exprimer et dire que l’eau n’est pas une chose qu’on vend ou achète, l’eau est sacrée, l’eau est spirituelle. »

« L’Eau nous relie au Créateur. »

Des savants et des ingénieurs croient qu’ils peuvent contrôler et gérer l’eau, et ils ont placé des centaines de réservoirs sur le Fleuve Colorado.

« Ça a perturbé notre voyage de retour vers la mer. »
« Maintenant le fleuve s’assèche. »
« Nous ne contrôlons pas l’eau, c’est l’eau qui contrôle. C’est le nouveau paradigme. »
« C’est qui nous sommes en tant qu’Autochtones. Ce que nous faisons à l’eau, nous le faisons à nous-mêmes. »

Radmilla Cody a exprimé de la solidarité avec la Palestine et les bénédictions de ses chansons.

Le groupe Innastate, Pueblo Jemez, a célébré sa dixième année, en même temps que Rumble.

La soirée a été terminée par le groupe Summit Dub Squad avec le reggae « Sovereign Land » et « Hop Ska Honey ».

Rumble on the Mountain 10 a été produit avec le soutien de Wild Arizona, Protégez le Grand Canyon, le Sierra Club, le Grand Canyon Trust, la Radio Publique Hopi KUYI, le Centre pour la Diversité Biologique et Haul No!

Voir la Déclaration de la Tribu Havasupai à Propos d’Energy Fuels

Par Haul No!
15 janvier 2024
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan

Nous appelons Buu Nygren à prendre des mesures concrètes pour FERMER la mine d’uranium PINYON PLAIN, près du Grand Canyon, et juste à côté du site sacré de Red Butte.

Haul No! a été fondé fin 2016, comme initiative conduite par des Diné, dans le but d’arrêter la Mine du Canyon (maintenant rebaptisée Pinyon Plain) et l’usine de traitement de White Mesa, et le projet de transport à travers Diné Bikeyah, notre terre traditionnelle.

Les cofondateurs Leona Morgan, Sarana Riggs, et Klee Benally, récemment passé dans l’autre monde, ont conduit une tournée de prise de conscience et d’action en 2017, informant et entrainant les communautés le long du trajet de transport, partant de l’usine de traitement d’uranium en territoire Ute à son point d’origine : la mine en territoire Havasupai.

Vidéo du 14 mars sous-titrée en français:

Dans une interview de Democracy Now! du 14 mars 2014, portant sur Pinyon Plain/Canyon Mine et le problème général de l’extraction d’uranium, Klee s’est référé aux 15000 à 20000 mines d’uranium abandonnées à travers les soi-disant États-Unis, comme « héritage toxique qui nous touche jusqu’à aujourd’hui. C’est en vérité un génocide lent des gens, pas seulement les Peuples Autochtones de cette région. »

Haul No! avait été fondé spécialement pour faire ce travail, en tant que bénévoles, pour prévenir toute nouvelle contamination de nos terres, notre eau, notre air et des générations futures, par la compagnie Energy Fuels, aux deux extrémités du trajet de transport, de Pinyon Plain/Canyon Mine à l’usine de White Mesa.

En ce qui concerne l’eau et l’environnement, Klee disait « Il n’y a pas de gagnants quand on détruit Notre Mère la Terre, quand on détruit l’eau dont nous avons besoin pour boire, [quand] on détruit l’air dont nous avons besoin pour respirer, et la terre dont nous avons besoin pour nous nourrir. » Haul No! Travaille pour protéger, pas pour détruire, notre Mère la Terre. Klee disait aussi « Où que ce soit où il y a une crise environnementale, il y a une crise culturelle, parce que nous sommes des gens de la Terre. »

Haul No! est cohérent dans l’appel à FERMER LA MINE et ARRÊTER L’USINE. Après le départ de notre frère, notre collègue, notre camarade, notre mentor et notre ami, nous continuons le combat pour la protection de nos Peuples, la défense du sacré, et pour mettre fin au colonialisme nucléaire.

Nous en avons assez d’être une colonie de ressources ! Nous en avons assez de laisser nos Peuples souffrir et mourir, uniquement pour fournir le monde extérieur en pouvoir et en carburant. Nous en avons assez de l’insuffisance ou de l’ABSENCE DE NETTOYAGE de toutes les industries extractivistes, y compris la nouvelle vague imminente d’énergie soi-disant propre qui ne fait que violer notre Mère la Terre.

Le 14 janvier 2024, le Président de la Nation Navajo, Nygren, a publié une déclaration via les médias sociaux, datée du 11 janvier 2024, à propos de la mine d’uranium Pinyon Plain. En réponse à cette déclaration, Haul No! Exige que le Président Nygren S’ENGAGE FERMEMENT AVEC DES MESURES CONCRÈTES POUR NOTRE PEUPLE ! Nous avons besoin d’action après les mots.

Nous exigeons que Buu Nygren se serve de son autorité en tant que Président de la plus grande Nation Autochtone (en km²) pour travailler avec le Gouverneur d’Arizona Hobbs pour EXIGER LA FERMETURE en limitant le permis d’Energy Fuels aux activités de fermeture et d’après fermeture, avec un nettoyage de la mine et des forêts publiques autour, de la plus haute qualité.

Nous exigeons que le Président de la Nation Navajo s’engage à se servir de son autorité pour travailler avec le Président Biden pour corriger le cercle vicieux, le racisme environnemental et l’assaut culturel contre le nouveau monument national qui autorise Pinyon Plain et d’autres possédant « des droits existants valables » à profaner nos terres ancestrales sacrées.

Au-delà du monde de la légalité occidentale et de la quasi-souveraineté limitée de notre gouvernement colonial de la Nation Navajo, nous exigeons que Buu Nygren s’aligne sur les obligations de nos enseignements Diné de protéger nos sites sacrés, nos terres et nos eaux, et nos générations futures.

Nous invitons Buu Nygren et tous les dirigeants Diné à nous rejoindre sur le front, pour arrêter cette mine et arrêter le transport si on en arrive là. Nous en avons assez des déclarations toutes préparées et des gestes vides. NOUS EXIGEONS DE L’ACTION MAINTENANT !

Article publié sur le site d’Indigenous Action, diffusé par notre amie Leona Morgan, membre de Haul No! Il s’agit de continuer le combat de Klee Benally et des Autochtones de la région. Le premier article qu’il m’a donné à traduire concernait cette mine d’uranium, contre laquelle les Autochtones luttent depuis des décennies. Récemment, les propriétaires ont rebaptisé la mine « Pinyon Plain ». Ils l’ont longtemps appelée Mine du Canyon, mais les opposants ont trop fait savoir qu’il s’agissait d’une mine proche du Grand Canyon du Colorado, qu’elle se trouvait tout près de l’endroit où les visiteurs entrent, et surtout qu’elle menaçait les sources d’eau qui coulent des parois du Canyon et qui sont la seule source d’eau potable pour les Autochtones qui vivent au fond du Canyon. La petite ville appelée Pinyon est à quelques centaines de kilomètres de là…

Christine Prat, CSIA-Nitassinan

Haul No!
9 janvier 2024
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan

MISE À JOUR URGENTE :

Nihi K’é dóó nihi Diné – Parents, amis, soutiens partout dans le monde, maintenant que nous avons observé le protocole culturel pour notre tant aimé Klee Benally, nous sommes prêts à continuer notre travail – continuer le travail de Klee – FERMER LA MINE PINYON PLAIN/CANYON MINE !!

Nous honorons sa détermination de protéger Notre Mère la Terre. Nous honorons son cri de guerre et son appel à l’action.

Nous n’arrêtons pas. Nous mettons au point la stratégie, l’organisation, la résistance. Nous devenons seulement de plus en plus forts!

Haul No! appelle Buu Van Nygren et la Nation Navajo à EXIGER LA FERMETURE DE LA MINE D’URANIUM PINYON PLAIN MAINTENANT !!!

Le 21 décembre 2023, Energy Fuels a publié un communiqué de presse déclarant que la production avait commencé à la Mine de Pinyon Plain. La Mine d’Energy Fuels est juste au sud de Grand Canyon et tout près du site Sacré de Red Butte – lieu d’émergence des Havasupai, enregistré comme Propriété Culturelle Traditionnelle des 11 Tribus Associées du Grand Canyon. Energy Fuels projette de transporter l’uranium à travers l’ouest des réserves Navajo et Hopi, jusqu’à l’usine de traitement de White Mesa, en pays Ute, près de Blanding, dans l’Utah.

Mardi 9 janvier 2024, Haul No! confirmait qu’Energy Fuels avait commencé à extraire et stocker du minerai d’uranium. Ils se sont préparés pour le transport par route, mais n’ont pas encore commencé à le faire.

Si le transport commence, Energy Fuels a l’intention de faire partir 12 camions par jour, chacun transportant 30 tonnes de minerai d’uranium, de la mine à l’usine. Energy Fuels n’est pas obligé légalement d’indiquer sur les camions ce qu’ils transportent. Le minerai sera seulement couvert de toile cirée. Aucune entité n’a été identifiée pour intervenir en cas d’urgence, appliquer la loi ni pour décontaminer.

Ça viole la loi de la Nation Navajo qui interdit le transport de nouvel uranium dans les terres Diné.

L’usine de White Mesa est la propriété d’Energy Fuels, qui assure son fonctionnement, et la seule usine des soi-disant Etats-Unis à avoir une licence pour traiter le minerai d’uranium.

C’est un moment crucial pour agir!

Il y a des développements internationaux et nationaux qui accroissent le risque d’une nouvelle vague d’extraction d’uranium :

Le prix de l’uranium est le plus haut depuis 2006-2007 ; et les Etats-Unis ont approuvé la Loi sur la Sécurité du Carburant Nucléaire (plus de production d’uranium) ; et à la COP28 à Dubaï, les états/industries du nucléaire ont appelé à tripler l’énergie nucléaire au niveau mondial d’ici 2050.

NOUS NE VOULONS PAS D’UN NOUVEAU BOOM DE L’URANIUM!

Nous faisons appel à vous tous pour AIDER À FAIRE COMPRENDRE, DIFFUSER LA PRISE DE CONSCIENCE, SURVEILLER LES MINES+LES ROUTES pour la protection de Nihímá Nahásdzáán, du SOL et de l’EAU, nos communautés et les générations futures.

Rejoignez-nous pour EXIGER que nos gouvernements coloniaux FERMENT PINYON PLAIN MAINTENANT !

EXIGEZ DU PRÉSIDENT BUU ET DE LA NATION NAVAJO D’AGIR MAINTENANT!!
EXIGEZ du Gouverneur Hobbs d’Arizona D’AGIR MAINTENANT!!
EXIGEZ de la Secrétaire à l’Intérieur Haaland D’AGIR MAINTENANT!!
EXIGEZ du Président Biden D’AGIR MAINTENANT!!

Ahéhéé Nitsáágo pour votre soutien !

Suivez les mises à jour sur haulno.com et nos médias sociaux!

#SHUTDOWNPINYONPLAN!
#HAULNO! uranium dans nos communautés!
#endnuclearcolonialism! #nonaucolonialismenucleaire!

#waterislife! #leaucestlavie!

Cet article a été écrit suite à la sortie du film sur Oppenheimer du réalisateur Christopher Nolan, qui correspondait à peu près à la commémoration de la catastrophe nucléaire de Church Rock, le 16 juillet 1979. L’auteur s’est vu reprocher de ne pas avoir vu le film. Alors, il l’a vu et brièvement dit ce qu’il en pensait.

Klee Benally, Indigenous Action/Haul No!
Contributions de Leona Morgan, Diné No Nukes/Haul No!
Publié par Indigenous Action
20 juillet 2023

La terreur génocidaire de l’énergie et des armes nucléaires n’est pas un divertissement.

Glorifier de telles science et technologie mortelles en une étude de caractère dramatique dépolitisée, c’est cracher à la figure de centaines de milliers de cadavres et de survivants dispersés dans toute l’histoire du prétendu âge Atomique.

Pensez-y de cette façon, pour chaque minute qui passe dans le film de 3 heures, plus de 1100 citoyens des villes d’Hiroshima et Nagasaki mouraient à cause de l’arme de destruction massive d’Oppenheimer. Ceci ne prend pas en compte ceux, sous le vent des tests nucléaires, qui ont été exposés aux retombées radioactives (certains protestent contre les projections), ça ne prend pas en compte ceux qui ont été empoisonnés par des mines d’uranium, ça ne prend pas en compte ceux qui ont été tués lors d’accidents de centrales nucléaires, ça ne prend pas en compte ceux des îles Marshall, empoisonnés pour toujours.

Pour chaque seconde que vous passez dans un cinéma climatisé, avec un seau de popcorn chaud sur les genoux, 18 personnes mouraient en un clin d’œil. Grâce à Oppenheimer.

Bien que vous en ayez certainement appris suffisamment sur J. Robert Oppenheimer, le « père de la bombe atomique », grâce à l’odyssée 70mm IMAX du réalisateur Christopher Nolan, soyons clair sur son héritage mortel et le complexe militaro-scientifique-industriel omniprésent derrière.

Après la détonation réussie de la toute première bombe atomique, Oppenheimer a effrontément cité le Bhagavad-Gita, « Maintenant je suis devenu la mort, le destructeur de mondes. » À peine un mois plus tard, les « Etats-Unis » larguaient deux bombes atomiques qui dévastèrent les villes d’Hiroshima et Nagasaki et plus de 200 000 personnes furent tuées. Des ombres de ceux qui avaient péri ont été brûlées dans le sol des rues. Un des survivants, Sachiko Matsuo, a relayé leurs pensées, comme ils essayaient de trouver un sens à ce qui se passait quand Nagasaki a été frappée, « Je ne pouvais rien voir en bas. Ma grand-mère se mit à pleurer, ‘Tout le monde est mort. C’est la fin du monde. » Une dévastation que Nolan a délibérément laissée de côté, car, selon le réalisateur, le film n’est pas raconté du point de vue de ceux qui ont été bombardés, mais de celui de ceux qui en étaient responsables. Nolan explique simplement, « [Oppenheimer] apprit les bombardements d’Hiroshima et Nagasaki à la radio, comme le reste du monde. »

Quelques mois après la détonation sur le site « Trinity », en territoire Tewa occupé, au Nouveau-Mexique, Oppenheimer démissionna. Il partit en exprimant le conflit intérieur d’avoir « du sang sur les mains », (quoique plus tard il aurait dit que les bombardements ne pesaient pas « sur sa conscience ») et de laisser un héritage de dévastation nucléaire et de pollution radioactive empoisonnant de façon permanente les terres, les eaux et les corps jusqu’à aujourd’hui.

Les militaires U.S. et la machinerie politique ont cannibalisé le scientifique et en ont fait le méchant de leur anxiété impérialiste de la guerre froide. Ils lui ont rappelé, comme aux autres scientifiques derrière le Projet Manhattan, qu’eux et leurs intérêts étaient toujours sous contrôle.

Oppenheimer n’a jamais été un héros, c’était un architecte de l’annihilation.

La course pour développer la première bombe atomique (après que les Nazis aient réussi la fission de l’atome) n’aurait jamais pu être une stratégie pacifique de dissuasion, c’était une stratégie de domination et d’annihilation.

L’Allemagne Nazie commettait le génocide contre les Juifs, tandis que les Etats-Unis se tenaient politiquement sur les marges. Ce ne fut que lorsqu’ils furent directement menacés que les Etats-Unis intervinrent. Bien que l’Allemagne Nazie ait été vaincue le 8 mai 1945, les Etats-Unis ont largué deux bombes atomiques, séparément, sur les cibles non-militaires des villes japonaises d’Hiroshima et Nagasaki, le 6 et le 9 août 1945.

Pour souligner la complicité d’Oppenheimer, il a bloqué une pétition de 70 scientifiques du Projet Manhattan, qui pressait le Président Truman de ne pas larguer de bombes, pour des raisons morales. Les scientifiques disaient aussi que, la guerre étant proche de sa fin, le Japon aurait dû avoir la possibilité de se rendre.

Aujourd’hui, il y a approximativement 12 500 têtes nucléaires dans neuf pays, près de 90% sont détenues par les Etats-Unis et la Russie. Il est estimé que 100 armes nucléaires sont un seuil de « dissuasion… adéquat » pour la destruction mutuelle assurée » du monde.

Oppenheimer a construit l’arme dont le canon est toujours sur la tempe de tous ceux qui vivent sur cette Terre aujourd’hui. Pendant toutes ces décennies après le développement de « La Bombe », des millions de gens partout dans le monde se sont ralliés au désarmement nucléaire, cependant les politiciens ont toujours le doigt sur la gâchette.

L’héritage mortel du Colonialisme Nucléaire

La production d’armes et d’énergie nucléaires ne serait pas possible sans uranium.

L’extraction globale d’uranium a connu un boum pendant et après la Deuxième Guerre Mondiale et continue de menacer des communautés partout dans le monde.

Aujourd’hui, il y a plus de 15 000 mines d’uranium abandonnées aux Etats-Unis, principalement dans et autour des communautés Autochtones, et elles empoisonnent pour toujours des terres et des eaux sacrées, alors que peu ou pas d’action politique ne soit entamée pour nettoyer leur héritage toxique et mortel.

Les communautés Autochtones sont depuis longtemps sur les lignes de front de la lutte pour en finir avec l’héritage mortel de l’industrie nucléaire. Le colonialisme nucléaire a conduit à la pollution radioactive des systèmes d’eau potable de communautés entières, comme le village de Red Shirt, dans le Dakota du Sud et Sanders, en Arizona. L’Agence de Protection de l’Environnement des Etats-Unis a fermé au moins 22 puits dans la Nation Navajo, où il y a plus de 523 mines d’uranium abandonnées. À Ludlow, dans le Dakota du Sud, une mine d’uranium abandonnée se trouve à quelques mètres d’une école primaire, empoisonnant le sol où des enfants continuent à jouer jusqu’à aujourd’hui.

Le colonialisme nucléaire a ravagé nos communautés et laissé un héritage mortel de cancers, d’anomalies congénitales et d’autres conséquences graves sur la santé, c’est un lent génocide des Peuples Autochtones.

De 1944 à 1986, quelque 30 millions de tonnes de minerai d’uranium ont été extraits de mines sur les terres Diné. Les travailleurs Diné n’ont presque pas été informés des risques potentiels pour leur santé, et beaucoup d’entre eux n’ont pas eu de matériel de protection. Comme la demande d’uranium baissait, les mines ont fermé, laissant plus de mille sites contaminés. À ce jour, aucun n’a été complètement nettoyé.

Le 16 juillet 1979, tout juste 34 ans après qu’Oppenheimer ait assisté au test Trinity, le 16 juillet 1945, la plus grande fuite radioactive accidentelle s’est produite dans Diné Bikéyah (la Nation Navajo), à l’usine de traitement de Church Rock. Plus de 1100 tonnes de déchets radioactifs solides et 356000 litres de liquide radioactif se sont déversés dans la Rivière Puerco, après qu’une digue en terre se soit rompue. Aujourd’hui, l’eau en aval de la communauté de Sanders, en Arizona, est empoisonnée par la contamination radioactive de la fuite.

Bien que l’extraction d’uranium soit maintenant interdite dans la réserve, grâce aux campagnes des organisateurs Diné anti-nucléaire, les politiciens Navajo cherchent toujours à autoriser de nouvelles mines dans les zones déjà polluées par l’héritage toxique de l’industrie. On estime que 25% de tout l’uranium qui reste dans le pays se trouve dans Diné Bikéyah.

Bien qu’il n’y ait jamais eu d’étude exhaustive des impacts de l’uranium sur la santé humaine dans la zone, une étude ciblée a détecté de l’uranium dans l’urine de bébés nés de femmes Diné exposées à l’uranium.

Les terres des Shoshone de l’Ouest, dans le soi-disant Nevada, qui n’ont jamais été cédées au gouvernement des « Etats-Unis », sont depuis longtemps la cible des industries militaires et nucléaires.

Entre 1951 et 1992, plus de 1000 bombes nucléaires ont explosé en surface et en dessous, dans une zone appelée Site de Tests du Nevada, sur des terres des Shoshones de l’Ouest, ce qui en fait une des nations les plus bombardées sur terre.
Les communautés des zones aux alentours du site de tests sont exposées à de graves retombées radioactives, qui causent des cancers, des leucémies et autres maladies. Ceux qui souffrent de cette pollution radioactive sont appelés collectivement « ceux sous le vent. »

Le guide spirituel Shoshone de l’ouest Corbin Harney, décédé en 2007, a aidé à démarrer une action de la base pour fermer le site de tests et abolir les armes nucléaires. Une fois, il avait dit « Nous n’aidons pas du tout notre Mère la Terre. Les racines, les baies, les animaux ne sont plus là, il n’y a plus rien ici. C’est triste. Nous vendons l’air, l’eau, et nous nous vendons déjà les uns les autres. D’une façon ou d’une autre, ça conduira à une fin. »

Entre 1945 et 1958, soixante-sept bombes atomiques ont explosé au cours de tests effectués à Majel (les îles Marshall). Des Autochtones des îles ont cessé de se reproduire à cause de la gravité des cancers et des malformations congénitales auxquels ils ont fait face à cause de la radioactivité.

En 1987, le Congrès des « Etats-Unis » a initié un projet controversé de transport et d’entreposage de presque tous les déchets nucléaires des Etats-Unis à Yucca Mountain, située à environ 150 km au nord-ouest de soi-disant Las Vegas, dans le Nevada. Yucca Mountain est considérée comme sacrée par les Nations Paiute et Shoshone de l’ouest, depuis des temps immémoriaux. En janvier 2010 le gouvernement Obama a approuvé un prêt de 54 milliards de dollars d’argent des contribuables, pour garantir un programme de construction d’un nouveau réacteur nucléaire, trois fois ce que Bush avait promis en 2005.

Il y a actuellement 93 réacteurs en service dans les soi-disant Etats-Unis, qui fournissent 20% de l’électricité du pays. Il y a près de 90000 tonnes de déchets nucléaires hautement radioactifs retenus par des digues en béton, dans les centrales nucléaires du pays, et les déchets augmentent de 2000 tonnes par an.

Des catastrophes de 1979 à Three-Mile-Island et Church Rock à la fusion de la Centrale Nucléaire de Tchernobyl en 1986, l’industrie nucléaire a été aux prises avec des catastrophes massives avec des conséquences permanentes.

En 2011, la Centrale Nucléaire de Fukushima Daiichi a connu un désastre et a commencé à entrer en fusion après avoir été touchée par un tremblement de terre et un tsunami. Il a été dit que la centrale de Fukushima avait fait fuir environ 300 tonnes d’eau radioactive par jour dans l’océan. Aujourd’hui le gouvernement japonais exprime ouvertement ses projets de larguer le reste des eaux radioactives dans le Pacifique.

Des armes contenant de l’ « uranium appauvri » déployées par les Etats-Unis dans des guerres impérialistes (particulièrement en Irak et en Afghanistan) ont aussi empoisonné des écosystèmes, également en fournissant des champs de tir en Arizona, dans le Maryland, l’Indiana et à Vieques, à Porto Rico. L’uranium appauvri est un sous-produit du processus d’enrichissement d’uranium quand il est utilisé dans des réacteurs et pour fabriquer des armes nucléaires.

La production d’énergie nucléaire est maintenant proclamée « solution verte » pour la crise climatique, mais rien ne saurait être aussi loin de la vérité que ce mensonge mortel.

En avril 2022, le gouvernement Biden a annoncé un plan de sauvetage de 6 milliards de dollars pour « sauver » des centrales nucléaires qui risquent de fermer. Un représentant du gouvernement colonial a déclaré « Les centrales nucléaires U.S. contribuent pour plus de la moitié de notre électricité non-carbonée, et le Président Biden s’est engagé à garder ces centrales en activité pour atteindre nos buts d’énergie propre. » Tout comme certains militants pour la Justice Climatique, ils citent l’énergie nucléaire comme nécessaire au combat contre le réchauffement climatique, ignorant totalement les effets dévastateurs permanents auxquels les Peuples Autochtones font face.

À cause de ce « laver plus vert » de l’énergie nucléaire, nous pouvons nous attendre à une poussée de l’hydrogène nucléaire, des petits réacteurs nucléaires modulaires, et à ce que le High-Assay Low-Enriched Uranium (HALEU) ne pousse à une nouvelle menace d’extraction, de transport et de traitement d’uranium.

Bien que le gouvernement Obama ait mis un moratoire sur des milliers de baux pour des mines d’uranium autour du Grand Canyon en 2012, des demandes préexistantes sont autorisées. Des groupes écologistes et des Nations Autochtones essaient actuellement de rendre le moratoire permanent et font pression pour un nouveau monument national, cependant, cela ne ferait rien ou presque rien contre la poignée de mines d’uranium préexistantes qui ont été autorisées à continuer.

Malgré ces actions, des explosions souterraines et aériennes ont commencé à la Mine Pinyon Plain/du Canyon, à quelques kilomètres du Grand Canyon. Dès qu’Energy Fuels, la compagnie qui exploite la mine, commencera à extraire du minerai radioactif, elle a l’intention d’en transporter 30 tonnes par jour à travers le Nord de l’Arizona, à l’usine de traitement de la compagnie, à White Mesa, à 480 kilomètres.

L’Usine de White Mesa est la seule usine d’uranium conventionnelle qui opère aux Etats-Unis. L’usine a été construite sur des terres sacrées ancestrales de la Tribu Ute de Ute Mountain, près de Blanding, Utah. Energy Fuels jette les déchets radioactifs dans des « bassins de retenue » qui occupent environ 111 hectares près de l’usine. Etant donné que le nombre de sites de déchets radioactifs est limité, l’Usine de White Mesa est une décharge ad hoc pour les déchets nucléaires du monde entier, qui n’ont pas de site de dépôt permanent.

Au soi-disant Nouveau-Mexique, un état accro aux revenus du nucléaire, pour les armes et l’énergie, il y a deux laboratoires nationaux et deux sites de déchets nationaux. Avec l’héritage des mines d’uranium et des usines, il y a eu le Projet Gasbuggy (une détonation souterraine), un accident « Flèche Brisée » près d’Albuquerque, et d’innombrables tonnes de déchets radioactifs enterrés dans des puits non renforcés, des kivas Pueblo et des bassins. Actuellement, ils font des projets d’expansion et de modifications aux Laboratoires Nationaux de Los Alamos, au Centre Pilote d’Isolation des Déchets [Waste Isolation Pilot Plant, WIPP] et au site d’enrichissement d’uranium d’Urenco. Plus récemment, le Nouveau-Mexique a été menacé par deux sites d’entreposage temporaires licenciés récemment, pour le « fuel usagé » des centrales nucléaires du Nouveau-Mexique et du Texas. Le gouvernement fédéral continue à pousser les projets nucléaires avec des incitations financières.

La prolifération nucléaire continue, tandis que les Etats-Unis permettent que des mineurs d’uranium et d’autres, éligibles pour la Loi de Compensation de l’Exposition aux Radiations, meurent. Beaucoup continuent de souffrir et attendent que les fonds de compensation soient alloués ou ne sont pas éligibles vu les limitations de la loi.

Les dévastations du colonialisme nucléaire, qui détruisent pour toujours des communautés Autochtones partout dans le monde, n’est pas un divertissement. C’est l’héritage terrifiant de l’énergie et des armes nucléaires que des films comme Oppenheimer et des militants douteux de la cause climatique, défendent.

Les Peuples Autochtones vivent, souffrent et continuent de résister à ses conséquences chaque jour.

EN FINIR AVEC LE COLONIALISME NUCLÉAIRE !



Churchrock disaster, 1979
By Leona Morgan
May 2019, in Bure, Western France
En français

On July 16th, 1979, the worst nuclear disaster in the history of the United States, took place in Churchrock, New Mexico. In Churchrock were two uranium mines and a processing mill. The mill had a tailings pond to hold the waste from the mill. Waste from a processing mill is much more radioactive than mine waste. That pond was closed by a dam made of clay. There was a crack in it, the company and the government knew it, but the company kept putting waste in the pond. In the morning of July 16th, 1979, the dam broke. 90 million gallons of radioactive waste spilled into a dry ravine, and further in a mostly dry river, the Puerco River. It usually has no water, but after the spill occurred, it rained, so the river was full of water and flowed 100 miles away into Arizona. It happened only a few months after the Three-Miles-Island accident, in Harrisburg. Although the spill in Churchrock was the worst nuclear accident ever, it got almost no media coverage and no public attention. Harrisburg is in the east, in a densely populated area, mostly white people (there has been a movie about the accident, starring Meryl Streep). In Churchrock, there are not so many people, mostly Indigenous.

Today, it still has not been cleaned up. In July 2015, Tommy Rock, a Diné scholar from the Northern Arizona University, found that the drink water, in a Diné community in Sanders, Arizona, 40 miles downstream on the Puerco River, had two times the legal level of uranium. The children at the local school were given bottled water to drink. The community is still fighting for cleanup. They want the waste to go off the Navajo Nation, away from their homes. “But,” says Leona, “because of the checkerboard area, which is out of the Reservation, the government piled up waste quite close to their homes, and the wind brings it back.” She adds “Uranium mining was banned in 2005, but it is uranium mines from the 1980’s which are still affecting the animals and the community.” People want the mines to be cleaned up. The company is proposing to scrape the radioactive dirt, put it above the mill’s waste and cover it with clay, saying it would be safe for a thousand years. But their plan applies only inside the private land of the company and will not include the whole area of the spill, 100 miles west. People fear another spill. The Puerco is a dry river, but heavy rains can always occur.

Out of the 15 000 abandoned mines, this is the most affected place in the United States.





Le 16 juillet 1979, s’est produit la plus grande catastrophe nucléaire jusqu’alors. Depuis, Chernobyl et Fukushima ont fait mieux. Mais Church Rock reste une catastrophe majeure qui a encore des effets aujourd’hui. Personne n’en a parlé, vu que la catastrophe a eu lieu dans la Réserve Navajo. La même année, il y a eu un accident à la centrale de Three-Miles-Island, qui a fait la une des médias, et un film avec Meryl Streep dans le rôle principal. La catastrophe de Church Rock a toujours des conséquences aujourd’hui. Ci-dessous, je reproduis le témoignage de Leona Morgan, Navajo de Crownpoint (même région), qui est devenue une célèbre militante anti-nucléaire à cause des nombreux cancers qui se produisaient parmi ses proches. En 2019, elle est venue visiter Bure, pour manifester sa solidarité, et a expliqué la situation à laquelle elle et ses proches sont confrontés, et le travail qu’elle fait pour réagir.
En 2015, Tommy Rock, un chercheur Navajo de l’Université de Flagstaff, a trouvé de la radioactivité dans l’eau “potable” de Sanders, en aval. La pluie, plus abondante qu’à l’ordinaire, avait entrainé la radioactivité de Church Rock dans la rivière Puerco, normalement à sec en été.

Christine Prat, CSIA-Nitassinan

La catastrophe de 1979, à Churchrock
In English

Le 16 juillet 1979, la pire catastrophe nucléaire de l’histoire des Etats-Unis a eu lieu à Churchrock, au Nouveau-Mexique. A Churchrock, il y avait deux mines d’uranium et une usine de traitement. L’usine avait un bassin de rétention des déchets. Les déchets d’une usine de traitement sont beaucoup plus radioactifs que ceux des mines. Ce bassin était fermé par un barrage en argile. Il y avait une fissure dans ce barrage, l’entreprise le savait, le gouvernement aussi, mais l’entreprise a continué à mettre des déchets dans le bassin. A l’aube du 16 juillet 1979, le barrage s’est rompu. Plus de 400 millions de litres de déchets radioactifs se sont déversés dans un ravin à sec, puis dans une rivière qui est à sec la plupart de temps, la rivière Puerco. En général, il n’y a pas d’eau, mais après la fuite, il a plu et la rivière s’est remplie d’eau et a coulé jusqu’à 160 km, en Arizona. Ça s’est passé quelques mois après l’accident de la centrale nucléaire de Three-Miles-Island, à Harrisburg. Bien que la fuite de Churchrock ait été le pire accident qui se soit jamais produit, les médias n’en n’ont presque rien dit et ça n’a pas attiré l’attention du public. Harrisburg se trouve dans l’est des U.S.A, dans une zone très peuplée, essentiellement de Blancs (il y a eu un film sur l’accident, avec Meryl Streep dans le rôle principal). A Churchrock, il n’y a pas beaucoup d’habitants et la plupart sont Autochtones.

A ce jour, ce n’a toujours pas été décontaminé. En juillet 2015, Tommy Rock, un chercheur Diné de l’Université de Flagstaff, a découvert que l’eau potable d’une communauté Diné, à Sanders, en Arizona, à 65 km en aval sur la rivière Puerco, contenait deux fois la concentration légale d’uranium. Les enfants de l’école locale ont reçu de l’eau en bouteille pour boire. La communauté se bat toujours pour que ce soit décontaminé. Ils veulent que les déchets soient enlevés des environs de la Nation Navajo, loin de leurs maisons. “Mais” dit Leona, “à cause de l’échiquier, qui est hors de la Réserve, le gouvernement a entreposé les déchets non loin de leurs maisons, et le vent les ramène.” Elle ajouta que “l’extraction d’uranium est interdite depuis 2005, mais ce sont les mines des années 1980 qui continuent d’affecter les animaux et la communauté.” Les gens veulent que les mines soient décontaminées. L’entreprise propose de gratter les déchets radioactifs, de les entreposer sur les déchets de l’usine, et de recouvrir le tout d’argile, affirmant que ça tiendrait au moins mille ans. Mais leur projet ne s’applique qu’au terrain privé de l’entreprise et n’inclue pas toute la zone touchée par la fuite, jusqu’à 160 km à l’ouest. Les gens craignent une autre fuite. Le Puerco est une rivière sèche, mais des pluies abondantes peuvent toujours se produire. (En tous cas, le Puerco n’était pas complètement à sec en septembre 2015, il y avait probablement eu des pluies en juillet…)

Des 15 000 mines d’uranium abandonnées, c’est le lieu le plus gravement touché des Etats-Unis.

Text Leona Morgan and Christine Prat En français
February 16, 2020
Also published on  Censored News

Leona Morgan, a Diné [Navajo] antinuclear activist, was invited by the CSIA-Nitassinan on February 16th, 2020. She talked about her work, nuclear colonialism, historical and present impacts of uranium on the people of her community, actions that have been undertaken and actions to be undertaken in order to resist.

You can find on this site more information on Leona’s work and on her visit in 2019 to Bure, France, where a waste burial site is being dug. (A waste burial site is also planned in New Mexico, where she lives). The Navajo Nation [“reservation”] and the surroundings, have been particularly impacted by uranium mines and other nuclear industries.

[Click on maps and photos to see them in larger, readable format]

Leona started her presentation by showing a picture of Monument Valley, a world-famous image, as many movies, especially ‘Western’ movies, were made there. This is also where uranium was first mined in the Navajo Nation, in the 1940’s. Mining developed continuously during the Cold War time.

She then gave a definition of nuclear colonialism, a term first created by Winona La Duke. Leona explained “Quite simply, nuclear colonialism can be explained as a systematic way by which the governments have exploited and destroyed Indigenous Peoples lands, for use of uranium to make nuclear weapons, as well as today, nuclear energy. This is a form of institutionalized racism, and also environmental racism. It is also nuclear colonialism which caused a lot of contamination and impacts to people by weapons testing.”

She further stated that “In the whole world, uranium mining happens mostly on Indigenous Peoples lands. We do not have an exact number but we estimate that 70% of uranium mining happen on Indigenous lands. Many of the weapons tests were also done on Indigenous Peoples lands.” [France tested their atomic bombs in Tuareg territory in Algeria, until 1967, then in Mururoa, in ‘French’ Polynesia. Then, the national uranium company – which has changed names several times – destroyed the Tuareg territory in Northern Niger].

She also pointed out that most weapons testing occurred in Western Shoshone territory, in Nevada. When media mention it, they always call the region the ‘Nevada Desert’, neglecting to mention the fact that it is still the territory of Indigenous communities, mainly Western Shoshone, but there is also a Paiute reservation nearby the testing area. Leona: “There were over 900 tests done in that area,” “and I want to say that a friend of mine, Ian Zabarte, explains that, as Indigenous people, they cannot go back to their homeland, because of the contamination.” [In the early 1960’s, they also tested bombs on the Island Bikini, which is still unhabitable today. Strange enough, the name became fashionable for sexy bath suits and a silly popular song].

Talking about the history of nuclear colonialism, she said “I shall start from the beginning of the systematic way that racism and genocide have become a law. There is a document that was created in 1493, called ‘The Doctrine of Discovery’. I am wondering how many of you know of that document? Most of the time maybe one or two people raise their hands, there are more than one or two here, so that’s great!” She further explained that the document – as a matter of fact a ‘Papal Bull’ – was created in Europe, in order to give the Church blessings to colonialism: “this was a document that was created here in Europe, that basically started to open ways to colonization of lands in different parts of the world. And then this is what allowed the various countries to take lands, to take people, to enslave people and to kill people. The idea was that Indigenous people are not really human, that we are less than human, so therefore it is okay to take our land and commit genocide in the name of, at the time, Christendom or to promote the Church. It’s okay because we don’t have rights as others, we are not humans, it’s the idea. So, moving forward in the United States, this was also used as the foundational papers for the United States and other countries.”

She then described the different periods of the policy of European settlers towards Native Americans: “At the beginning – the founding of the United States – they created what is called the federal Indian periods. So, in the United States, at the beginning, the first Indian period was Removal. So, when the western settlers came in, they wanted to move on the land. In order to clear the land, that meant clear the land of the people, which is legalized genocide. And also, Relocation, which was pushing the Indigenous Peoples westward. Later, they moved to what was called Assimilation, where they took young Indigenous children to western schools, where they were forced to speak English and change their way of life.” As well in the United States as in Canada, children were kidnapped from their family and put in Indian Boarding schools, where they were very badly treated – close to torture – and many of them died. Recently, many Indigenous people in the United States and Canada started to talk about their parents’ stories in those school, and to make it to the media. [The same happened, and was still happening not so long ago, in French Guiana].

Leona then named other tools that were used for colonization, such as railroads and mining, and the creation of ‘Tribal governments’: “there was also the creation of what we call ‘tribal governments’, which is a typical type of western government that was not natural to our people. These western governments often do not promote the will of the community people, most of the time they are puppets of the federal government.” She added “at the beginning, they were often puppets of the United States, but today there is a move toward decolonization. These western governments, in the beginning focused more on capitalism and things that were no part of our traditional ways of living. In the last 50 years, there has been a great change, for tribal governments, to create our own laws that are for the protection of our traditional ways, our sacred sites, our human rights, and it is getting stronger and stronger every day.”

For Europeans who believe that most Indigenous people are extinct, (‘killed by John Wayne’,) she stated “I just want to remind everybody that right now in the United States, there are hundreds of Indigenous Peoples. In North America – we call it Turtle Island – there are many, many, many Indigenous Nations that are still alive and speaking our own languages, and practicing our traditional ways today. Of course, there are also many Indigenous Peoples in South America and other parts of the world who are practicing their cultures until today. In the United States, there are 573 Nations that are recognized by the federal government.”

She then said that, in her presentation, she would focus on her own community, the Navajo Nation, but also talk about the neighbors around, tribes known as ‘Pueblos’, who are also impacted by uranium mining and nuclear activities.

She first explained where her community lives, pointing out the difference between what is now called the Navajo Nation (originally the Reservation) and the traditional land of the Diné, between four sacred mountains.

 

She then mentioned the transport issue – of uranium ore, contaminated water, waste – an issue that made local activists create the Haul NO! campaign, about which she told more later. A map was circulated among the audience:

 

She further went to “explain a little bit more, about the difference between the western government and the traditional people. It is a very important thing to understand that we call ourselves ‘Diné’, but our government is called ‘Navajo’. To be Diné and to live as a Diné, is to continue the way our ancestors lived. The community at home often is more concerned about protection of our Mother Earth, because this is our home, and if we damage our Mother, then we also will suffer. However, the Navajo Nation as a government was created by outside forces and was more concerned with economic development. This included resources extraction, as you can see on the flag, some oil drilling operation, and other forms of economic development.”

 

Although the focus of her talk was on uranium mining, she also mentioned other types of extraction impacting the Navajo Nation, mainly coal mines and coal fired power plants, as well as fracking for gas and oil. “There are many, many frontline communities that are directly impacted by different types of resources extraction.” She pointed out that the strategy of community people is quite different of that of big NGO’s. “There are many, many frontline communities that are directly impacted by different types of resources extraction.” She added “I speak here today as an Indigenous person who works on these issues, but I do not consider myself an environmentalist. I am an Indigenous person working to protect our Diné lands and culture.” She went on explaining in which ways the environmentalists differ from Diné people: “The perspective of many environmentalists is to separate themselves from the environment, but we view the Earth as our Mother and coal is the liver of our Mother, we are protecting the Earth as a living, breathing entity. So, we are part of the Earth, we are from the land, so we consider the elements and places on the land as sacred. We consider coal as the liver of our Mother, water is like her blood, and the same goes for uranium, it is also a part of our Mother and should not be taken out but left in the ground. The place where I come from is also being impacted by a lot of fracking. Some of you may know of Chaco canyon, it is also a place impacted by fracking.”

 

Uranium mining in Navajo Land

“I shall look into uranium mining now. Just keep in mind where there is uranium mining in my people’s land there is also coal and fracking as well. How many of you are aware of the uses of uranium? Do you understand what uranium is used for? [They all raise their hands]. Sometimes people do not understand that uranium is used for both weapons, which is for imperialism and oppression, and the energy, now also a big issue because of climate change. And we know this year is a big year because it is the 75th anniversary of the first nuclear weapon test and the two nuclear bombs that were dropped in Japan. The first nuclear weapon test was in New Mexico on July 16th 1945. I live in New Mexico and my family has been in New Mexico for many, many generations. The country that have the most uranium is Australia. And this is where the uranium is in the United States. So, my people live here, in this region, this is Arizona and this is New-Mexico. And you can see there is uranium in Wyoming, and South Dakota, and Texas as well. The use of uranium from the 1940’s to the 1980’s was mainly for weapons, before nuclear energy, 100% of uranium was for weapons. During the time of the manufacturing of weapons, the United States mined uranium all over the country and did not have any laws to clean up the uranium mines. One of the laws in the 19th century was a mining law that helped to colonize the United States. That law is still used today, and, again, it did not require the cleaning up of the mining. So, today there are over 15000 abandoned uranium mines in the United States. There is over 600 000 abandoned mines of various minerals, but 15000 that are uranium.”

Most uranium mines are in an area between Utah and Colorado, and also in the area in New Mexico around the sacred Mount Taylor, near Grants.

Then, Leona explains that uranium comes from deep in the earth and naturally moves up toward the surface. That happens, of course, in millions of years, but because of mining, it moves more and much quicker. When it is exposed to oxygen, it changes chemically and moves in the environment. When it rains, it can move to places where people live and go into the water ways. Leona, showing a picture, says “This is a mesa, a rock in Monument Valley. This rock is in an area where there was a mine”, “the waste came down the rock and it goes down by houses.”

“On our Navajo Nation, on our people’s land, we have 523 abandoned uranium mines.” The tribal government, working with the federal government, said that they cleaned up about 200 mines.” The work stopped because of lack of funds, cleaning being much more expensive than what they had first thought. Leona: “They tried to find old companies and tried to make them pay. Many of those companies no longer exist, but some companies were bought by bigger companies such as General Electric. So, when the tribe or the federal government find these companies, they try to hold them accountable to pay for some of the old mess. But I learned, about two weeks ago, that 200 or so have been cleaned up, and now they say there is no more money for the other 300.” Leona adds that mining is only one part of the nuclear fuel chain. The second part is processing. “A mill is much dirtier than a mine, because it is where they use chemicals to separate the uranium from the rock.” Nowadays, there is only one uranium mill still operating in the United States, in South Utah, on the land of the community of Ute Mountain Utes.

The Church Rock Disaster in 1979

Then, Leona talked about the Church Rock disaster, the biggest nuclear disaster in the history of the United States, although it got very little press coverage, as compared to the Three-Miles-Island accident, which happened the same year. “On July 16th, the same day as the Trinity test, but in 1979, there was an accident at this uranium mill.” There were two uranium mines there, which had been operated from the 1950’s to the late 1970’s, early 1980’s. The uranium ore was processed in the mill nearby. The mill produced waste, the liquid waste being stored in a tailings pond. “The tailings pond was closed by a dam that was made of clay, to keep the water inside of the dam. The dam had a crack in it, the company knew this, but they kept putting in more and more waste. About 5.30 in the morning, on July 16th, the dam broke. More than 90 million liquid gallons of radioactive waste flowed out of the tailings pond. It went into this little ditch. The river was dry, there was no water. When the water came from the tailings pond, it got into the river and flowed over 100 miles into Arizona.” The area is still contaminated. In July 2015, a Navajo scholar, Tommy Rock, in the course of his research, found out that the drink water of a Navajo community in Sanders, at the border between Arizona and New Mexico, was radioactive. Exceptionally, the Rio Puerco had water in 2015. The area of the old mill had been watched by the EPA, but the water of the river had never been studied.

Fighting uranium mines since 2007

Leona started her work with fighting a new uranium mine in 2007. The new mine was to be situated near where her family lives. [Crownpoint, see map below]. The company claimed they were going to use a new type of mining called ‘In situ leaching’. Uranium ore found in aquifers does not dissolve naturally. Thus, this process means injecting chemicals (poisonous too) into the aquifer to loosen the uranium. Then, they pump and filter the water to get the uranium. Of course, the water they leave in the aquifer is radioactive. People had been fighting against the project for some time, Leona got involved in 2007, when she was a student. They were lucky to manage to stop the project. (However, people usually manage to stop uranium mining projects when the price of uranium on the world market is low. Many mines which got a permit to start extracting uranium are still waiting for the price to go up). Still, Leona is optimistic about that victory, she says “Our belief is that if we can stop uranium mining, we can also stop nuclear weapons and nuclear energy.” But she pointed out that even after cleaning up, the land is never the same. And, those changes affect their entire way of life. In the Church Rock community, sheep have been affected too, and Navajos eat a lot of sheep meat. Diné students are doing studies about the effects of the contamination and recommend to eat only the meat, but not the organs – which used to be quite common, and delicious! “So, you can see this issue spans not only the environment but food sovereignty as well as reproductive justice and so many issues.”

Leona’s work with Radiation Monitoring Project

Leona thus started a project called “Radiation Monitoring Project”, which is mainly an educational project. She says “Part of the work I do is mostly popular education.” The group had to gather data and make pictures on how radiations get in people’s body. Radiations mostly impact women and children, most of all the unborn children. For the ‘Radiation Monitoring Project’, they raise money to buy Geiger counters which people can borrow for as long as they need, to measure the radiations in their community. The training they give is designed for each community, according to their needs. Some communities are impacted by uranium mines, others by nuclear reactors or a uranium mill. They provide education and tools at no cost.

Fighting the whole nuclear cycle

“We talked a lot about the past mining that was used for weapons, but now there are many, many new threats from the nuclear cycle.” Leona showed a picture of the Navajos’ sacred mountain of the south, Mount Taylor, Tsoodził in Diné. The mountain is sacred to all local Indigenous Peoples. The Acoma who live nearby call it ‘Kaweshti’. They are one of the closest communities to the mountain. They depend on it for the water that comes down from it. The area is full of abandoned mines. At the moment, there is no uranium mining in New Mexico, but there are proposals for two uranium mines on Mount Taylor. [At a time, AREVA was involved]. Another proposal for mining at a sacred site is the Canyon Mine, in Arizona, near the Grand Canyon. The company at Canyon Mine, Energy Fuels, also has a project called Roca Honda, at Mount Taylor.

The ‘Haul NO!’ campaign

In 2015, anti-nukes activists started a campaign called ‘Haul NO!’. For Americans, it sounds as ‘Hell, NO!’ The campaign was about the transport of uranium from Canyon Mine to the processing mill in Utah, through the Navajo Nation. Leona said “We worked together with the different Indigenous peoples in this campaign. It is an Indigenous led fight with support from many non-Indigenous allies, supporters and other folks.” The focus of the campaign was to create awareness and action. They started at the mill in Utah. They stopped at communities and did workshops on the way. Many people became aware of the problem because of the campaign. The company claimed that they were not moving any uranium, but the activists managed to catch them. They also managed to make a video showing the reality of what was happening at Canyon Mine:

Canyon Mine

They got support from the Sierra Club, but the company did not get in trouble. “The government agency changed the permit to include this.” The mine is only 6 miles away from the Grand Canyon. The Havasupai community, which lives in the Grand Canyon, depend on the water coming down and fear that the sources are contaminated. They also have their sacred site, Red Butte, 4 miles away from the mine. They also use the place and the water sources for ceremonial purpose.

THE WIPP AND WCS

The WCS is a dump for less radioactive waste, in Texas, on the border with New Mexico. The company wants to build a new waste dump there to take about half of the reactors waste in the United States. The WIPP is a Waste Pilot Project. Now, the biggest fight is against a company called Holtec. They are trying to build a dump for much more waste. Holtec buy waste to be recycled or enriched to make money out of it. The authorities of New Mexico are against dumps, but friends of the company are trying to change the law in Congress. New Mexico only has two Senators and three Representatives in Congress, which means very little political power. However, opponents have a national network of activists working together. What happens in the United States and many other countries with nuclear energy, is that there is a lot of very dangerous waste and nowhere to put it. Leona then talked about her visit to Bure, on invitation from Pascal Grégis, member of the CSIA, as well as her visits to German friends also fighting nuclear waste. She says “The thing we all need to work on, I think, is to stop making nuclear waste, stop making nuclear weapons, stop making nuclear energy, stop uranium mining, and this will require a lot of working together.” Unfortunately, there are now many divisions in the fight, the weapons fight is separate from the energy fight. Moreover, “As Indigenous Peoples we are also dealing with racism and other issues when we talk about nuclear colonialism.”
One issue is climate change. Western leaders and companies claim that nuclear energy is carbon free, which is not true. “They only count the carbon from the reactor, and they say ‘oh it’s just steam, there is no carbon’. They don’t count the mining, the milling, the enrichment, and all the steps that make the fuel. They don’t count the transport, and they don’t count the waste storage, which is radioactive for millions of years.”

As a conclusion, Leona said that we have to figure out a way to push changes. This can only be achieved by knowing the problems, and knowing and educating the impacted communities.

“We need to support one another in solidarity and to unite our fight all together. And, very important is to respect each other’s culture. I think that when we work together, we might understand one another and this can be done by sharing our stories. For the protection of sacred sites, the protection of water, the protection of life, for our future generations.”

Au lieu de faire de dons à des organisations à énormes budgets et d’acheter aveuglément à des capitalistes Autochtones, pourquoi ne pas fournir de soutien à ces projets et personnes Autochtones pleins de ressources et qui font un travail énorme avec très peu de soutien financier ? Voilà une occasion de participer et d’étendre ces efforts nécessaires au-delà du #givingtuesday.

Certains de ces projets ou de ces personnes ne sont pas explicitement anticapitaliste, mais nous savons que souvent, ce qu’ils font vient de leur poche et qu’ils donnent toujours beaucoup plus que ce qu’ils ne reçoivent ou que la reconnaissance qu’ils obtiennent.

R.I.S.E. SURVIE ET EMANCIPATION AUTOCHTONES RADICALES

R.I.S.E. est une initiative Autochtone destinée à porter les voix d’Autochtones Queer, Trans, à Deux Esprits [Homosexuels] et de communautés matriarcales. R.I.S.E. est une présence collective d’ancêtres Autochtones. R.I.S.E. est une résistance collective créée et dirigée par des Autochtones.

Dons/paypal : burymyart@gmail.com

KÉ’ INFOSHOP

Infoshop anticoloniale, anti hétéropatriarcale et anticapitaliste, située à Window Rock, Arizona, capitale de la Nation Diné/Navajo. Elle fonctionne avec le féminisme Autochtone comme principe et guide. Ké’ infoshop est un collectif Diné uni pour libérer nihi k’ei/nos proches.

Dons : www.Keinfoshop.org/donate

MAMMA JULZ

MAMA Julz (Julie Richards, Oglala Lakota) est une protectrice de l’eau de Alliance des Mères Contre la Meth[adone]. MAMA Julz travaille avec passion en première ligne pour protéger les terres sacrées, l’eau et sa communauté.

Paypal: julzzzzrich@gmail.com

DINÉ NO NUKES LEONA MORGAN

Résistance Autochtone au colonialisme nucléaire dans la Nation Diné/Navajo et au-delà.

Avec des projets comme Radiation Monitoring Project [projet de contrôle de la radioactivité]. Haul NO! [Contre le transport de matériaux radioactifs] et Nuclear Issues Study Group [Groupe d’Etude des Problèmes Nucléaires], Leona travaille sans relâche pour essayer de garantir un avenir sans nucléaire.

www.dinenonukes.org

Dons : www.paypal.me/l30n4

COLLECTIF O’ODHAM CONTRE LA FRONTIERE

Des O’odham qui agissent et résistent contre la militarisation de la frontière et la construction du Mur frontière sur leurs terres sacrées.

Dons :  www.paypal.me/antibordercollective

REPRENDRE L’ILE DE LA TORTUE [reclaim Turtle Island] LAKOTSIRAREH AMANDA

Utilisant les médias et l’action directe, Amanda est une force de la Résistance Autochtone au capitalisme de pillage des ressources.

Dons/Paypal : reclaimturtleisland@gmail.com

WARRIOR PUBLICATIONS

Warrior Publications est publié dans le territoire occupé de la Côte Salish (Vancouver, KKKanada). Son but est de promouvoir la culture guerrière, l’esprit combattant et les mouvements de résistance.

Dons/Paypal : zig_zag48@hotmail.com

TÁALA HOOGHAN INFOSHOP

Une infoshop Autochtone radicale et un centre de ressources pour l’action directe, situé à Kinłani/Flagstaff, Arizona. Durant tout l’hiver, ils s’organisent pour empêcher les SDF Autochtones de geler. Ils ont désespérément besoin de fonds.

Révélation : c’est un projet avec lequel nous travaillons beaucoup et soutenons par les ventes de notre boutique à www.indigenousaction.org.

Dons : www.paypal.me/indigenousaction

SAKEJ WARD

Sakej est un guerrier Mi’kmaq de la communauté d’Esgenoopetitj (Première Nation Burnt Church, Nouveau Brunswick). Il organise des ateliers de survie et des entrainements de guerrier dans toute l’Île de la Tortue.

Dons : Prendre contact sur Facebook www.facebook.com/sakej.ward

LOUISE BENALLY

Louise est Diné de Big Mountain, une région de Black Mesa où elle a résisté au déplacement forcé et au colonialisme de pillage des ressources pratiquement toute sa vie.

Dons : Prendre contact sur Facebook www.facebook.com/louise.benally.94

 

Nous serions heureux d’allonger cette liste, alors n’hésitez pas à nous contacter par mail à indigenousaction@gmail.com pour nous signaler des associations Autochtones.

www.indigenousaction.org

En mai-juin 2019, Leona Morgan, Diné, activiste anti-nucléaire, est venue en Europe. A l’initiative de Pascal Grégis, membre du CSIA-nitassinan, elle a été invitée par le CSIA, le CEDRA, Meuse Nature Environnement et le Réseau Sortir du Nucléaire, à visiter Bure, zone menacée par un projet de site d’enfouissement profond pour les déchets hautement radioactifs, et à parler de la situation au Nouveau-Mexique. C’est à Bure qu’elle a commencé son voyage en Europe, le 24 mai 2019. Elle a d’abord visité la zone menacée – dans la mesure où les gendarmes laissaient approcher – et s’est exprimée le soir, au cours d’une réunion organisée à Bettancourt-la-Ferrée.

Conférence par Leona Morgan
Article Christine Prat  English
Photos Bure et Nouveau-Mexique, Christine Prat
Diapos Leona Morgan
Also published in English on Censored News

Bure est un petit village (environs 80 habitants) de la Meuse. En 1994, l’Etat a déclaré son intention d’y ouvrir un soi-disant “laboratoire de recherches scientifiques souterrain”, à 500 mètres sous terre, sur des terres appartenant au village. En fait, le but est d’y enterrer des déchets hautement radioactifs. Le projet, appelé CIGÉO (Centre Industriel de stockage GÉOlogique), est mis en œuvre par l’ANDRA (Agence Nationale pour la gestion des Déchets RAdioactifs) et est entré en ‘phase de conception industrielle’ en 2012. Le projet est de creuser un site d’enfouissement des déchets à 500 mètres sous terre. Le site devrait être fait de tunnels, s’étendant sur 15 km². Il devrait accueillir à terme 10 000 m³ de déchets de ‘ Haute Activité à Vie Longue’ et 73 500 m³ de déchets de ‘Moyenne Activité à Vie Longue’. Le site doit être creusé dans un petit bois qui a déjà été clôturé (la clôture est à quelques mètres à l’intérieur et cachée par des arbres) et est farouchement gardé par la gendarmerie. Des arbres ont déjà été abattus derrière la clôture. Le projet prévoit aussi de construire un site de stockage temporaire, où les déchets devraient refroidir avant d’être enterrés définitivement. De là, une ‘descenderie’ devrait être construite, sur plusieurs kilomètres, pour transporter les déchets jusqu’au site profond. Il est aussi prévu de creuser des puits verticaux pour amener le personnel et l’équipement au fond. Le Réseau Sortir du Nucléaire dit : “Loin d’être une réelle solution pour ces déchets, l’enfouissement est le seul moyen qu’elle (l’industrie nucléaire) a trouvé pour les cacher.”

LA CONFÉRENCE DE LEONA MORGAN

Remarque: tous les lieus nommés sont sur les cartes incluses dans l’article, s’y reporter. Si c’est trop petit pour lire, cliquer sur la carte pour la voir en plus grand

Après avoir remercié les organisations qui l’avaient invitée et le public, Leona s’est présentée, en Diné, selon la tradition : après avoir dit son nom, elle a nommé le clan de sa mère (“née de”) et celui de son père (“née pour”).

Elle a commencé sa présentation en montrant une photo de Monument Valley, un site mondialement connu, autrefois beaucoup utilisé pour tourner des westerns, mais aussi la région où les premières mines d’uranium en territoire Diné (Navajo) ont été creusées, dans les années 1940, et donc une des premières régions dévastées par les effets de l’uranium.

Son travail contre le nucléaire a commencé en 2007, d’abord contre une mine d’uranium, puis contre toute l’industrie nucléaire.

Elle a d’abord expliqué comment son peuple considère l’univers, et comment les Etats-Unis ont utilisé son peuple et volé leur terre. Leona dit : “Aux Etats-Unis, il y a environs 264 Tribus reconnues par le Gouvernement Fédéral.” (Il y a aussi des petites tribus non reconnues). Elle dit qu’avant la conquête, il y avait des milliers de Nations Autochtones, dans toute l’Amérique, qui ont été terriblement affectées par le colonialisme, mais qu’elle se limiterait à parler de son propre peuple, les Diné. “Les gens de notre peuple vivent traditionnellement. Mes ancêtres viennent d’un territoire que nous appelons ‘Diné Bikeyah’, ‘notre pays’. Notre territoire se situait entre 4 montagnes sacrées. [Les Pics San Francisco, à l’ouest, l’Hesperus, au nord, le Pic Blanca, à l’est, et le Mont Taylor, au sud ; voir carte]. Elles constituaient, pour mon peuple, notre identité et l’endroit où nous devrions vivre pour toujours. Plus tard, après la colonisation, les lignes imaginaires, qui limitent aujourd’hui, pour les Etats-Unis, les états d’Arizona et du Nouveau-Mexique, ont été dessinées, tout comme celles qui définissent ce qu’on appelle la ‘Nation Navajo’.” Elle expliqua la différence entre ce qu’ils appellent ‘Diné Bikeyah’, leur territoire traditionnel, et la Nation Navajo, qui signifie, selon le contexte, la Réserve Navajo ou le Conseil Tribal. La famille de Leona vient de Crownpoint, au nord de Gallup, au Nouveau-Mexique.

La chaîne de l’énergie nucléaire

“Au début, il y a l’extraction de l’uranium. L’extraction peut se faire en creusant et en l’extrayant directement du sol, ou par une autre méthode utilisant des liquides pour l’obtenir, un peu comme la fracturation hydraulique. Ça s’appelle la lixiviation in-situ.” (En anglais, ‘leaching’ signifie ‘infiltration’, mais quand il s’agit de mines, en français ça s’appelle ‘lixiviation’). Le procédé est utilisé pour extraire l’uranium de couches rocheuses dans les nappes phréatiques. Naturellement, le minerai d’uranium ne se dissout pas dans l’eau. Donc, on injecte des produits chimiques dans les roches pour dissoudre l’uranium, puis on filtre l’eau. Qui, bien entendu, devient radioactive. Les roches contenant du minerai d’uranium sont transportées jusqu’aux usines de traitement où l’uranium est séparé du minerai. Leona dit : “Dans notre région, si on extrait une tonne de minerai d’uranium, on obtient à peu près une livre d’uranium, et 1995 livres de déchets.” Elle ajoute : “Quand le minerai a été traité, les déchets de l’usine contiennent de nombreux produits chimiques qui créent encore plus de déchets radioactifs. Ce n’est pas comme dans la roche naturelle, ça a été changé chimiquement et est devenu plus radioactif.” Puis, l’uranium doit être enrichi. Il n’y a qu’une seule usine de retraitement aux Etats-Unis, et c’est au Nouveau-Mexique. Après enrichissement, le carburant est produit pour les centrales nucléaires. “Et les déchets des centrales sont hautement radioactifs. Après enrichissement, c’est envoyé dans des laboratoires pour fabriquer des armes nucléaires. Les outils radioactifs et autres déchets de la fabrication d’armes constituent des déchets ‘trans-uranium’, et finalement du plutonium. Et, bien sûr, nous nous retrouvons avec des armes nucléaires. Les déchets qui en proviennent sont de l’uranium appauvri.”

Les Autochtones considèrent la présence d’activités nucléaires et leurs effets sur leurs territoires comme du colonialisme nucléaire. Leona dit : “En tant qu’Autochtones, nous ne combattons pas seulement l’industrie nucléaire, mais aussi le racisme, le capitalisme et l’impérialisme des Etats-Unis, qui continuent aujourd’hui encore, à confisquer nos terres, à saper notre culture et à utiliser notre peuple et Notre Mère la Terre au profit de l’industrie et de leur cupidité.”

Le processus de conquête du territoire et d’élimination des Peuples Autochtones a commencé en 1493, avec ce qu’on appelle la Doctrine de la Découverte, que les Autochtones combattent toujours aujourd’hui. C’est une Bulle Papale – donc une décision indiscutable du Pape. Le document dit que “l’Eglise a été commissionnée par Dieu pour tuer d’autres peuples et s’emparer de leurs terres, parce qu’ils sont moins qu’humains.” C’est toujours utilisé par les pays colonisateurs en Afrique et ailleurs, et aux Etats-Unis et au Canada. Leona dit que “les Etats-Unis ont fondé certaines de leurs premières lois sur ce document.” Au XVIIIème siècle, quand les Etats-Unis étaient encore en formation, ils ont adopté une politique de génocide, et ont tenté de tuer tous les Peuples Autochtones. A l’époque, ça n’a pas vraiment marché, alors ils ont adopté une politique de déportation, et repoussé les Peuples Autochtones vers l’ouest. A la fin du XIXème siècle – alors qu’ils venaient de se livrer à un nouveau génocide – ils ont mis en route la politique dite ‘d’assimilation’ : cela signifiait détruire la culture Autochtone et changer l’indigène en un individu occidental. L’expression utilisée alors était ‘Tuer l’Indien, Sauver l’Homme’.

“D’autres moyens ont aussi été utilisés pour voler nos terres, comme les chemins de fer et l’extraction minière, ainsi que ce qu’on appelle aujourd’hui le gouvernement tribal. Je tiens à ce que les gens comprennent que l’extraction d’uranium et les tests atomiques d’aujourd’hui sont fondés sur les vieilles lois dont les gens pensent qu’elles appartiennent à l’histoire. Mais elles sont tout à fait à l’ordre du jour et sont utilisées aujourd’hui pour continuer le génocide par ce que nous appelons le colonialisme nucléaire” dit Leona. 85% de l’extraction d’uranium dans le monde a lieu sur des terres Autochtones. Aujourd’hui, les populations touchées sont encore en train de se battre pour que leurs terres soient décontaminées et obtenir de l’aide pour faire face à leurs problèmes de santé. Les Diné qui ont développé des cancers et les familles de ceux qui sont décédés ont dû se battre devant les tribunaux pendant des décennies avant qu’il soit reconnu que leurs maladies étaient dues à l’uranium, et obtenir quelque compensation.

“Nous appelons ça du racisme environnemental” dit Leona. “Ils ont fait la même chose avec les armes nucléaires, les tests ont eu lieu dans des territoires Autochtones ou de gens de couleur.” Aux Etats-Unis, environs 1000 bombes atomiques ont explosé dans le territoire des Shoshone de l’ouest, au soi-disant Nevada [voir plus bas]. Des tests ont également eu lieu sur l’île de Bikini, dans les Iles Marschall, et Bikini est toujours inhabitable. Les Britanniques ont également fait des tests dans le Nevada. Les Français ont effectué leurs tests atomiques à Reggane, en Algérie, en territoire Touareg, jusqu’en 1967. En 1966, ils ont commencé à tester à Mururoa, en Polynésie ‘Française’.

L’extraction minière était également un moyen de coloniser, en encourageant les colons Blancs à partir dans l’ouest. Leona dit “Grâce à l’extractivisme, les gens ont pu prendre des terres à notre peuple, selon une Loi sur les Mines de 1872. Cette loi autorise les gens à exploiter des mines sur les terres publiques des Etats-Unis, ils n’ont rien à payer pour ce qu’ils extraient, seulement un droit de 10 dollars par an, sur des terres ‘publiques’. “De organisations écologistes Blanches, aux Etats-Unis, veulent changer la loi, mais ils ne se préoccupent que de l’environnement, pas des Autochtones ni des Gens de couleur. Ils veulent principalement que les entreprises paient plus cher, mais ça n’inclut pas la protection des sites sacrés Autochtones ni de réparations pour les terres volées.

La loi dite ‘General Allotment Act’

Cette loi a été utilisée pour tenter de faire partir les Peuples Autochtones de leurs terres. Elle avait aussi pour but de détruire la culture autochtone : les Peuples Autochtones n’ont jamais connu la propriété privée et n’ont jamais imaginé pouvoir posséder une quelconque portion de la Terre Mère. Cette loi a créé des portions de terre individuelles, appelées ‘lots’ qui devait appartenir à des propriétaires Indiens individuels. A l’est de la Réserve Navajo, ça a créé la zone qu’on appel ‘l’échiquier’. C’est la zone d’où vient la famille de Leona. Dans cette zone, les terres sont soumises à toutes sortes de juridictions. Aujourd’hui, les lots appartiennent au gouvernement, à des entreprises, à des propriétaires privés ou à des Autochtones, qui peuvent être la Nation Navajo ou des individus appelés ‘attributaires’. Là, Leona explique “‘il y a une grande différence quand je dis la ‘Nation Navajo, c’est-à-dire le gouvernement, et quand je parle des gens.”

Un ‘Gouvernement Navajo’ créé par les Etats-Unis

Le Conseil Tribal Navajo a été créé en 1923, par le Gouvernement des Etats-Unis. Selon Leona “Une étape du processus de colonisation a été la création d’un gouvernement, ce qui est très différent du système que les Peuples Autochtones aient jamais connu. Pour les gens de notre peuple, la Nation Navajo est le nom de notre gouvernement, et aussi parfois du territoire qui constitue ce qu’on appelle la Réserve. Nous avons nos lots de terre, notre système de gouvernement, mais ce n’est qu’une copie des Etats-Unis.” Pourtant, en 2005, la Nation Navajo a adopté une loi interdisant l’extraction d’uranium, la Loi sur la Protection des Ressources Naturelles Diné. Puis, en 2012, une loi interdisant le transport de matériaux radioactifs. Cependant, ces lois ne sont pas respectées par les états (Arizona et Nouveau-Mexique) ni par le gouvernement fédéral. Les sites sacrés entre les quatre montagnes sacrées ne sont pas protégés non plus, parce qu’ils sont hors de la Nation Navajo. Même certaines portions de la Nation Navajo ne peuvent pas être protégés parce qu’elles sont sous la juridiction des états ou du gouvernement fédéral. C’est le cas de routes et voies de chemins de fer qui traversent la Réserve. La Nation Navajo n’a pas non plus le contrôle de son espace aérien.

LE NUCLÉAIRE AU NOUVEAU-MEXIQUE

Au Nouveau-Mexique, on trouve presque toutes les étapes de la chaîne nucléaire, sauf des centrales nucléaires. Il y a aux Etats-Unis plus de 15 000 mines d’uranium abandonnées, quelques-unes dans l’est du pays, mais la plupart dans l’ouest. Ces mines fournissaient principalement de l’uranium pour les armes nucléaires. L’exploitation a eu lieu essentiellement entre les années 1940 et les années 1980. L’Agence de Protection de l’Environnement (EPA) n’a été créée qu’en décembre 1970. Jusque-là, il n’y avait aucune loi pour protéger l’environnement, les mineurs ou la population. Très peu de mines ont été décontaminées. La Nation Navajo est un des rares endroits ou quelque chose a été fait, le gouvernement Tribal, en coopération avec le gouvernement fédéral est en train de décontaminer environs 500 mines.

La catastrophe de 1979, à Churchrock

Le 16 juillet 1979, la pire catastrophe nucléaire de l’histoire des Etats-Unis a eu lieu à Churchrock, au Nouveau-Mexique. A Churchrock, il y avait deux mines d’uranium et une usine de traitement. L’usine avait un bassin de rétention des déchets. Les déchets d’une usine de traitement sont beaucoup plus radioactifs que ceux des mines. Ce bassin était fermé par un barrage en argile. Il y avait une fissure dans ce barrage, l’entreprise le savait, le gouvernement aussi, mais l’entreprise a continué à mettre des déchets dans le bassin. A l’aube du 16 juillet 1979, le barrage s’est rompu. Plus de 400 millions de litres de déchets radioactifs se sont déversés dans un ravin à sec, puis dans une rivière qui est à sec la plupart de temps, la rivière Puerco. En général, il n’y a pas d’eau, mais après la fuite, il a plu et la rivière s’est remplie d’eau et a coulé jusqu’à 160 km, en Arizona. Ça s’est passé quelques mois après l’accident de la centrale nucléaire de Three-Miles-Island, à Harrisburg. Bien que la fuite de Churchrock ait été le pire accident qui se soit jamais produit, les médias n’en n’ont presque rien dit et ça n’a pas attiré l’attention du public. Harrisburg se trouve dans l’est des U.S.A, dans une zone très peuplée, essentiellement de Blancs (il y a eu un film sur l’accident, avec Meryl Streep dans le rôle principal). A Churchrock, il n’y a pas beaucoup d’habitants et la plupart sont Autochtones.

A ce jour, ce n’a toujours pas été décontaminé. En juillet 2015, Tommy Rock, un chercheur Diné de l’Université de Flagstaff, a découvert que l’eau potable d’une communauté Diné, à Sanders, en Arizona, à 65 km en aval sur la rivière Puerco, contenait deux fois la concentration légale d’uranium. Les enfants de l’école locale ont reçu de l’eau en bouteille pour boire. La communauté se bat toujours pour que ce soit décontaminé. Ils veulent que les déchets soient enlevés des environs de la Nation Navajo, loin de leurs maisons. “Mais” dit Leona, “à cause de l’échiquier, qui est hors de la Réserve, le gouvernement a entreposé les déchets non loin de leurs maisons, et le vent les ramène.” Elle ajouta que “l’extraction d’uranium est interdite depuis 2005, mais ce sont les mines des années 1980 qui continuent d’affecter les animaux et la communauté.” Les gens veulent que les mines soient décontaminées. L’entreprise propose de gratter les déchets radioactifs, de les entreposer sur les déchets de l’usine, et de recouvrir le tout d’argile, affirmant que ça tiendrait au moins mille ans. Mais leur projet ne s’applique qu’au terrain privé de l’entreprise et n’inclue pas toute la zone touchée par la fuite, jusqu’à 160 km à l’ouest. Les gens craignent une autre fuite. Le Puerco est une rivière sèche, mais des pluies abondantes peuvent toujours se produire. (En tous cas, le Puerco n’était pas complètement à sec en septembre 2015, il y avait probablement eu des pluies en juillet…)

Des 15 000 mines d’uranium abandonnées, c’est le lieu le plus gravement touché des Etats-Unis.

Les équipements nucléaires au Nouveau-Mexique

Actuellement, le Nouveau-Mexique est plein d’équipements et de sites nucléaires.

Le site appelé ‘Trinity’ est le lieu où a été testée la première bombe atomique de l’histoire, quelques semaines avant que deux bombes soient larguées sur Hiroshima et Nagasaki.

Il y a aussi des laboratoires nationaux qui fabriquent des armes nucléaires. Leona dit “Nous appelons notre état du Nouveau-Mexique le Mexique Nucléaire.”

Il y a des mines d’uranium et des usines de traitement. Il y a une usine d’enrichissement, la seule des Etats-Unis, gérée par URENCO USA. Il y a un site d’entreposage de déchets hautement radioactifs, utilisés pour fabriquer des armes. Il y a des armes nucléaires entreposées dans plusieurs endroits (l’un d’entre eux étant quasiment à Albuquerque, sous la montagne). Il y a aussi la plus grande mine d’uranium à ciel ouvert du monde (dans la Réserve Laguna). Elle est fermée et on tente de la décontaminer. Et il y a de nouveaux projets d’extraction d’uranium, et ils les veulent à ciel ouvert, obtenues par dynamitage de la montagne.

Le coin sud-est du Nouveau-Mexique

Leona expliqua que “dans le sud-est, il y a le WIPP – Waste Isolation Pilot Plant, Usine Pilote d’Isolation des Déchets – licenciée pour entreposer des déchets radioactifs ‘trans uranium’ pour 10 000 ans. Les déchets viennent de la recherche et de la production des armes nucléaires des Etats-Unis. Ça se trouve dans une zone du sud-est du Nouveau-Mexique, appelée le corridor nucléaire, où se trouvent aussi l’Usine Nationale d’Enrichissement, près de Eunice,” (l’unique usine d’enrichissement des Etats-Unis, gérée par URENCO), “et les Spécialistes du Contrôle des Déchets, un site d’entreposage des déchets de basse activité, juste de l’autre côté de la frontière de l’état, près d’Andrews, au Texas, et l’usine de International Isotopes, Inc., qui doit être construite près de Eunice. Il y a déjà des sites d’entreposage de déchets, et l’usine de traitement ELEA, très proche du WIPP.”

“Actuellement, nous combattons deux projets de sites d’enfouissement pour des déchets hautement radioactifs. Aux Etats-Unis, il n’y a pas de site pour les déchets nucléaires hautement radioactifs. Les deux projets d’entreposage au Nouveau-Mexique sont supposés être ‘intérimaires’ ou ‘temporaires’. Les habitants du Nouveau-Mexique n’y croient pas, ils pensent que ce sera d’abord temporaire, puis deviendra permanent.” (Ce qu’ils appellent ‘temporaire’ peut aller jusqu’à 30 ans).

“Actuellement, les sites temporaires ne sont pas légaux. Alors, ils essaient de changer la loi pour les légaliser, et bien que ce ne soit pas encore légal, la Chambre a approuvé au Congrès, le financement de la firme Holtec. Holtec construit des containers pour les déchets nucléaires, et il y a beaucoup de problèmes avec ces containers. Nous combattons la compagnie à tous les niveaux. Il y a eu 7 plaintes en justice contre Holtec, mais aucune n’a été acceptée par le gouvernement fédéral. Tous nos arguments ont été rejetés. Holtec construit aussi des petits réacteurs et recycle des déchets nucléaires. Nous avons aussi entendu une rumeur selon laquelle Holtec veut amener tous les déchets nucléaires du pays au Nouveau-Mexique, et nous les suspectons aussi de faire du retraitement dans la région. Actuellement, il n’y a pas de retraitement aux Etats-Unis. Notre combat actuel se concentre sur le coin sud-est, où il y a aussi l’un des plus grands gisements de pétrole du monde. Donc ils pratiquent la fracturation, et ce n’est pas vraiment sûr d’y mettre des déchets nucléaires.”

Deux accidents se sont déjà produits dans d’anciennes mines de sel utilisées pour stocker des déchets nucléaires. Une des mines a pris feu en 2014, ensuite un container a explosé.

D’autres combats dans le sud-ouest des U.S.A. : Yucca Mountain et Canyon Mine

Leona explique “qu’il y a aux Etats-Unis un Peuple Autochtone qui se dit lui-même être la Nation la plus bombardée [nucléairement] du monde”. Les Etats-Unis ont fait exploser environs 1000 bombes atomiques dans le territoire des Shoshone de l’Ouest. C’est lié au problème des déchets nucléaires, parce que ça se trouve dans une zone où ils veulent aussi mettre des déchets des centrales nucléaires sur un site appelé Yucca Mountain.” Les Shoshone combattent ce projet de site d’enfouissement profond. Yucca Mountain est très proche du site où les bombes atomiques ont été testées jusqu’en 1992. C’est aussi une région volcanique, il y a 7 volcans actifs au pied de Yucca Mountain. Actuellement, la base légale du combat des Shoshone contre le projet de déchets, est le fait que ça se trouve en Territoire Shoshone non-cédé, selon les traités signés avec le gouvernement des Etats-Unis. (Cependant, les Etats-Unis n’ont jamais respecté un seul traité signé avec les Nations Autochtones).

Un autre combat important, qui dure depuis des années, vise à empêcher l’exploitation de ‘Canyon Mine‘ (la Mine du Canyon), près du Grand Canyon, en Arizona, où une entreprise veut extraire de l’uranium. Plusieurs communautés sont unies contre la mine. Il y a entre autres les Havasupai, qui vivent au fond du Grand Canyon. La mine est proche de Red Butte, un site sacré pour eux. Et ils craignent que les sources d’eau qui coulent vers le Grand Canyon, et fournissent l’eau de la communauté, ne soient polluées. “Des gens se battent aussi contre l’usine de traitement White Mesa, au sud de l’Utah, qui affecte la Réserve Ute de Ute Mountain”. L’entreprise qui gère la Mine du Canyon, veut transporter le minerai jusqu’à l’usine White Mesa, à travers la Nation Navajo. “Ce combat – conduit par ‘Haul No!‘ – réunit plusieurs communautés du Grand Canyon à l’usine de traitement, et celles qui devraient être traversées par le transport” dit Leona, qui est membre et co-fondatrice de ‘Haul No!’

Groupe d’Etude des Problèmes Nucléaires

Leona parla aussi d’un groupe qu’elle a fondé et dans lequel elle travaille, le Groupe d’Etude des Problèmes Nucléaires. “Nous sommes un nouveau groupe de combat, à cause du racisme qui existe dans les groupes écologistes. La plupart de ces groupes sont dirigés par des hommes Blancs d’un certain âge. Notre groupe essaie d’attirer des jeunes gens, nous sommes dirigés par des femmes, des Autochtones et des personnes homosexuelles. Le but est de créer une nouvelle résistance aux armes nucléaires et au monstre nucléaire. Je travaille avec des Autochtones.”

L’énergie nucléaire n’est PAS propre !

“Il y a des gens qui disent que l’énergie nucléaire est propre. Nous nous efforçons d’enseigner aux gens que l’énergie nucléaire n’est pas propre. Aux Etats-Unis et dans d’autres pays, on pousse à la construction de nouvelles centrales nucléaires. Mais lorsqu’on mesure l’empreinte carbone de l’énergie nucléaire, on ne la mesure que dans les centrales. On ne mesure pas l’empreinte carbone de l’extraction, du traitement, du transport et de l’entreposage.” Dit-elle en guise de conclusion.

In May-June 2019, Leona Morgan, Diné [Navajo] and anti-nuclear activist, came to Europe. On initiative of Pascal Grégis, member of the CSIA-nitassinan, she was invited by the CSIA, CEDRA, Meuse Nature Environnement and the Réseau Sortir Du Nucléaire, to visit the Bure area in eastern France, where people are fighting against a project of deep burial, highly radioactive nuclear waste site, and talk about the situation in New Mexico. She started her European trip there, on May 24. She first visited the area – as far as the military police let people go – and talked at a meeting in Bettancourt-la-Ferrée in the evening.

Lecture by Leona Morgan
Article Christine Prat  Français
Photos Bure and New Mexico, Christine Prat
Slides Leona Morgan
Also published on Censored News

Bure is a small village (about 80 inhabitants) in eastern France. In 1994, the French government announced their intention to open a so-called “underground scientific research laboratory”, 1650 ft deep, on land near the village. As a matter of fact, the real purpose is to bury highly radioactive nuclear waste. The project, under the name CIGEO (Industrial Center for GEOlogical storage), is implemented by ANDRA (National Agency for RAdioactive Waste management) and started with the industrial conception phase in 2012. They plan to dig a waste disposal site, 1650 ft under the ground. The site would consist of tunnels covering 3700 acres. It would receive 350 000 cubic feet of ‘high activity, long life’ waste, and 2.6 million cubic feet of ‘medium activity, long life’ waste. The site would be dug in a wood which has already been fenced (the fence being a few feet inside the wood, hidden by trees). Cutting of trees has already started behind the fence. They would also build an interim storage area to store waste until it cools off. From there, they would dig a conveyor, several miles long, to carry the waste from the cooling area to the deep storage site. They also plan to dig vertical pits with lifts to bring workers and equipment down. According to the organization ‘Réseau Sortir du Nucléaire’, burying nuclear waste is not a solution, but the only way to conceal it. The region is thinly populated, that is why it has been chosen as ‘sacrifice zone’.

LEONA MORGAN’S LECTURE

Remark: All places named in the discussion can be found on the maps included in the article. When it is too small to read, click on the map to see it larger.

After having thanked the organizations that invited her and the audience, Leona introduced herself in Diné, according to the traditional way: after telling her name, she named her mother’s clan (that she is born from) and then her father’s clan (that she is born for).

She started her presentation showing a photo of Monument Valley, a world famous site, at a time very much used by Hollywood people for western movies, but also the place where the very first uranium mines in Diné (Navajo) territory were dug, in the 1940’s, and thus one of the first places plagued by uranium mining.

Her work started in 2007, first to fight a uranium mine, later the entire nuclear industry.

She explained how her people view the universe and how the United States used her people and stole their land. Leona said “In the United States, there are about 264 Tribes which are recognized by the Federal Government.” She said that before the conquest there were thousands of Indigenous Nations that were all impacted by colonialism, but that she would only talk about her own people, the Diné. “Our people live traditionally, my ancestors are from an area that we call Diné Bikeyah, ‘our land’. Our territory was between 4 sacred mountains. They identify, for my people, where we are to live forever. So later, after the process of colonization, all the imaginary borders were drawn that identify today, in the United States, the states of Arizona and New Mexico, as well as what we call the Navajo Nation.” She explained the difference between what they call ‘Diné Bikeyah’, their traditional territory, and the Navajo Nation, which means, according to context, the Navajo Reservation or the Tribal Council. Leona’s people come from a place north of Gallup, in New Mexico.

The nuclear fuel chain

“At the beginning, we have uranium mining which takes uranium out of the ground. The mining of uranium can be done through a process of taking it off the ground, or another process where you use liquid to take it out, a bit like fracking, we call it in-situ leaching.” In-situ leaching is a process used to extract uranium from layers of rock in aquifers. Naturally, uranium ore does not dissolve in the water, so they inject chemicals into the rocks and then filter the water to get the uranium ore. From mines, they extract rocks containing uranium ore and take them to a mill where they are processed to separate the uranium from the ore. Leona says “In our region, if you mine a ton of ore out of the ground, you have only about 5 pounds of actual uranium and 1995 pounds of waste.” She adds “When you take the ore from the mine to the mill and process it, the mill waste contains many chemicals and they create more radioactive waste. It’s not like a natural rock, it has been chemically changed and more radioactive.”

Then the uranium itself has to be enriched. There is only one enrichment facility in the United States, and it happens to be in New Mexico. After enrichment, fuel is made for nuclear power plants. “And the waste of a nuclear power plant is high level radioactive waste. After enrichment, if it is for weapons, it goes to labs to make nuclear weapons. Contaminated tools and other waste from weapons constitute “transuranic” waste, ending with plutonium. And of course, we end up with nuclear weapons. The waste from that is depleted uranium.”

 

Indigenous people consider the presence of nuclear facilities and their impacts on their territories as nuclear colonialism. Leona says “As Indigenous persons, we are not just fighting the nuclear industry, but we are also fighting the racism, the capitalism and imperialism of the United States, that continue today to take our land, to hurt our culture, and use our people and our Mother Earth for the industry of war and greed.”

The process of conquest of the land and elimination of the Indigenous Peoples started in 1493, with what is called the Doctrine of Discovery, which Indigenous Peoples are still fighting today. It is a Papal Bull – thus an undisputable decision by the Pope. The document says that “the Church has commission from God to kill other people and take their lands, because they are less than human.” It is still used today by colonizing countries in Africa and by the United States and Canada. Leona says that “the United States based some of their early laws on this document.” In the 18th century, when the United States were forming, they had a policy of genocide, trying to kill all Indigenous Peoples. At the time, it did not really work, so they adopted a policy of relocation, pushing Indigenous Peoples westward. In the late 19th century – while they tried again to exterminate Natives – they started the so-called ‘assimilation’ policy: it meant destroying Indigenous culture and turn the Native into a western person. The phrase used was ‘Kill the Indian, Save the man’.

“Other tools were also used to steal our lands, like the railroads, mining, and now what we call tribal governance. I want people to understand that mining and nuclear testing today are based on these old laws which people think are history. But they are very relevant and they are used today to continue this process of genocide through what we call nuclear colonialism” Leona said. 85% of uranium mining in the world happens on Indigenous land. Today, people affected are still fighting to get their land cleaned up and get help with their health problems. Diné people who developed cancers and family members of those who died, had to fight for decades in court before their diseases were recognized as being caused by uranium and they could get some compensation.

“We call it environmental racism” Leona said. “They did the same thing with nuclear weapons, because the testing of nuclear weapons was done on land of Indigenous Peoples and Peoples of color”. In the United States, about 1000 atomic bombs exploded on Western Shoshone land, in so-called Nevada [see below]. They also had tests on Bikini, Marshall Islands, which is still unhabitable today. The French made their atomic tests in Reggane, Algeria, in Tuareg territory, until 1967. In 1966, they started “testing” in Mururoa, in “French” Polynesia.

Mining was also a colonization tool, encouraging white settlers to move west. Leona says “Through mining, people were able to take away land from our people by that law called Mining Law 1872. This law allows people to mine on U.S. public lands, they are not to pay any royalties, but a fee of only $10 a year on U.S. public lands.” Some white environmental organizations in the United States want to change the law, but they are only concerned about the environment and don’t include Native People or People of color. They mainly want companies to pay more for mining, but it does not include protection of Indigenous Peoples sacred places or reparations for the land that was stolen.

General Allotment Act

The law called General Allotment Act was used to try to remove Native Peoples from their land. It was also meant to destroy native culture, as Native peoples never knew private property, and never believed that they could own any part of Mother Earth. This law created individual portions of land called ‘allotment’ to be owned by individual Indian owners. East of the Navajo Reservation, it created the so-called ‘checkerboard area’. This is the area where Leona’s family is from. In this area, are many types of land jurisdiction. Today, allotments are owned by government, corporations, private persons or Indigenous people, who can be the Navajo Nation or individuals called ‘allotees’. At that point, Leona explains that “there is a big difference when I say ‘Navajo Nation’, which means government, and when I talk about the people.”

United States created ‘Navajo Government’

The Navajo Tribal Council was created in 1923 by the United States government. Leona says “Part of the process of colonization was the creation of government, which was a different system than what Indigenous People ever had. For our people, the Navajo Nation is the name of our government, also of the land that we sometimes call the Reservation. We have our plots, we have our system, but it’s all a copy of the United States.” Still, in 2005, the Navajo Nation passed a law that banned uranium mining, the Diné Natural Resources Protection Act. In 2012, a law prohibiting transport of radioactive materials was passed. However, those laws are not respected by the states (Arizona or New Mexico) or by the federal government. The sacred sites between the four sacred mountains are not protected either, because they are outside the Navajo Nation. Even places inside the Navajo Nation cannot be protected because they are controlled by the states or the federal government, like roads and railroads crossing the reservation. The Navajo Nation does not have control on the airspace either.

THE SITUATION IN NEW MEXICO

New Mexico has almost every step of the nuclear chain, except for nuclear power plants. In the United States are over 15 000 abandoned uranium mines, a few in the east of the country, but most in the west. These mines were mostly supplying uranium for nuclear weapons. Most mining happened from the 1940’s into the 1980’s. The United States Environmental Protection Agency (EPA) was not created before December 1970. Until then, there were no laws to protect the environment, workers or the public. Few of these mines have been cleaned up. The Navajo Nation is one of the few places where something is done, the Tribal government working with the federal government to cleanup about 500 mines.

Churchrock disaster, 1979

On July 16th, 1979, the worst nuclear disaster in the history of the United States, took place in Churchrock, New Mexico. In Churchrock were two uranium mines and a processing mill. The mill had a tailings pond to hold the waste from the mill. Waste from a processing mill is much more radioactive than mine waste. That pond was closed by a dam made of clay. There was a crack in it, the company and the government knew it, but the company kept putting waste in the pond. In the morning of July 16th, 1979, the dam broke. 90 million gallons of radioactive waste spilled into a dry ravine, and further in a mostly dry river, the Puerco River. It usually has no water, but after the spill occurred, it rained, so the river was full of water and flowed 100 miles away into Arizona. It happened only a few months after the Three-Miles-Island accident, in Harrisburg. Although the spill in Churchrock was the worst nuclear accident ever, it got almost no media coverage and no public attention. Harrisburg is in the east, in a densely populated area, mostly white people (there has been a movie about the accident, starring Meryl Streep). In Churchrock, there are not so many people, mostly Indigenous.

Today, it still has not been cleaned up. In July 2015, Tommy Rock, a Diné scholar from the Northern Arizona University, found that the drink water, in a Diné community in Sanders, Arizona, 40 miles downstream on the Puerco River, had two times the legal level of uranium. The children at the local school were given bottled water to drink. The community is still fighting for cleanup. They want the waste to go off the Navajo Nation, away from their homes. “But,” says Leona, “because of the checkerboard area, which is out of the Reservation, the government piled up waste quite close to their homes, and the wind brings it back.” She adds “Uranium mining was banned in 2005, but it is uranium mines from the 1980’s which are still affecting the animals and the community.” People want the mines to be cleaned up. The company is proposing to scrape the radioactive dirt, put it above the mill’s waste and cover it with clay, saying it would be safe for a thousand years. But their plan applies only inside the private land of the company and will not include the whole area of the spill, 100 miles west. People fear another spill. The Puerco is a dry river, but heavy rains can always occur.

Out of the 15 000 abandoned mines, this is the most affected place in the United States.

Nuclear facilities in New Mexico

Right now, New Mexico is filled with nuclear facilities.

The ‘Trinity’ site is where the first atomic bomb was exploded. It was the first test ever, shortly before dropping the bombs on Hiroshima and Nagasaki.

There are also two national labs making nuclear weapons. Leona says “Our state of New Mexico we call nuclear Mexico”.

There are uranium mines and mills. There is an enrichment facility, the only one in the United States, run by URENCO USA. There is a storage facility for highly radioactive waste used for making weapons. There are nuclear weapons stored in several places (one being practically in Albuquerque, under the mountain). There is also the largest open pit uranium mine in the world (in Laguna territory). It is closed and they are trying to clean it up. There are new proposals for uranium mining and they want strip mining.

Southeast New Mexico

Leona explained “In the Southeast, there is the WIPP, Waste Isolation Pilot Plant, licensed to store transuranic radioactive waste for 10,000 years. The waste is from the research and production of United States nuclear weapons. It is located in an area known as the southeastern New Mexico nuclear corridor which also includes the National Enrichment Facility near Eunice, New Mexico,” (the mill named above, run by URENCO), “the Waste Control Specialists low-level waste disposal facility just over the border near Andrews, Texas, and the International Isotopes, Inc. facility to be built near Eunice, New Mexico. There are uranium waste sites, and ELEA processing mill, very close to the WIPP. In Texas, just over the border with New Mexico, there is another waste site for low level radioactive waste.”

“Now, we are fighting two proposals for two high level nuclear waste site. In the United States, there is no site for high level radioactive waste. The two proposals for high level waste storage in New Mexico are called interim or temporary sites. The idea is to bring waste to New Mexico only temporarily. New Mexico people don’t believe this, they think that if it starts temporarily, it will become permanent” (What they call ‘temporary’ can be up to 30 years).

“Currently, temporary storage sites are not legal. So, they are trying to change the law to make it legal, and although it is not legal, the House approved in Congress funding for the company Holtec. Holtec builds containers for nuclear waste, and there are many problems with these containers. We are fighting the company at every level. There were 7 cases filed against Holtec, but none of them was accepted by the federal government. All our arguments have been rejected. Holtec also builds small reactors and recycles nuclear waste. We also heard a rumor that Holtec wants to bring all nuclear waste of the country to New Mexico and we suspect that they also do reprocessing in the area. Currently, there is no reprocessing in the United States. Our fight focusses now on the south east corner, where there is also one of the largest oil deposits in the world. Thus, there is fracking and it is not really safe to put nuclear waste there.”

Two accidents happened in salt mines used to store nuclear waste. One mine took fire, in 2014, then a container exploded.

Other struggles in the Southeast of the U.S.A.: Yucca Mountain and Canyon Mine

Leona explained “In the United States are Indigenous People who call themselves the most bombed Nation in the world. The United States have exploded about 1000 atomic bombs on Western Shoshone land. It is related to the nuclear waste issue, because it is an area where they also want to place nuclear waste from the power plants, at a site called Yucca Mountain. “The Shoshone are still fighting against that project of deep burial waste site. Yucca Mountain is quite close to the site where the atomic bombs tests took place until 1992. It is also a volcanic region, there are 7 volcanos at the foot of Yucca Mountain. Currently, the legal base to fight against the waste project is the fact that it is on non-ceded Shoshone Territory according to the treaties signed with the U.S. government. (However, the United States never respected a single treaty signed with Indigenous Nations).

Another major struggle which has been going on for years is that against the so-called ‘Canyon Mine’, near the Grand Canyon, in Arizona, where a company wants to extract uranium. Several communities are united against the mine. It includes the Havasupai people, who live at the bottom of the Grand Canyon. The mine is close to Red Butte, a sacred site for them. Moreover, they fear that water sources flowing toward the Grand Canyon, which provide water to the community, might be contaminated. “People are also fighting against the White Mesa processing mill, that impacts the Ute Mountain Ute Reservation. The company operating the Canyon Mine wants to transport the ore to White Mesa Mill, across the Navajo Nation. “This fight – led by ‘Haul No!’ – unites several communities from the Grand Canyon, from near the mill and those crossed by transport” says Leona, who is a member and co-founder of ‘Haul No!

Nuclear Issues Study Group

Leona talked about a group she founded and in which she is working, the Nuclear Issues Study Group. “We are a new group fighting because of the racism that exists in environmental groups. Most groups are led by elderly white men. Our group is trying to bring in young people, we are women-led, indigenous-led and queer-led. This is meant to create a new resistance to nuclear weapons and the nuclear monster. The work I do is with Indigenous people.”

Nuclear Power is NOT clean!

“Some people say nuclear power is clean. We are focused in educating people that nuclear power is not clean. In the United States and other countries, there is a push to build new nuclear power plants. But when they measure the carbon print of nuclear energy, they only measure it at nuclear power plants. They don’t measure the carbon print from mining, processing, transport and storage.” She said as a conclusion.