Par Indigenous Action Media
28 février 2021
Publié le 4 mars
Traduction Christine Prat

Les flics Visent et Arrêtent une Personne

Kinłani Occupé (prétendument « Flagstaff, AZ ») – Le 28 février 2021, plus de cent personnes se sont rassemblées sur Heritage Square, puis ont défilé dans le centre-ville, pour réagir à la violence policière perpétuelle contre les SDF membres de la communauté Autochtones. Immédiatement après la manif, un individu a été arrêté et accusé d’« agression grave. »

La manifestation avait été organisée par des Autochtones et leurs complices, après qu’un Autochtone SDF ait été brutalement attaqué par la Police de Flagstaff, début février. Les manifestants ont également condamné la faillite totale des politiciens de Flagstaff, en ce qui concerne la protection des Autochtones SDF, avant et pendant la pandémie. À côté du harcèlement policier quotidien et des rapports habituels de violence, nos parents SDF ont été confrontés aux abris gérés en dépit du bon sens et discriminatoires, et ont été abandonnés à des températures en dessous de 0 et un risque accru d’être contaminés par le coronavirus.

Plus de cent personnes se sont rassemblées sur la Place, où 11 policiers et une unité tactique sur un toit, étaient visibles.

En solidarité avec nos parents SDF, des participants avaient monté, avant la manif, des tables avec des fournitures, entre autres des blousons, des gants et des bonnets, en prévision de températures extrêmes.

Les gens du rassemblement pouvaient aussi utiliser ces vêtements afin de préserver leur anonymat face à l’hypersurveillance du Service de Police de Flagstaff (FPD), qui impliquait des agents infiltrés. Tout le monde respectait les mesures anti-COVID, en portant des masques et respectant la distance. Des snacks, des bouteilles d’eau, des masques, des moufles et du gel hydroalcoolique étaient distribués. Des tracts indiquant « Connaissez vos droits » et des informations sur le soutien en prison ont également été distribués et l’attention des participants a été attirée sur ceux d’entre eux qui étaient médecins de rue et observateurs légaux.

Les participants ont présenté des statistiques sur le racisme et la violence du FPD [Flagstaff Police Department]. Par exemple, du 1er janvier 2015 au 31 juillet 2020, 60% des arrestations du FPD à ‘Flagstaff’ visaient des Autochtones – 7,8 plus que si le taux d’arrestations n’était pas fondé sur les races – les hommes Autochtones constituant près de la moitié (46,4%) de toutes les arrestations.

Cette politique clairement raciste s’exerce dans une ville où la police fait face à très peu de danger. En 2019, il n’y avait que 2,6 graves crimes violents (« catégorie I) par policier à Flagstaff, et seulement 3,5% des arrestations effectuées par le FPD du 1er janvier 2015 au 31 juillet 2020 étaient faites pour des crimes violents.

En fait, le FPD est le plus prolifique en meurtriers dans la soi-disant Flagstaff. Les homicides commis par la police représentaient 36,4% de tous les homicides de Flagstaff de 2015 à 2019, les policiers du FPD tirant et tuant à un taux 6 fois supérieurs à la moyenne nationale.

Ces statistiques exigent de poser la question de savoir ce que fait exactement le FPD avec son budget annuel de 25 millions de dollars.

Supprimer les revenus de la police permettrait de fonder des ressources et des infrastructures alternatives.

Par exemple, réallouer 3% du budget du FPD permettrait d’héberger tous les SDF de soi-disant Flagstaff, une ville notoire pour sa cruauté envers nos parents Autochtones SDF. Près de la moitié des SDF de « Flagstaff » sont Autochtones, alors que seulement 7,7% de la population de la ville est Autochtone. De plus, des Autochtones étaient visés par 88% des arrestations dues à la criminalisation du fait d’être SDF. Résultat, Flagstaff a été citée comme l’une des 10 villes les pires des soi-disant Etats-Unis pour les SDF.

Puis, les participants au rassemblement ont informé les spectateurs d’un avertissement de la force excessive employée par l’officier de police Nick Rubey, qui a toute une histoire de violence envers les SDF Autochtones, entre autres une tentative de meurtre contre Matt Dearing en 2019.

Les participants ont ensuite projeté une vidéo d’une caméra-piétonne rendue publique par le FPD avec du texte et des interruptions de la vidéo, pour décrire ce qui se passe et l’horreur avec laquelle un de nos parents a été traité par les officiers de police Nick Rubey (badge #8) et Tyler Davids (badge #4).

La vidéo projetée pendant la manifestation:

Horrifiés par ce que la foule venait de voir, des expériences furent alors partagées par des parents SDF qui parlaient de traitements du même genre, et exigeaient la révocation de l’ordonnance anti-camping de la ville, étant donné que ça donne essentiellement aux flics le droit de harceler et de viser les SDF pour le simple fait de dormir ou de « se rassembler ». À ce moment, la foule était prête à défiler.

80 à 90 personnes ont alors défilé dans les rues, troublant l’activité habituelle du Samedi soir de soi-disant Flagstaff. Le groupe était conduit tactiquement par des banderoles placées à des endroits stratégiques, qui offraient une couverture et la sécurité. Certaines banderoles disaient : « Rendez nos terres » et « Des Logements, pas de Menottes. » La police courait pour suivre, et luttait pour dépasser la foule. Il a été remarqué que les officiers de police se tenant sur les côtés de la marche, essayaient d’identifier ceux qu’ils présumaient être des meneurs. La sécurité a agi rapidement pour détecter ceux qui avaient été profilés par la police raciste.

L’énergie de la foule, enhardie par la vidéo de la brutalité policière, était collective et batailleuse, quand le groupe a emprunté la fameuse Route 66. Le mouvement de la foule a bloqué la circulation de plusieurs rues et sa taille a permis de prendre plusieurs voies en même temps, et d’occuper de nombreux carrefours dans tout le centre-ville. À un moment, les manifestants scandaient : « Sortez de chez vous et descendez dans les rues », et des complices sont sortis de chez eux et rejoint l’action. Des complices de villes voisines ont voyagé jusqu’à Kinłani pour exprimer leur solidarité, escortés par des parapluies noirs et des pancartes disant « ACAB » et « Abolition Now ! »

Quand la foule s’est mêlée à la zone très animée du centre, les gens ont montré encore plus de soutien. À un moment, en traversant un croisement, un véhicule qui passait s’est mis à jouer à fond « Fuck The Police » de N.W.A. Pendant toute la manifestation, les manifestants ont exprimé leur solidarité avec les Noirs en scandant « Black Lives Matter » et « Mains en l’air, ne tirez-pas », vu que les Noirs et les Autochtones sont les plus susceptibles de mourir entre les mains des flics. En fait, plus de 40% des homicides à « Flagstaff » sont le fait des mains ensanglantées de la police.

Après s’être renforcée pendant près de deux heures, la marche a formé un cercle à un grand carrefour. Les participants ont fait circuler de l’eau, des gants et d’autres produits de soin, en scandant « Nous nous assurons de notre sécurité », qui a résonné dans toute la ville. On a fait passer un micro, pour permettre aux gens de raconter leurs expériences de brutalité policière de la part de la police de « Flagstaff ». Des histoires de futurs abolitionnistes et de libération de la communauté, ont encouragé les gens à identifier la direction Autochtones et les efforts de résistance et à montrer des compétences plus précises.

La marche a culminé en un rassemblement à Wheeler Park, où la communauté est restée le thème central. Des manifestants locaux et de l’extérieur de la ville ont discuté de projets pour former des réseaux complices dans tout le soi-disant Arizona. Nos parents SDF ont raconté comment ils partageaient leurs ressources limitées avec d’autres dans la rue, montrant par là la vérité du slogan « Nous nous assurons de notre sécurité ». Pendant ce temps, les flics intensifiaient leur harcèlement, encerclant le groupe en plus grand nombre. Ayant en tête la violence des flics, et une conscience subtile de l’infiltration secrète, le groupe a décidé collectivement de se disperser. Avant de se séparer, on a rappelé aux participants leurs droits et on leur a conseillé d’avoir recours au système mutuel. Des escortes ont été organisées pour garantir la sécurité des gens. Presque tous les participants ont pu rentrer chez eux.

Après avoir quitté Wheeler Park, des participants ont organisé des transports sécurisés pour nos parents SDF, vers des hôtels ou d’autres lieux où ils choisissaient de se rendre.

Quelques participants marchaient avec des parents SDF pour organiser des transports quand deux voitures de police se collèrent à leur gauche, et deux à leur droite, l’une étant un véhicule banalisé. Des agents de police sautèrent de véhicules à peine arrêtés et attaquèrent un individu dans le groupe. Un petit groupe de participants accourut vers la police pour perturber l’arrestation. La police a tout de même arrêté le participant pour « attaque aggravée ». Des participants ont filmé l’échange et hurlé contre la police.

L’équipe réagit rapidement à l’arrestation en trouvant du soutien légal et aux prisonniers. La trajectoire de l’arrestation a été suivie toute la nuit, et neuf soutiens se sont rassemblés au matin pour exprimer leur solidarité lors de la libération du membre visé.

Le fait que des organisateurs soient ciblés en rentrant chez eux, loin de la vue du public, n’est ni un fait isolé ni une coïncidence. C’est une tactique utilisée à répétition par la police de Flagstaff, et son but est de terroriser et d’isoler les membres visés, devenus vulnérables sans le soutien d’une foule d’une centaine de personnes. Ça permet aussi à la police de Flagstaff de ne pas toucher de personne publique par rapport à la surveillance des manifestations et de l’action directe. La réalité étant que la police traite le moment suivant l’action comme une chasse aux sorcières, en utilisant la police en civil et l’hypersurveillance, sous la forme de traque et d’intimidation des organisateurs Autochtones sur une base quotidienne.

La Police de Flagstaff a toute une histoire de viser toujours les mêmes organisateurs Autochtones dans le nord de l’Arizona, pour tenter d’écraser la construction d’un mouvement et les appels à l’action. Pour ceux qui ne se rendent pas compte, l’exposition systématique au système répressif n’est pas seulement épuisante moralement, mais ça épuise aussi les ressources et les soutiens de la communauté, et peut conduire à de nombreuses incarcérations, vu que les organisateurs du mouvement continuent d’être hyper-criminalisés par un état qui souhaite maintenir le statu quo de la violence.

Ces stratégies armées par l’état pour réprimer les voix Autochtones ne réussiront jamais parce que la Résistance Autochtone est continuelle et ne sera jamais obsolète sur des terres occupées par des porcs sauvages suprématistes blancs. Restez vigilant.

 

Ce n’est pas la première fois que la police de Flagstaff poursuit des activistes pour des actions menées des semaines auparavant. En 2012, j’avais moi-même assisté à une action au bureau de Flagstaff du Service des Forêts. Il n’y avait eu aucun incident ce jour-là. J’avais filmé l’action et ma vidéo le montrait. Deux mois et demi plus tard, des participants ont été arrêtés et mis en examen sur la base des images – muettes – de la caméra de surveillance du Service des Forêts. J’étais le principal témoin, mais j’étais repartie en France. Le procureur a refusé ma vidéo prétendant qu’elle avait pu être changée. Les autres témoins n’étaient plus là, ou leurs souvenirs pouvaient être mis en doute. Il est évident que ces agissements sont délibérés et ont pour but de se débarrasser des témoignages en faveur des accusés.

Christine Prat

 

Par Indigenous Action Media
Mercredi 14 novembre 2018
Also published on Censored News
Traduction Christine Prat

 

TERRITOIRE OCCUPE DE FLAGSTAFF, AZ – La nuit dernière, la police de Flagstaff a traqué et cité à comparaître, un organisateur pour son rôle supposé dans une manifestation de rue le mois précédent, le jour maintenant reconnu comme ‘Journée des Peuples Autochtones’.

Les flics ont menacé l’organisateur à son travail, disant qu’ils se préparaient à citer d’autres personnes ayant participé à l’action, sur la base d’une surveillance et d’une enquête de près d’un mois.

D’après le rapport de police obtenu ce matin, au moins 13 personnes, des organisateurs Autochtones et des soutiens, seraient accusés du délit d'”Obstruction d’une artère publique” pour leur rôle supposé dans l’action. Le rapport dit que d’autres doivent encore être identifiés par les réseaux sociaux et d’autres formes de surveillance.

“Nous ne nous laisserons pas réduire au silence par ce qui est clairement une attaque politique destinée à décourager de futures actions pour la justice dans nos communautés” déclara Maile Hampton, une des personnes menacées de poursuites. “Le jour où les officiels de la ville célèbrent leur déclaration vide de ‘Journée des Peuples Autochtones’, cette manifestation demandait la justice pour les Femmes Autochtones Disparues ou Assassinées; la fin des expulsions de masse et de la détention d’immigrants; que la ville rende compte de son rôle hypocrite dans la profanation des San Francisco Peaks; et fasse quelque chose au nombre hors de proportions d’arrestations d’Autochtones dans cette ville. Que je doive maintenant faire face à la répression d’état pour avoir demandé la justice n’est pas une surprise, c’est la réalité à laquelle nous sommes confrontés en résistant au génocide culturel.”

“Pour moi, ce n’est pas une coïncidence si ces accusations arrivent à la veille d’une manifestation prévue pour ce vendredi, contre la profanation des San Francisco Peaks” dit Klee Benally, qui est également poursuivi. “Je ne me laisserai pas intimider par la répression d’état, je continuerai à me défendre et à honorer mes ancêtres et les générations futures par ces actions.”

Le rassemblement a en particulier dénoncé le nombre disproportionné d’Autochtones menacés et poursuivis à Flagstaff.

“Cette attaque politique démontre une fois de plus qu’il y a un grave problème d’acharnement policier contre la communauté Autochtone” dit Klee Benally.

D’après le recensement le plus récent, les Autochtones constituent 10% de la population, mais près de la moitié des arrestations annuelles.

 

Les organisateurs du rassemblement avaient déjà appelé à ces actions immédiates:

  • Poursuite du boycott d’Arizona Snowbowl et annulation par la ville de Flagstaff de son contrat avec la station de ski
  • Arrêt du profilage racial et de la collaboration avec l’I.C.E. [police de l’immigration et douanes] et ensuite, abolition de la police dans nos communautés en instaurant des réseaux de soutiens à la communauté, et des options de justice transformatrice et réparatrice
  • Suppression de l’ordonnance contre le camping et de toutes les politiques contre les SDF
  • Dons de sacs de couchage et de vêtements d’hiver pour nos parents SDF à Táala Hooghan Infoshop (1704 N 2nd St).

 

En savoir plus sur l’action du 8 octobre