GRAND CANYON, ARIZONA : LA COUR D’APPEL DU 9ÈME CIRCUIT DECIDE EN FAVEUR DE LA MINE D’URANIUM, CONTRE LES AUTOCHTONES ET LES PROTECTEURS DE LA NATURE

Christine Prat

 

Le 4 février 2013, la Cour d’Appel du 9ième Circuit s’est prononcée pour l’autorisation de l’exploitation de la mine d’uranium Arizona 1 par la compagnie Denison Mines, et contre la plainte déposée conjointement par le Centre pour la Diversité Biologique, le Grand Canyon Trust, le Sierra Club, la Bande d’Indiens Paiutes de Kaibab et la Tribu Havasupai contre le Ministre de l’Intérieur Ken Salazar, le Bureau de Gestion du Territoire [Bureau of Land Management] et la firme Denison Mines.

La controverse remonte à 1984, lorsque la compagnie Energy Fuels Nuclear, Inc. a déposé une demande d’exploration des concessions minières qu’elle avait acquises dans le Comté de Mohave, demande approuvée par le Bureau fédéral de Gestion du Territoire [U.S. Bureau of Land Management – BLM]. En 1988 Energy Fuels a déposé une demande d’autorisation pour exploiter la mine Arizona 1, demande approuvée le 9 mai de la même année par le BLM, après une « étude détaillée » supposée indiquer que l’exploitation de cette mine n’aurait pas d’effets significatifs sur la qualité de l’environnement et que le plan d’opérations était conforme aux règlements de l’époque. En 1992, suite à une baisse vertigineuse du prix de l’uranium, Energy Fuels a cessé d’exploiter la mine. En mai 1997, la mine a été vendue à International Uranium Corporation, USA, qui n’a pas repris l’exploitation. En 2007, International Uranium a fusionné avec Denison Mines (compagnie Canadienne, comme il se doit). D’après la Cour, les diverses compagnies ont pendant tout ce temps entretenu les bâtiments, payé les impôts et les primes d’assurance, etc. conformément à la loi et lorsque Denison a annoncé son intention de reprendre l’exploitation de la mine en 2007, la compagnie s’est acquittée de diverses obligations prévues par la loi.

Cependant, les opposants à la mine ont objecté que le plan d’opération et l’étude d’impact environnemental n’ont pas été revus depuis 1988 et peuvent très bien être totalement dépassés. Ils ont donc déposé une première plainte en novembre 2009. Depuis, les batailles juridiques ont continué.

Début janvier 2012, les adversaires de la mine ont cru pouvoir crier victoire : le gouvernement fédéral avait décidé d’interdire l’exploitation de mines d’uranium dans une zone d’environs 400 000 hectares autour du Grand Canyon. Mais quelques mois plus tard, il s’est avéré que la mine Arizona 1 pouvait être à nouveau exploitée. Elle est située à 10,4 km de la limite du Parc National du Grand Canyon !

Dans sa décision du 4 février 2013, la Cour n’invoque que des arguments purement légaux. La décision ne tient pas compte des nouvelles inquiétudes et connaissances concernant la pollution, le changement climatique, etc. qui se sont beaucoup développées depuis 1988, affirmant seulement que la loi n’oblige pas à effectuer une nouvelle étude d’impact environnemental.

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Outre la proximité du Parc National du Grand Canyon, patrimoine de l’humanité, merveille du monde, etc., la mine n’est pas loin non plus de Red Butte, site sacré des Havasupai. La forêt de Kaibab est aussi classée Forêt Nationale (donc le Service des Forêts – toujours lui – a du aussi donner son accord !)

 

 

Source :
https://docs.google.com/viewer?url=https://media.azpm.org/master/document/2013/2/4/pdf/11-17843.pdf
(reproduction de la décision de la Cour, 14 pages, pdf)

Voir aussi:
Article du 9 janvier 2012
Article de Klee Benally de mars 2010, en Français, in English

DES MENACES D’EXPLOITATION DE MINES D’URANIUM DANS LE GRAND CANYON PLANENT TOUJOURS, UN AN APRES DES RESTRICTIONS HISTORIQUES SUR L’EXTRACTION

Par Protect Grand Canyon, NAU (Université du Nord de l’Arizona, Flagstaff)
Publié le 10 janvier 2013
See original article in English

Traduction Christine Prat

PARC NATIONAL DU GRAND CANYON DU COLORADO, Arizona – Un an après que le gouvernement Obama ait adopté une loi introduisant de nouvelles protections limitant le développement de l’extraction d’uranium dans une zone d’environs 4000 km2 autour du Parc National du Grand Canyon, la pollution et les menaces légales de l’industrie de l’uranium sont toujours là. Cinq poursuites en justice de l’industrie minière – dont une réclamant au moins 120 millions de dollars aux Etats-Unis – ainsi que des projets de réouverture de mines des années 80 menacent toujours le public et les terres tribales traditionnelles ainsi que l’eau à l’intérieur et autour du Parc National du Grand Canyon.

« Le Grand Canyon et son bassin alimentent un habitat important pour toute une variété de vie sauvage – des condors aux mouflons – et c’est un moteur économique pour le nord de l’Arizona, fournissant des emplois et des revenus à cette région rurale » dit Sandy Bahr, directrice du Sierra Club pour le district du Grand Canyon. Ce retrait – mettant un terme aux activités minières destructrice – est capital pour la protection du Grand Canyon et de l’eau qui est vitale pour nos communautés. »

Le gouvernement a finalisé le « retrait » des 4000 km2 autour du Grand Canyon le 9 janvier 2012, suite au tollé régional et national causé par les impacts potentiels d’une nouvelle explosion de l’exploitation d’uranium au cœur de ce paysage mondialement célèbre. Les restrictions interdisent les nouvelles concessions minières et le développement de mines sur d’anciennes concessions dont les réserves en minerai ne sont pas prouvées et n’ont pas d’autorisation valide d’exploiter des mines.

« Après un onéreux examen et une participation publique substantielle, le Ministre Salazar a pris une décision ferme et résolue pour protéger l’un des paysages les plus importants du monde et la santé à long terme des communautés autochtones qui vivent à l’intérieur du bassin de Grand Canyon » dit Dave Nimkin de l’Association pour la Préservation des Parcs Nationaux. « Les efforts actuels pour compromettre cette décision courageuse et appropriée nous mettent tous en danger. »

Cinq poursuites judiciaires de l’industrie de l’uranium et ses partisans ont été lancées en 2012 attaquant les restrictions ; une a été retirée, et quatre ont fusionné en une seule, portée aujourd’hui devant la cour de justice fédérale en Arizona. Pour défendre le retrait, la Tribu Havasupai et les groupes de protection du site sont intervenus dans l’affaire.

« Le Grand Canyon et les terres, les bassins hydrologiques et les communautés aux alentours ne doivent pas être envahis par les mines et traversés en tous sens par des routes et des poids-lourds transportant des matériaux radioactifs » dit Ted Zukoski, un avocat représentant les tribus et les groupes pour la protection de la nature opposés aux poursuites de l’industrie. « Nous continuerons à nous battre pour protéger les gens, la vie sauvage et les eaux vitales de la région. »

VANE Minerals, de Londres, a retiré sa plainte contre les restrictions minières le mois dernier, choisissant de poursuivre les Etats-Unis au civil. Dans cette affaire en cours, VANE affirme que les nouvelles restrictions minières lui donne droit à plus de 120 millions de dollars des contribuables américains.

RedButte1En avril 2012, la Forêt Nationale de Kaibab a octroyé des droits d’extraction à Energy Fuels pour la Mine du Canyon sur la rive sud du Grand Canyon, à l’intérieur de la zone de restrictions. En juin, la Forêt a annoncé qu’elle autoriserait Energy Fuels à rouvrir la Mine du Canyon et mettrait à jour sa « déclaration d’impact environnemental » vieille de 27 ans. La mine est proche de Red Butte, un lieu sacré pour les Havasupai, qui ont mené une bataille juridique de plusieurs années pour bloquer la mine dans les années 90.

« Les organismes gouvernementaux d’Obama autorisent la réouverture d’anciennes mines sans mettre à jour les anciennes études environnementales » dit Taylor McKinnon, directeur des campagnes pour les terres publiques au Centre de la Diversité Biologique. « Ces mines vont amener la pollution que les restrictions entendaient empêcher. Leur approbation dans les années 80 était une idée épouvantable ; autoriser leur réouverture sur la base de connaissances scientifiques dépassées est encore pire. »

Le Bureau de Gestion des Sols autorise Energy Fuels à préparer l’ouverture d’une seconde mine, la Mine Pinenut, située au nord du Grand Canyon. Tout comme le Service des Forêts, le Bureau de Gestion des Sols n’a pas mis à jour ses examens environnementaux des années 80 pour cette mine ni pour la mine Arizona 1 toute proche, qui a commencé à opérer en 2009 et que les tribus et groupes de protection ont attaqué en justice pour faire cesser l’exploitation. Ce conflit est maintenant devant la Cour d’Appel du 9ième Circuit.

« Des décennies d’extraction d’uranium dans la région ont laissé un héritage toxique qui a pollué définitivement les eaux de surface et souterraines et continue à menacer la vie des gens, le parc et la flore et la faune, » dit Roger Clark du Grand Canyon Trust. « Le Parc National du Grand Canyon a récemment dépensé 15 millions de dollars pour retirer des engins radioactifs et la couche supérieure du sol de la mine Orphan, qui présentent des dangers pour les condors menacés et les visiteurs de ce très populaire point de vue sur le Canyon. L’exploitation de mines est une industrie qui connaît des cycles d’expansion et d’effondrement qui nuisent au tourisme et privent les économies locales des bénéfices à long terme qu’elles pourraient tirer d’un Grand Canyon aux paysages intacts et non pollués. »

La pollution à l’uranium dévaste déjà le Grand Canyon et les environs. La Nation Navajo a plusieurs centaines de mines d’uranium abandonnées qui n’ont toujours pas été dépolluées. Parce que des dizaines de nouvelles mines menaçaient d’industrialiser des terres de grande valeur, de détruire l’habitat de la faune et la flore sauvages et de polluer définitivement ou épuiser les nappes aquifères et les sources, des savants, des gouvernements tribaux et locaux et des entreprises ont exprimé leur soutien à la protection que le retrait de l’industrie minière apporte au Grand Canyon et ses environs.

 

Contacts :

David Nimkin, National Parks Conservation Association, (801) 518-1270
Ted Zukoski, Earthjustice, (303) 996-9622
Taylor McKinnon, Center for Biological Diversity, (928) 310-6713
Sandy Bahr, Sierra Club, (602) 999-5790
Roger Clark, Grand Canyon Trust, (928) 890-7515