Klee Benally
20 juillet 2023
Publié par Indigenous Action
Traduction Christine Prat

Nous avons vu ce film, après un conflit sur les médias sociaux avec des apologistes du nucléaire, qui nous accusaient d’être mal informé, n’ayant pas vu le film biographique de Christopher Nolan… (et si vous ne l’avez pas déjà lu, voir l’article initial pour le contexte).

Klee Benally

‘Oppenheimer’ est une glorification du « génie complexe » et des ambitions d’hommes blancs prenant de terribles décisions qui mettent le monde en péril.

Beaucoup ont fait remarquer que le film n’est pas une glorification, cependant, Christopher Nolan lui-même dit, « Que ça plaise ou pas, J. Robert Oppenheimer est la personne la plus importante ayant jamais vécu. »

Certains d’entre vous ont peut-être même éclaté de rire pendant la scène où Truman demande à Oppenheimer ce qu’il pensait que le sort de Los Alamos devrait être et que « Oppie » réplique « Rendez la terre aux Indiens. » Mais hélas, le paysage ravagé accueille aujourd’hui un « Festival Oppenheimer » de 10 jours. Pour souligner la déconnexion des héritages, une petite commémoration, près du site de la fuite de Church Rock, a également eu lieu le jour anniversaire de la détonation Trinity, à quelques centaines de kilomètres. Oui, quelle glorification ?

Le film est essentiellement un western à la John Wayne. Ça aurait très bien pu s’appeler « Le Jugement du Sheriff de Los Alamos. »

Oppenheimer monte à cheval avec un chapeau noir et arrache un poster d’un pilier de clôture. Puis il se lance dans un débat sur l’ « impact du gadget sur la civilisation. » Pour répondre à la question de comment des scientifiques peuvent justifier l’utilisation de la Bombe Atomique sur des êtres humains, Oppenheimer déclare « Nous sommes des théoriciens, oui, nous imaginons un futur et ce que nous imaginons nous horrifie. Ils n’en n’auront pas peur jusqu’à ce qu’ils la comprennent et ils ne la comprendront pas tant qu’ils ne l’auront pas utilisée. Quand le monde apprendra le terrible secret de Los Alamos, notre travaille ici sera d’assurer une paix que l’espèce humaine n’a jamais vue. Une paix fondée sur la coopération internationale. »

Nolan confectionne le seul narratif qui compte pour sa tentative de rédemption historique, il dépeint Oppenheimer comme une victime. Tandis que, peut-être, certains pas autant dépolitisés que Nolan y ont fait allusion dans des interviews (comme la politique de loyauté américaine et la Terreur Rouge qui dirige le drame), les conséquences des armes et de l’énergie nucléaires sont à peine prises en considération (voire pas du tout, si on considère le problème). C’est un déshabillage politique des plus insidieux et le film n’en est que pire.

Le film se préoccupe plus de construire et disculper Oppenheimer comme victime du MacCarthisme que des effets de la bombe atomique et de son héritage mortel de colonialisme nucléaire. Comme il est dit, il y a « un prix à payer pour être un génie. » Tout le reste n’est que notes dramatiques. Nolan donne à Oppenheimer l’audience du public qu’il estime lui avoir été déniée, pour finalement prouver qu’il était un patriote américain. À la fin, la question « le monde vous pardonnerait-il si vous le laissiez vous crucifier ? » compte plus que toutes autres considérations. Le film pose le problème « science contre militarisme » pendant que le monde et les Peuples Autochtones continuent de souffrir des conséquences permanentes des armes et de l’énergie nucléaires en silence. Un silence mortel, plus assourdissant que le portrait cinématographique de l’essai Trinity par Nolan. Mais hein, il y a même une minute d’acclamations après l’essai.

Nolan nous fait écouter la radio pendant que deux villes sont détruites et que des centaines de vies sont arrachées. Nolan continue de pointer sa caméra sur le visage de son acteur principal pendant que les horreurs de sa bombe sont montrées sur des diapositives. Simplement, Oppenheimer s’en détourne. Que devons-nous savoir de plus sur ce film ?

15 000 mines d’uranium abandonnées empoisonnent nos corps, nos terres et notre eau. 1000 bombes ont explosé sur les terres des Shoshones de l’Ouest… la liste continue (nous ne nous arrêtons ici que parce que nous en avons déjà dit beaucoup dans notre article d’origine). Tous oubliés et condamnés à souffrir dans un silence catastrophique. Des films comme ‘Oppenheimer’ ne sont possibles que parce que les gens continuent à détourner leur regard de la réalité mortelle des armes et de l’énergie nucléaires.

Petuuche Gilbert et Kurumi Sugita

PETUUCHE GILBERT, ACOMA, PARLE DES PROBLEMES NUCLEAIRES AU NOUVEAU-MEXIQUE LORS DE SON PASSAGE EN FRANCE

DE L’OUEST DES ETATS-UNIS A FUKUSHIMA, DES GENS LUTTENT CONTRE LE NUCLÉAIRE

Le 10 juillet 2019, Petuuche Gilbert, Acoma, activiste anti-nucléaire, a été invité, à l’occasion de sa visite annuelle en Europe, à participer à une réunion organisée par Kurumi Sugita, d’origine Japonaise, et son mari Jon Gomon, du Michigan. La réunion a eu lieu chez eux, en Isère, où ils vivent maintenant.
Kurumi Sugita est socio-anthropologue et chercheur retraitée du CNRS. Elle a fait de la recherche sur les victimes de Fukushima. Elle a créé le blog et l’Association “Nos Voisins Lointains 3.11” en 2013, dans le but de développer les relations entre les populations Françaises et Japonaises, menacées par l’omniprésence du nucléaire.
Petuuche Gilbert était accompagné par Hervé Courtois, également activiste anti-nucléaire, qui a vécu au Japon et dont la fille Franco-Japonaise vit à Iwaki, dans le district de Fukushima, à environs 50 km de la centrale Daiichi de Fukushima. Il est membre de la C.A.N. (Coalition Against Nukes), et blogger sur Nuclear News et Fukushima 3.11 Watchdogs. Au cours des dernières années, il s’est rendu plusieurs fois dans le sud-ouest des Etats-Unis. Lors de son dernier voyage, il a rencontré Petuuche Gilbert et Leona Morgan, au cours du Festival International de Films sur l’Uranium, qui, l’en passé, a eu lieu à Window Rock, capitale de la Nation Navajo, en Arizona. Il a assuré la traduction simultanée de la présentation de Petuuche Gilbert, lors de la réunion du 10 juillet.
Je suis moi-même allée à de nombreuses reprises dans le sud-ouest des Etats-Unis. En 2017, j’ai effectué un long périple passant par les principaux sites concernés par le nucléaire. J’étais accompagnée par Ian Zabarte, Shoshone, dans le Nevada ; Klee Benally, Navajo, dans le nord de l’Arizona et le sud de l’Utah ; et par Petuuche Gilbert, Acoma, et Leona Morgan, Navajo, au Nouveau-Mexique. La plupart des photos ont été prises au cours de ce voyage.
L’assistance était composée d’activistes anti-nucléaire et de gens directement menacés par une centrale nucléaire ou une mine d’uranium abandonnée.

Christine Prat

 

Miribel-les-Echelles, Isère, 10 juillet 2019
Article basé sur la transcription de la présentation de Petuuche Gilbert
Enregistrement, transcription, traduction et photos Christine Prat
La plupart des lieux cités figurent sur les cartes au bas de l’article, cliquer pour voir les cartes en plus grand.

In English on Censored News

Voir aussi l’article de François VALLET, également présent à la réunion avec Petuuche.

Le Nouveau-Mexique est particulièrement touché par l’industrie nucléaire. Comme Petuuche l’a rappelé “la première bombe atomique a été fabriquée et testée au Nouveau-Mexique”. C’était la bombe ‘Trinity’, développée par des scientifiques à Los Alamos, et testée au centre du Nouveau-Mexique, sur le site de tir de White Sands. Ce premier test a eu lieu le 16 juillet 1945, seulement quelques semaines avant que des bombes soient larguées sur Hiroshima et Nagasaki. Les médias continuent de prétendre que ce site se trouve dans le désert du Nouveau-Mexique, dans une région dépeuplée, mais en réalité ce n’est pas loin de la Réserve Apache Mescalero. Depuis, les sites nucléaires se sont multipliés au Nouveau-Mexique : armes, laboratoires, et maintenant sites d’enfouissement. Partout dans le monde, les territoires Autochtones sont les plus touchés. Il ne faut cependant pas oublier que la France, comme le Japon, vit sous la menace permanente de centrales nucléaires, et d’armes dont on peut difficilement connaître exactement le nombre et l’emplacement.

L’uranium

Petuuche a commencé son intervention en disant “Au Nouveau-Mexique aussi, il y a de l’uranium pour faire des bombes. L’uranium a nui à mon peuple, à leur terre, l’eau et l’air, là où nous vivons. Cette région, le District Minier de Grants, c’est là où il y avait des mines d’uranium et des usines de traitement. Donc, je vais parler de l’uranium, qui est le premier stade de la chaîne du carburant nucléaire. Et je veux dire à quel point ça touche les Autochtones, là où je vis, aux Etats-Unis.”

“Cette région, c’est l’Ouest des Etats-Unis.” C’est ce que les films d’Hollywood appellent le ‘far-west’. “Dans l’ouest des Etats-Unis, il est dit qu’il y a près de 15 000 mines d’uranium abandonnées. Le terme mines ‘abandonnées’ signifie que la compagnie minière s’est retirée et que personne ne sait qui a ouvert les mines.” Les compagnies changent souvent de nom et de nationalité, ce qui rend toute poursuite ou demande d’indemnités extrêmement difficiles.

Petuuche ajouta “Ils veulent reprendre l’extraction d’uranium, par exemple dans le Grand Canyon. Et pas loin de chez moi, ils veulent rouvrir des mines d’uranium. Aux Etats-Unis, il n’y a plus qu’une usine de traitement, où ils produisent le ‘yellow cake’, elle se trouve dans l’Utah.” “Autrefois, près des mines d’uranium, il y avait cinq usines de traitement, pour le minerai d’uranium, pour faire le ‘yellow cake’. A l’époque, quand on extrayait l’uranium, il fallait qu’il y ait des usines de traitement.” A une question du public demandant d’où vient l’uranium maintenant, Petuuche répondit que ça venait principalement du Canada et d’Australie. Le traducteur, Hervé Courtois, ajouta que le territoire des Déné, au Saskatchewan, était totalement contaminé.

Donc, Petuuche Gilbert commença par la question “Qu’est-ce que l’uranium ?” Il expliqua “C’est un minerai qui se trouve dans le sol. C’est naturel, c’est là, c’est dans le sous-sol. Ça a toujours été là, depuis des milliers d’années, ça fait partie de la géologie du sol. Certains Autochtones, comme les Navajos et des Autochtones du Canada ont des noms pour l’uranium. Pour les Navajos, c’est łeetso, ‘saleté jaune’.” Hervé Courtois ajouta que les Déné du Canada l’appellent ‘pierre noire’, ce qui signifie ‘poison’.

Puis il expliqua qu’une fois que l’uranium a été extrait, les roches devaient être broyées dans une usine de traitement, pour fabriquer le ‘yellow cake’. “L’uranium, lorsqu’il est dérangé, est instable et se répand partout. Ça envahit l’air, que nous respirons, l’eau et le sol. Evidemment, nous buvons l’eau, les plantes aussi, alors qu’elle est devenue radioactive.”

Petuuche expliqua comment l’uranium s’introduisait dans l’organisme. “Que ce soit par la peau, les cheveux, ou en buvant. Les ouvriers qui travaillaient dans les usines de traitement pour broyer le minerai, avaient de la poussière d’uranium dans leurs vêtements.” A l’époque, les ouvriers Autochtones, principalement Navajos, n’avaient aucune protection, ni masque ni combinaison. “Ils ramenaient leurs vêtements chez eux, ça contaminait leurs femmes et leurs enfants, et, bien sûr, leur maison.” “En plus, le minerai d’uranium produit du gaz radon.” Le radon est un gaz produit dans les mines d’uranium, dès que l’uranium est remué et entre en contact avec l’air. Le radon a une existence très courte, moins de 3 jours, après quoi il se change en infimes particules, appelées ‘les filles du radon’, qui sont assez fines pour pénétrer les poumons et d’autres organes très profondément. “Ensuite, après que l’uranium ait été transformé en ‘yellow cake’, les déchets se retrouvent entassés à proximité. L’uranium nuit à la santé, les radiations nuisent à la santé. Et il est dit que quand l’uranium s’introduit dans l’organisme, ça peut prendre beaucoup d’années avant que des maladies, comme différentes sortes de cancer, ne se déclarent. Et si l’uranium est laissé sur le sol, ou après des tests de bombes atomiques, ça continue d’affecter l’environnement et les gens 50 ans après. Actuellement, ils font des tests sur des femmes et des bébés, qui montrent qu’il y a de l’uranium dans leur sang et leur urine. L’uranium cause toutes sortes de maladies.” “Les gens qui vivent à proximité des zones, les gens eux-mêmes, ont dit de quoi ils souffraient : de cancers des poumons et des os, de leucémie, de maladies des reins, de maladies cardiaques, de tension trop haute, de diabète, de maladies auto-immunes ; conséquences de l’uranium et des produits chimiques utilisés pour séparer l’uranium de la roche. Beaucoup de gens ont eu des problèmes pulmonaires, ou de thyroïde, de reins, d’estomac, etc. à cause de ce qu’ils respiraient.”

“Certaines de ces usines étaient à 100 m des maisons. Les gens qui vivaient dans les villages autour de l’usine ont eux-mêmes établi une carte qui montrait combien de gens de la région étaient morts de cancers.”

“Maintenant, ils essaient un autre procédé pour extraire l’uranium, ils enfoncent des tuyaux dans le sol et pompent le minerai. Mais ça contamine l’eau souterraine.”

“Un autre problème posé par l’uranium, est qu’il coexiste avec le charbon. Donc, quand le charbon est brûlé dans les centrales électriques, ça émet des matériaux radioactifs. On dit aussi, que quand on utilise la fracturation hydraulique pour obtenir du charbon, du pétrole ou du gaz, ça remue aussi l’uranium du sous-sol et le fait remonter à la surface.” En plus, ils utilisent de l’uranium ‘appauvri’ pour fracturer… “Le problème avec la fracturation, est l’eau usée, l’eau contenant de l’uranium, qu’ils arrosent sur le sol pour maintenir la poussière. Les routes peuvent devenir radioactives.” “L’uranium va sur le sol et même dans ce que vous buvez, partout. Particulièrement quand il pleut, l’eau se répand, les animaux la boivent, les plantes aussi. Et, bien sûr, ça contamine l’eau souterraine”.

Puis, Petuuche montra sur une carte le District de l’Uranium de Grants, où il vit. Il ajouta “Et voilà d’autres mines. La Nation Navajo a environ 1000 mines abandonnées.” “Quand les Etats-Unis fabriquaient des bombes atomiques, ils extrayaient l’uranium du territoire Navajo. Aujourd’hui, les Navajos essaient toujours de les décontaminer.” Petuuche Gilbert a participé à des manifestations organisées par un groupe appelé ‘Clean Up the Mines’, ‘Nettoyer les Mines’.

“Nos voisins, les Laguna, notre tribu sœur, a eu la plus grande mine d’uranium à ciel ouvert au monde. La compagnie aime à prétendre qu’elle a été décontaminée. Mais ça continue à irradier le sol, l’air et l’eau. A la grande époque de l’extraction d’uranium, des années 1950 aux années 1990, dans notre région, la petite ville de Grants se définissait elle-même comme capitale mondiale de l’uranium.”

Puis, Petuuche montra sur une carte les montagnes de lave, de basalte, dans le District de Grants. “La Montagne Sacrée de mon peuple est ici, dans une forêt nationale, ça s’appelle le Mont Taylor.” En Acoma, ça s’appelle Kaweshti, dans la langue des Navajos, pour qui c’est aussi une montagne sacrée, ça s’appelle Tsoodził. “Mon peuple, les Acoma, vivent ici.” [Voir cartes].

La radioactivité est toujours là

“La radioactivité émise par l’uranium continue de toucher les villages et les communautés.” “Les maisons sont très proches des mines. Quand les mines et les usines étaient en activités, elles ont irradié les gens et leurs maisons.” “Et les gens utilisaient l’eau souterraine, qui était irradiée.” Par exemple, dans la région de Cameron, dans la Nation Navajo, les gens n’avaient pas d’autre eau que celle des puits irradiés. Même après qu’ils s’en soient aperçus, ils ne pouvaient pas vivre sans eau, dans un climat désertique. Il y a quelques années encore, les endroits radioactifs n’étaient pas indiqués, et des enfants jouaient dans des déchets d’uranium. Petuuche ajoute “Même après des décennies d’extraction d’uranium, la radioactivité nuit toujours aux gens. Le gouvernement des Etats-Unis et l’état du Nouveau-Mexique n’ont jamais fait d’études sérieuses sur la santé des gens touchés. Alors, aujourd’hui, il n’y a toujours pas d’études scientifiques fiables qui montrent comment et pourquoi les gens meurent de cancers.”

En 2015, un taux de radioactivité anormal a été mesuré dans l’eau ‘potable’ d’une communauté Autochtone à Sanders, en Arizona. Les gens devaient collecter de l’argent pour acheter de l’eau en bouteille. Les recherches menées pour comprendre d’où venait la radioactivité ont abouti à la conclusion qu’elle devait venir de la très vieille usine de Churchrock, où un bassin de rétention de déchets s’était rompu en 1979 !

La catastrophe de Churchrock de 1979

Le 16 juillet 1979, le bassin de rétention des déchets de l’usine de Churchrock, au Nouveau-Mexique, s’est rompu. C’était un bassin en terre, fermé par une digue en argile [comme à Malvési]. Il y avait des fissures dans le barrage, l’Etat fédéral et la compagnie le savaient, mais n’ont rien fait. Le 16 juillet 1979, le barrage s’est rompu, causant la plus grande catastrophe nucléaire de l’histoire des Etats-Unis. L’eau radioactive s’est répandue dans un arroyo qui se déversait dans le Rio Puerco, une rivière généralement à sec, mais peut se remplier s’il y a des pluies abondantes, ce qui s’est produit en 1979. L’eau radioactive a coulé jusqu’à 160 km en Arizona. En juillet 2015, il y avait de toute évidence eu des pluies abondantes aussi, il restait encore de l’eau et des traces de courant abondant à Sanders, en septembre 2015.

La catastrophe de Churchrock a eu lieu la même année que l’accident de Three-Miles-Island, mais bien que ça ait été plus grave, les médias n’en ont pratiquement pas parlé.

Chaque 13 juillet, les Autochtones commémorent la catastrophe. Cette année, Leona Morgan a demandé aux associations européennes – entre autres au CSIA – d’envoyer des déclarations de solidarité.

Nouveaux projets de mines d’uranium

Actuellement, des compagnies minières présentent de nouveaux projets d’extraction d’uranium dans la région. “C’est ce contre quoi nous nous battons” dit Petuuche. “Etant donné qu’il n’y a pas d’études sanitaires montrant que l’extraction et le traitement d’uranium nuisent à la santé et à l’environnement, certains trouvent très bien de rouvrir des mines d’uranium, parce que les gens veulent de l’argent et du travail.”

“Cette compagnie [Strathmore] est l’une de celles qui veulent exploiter de nouvelles mines d’uranium : le projet s’appelle Roca Honda. Ainsi, depuis dix ans, ils ont mené une étude, gouvernementale, pour s’approprier cette nouvelle mine. A l’époque, la firme Sumitomo, du Japon, possédait environs 40% de la mine Roca Honda. Puis nous sommes allés au Japon, et nous leur avons dit que nous nous opposions à ce qu’ils soient propriétaires de cette mine. Finalement, Les Japonais ont vendu leurs intérêts. Mais le gouvernement des Etats-Unis, qui est propriétaire du terrain où la mine Roca Honda sera construite, ont réussi à faire dire au Service des Forêts des Etats-Unis, qu’il allait accorder un permis pour la mine. Mais il y a encore deux autres mines d’uranium qu’ils veulent exploiter, dans le même secteur. Et la seule raison pour laquelle ils n’extraient pas d’uranium aujourd’hui, c’est que le cours de l’uranium est trop bas. Pour ma tribu, c’est sur notre territoire et la mine sera là, sur la portion gérée par le Service des Forêts. C’est sur le flanc ouest de notre Montagne Sacrée, le Mont Taylor.” “Cette montagne n’est pas seulement sacrée pour notre tribu, elle l’est aussi pour les Navajos, les Zuni, les Laguna et les 19 autres tribus du Nouveau-Mexique. C’est pourquoi les tribus l’appellent une Propriété Culturelle Traditionnelle, TCP.” [Ce statut est reconnu par la loi Américaine]. “Ça n’empêche pas l’extraction minière, mais ça nous donne un siège à la table de négociations. Toutes les terres autour, sont des territoires Autochtones. Cette montagne, le Mont Taylor, produit de l’eau, qui vient de ses sources, [qui coulent dans le Rio San Jose]. C’est la seule eau qui coule chaque jour de chaque année. Et c’est une toute petite rivière. C’est de l’eau sacrée. Alors nous continuons de nous battre pour protéger ce peu d’eau que nous avons”.

“Un autre exemple est la mine qu’ils veulent exploiter près du Grand Canyon.” Ça concerne directement les Havasupai, qui vivent au fond du Grand Canyon et vivent de l’eau des sources qui s’y jettent. Et pour eux, Red Butte – juste à côté de la mine – est leur Montagne Sacrée. Mais les Hopi et d’autres tribus se sentent aussi concernés par cette région. Petuuche dit “Ils ont beaucoup d’amis dans tout les Etats-Unis, qui protègent le Grand Canyon et disent ‘Non aux mines d’uranium’. Le Président Obama avait gelé l’extraction d’uranium dans la région du Grand Canyon, mais le Président Donald Trump l’a à nouveau autorisée.”

“Aujourd’hui, nous nous battons au Nouveau-Mexique, où ils veulent entreposer les déchets des centrales nucléaires au Nouveau-Mexique et au Texas. Le nom sur le t-shirt que je porte, est celui de la compagnie, Holtec International. Ils travaillent avec une compagnie Canadienne. Ils sont du New-Jersey, et ils achètent des centrales pour récupérer les déchets. C’est pourquoi ils se sont intéressés à Yucca Mountain, mais l’état du Nevada n’en veut pas. Alors, ils cherchent toujours un endroit, et disent qu’ils veulent un site de stockage temporaire, temporaire pour 10 ou 150 ans ! L’un de ces sites est au Nouveau-Mexique.”

“Il y a 97 centrales nucléaires aux Etats-Unis. Ils veulent trouver un site pour entreposer les déchets, au Nouveau-Mexique et au Texas, et ils veulent les transporter par rail. Au Nouveau-Mexique, les grandes villes s’y opposent, et beaucoup de communautés disent ‘pas par notre ville’.”

Protestations et actions

“Quelques fois, nous protestons, pour protéger la montagne et l’eau.” Petuuche montra une photo de coureurs et expliqua qu’il s’agissait d’une course de protestation. Il ajouta “Des gens de chez les Hopi, les Navajos, les autres Pueblos nous rejoignent. Et aussi quelques Blancs. Nous avons beaucoup d’alliés et de soutiens, qui nous aident et se joignent à nos manifestations.”

Ils se sont aussi tournés vers les Nations Unies. Petuuche expliqua “Mon ONG s’appelle Association Autochtone Mondiale. Nous avons fait trois présentations aux Nations Unies – je viens chaque année aux Nations Unies – l’une à l’occasion du Pacte International Relatif aux Droits Civiques et Politiques. La suivante était pour le Comité sur l’Elimination de la Discrimination Raciale, et la troisième, pour le Droit Politique Universel, sur ce que le Mont Taylor est une Montagne Sacrée qui ne devrait pas être profanée par l’extraction d’uranium, afin de respecter les droits des Autochtones. Cependant les Etats-Unis n’écoutent pas.”

“Des activistes étaient contre le fait que le Nouveau-Mexique participe à l’élaboration d’armes nucléaires. Au Nouveau-Mexique, il y a deux laboratoires nationaux qui font de la recherche sur les armes nucléaires. Et c’est une chose à laquelle nous nous opposons aussi, l’utilisation d’uranium pour faire des bombes atomiques. Même au Nouveau-Mexique, à Carlsbad, ville polluée depuis 50 ans, ils sont tous d’accord avec le site d’enfouissement. La gouverneure du Nouveau-Mexique a dit non. Mais c’est le gouvernement des Etats-Unis qui combat les états, les activistes et bien d’autres gens. Ils utilisent le terme ‘consentement’. Le Nouveau-Mexique ne consent pas, mais le gouvernement fédéral et Holtec font pression. Le Congrès des Etats-Unis a passé une loi, et 340 Représentants ont voté en faveur du transport des déchets nucléaires au Nouveau-Mexique et à Yucca Mountain. Le Sénat doit encore voter. Il y a une forte opposition à cette loi.”

Il y a eu une manifestation le 16 juillet, pour commémorer le tout premier test atomique de ‘Trinity’, au Nouveau-Mexique.

Petuuche a également participé à la tournée de protestation de ‘Clean Up the Mines’ [Nettoyez les Mines] avec, entre autres, Leona Morgan (Diné), Klee Benally (Diné), Ian Zabarte (Shoshone) et Sarah Fields (militante anti-nucléaire).

Conclusion

Petuuche a expliqué pourquoi, selon lui, les Etats-Unis et leur Président veulent reprendre l’extraction d’uranium. Aujourd’hui, l’extraction d’uranium est reportée parce que le cours de l’uranium est bien trop bas pour que les compagnies fassent des bénéfices. Cependant, le Gouvernement et le Président font pression pour reprendre l’extraction. Le Président Trump “dit que nous utilisons beaucoup trop d’uranium venant d’autres pays, que nous devrions le prendre dans nos propres terres. Il s’efforce de dire que le minerai d’uranium est un risque pour la sécurité nationale.” Petuuche expliqua “les compagnies prêtes à exploiter l’uranium subissent aussi des pressions de la part du Gouvernement Fédéral et du Président Trump pour le faire. Le Président a déclaré que c’était un risque pour la sécurité nationale, afin d’extraire de l’uranium, de créer des emplois et de l’argent.” A propos des compagnies, Petuuche dit “Ils pensent que les centrales nucléaires ont besoin d’uranium. Ainsi, ils croient que si les Etats-Unis obtiennent plus d’uranium local, ça fera monter les prix.” Cependant, “ça coûte très cher d’entretenir des centrales nucléaires, et encore plus d’en construire. Il n’y a eu que deux centrales en construction au cours des 30 dernières années. Il y a plus d’énergie solaire, d’éoliennes, de centrales géothermiques, mais Trump veut aider les compagnies charbonnières, alors pour lui, même le charbon est bon. Mais les centrales électriques disent non, parce que c’est trop cher et que ça pollue l’air.”

Petuuche dit “Je pense que tout le monde doit être instruit sur ce qu’est la chaîne nucléaire, de l’uranium aux centrales et aux déchets, et aux armes nucléaires.”

Puis il montra une diapositive d’un slogan, en expliquant “Tous les gens sont des Autochtones de la Terre, vous tous, nous tous, nous devons protéger notre sol, notre eau, notre air, et nous protéger les uns les autres. C’est pourquoi nous faisons ce travail contre l’énergie nucléaire. C’est trop dangereux pour la terre, pour tous les humains et pour toute la vie sauvage.”

Cartes (La première carte donne la localisation des cartes détaillées. Si elles ne sont pas lisibles, cliquer pour les voir en plus grand formats)


Des canons à eau vaporisent dans l’air l’eau du puits de Canyon Mine. Photo Alicyn Gitlin

 

La Compagnie minière Energy Fuels enfreint le Plan d’Opération pour éliminer l’excès d’eau ; le forage continue, bien que les permis environnementaux aient expirés

 

POUR PUBLICATION, 20 mars 2017
Sur le site de Haul No!
Contact :
Alicyn Gitlin, Sierra Club Grand Canyon Chapter, alicyn.gitlin@sierraclub.org
Leona Morgan, Haul No!, stopcanyonmine@gmail.com
Traduction Christine Prat

 

TUSAYAN, Arizona – La mine très controversée Canyon Mine, située à environs dix kilomètre de la Rive Sud du Grand Canyon, se remplit d’un excès d’eau, après un hiver très pluvieux. Pour se débarrasser de l’eau au fond du puits de mine, le propriétaire, Energy Fuels Resources (USA), fait transporter l’eau radioactive à l’usine de retraitement d’uranium de White Mesa, près de Blanding, dans l’Utah et la vaporise dans l’air et sur la toute proche Forêt Nationale de Kaibab, pour essayer de la faire évaporer. Le Plan d’Opérations exige que tout excès d’eau soit maintenu dans des bassins et traité sur place.

En même temps, Energy Fuels a laissé expirer les permis environnementaux visant à protéger l’eau du sous-sol.

Les communautés de la Nation Navajo habitant le long du trajet allant de Canyon Mine à l’usine de White Mesa n’ont pas été prévenues officiellement de la nature des matériaux dangereux devant être transportés. Le trajet couvre environs 500 km, dont approximativement 290 km à travers la Nation Navajo et la communauté Ute de Ute Mountain, au sud de l’usine. La Nation Navajo a une loi qui limite le transport de matériaux radioactifs, y compris le minerai d’uranium, « sur, sous ou à travers le Pays Indien de la Nation Navajo »[1] ; cependant, les Navajo n’ont pas juridiction sur les routes d’état [Arizona et Utah] du trajet. Sur les camions, il est juste indiqué « eau non-potable » et au moins un des camions observé avait un panneau trompeur indiquant comme contenu « produits pétroliers ».

Les peuples Autochtones ne sont pas seulement inquiets à cause du transport, mais aussi pour Red Butte, classée comme Propriété Culturelle Traditionnelle et site sacré, à proximité de la mine, ainsi que pour les risques posés aux précieuses ressources en eau, la possibilité d’accidents, l’absence de plans d’urgence, et les effets sur la santé humaine, les plantes et la vie sauvage.

« En tant que Nation Navajo, nous avons été confrontés à l’uranium depuis la guerre froide et nous sommes toujours confrontés au problème des mines abandonnées par des gens irresponsables… la dernière chose dont nous avons besoin, c’est d’une autre mine opérant des transports à travers nos communautés… Pas de Transport! [No Haul! » dit Milton Tso, Président du Chapitre de Cameron.

Le Service des Forêts des Etats-Unis n’a pas exigé qu’Energy Fuels mette à jour le Plan d’Opérations de 1986 afin de refléter toute nouvelle information ou technologie, quand ils ont recommencé à forer après près de 30 ans de ‘standby’, au cours desquels la mine était non-opérationnelle. Maintenant, avant même que du minerai d’uranium n’ait été sorti de la mine, il semble qu’ils ne se conforment déjà plus à leur Plan.

De plus, Energy Fuels a laissé ses permis pour le stockage sur place de matériau retiré du puits de mine expirer en août 2016.[2] Le Service de la Qualité de l’Environnement d’Arizona n’a reçu aucun document de la compagnie pour le renouvellement des permis.

« C’est inacceptable et ne fait que confirmer nos inquiétudes à propos de cette mine. L’industrie minière a dit que l’extraction est plus propre et plus sûre que par le passé, mais maintenant le puits a été inondé et ils ont dû recourir à de l’improvisation avant d’avoir même commencé à extraire du minerai. Nous ne devons pas faire confiance à cette mine ni à cette compagnie minière, si près d’une des Merveilles du Monde naturelles. Ils mettent en danger les eaux du Grand Canyon » dit Alicyn Gitlin, du Sierra Club.

Energy Fuels a foré le puits jusqu’à environs 450 m et a intercepté du minerai d’uranium de haute teneur, bien que l’extraction n’ait pas encore commencé.[3] L’eau du bassin de la mine, transportée en camion et vaporisée dans l’air, contient trois fois la limite de sécurité d’uranium dissous dans l’eau potable.[4] Mais on ne sait quelle quantité d’eau est partie du site de la mine. Compte tenu de l’hydrologie complexe du Grand Canyon, on ne sait pas si l’eau contaminée s’infiltre du puits de mine non achevé dans les eaux souterraines de la région, qui alimentent des ruissellements et des sources du Grand Canyon.

Vaporisation d’eau dans la Forêt de Kaibab. Photo Klee Benally

« C’est encore un bon exemple de racisme environnemental, que d’autoriser le transport de liquides radioactifs dans des camions non-signalés à travers des communautés et sans avertir le public ni les nations autochtones environnantes. Nous avons le droit de savoir, au grand minimum, afin que des mesures adéquates et des plans d’urgence soient mis en place en cas de fuite ou d’accident » dit Leona Morgan, de Haul No!, une initiative conduite par des autochtones inquiets du transport d’uranium.

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Contexte

En 2012, le gouvernement Obama a publié un « retrait minier » interdisant toute nouvelle concession minière ainsi que le développement de concessions n’ayant pas de droits en cours de validité sur plus de 4000 km² de terres publiques autour de Parc National du Grand Canyon. En dépit des protestations du public et des poursuites en justice de tribus Indiennes locales et de groupes écologistes, les agences fédérales ont autorisé trois mines d’uranium à enfreindre le « retrait » et à reprendre leurs opérations.

Une de ces mines, Canyon Mine, a été approuvée en 1986, mais les propriétaires ont cessé l’exploitation en 1992, quand le prix de l’uranium a chuté. En 2010, Red Butte, près de la Canyon Mine, a été classée Propriété Culturelle Traditionnelle. En 2012, la Forêt Nationale de Kaibab a décidé que Canyon Mine pouvait reprendre l’exploitation sans mettre à jour la Déclaration d’Impact Environnemental ni le Plan d’Opérations. La Tribu Havasupai combat la décision du Service des Forêts à la Cour d’Appel du 9ème Circuit pour obliger le Service des Forêts à prendre en considération les nouvelles informations et technologies, et pour exiger la consultation de la tribu selon la Loi de Préservation Historique Nationale.

Dans une lettre datée du 17 mars 2008, concernant la « Notification de la Décision de l’ADEQ [Service de la Qualité de l’Environnement d’Arizona] de Refuser un Permis Général de Protection des Nappes Aquifères de Type 3.04 au Site Canyon Mine de Denison Mines (USA), » l’ADEQ écrivait « … il a été déterminé que votre site n’était pas conforme aux exigences quant au plan, à la construction et à l’installation, pour l’obtention d’un Permis Général de Type 3.04, selon les articles A.A.C. R18-9-D304(A) et A.A.C. R18-9-D304(C). » Dans un article de l’Arizona Daily Sun, le Directeur de l’ADEQ, Steve Owens, dit « C’est à eux de nous prouver qu’il n’y aura pas d’impact sur les eaux souterraines. »[5] Pourtant, en une volte-face complète, en 2009 un Permis Général de Protection des Nappes Aquifères a été accordé pour Canyon Mine.

Lorsqu’ Energy Fuels Resources (USA) a acheté Canyon Mine, elle a fait transférer à son nom le Permis Général de Protection des Nappes Aquifères de Type 3.04 pour le stockage d’eau non pluviale, et deux Permis de Type 2.02, qui permettent le stockage intermédiaire de minerai. Le permis de Type 3.04 expire le 31 août 2019, et les permis de Type 2.02 expiraient le 30 août 2016.[6] L’ADEQ n’a aucun nouveau document à examiner ou enregistré pour renouveler les permis Type 2.02, cependant Canyon Mine continue de construire son puits de mine et d’empiler les déchets sur place.

En 2010 des échantillons d’eau prélevés par les Etudes Géologiques des Etats-Unis [USGS] ont montré que quinze sources et cinq puits contenaient des concentrations d’uranium dissous excédent les standards de l’Agence de Protection de l’Environnement pour l’eau potable. Le rapport de l’USGS concluait que ces sites contaminés « étaient liés aux opérations minières. » En 2013, le Service des Parcs Nationaux dit que « les puits d’eaux souterraines régionales près des mines Canyon, Pinenut et Hermit ainsi que les puisards à la base des mines Pigeon et Hermit avaient révélé des concentrations d’uranium dissous excédant les standards pour l’eau potable (30 microgrammes par litre), les concentration au puisard d’Hermit Mine excédant 36000 microgrammes par litre. »

D’après le Plan d’Opérations pour Canyon Mine de 1984, « tout drainage de surface de la cour devra aller dans le ou les bassins de rétention. De plus, si un excès d’eau est découvert au cours de l’extraction, il sera stocké et traité dans ce secteur avant d’être évacué… Toute eau rencontrée au cours de l’extraction qui ne peut pas être utilisée en lien avec l’extraction, devra être évacuée dans ces bassins de rétention et y être retenue jusqu’à évaporation ou traitée jusqu’à ce qu’elle soit conforme aux standards d’évacuation applicable selon le permis NPDES [Système National d’Elimination de Polluants Evacués][7]. »

La Déclaration Finale d’Impact Environnemental pour Canyon Mine exige que « le(s) bassin(s) de rétention dans la cour de la mine doivent pouvoir recevoir les eaux tombées localement au cours de l’orage du siècle, plus les précipitations annuelles normales, et l’eau qui pourrait être pompée de la mine. Le volume d’eau dans le(s) bassin(s) doit être maintenu à un niveau qui permette une capacité en réserve pour recevoir l’eau résultant d’évènements imprévisibles et ceux normalement attendus. »[8] Le bassin de rétention n’était clairement pas suffisant pour recueillir l’eau pompée de la mine cette année.

 

[1] http://www.navajonationcouncil.org/Navajo%20Nation%20Codes/Title%2018/CF-18-12.PDF

[2] Numéros et dates des permis: Arizona Department of Environmental Quality Transfer Notice of Recording for a Type 2.02 General Aquifer Protection Permit. LTF # 56663. Dated August 21, 2012; Arizona Department of Environmental Quality Transfer Notice of Recording for a Type 2.02 General Aquifer Protection Permit. LTF # 56664. Dated August 21, 2012.

[3] Energy Fuels, 1016. Encore du minerai d’uranium de haute teneur trouvé à la mine d’Energy Fuels, Canyon Mine, ce qui fait progresser l’expansion de la zone du minerai. Original en Anglais : http://www.energyfuels.com/news-pr/high-grade-uranium-intercepts-energy-fuels-canyon-mine-continue-expand-mineralized-zone/

[4] Mine d’uranium doit faire face à un excès d’eau, article de l’Arizona Daily Sun, en anglais sur : http://azdailysun.com/news/local/uranium-mine-deals-with-excess-water/article_1f35d10b-3802-5083-a5bd-1c3f255363fc.html

[5] Permis miniers refusés, Arizona Daily Sun, 14 mai 2008.

[6] Spécification des permis et dates d’attribution: Arizona Department of Environmental Quality Discharge Authorization Type 3.04 General Aquifer Protection Permit. LTF # 60849. Issued to Energy Fuels Resources (USA) Inc. based on Renewal Form dated 7/16/2014; Arizona Department of Environmental Quality Transfer Notice of Recording for a Type 2.02 General Aquifer Protection Permit. LTF # 56663. Dated August 21, 2012; Arizona Department of Environmental Quality Transfer Notice of Recording for a Type 2.02 General Aquifer Protection Permit. LTF # 56664. Dated August 21, 2012.

[7] Energy Fuels Nuclear, Inc. 1984. Plan d’Opérations, Déclaration d’Intentions, Canyon Mine, 1984, pp 14, 19. En anglais sur : https://www.fs.usda.gov/Internet/FSE_DOCUMENTS/fseprd475369.pdf

[8] USDA [Ministère de l’Agriculture US], 1986, Déclaration Finale d’Impact Environnemental pour Canyon Mine, p. 2.33. En anglais sur : https://www.fs.usda.gov/Internet/FSE_DOCUMENTS/stelprdb5346657.pdf

 

WaterConnectUsOweAku6-3-2016

 

LES EAUX NOUS RELIENT : GRAND RASSEMBLEMENT DE PLUS DE 10 NATIONS A GILA RIVER

COMMUNIQUE DE PRESSE

Des Autochtones de plus de 10 Nations se rassemblent dans la Communauté Indienne de Gila River pour discuter de comment

LES EAUX NOUS RELIENT

Avec un hommage poétique et musical à John Trudell à Phoenix
Publié par Owe Aku
6 mars 2016
Traduction Christine Prat

Communauté Indienne de Gila River, Pii Paash Nyamat, Arizona – Pii Paash Uumish (communauté) de la Communauté Indienne de Gila River invite au rassemblement LES EAUX NOUS RELIENT, pour discuter de comment l’eau sacrée est menacée et protégée dans la région du Sud-ouest et à travers tout le Continent, du 11 au 13 mars 2016. Les points de discussion sont: protéger l’eau sacrée, contamination par les grandes entreprises, impact des industries minières liées à l’énergie, utilisation d’eau recyclée sur nos terres, fuites de déchets miniers dans les nappes aquifères et les rivières, surutilisation des nappes aquifères et barrages sur les rivières, stratégie dans les médias et autres histoires des lignes de front.

L’oratrice d’honneur DEBRA WHITE PLUME, Oglala Lakota/Cheyenne du nord de Pine Ridge devait présenter des histoires du territoire Lakota, entre autres les menaces sur l’eau sacrée par des mines d’uranium nouvelles ou en expansion près de la Réserve de Pine Ridge et des Black Hills, et le transport de pétrole de sables bitumineux par l’oléoduc Keystone XL.

«Ils ne peuvent pas arrêter le tremblement de terre, le volcan et la tornade. Ils ne peuvent pas arrêter la puissance. Nous sommes une connexion spirituelle avec la Terre. Comme individus nous avons de la puissance et, collectivement, nous avons la même puissance que le tremblement de terre, la tornade et les ouragans. » – John Trudell

Le VENDREDI SOIR a été consacré au grand JOHN TRUDELL, qui a dirigé par l’exemple et nous inspire pour continuer le combat… avec des poètes de la résistance, des chanteurs et des musiciens qui ont honoré sa vie et son œuvre. Parmi les poètes et les chanteurs, il y avait Simon Ortiz (Pueblo Acoma), Louise Benally (Diné), Nina Was’te (Nakota/Cree), Mercury Bitsuie (Diné), Maldito Angel y Yolotlce (de Culture O’Muerte), le poète Phil Freedom, l’artiste hip hop Kite 9d3, le poète Dominique Hunter, et l’artiste hip hop Che Christ (Pii Paash, Quechan), et l’hôtesse Rosy Torres de Chicago.

Sujet des Conférences de samedi [12 mars] et dimanche [13 mars]:

– Luttes pour l’eau dans la Communauté Indienne de Gila River, avec Reuben Cruz (Pii Paash) et des membres de la communauté O’odham

– L’héritage des mines d’uranium dans la région de Four Corners, avec Manny Pino (Pueblo Acoma), Leona Morgan (Diné) et Mercury Bitsuie (Diné)

– L’organisation et la mobilisation d’Idle No More avec une fondatrice, Nina Was’te (Nakota/Cree)

– La fuite des déchets de la mine Gold King dans la rivière Animas, mise à jour de Janene Yazzie (Diné)

– Le combat du Bastion Apache pour arrêter Rio Tinto [Resolution Copper – NdT] avec Wendsler Nosie (Apache) et Naelyn Pike (Chiricahua Apache)

– Contre Peabody Coal sur Black Mesa, avec Louise Benally de Big Mountain, dans le nord de l’Arizona (Diné)

– Protéger l’eau des Navajo et être victorieuse contre un projet de centrale au charbon, avec Elouise Brown, de Chaco Rio, Nouveau-Mexique

– L’impact et le rôle des Médias de la Base

Samedi soir [12 mars] il doit y avoir des Chants et Danses d’Oiseau par la Pii Paash Uumish.

Toutes nos précieuses, et limitées, sources d’eau sont reliées, des cours d’eau de surface sur Notre Mère la Terre aux nappes aquifères en dessous de nous, aux gouttes de pluie qui tombent des nuages au dessus, toute l’eau est reliée. Les protecteurs de l’eau et les défenseurs des terres peuvent se rassembler pendant ce temps pour honorer l’eau et les terres ancestrales, et élaborer des stratégies pour renforcer et construire la solidarité afin d’accroître l’efficacité des nombreux mouvements fondés pour protéger les terres et les eaux.

C’est notre devoir en tant que gardiens de la Terre d’apprendre comment les cours d’eau et les nappes aquifères sont menacés, exploités et pollués. Par le savoir et la construction d’une vaste communauté, le mouvement se renforce pour défendre et protéger l’avenir de nos eaux pures, précieuses et sacrées.

Les Pii Paash les accueillent avec le cœur et l’esprit ouverts sur leurs terres à l’extrémité ouest de la Communauté Indienne de Gila River, auprès du lit de la rivière de leurs ancêtres maintenant à sec, au pied des Montagnes Sacrées Estrella.

Les hôtes sont la Pii Paash Uumish, Owe Aku et le Peoples Media Project, avec le soutien de nombreux individus et organisations.

[…]

CONTACTS:

Reuben Cruz, Pii Paash (773) 747-2700, intoxicatedmc@hotmail.com . Pour la presse ou pour joindre les participants, prendre contact avec Kent Lebsock d’Owe Aku, iamkent@me.com
BIOGRAPHIE DE QUELQUES PARTICIPANTS:

LOUISE BENALLY, une grand-mère, mère et mère de clan de 55 ans, de la communauté de Big Mountain sur Black Mesa, au Nord de l’Arizona. Elle est cultivatrice, fait de la permaculture, est herboriste, avocate traditionnelle et conseillère sur divers aliments bio. Louise a chanté lors de l’hommage à John Trudell et parlé de son engagement [de John Trudell] dans la lutte de Black Mesa contre Peabody Coal et les problèmes d’eau qui s’ensuivent en Pays Navajo. Elle a été activiste toute sa vie dans les luttes environnementales pour l’eau, les sites sacrés, l’eau et les mines, et racontera des histoires et des leçons tirées de son travail.

MERCURY BITSUIE est un berger Diné de Sanders, en Arizona, qui a découvert récemment que la fuite de déchets de la mine de Church Rock [en 1979 – NdT] dans le Rio Puerco avait atteint les puits d’eau potable de sa communauté.

ELOUISE BROWN est de Chaco Rio, au Nouveau-Mexique, dans la Nation Navajo. En 2006, elle a découvert qu’un projet d’énorme centrale au charbon nommée ‘Desert Rock’ faisait des forages pour de l’eau près de chez elle. Avec amour pour leur terre, Elouise et sa famille ont érigé une barricade. Deux ans et demi plus tard, le projet de centrale au charbon de 1500 mégawatts a été abandonné. Elouise Brown Présidente, Organisation Doodá (NO) Desert Rock, Chaco Rio, Nation Navajo, Nouveau-Mexique.

REUBEN CRUZ, (Pii Paash/Quechan), les eaux à Gila River
Reuben est Pii Paash (Maricopa), Quechan, et père, musicien, poète, organisateur, humaniste des Montagnes Estrella, à l’ouest de Phoenix, Arizona. En tant qu’emcee [MC, Microphone Controller, DJ, rappeur] (sous le nom de Che Christ), il se sert de ses dons de conteur pour parler de justice sociale et de respect de tous les peuples dans une musique hip-hop positive. Reuben enseigne dans des ateliers d’écriture pour les jeunes des centres urbains et des communautés Autochtones. Il a été publié dans High Times, Waging Non Violence, As Us Journal, Ghazals For Foley et Hinchas de Poesia. Il a publié lui-même HAARP (Heavy Anti-Authoritarian Rap Poems – Poèmes Rap Anti-Autoritaires Lourds) en 2010. Reuben participe à des manifestations qui utilisent la musique, l’art et le film pour célébrer les mouvements sociaux contemporains. Reuben a collaboré avec Prairie Dust Films pour Crying Earth Rise Up et Standing Silent Nation et dans les rues avec le Projet de Médias Populaires. www.chechrist.com

LEONA MORGAN (Diné) de la Nation Navajo, a travaillé comme organisatrice de la communauté et enseignante des problèmes d’uranium depuis 2007. L. Morgan s’est occupée à la base d’empêcher la pollution de l’eau par une opération de Lixiviation In Situ dans l’est du territoire Navajo. En 2014, elle a co-fondé Diné No Nukes (DNN – Pas de Nucléaire Navajo). DNN est une initiative centrée sur l’éducation, sur toute la Chaîne de Carburant Nucléaire avec un intérêt spécial pour les terres comprises entre les Quatre Montagnes Sacrées pour les Diné. http://www.dinenonukes.org/

WENDSLER NOSIE SR. est actuellement Conseiller pour le District de Peridot et ex-Président du Conseil Tribal des Apaches de San Carlos, qui sont environs 15000 dans la Réserve Apache de San Carlos, dans le sud-est de l’Arizona. Wendsler est né en 1959 et a été élevé dans la tradition Apache. En 2000, il a fondé les Coureurs de l’Esprit de la Montagne, une organisation de coureurs traditionnelle. Il a créé le journal Apache Messenger en 2011, dont il est propriétaire et qu’il gère actuellement. Wendsler Nosie est marié à Theresa Beard Nosie, de la Nation Navajo. Ils vivent à Peridot, en Arizona, dans la Réserve Indienne Apache de San Carlos et ils ont six enfants : Lian, Vanessa, Wendsler Jr., Angel, Alicia et Taegan, et 12 petits-enfants. Wendsler Nosie se consacre à la préservation et la protection de la culture et des objets Amérindiens, à l’histoire religieuse et à la tradition. Il a fondé le Bastion Apache, qui occupe toujours Oak Flat depuis plus d’un an. Il s’est battu toute sa vie pour les droits des autochtones et a décidé de se consacrer à la protection de l’avenir pour les générations à venir.

NAELYN PIKE, 16 ans, est membre de la Tribu Apache de San Carlos. Elle est au lycée de Globe et membre de la National Honor Society. Naelyn a été Coureuse de l’Esprit de la Montagne depuis l’âge de 2 ans, un groupe de coureurs traditionnels qui continuent de protéger le Mont Graham, sacré, contre un projet de télescopes de l’Université d’Arizona et du Vatican. Naelyn est membre du Bastion Apache, qui continue d’occuper et défendre Oak Flat contre la compagnie minière étrangère Resolution Copper. Le site Sacré d’Oak Flat a été bazardé par le biais d’un truc de dernière minute fourré dans la Loi d’Autorisation de la Défense Nationale de 2015. Naelyn a témoigné deux fois devant le Congrès sur l’Echange de Terres du Sud-est de l’Arizona et le projet de loi Sauvez Oak Flat. En 2015, elle s’est aussi rendue à Washington avec le Convoi du Bastion Apache pour unifier tous ceux qui se préoccupent de la protection de Notre Mère la Terre et de l’avenir des prochaines générations.

MANUEL PINO est Pueblo Acoma du Nouveau-Mexique. Il est actuellement professeur de sociologie et coordinateur des Etudes Amérindiennes à l’Université Communautaire de Scottsdale. Les recherches de Manuel portent sur les problèmes environnementaux qui touchent les Amérindiens et les Peuples Autochtones du monde entier. Il se concentre surtout sur la chaîne du carburant nucléaire, particulièrement les mines d’uranium, et ses effets sur les Peuples Autochtones. Manuel a été délégué dans de nombreuses conférences internationales sur l’environnement aux Nations Unies et est actuellement membre de plusieurs conseils d’administration d’organisations écologiques dans tous les Etats-Unis. Manuel travaille actuellement avec des ouvriers de l’uranium au Nouveau-Mexique, en Arizona, dans le Dakota du Sud et l’état de Washington, sur les problèmes de santé liés aux radiations et dans des communautés qui s’opposent à l’entreposage de déchets nucléaires et à de nouvelles mines. En 2008, il a reçu le Prix du Futur Sans Nucléaire à Munich, en Allemagne, pour son activisme.

SUREE TOWFIGHNIA, (Grassroots and Mainstream Media Strategies, Stratégies des médias pour la base et le grand public) est réalisatrice, productrice et enseignante en documentaires. Elle a mis en scène et co-produit Crying Earth Rise Up (2015), un documentaire de PBS (Public Broadcasting Service – Service Public de Diffusion) qui révèle les effets de l’extraction d’uranium sur l’eau et les habitants des Grandes Plaines. Suree avait précédemment réalisé Standing Silent Nation (2007), un documentaire de PBS sur la lutte d’une famille Amérindienne pour cultiver du chanvre industriel sur les terres souveraines de leur Réserve. Elle a mis en route le Projet de Médias Lakota (LMP) avec Owe Aku en 2003, pour enseigner à des jeunes filles et des femmes Lakota comment raconter leurs propres histoires dans des documentaires. Suree enseigne aux jeunes, aux Anciens et à quiconque, les techniques du documentaire et la stratégie médiatique dans des organisations, des communautés, des universités et des écoles. Suree est Iranienne, Mexicaine, Polonaise/Allemande, née à Chicago, et réside actuellement en Arizona avec son mari et ses deux enfants.

NINA WAS’TE WILSON est du Territoire du Traité 4 au sud du Saskatchewan. Nina est mère, grand-mère et co-fondatrice du Mouvement Idle No More qui a éclaté partout en 2012. Nina s’est spécialisée dans le mouvement pour enseigner comment devenir meilleur Défenseur de l’Eau Sacrée et de Notre Mère la Terre par la stratégie, l’organisation et le développement des talents nécessaires. Nina est aussi profondément immergée dans sa langue et sa culture et se conforme aux Lois Traditionnelles des Nakota Dakota Nehiyawak. Nina croit et met en pratique la culture et l’émancipation des jeunes femmes de sa communauté, sa famille et sa nation avec le soutien et l’approbation de ses parents [compatriotes] du Territoire du Traité 4 et au-delà. Nina enseigne l’analyse de la propagande, le développement du guerrier et la déconstruction de la pathologie coloniale.

DEBRA WHITE PLUME, née en 1954, est descendante du Tiospaye de Red Cloud du côté paternel, et de la Nation Cheyenne du Nord du côté maternel, et est membre cooptée de la Bande Oglala de la Nation Lakota. Debra a vécu dans la Réserve Indienne de Pine Ridge, dans le Dakota du Sud, toute sa vie, et sur les rives du Ruisseau Wounded Knee depuis 30 ans. Debra a commencé à s’impliquer dans le domaine des Traités et Droits du Sol et la préservation et revitalisation de la culture Lakota dès l’âge de 17 ans, quand elle a obtenu le diplôme d’études secondaires [‘baccalauréat’]. Elle s’occupe de problèmes locaux et internationaux. Sa tribu l’a honorée en lui remettant le Drapeau Tribal dans les années 1990. En 1997, Debra a été co-fondatrice, à Pine Ridge, d’une ONG de base, pour le changement social, appelée ‘Owe Aku’, Bring Back the Way [Retrouvez la Voie]. Debra est mère de 3 enfants, grand-mère de 15 petits-enfants, et Mère et Grand-mère Spirituelle de nombreux jeunes dans beaucoup de Nations. Debra a été publiée en tant qu’écrivaine et poète, a produit des films, a été animatrice à la radio, et rédactrice et éditrice de journaux.

ROSEBUD WHITE PLUME est membre de la Nation Oglala Lakota et du Tiospaye (famille élargie) White Plume. Depuis 2002, Rosebud a étudié la théorie, la technique et la production du film documentaire et dirige actuellement le Lakota Media Project. Rosebud a l’inspiration d’utiliser les médias pour préserver son mode de vie par des documentaires sur des histoires et des problèmes représentant des alternatives aux représentations limitées de son peuple dans les médias officiels. Elle fait de courtes vidéos sur le mode de vie Lakota, les mouvements pour la justice sociale dans les communautés autochtones, la jeunesse de la Réserve de Pine Ridge, et réalise The Indigenous View [le Point de Vue Autochtone], une émission de télévision en ligne. Rosebud est mère de sept enfants qui vivent sur les rives du Ruisseau Wounded Knee.

JANENE YAZZIE est une militante des droits de l’homme et des Autochtones, qui a contribué à fonder Sixth World Solutions [Solutions du Sixième Monde], une entreprise vouée à promouvoir un développement durable de la communauté, dans la Nation Navajo. Originaire de Lupton, Arizona, elle a grandi dans une région de la Nation Navajo fortement touchée par la mine d’uranium de Church Rock. Ses expériences l’ont conduite à collaborer avec d’autres défenseurs de la sécurité de l’eau dans la Nation Navajo pour fonder l’Association des Chapitres du Bassin Hydrologique du Petit Colorado (LCRWCA), dans laquelle elle travaille comme planificatrice pour aider à développer un modèle de planning dirigé et géré par la communauté pour le bassin hydrologique, qui renforce l’autonomie locale et l’autodétermination pour créer la sécurité de l’eau, de la nourriture, et la résilience au changement climatique pour le présent et les générations futures, en utilisant le savoir écologique traditionnel.

 


Photo Indigenous Action Media / Klee Benally

 

COMMUNIQUE DE PRESSE : UN JUGE FEDERAL APPROUVE L’EXTRACTION D’URANIUM A PROXIMITE DU PARC NATIONAL DU GRAND CANYON

Publié par Indigenous Action Media
8 avril 2015
Traduction Christine Prat

Par la Tribu Havasupai, le Grand Canyon Trust, le Sierra Club & le Centre pour la Diversité Biologique

La décision autorise l’extraction sans consultation des Tribus ni mise à jour d’une étude environnementale datant de plusieurs décennies

PHOENIX, Arizona – Le Juge David Campbell, de la Cour de District des Etats-Unis, a rejeté une requête de stopper toute nouvelle extraction d’uranium à la Mine du Canyon, située à seulement 10 km de la limite sud du Parc National du Grand Canyon. La Tribu Havasupai et une coalition de groupes de conservation avaient attaqué la décision du Service des Forêts des Etats-Unis d’autoriser Energy Fuels Inc. à rouvrir la mine sans entreprendre des consultations formelles avec les tribus et sans mettre à jour une étude environnementale dépassée, datant de 1986. Sont en jeu des valeurs culturelles tribales, la vie sauvage et des espèces menacées et le risque d’empoisonnement par des déchets toxiques des nappes aquifères et des cours d’eau qui alimentent le Grand Canyon et le fleuve Colorado.

« Nous sommes très déçus par la décision du Juge Campbell dans l’affaire de la mine du Canyon » dit le Président Havasupai Rex Tilousi. « Nous pensons que la Loi sur la Préservation Historique Nationale exige que le Service des Forêts nous consulte, nous et les autres tribus concernées, avant de laisser la compagnie minière endommager Red Butte, l’une de nos possessions culturelles traditionnelles les plus sacrées. Le Conseil Tribal Havasupai se réunira cette semaine pour discuter de la possibilité de faire appel de cette décision. »

 

La décision ne protège pas la « Propriété Culturelle Traditionnelle de Red Butte », que le Service des Forêts a classé en 2010 en raison de son importance religieuse et culturelle capitale pour plusieurs tribus, spécialement les Havasupai. En tant que « propriété culturelle traditionnelle » Red Butte se qualifie pour être inscrite au Registre National des Lieus Historiques. La tribu Havasupai et les groupes de conservation ont soutenu que le Service des Forêts enfreignait la Loi sur la Préservation Historique Nationale en ne consultant pas les tribus pour déterminer comment les effets négatifs de la mine du Canyon sur Red Butte pouvaient être évités ou réduits avant d’approuver l’ouverture de la mine.

« C’est une mauvaise nouvelle pour la protection du Grand Canyon et des sites sacrés tribaux » dit Roger Clark, du Grand Canyon Trust. « Au cours des deux dernières décennies, nous avons appris comment l’extraction d’uranium peut polluer les nappes aquifères qui alimentent les sources du canyon et les Chutes Havasu. Mais le Service des Forêts a ignoré ces informations et n’a pas demandé à Energy Fuels de prendre des mesures raisonnables pour prévenir la contamination de l’eau, des sites sacrés et des terres publiques. »

Le Service des Forêts a d’abord approuvé le projet de mine près du Canyon en 1986, malgré l’opposition de la tribu Havasupai. Les prix de l’uranium se sont effondrés peu de temps après et la mine a fermé en 1990 avant d’avoir produit de l’uranium. Le Service des Forêts a autorisé la Mine du Canyon à rouvrir en 2012, sans mise à jour du projet ni d’estimations environnementales reflétant les grands changements intervenus depuis l’estimation et l’approbation précédentes. Parmi ces changements on peut citer la désignation de Red Butte comme propriété culturelle traditionnelle, la réintroduction du condor de Californie – une espèce menacée – dans la région de la Mine du Canyon, et la décision de 2012 d’interdire toute nouvelle extraction d’uranium dans une zone de plus de 4000 km² autour du Grand Canyon.

« Ce projet d’uranium pourrait hanter la région du Grand Canyon pour des décennies à venir » dit Katie Davis du Centre pour la Diversité Biologique. « L’extraction d’uranium laisse un héritage extrêmement toxique qui met en danger la santé humaine, la vie sauvage et les cours d’eau et nappes aquifères qui alimentent le Grand Canyon. C’est décevant de voir le Service des Forêts donner la priorité à l’industrie minière plutôt qu’à la protection à long terme d’un lieu emblématique comme le Grand Canyon. »

« Nous continuerons à nous battre pour protéger le Grand Canyon, ses eaux et son bassin hydrologique » dit Sandy Bahr, directrice de la Section du Grand Canyon du Sierra Club. « Le Service des Forêts devrait prendre en considération les dégâts que cette mine pourrait causer aux eaux souterraines et finalement aux eaux du Parc National du Grand Canyon. Nous sommes très déçus de ce que le juge n’ait pas été capable de le reconnaître. »

Des géologues ont prévenu que l’extraction d’uranium pourrait épuiser et contaminer les nappes aquifères qui se déversent dans le Grand Canyon et que les nettoyer serait pratiquement impossible. Une étude de l’Institut d’Etudes Géologiques des Etats-Unis de 2010 a trouvé de forts taux d’uranium dans la terre et les sources d’eau concernés par l’extraction d’uranium passée. Des études sur la connectivité des eaux souterraines du Grand Canyon publiées suite à l’approbation de la mine en 1986 a indiqué que la contamination par l’uranium pouvait infiltrer des nappes aquifères en altitude ou profondes et les ruisseaux et les sources de la région, entre autres les Chutes Havasu. Energy Fuels a l’intention de commencer à extraire de l’uranium de la Mine du Canyon à la mi-juin 2015.

Les parties civiles dans l’affaire sont la Tribu Havasupai, le Grand Canyon Trust, le Centre pour la Diversité Biologique et le Sierra Club. La coalition a 60 jours pour faire appel de la décision du Juge Campbell devant la Cour d’Appel du 9ème Circuit.

Historique

La Mine du Canyon (Canyon Mine) se trouve dans la Forêt Nationale de Kaibab, à moins de 10 km de la limite sud du Parc National du Grand Canyon. La première autorisation de la mine en 1986 a causé des protestations et des poursuites en justice de la part de la tribu Havasupai et d’autres qui s’opposaient aux impacts potentiels de l’extraction d’uranium sur les eaux souterraines, les sources, les ruisseaux et les écosystèmes de la région, et les valeurs culturelles associées à Red Butte. L’infrastructure de surface a été construite au début des années 1990, mais l’effondrement des prix de l’uranium a fait fermer la mine en 1992 avant que le puits ne soit creusé ou du minerai extrait. Des forages exploratoires ont entrainé l’eau souterraine sous le site de la mine, éliminant suivant une estimation près de 5 millions de litres d’eau par an des sources de la région qui sont alimentées par les eaux souterraines.

Un rapport de 2010 de l’Institut d’Etudes Géologiques des Etats-Unis indiquait que des échantillons d’eau prélevés sous la mine contenaient des concentrations d’uranium dissous excédant les normes de l’Agence de Protection de l’Environnement pour l’eau potable. Les eaux souterraines menacées par la mine alimentent des puits municipaux et des eaux de ruissellement et des sources dans le Grand Canyon, entre autres les Sources Havasu et le Ruisseau Havasu. Les Permis de Protection Aquifère établis pour la mine ne prévoient pas de surveiller les nappes aquifères profondes ni de plans de réhabilitation pour remédier à la contamination de ces nappes aquifères profondes. La mine, qui appartenait à l’origine à Energy Fuels Nuclear, a été achetée par Denison Mines en 1997, puis, en 2012, par Energy Fuels Resources Inc., qui exploite la mine actuellement.