Discussions du 10 juillet 2019 avec Petuuche Gilbert

Mines d’uranium abandonnées, projets de nouvelle mine et de stockages de déchets nucléaires au Nouveau-Mexique

Par François Vallet
Présent le 10 juillet
à la réunion avec Petuuche Gilbert

Le 3 juin 2019, à l’initiative de Daniel, les Amis de la Terre en Savoie organisaient au cinéma Victoria à Aix les Bains une projection du film « Le couvercle du soleil ». Daniel avait invité Sonia et Kurumi, représentantes de l’association « Nos voisins lointains 3.11 », à animer un débat après la projection du film. C’est à cette occasion que Kurumi nous informa de la visite en France de Petuuche Gilbert, militant opposé aux mines d’uranium et à l’enfouissement des déchets nucléaires au Nouveau Mexique.

Le 10 juillet, nous avons été invités par Kurumi à Miribel les Echelles, au pied du massif de la Chartreuse, pour une discussion avec Petuuche. En voici un résumé.

Petuuche fait partie du peuple Acoma Pueblo du Nouveau Mexique et vit à Sky City à proximité du Mont Taylor qui est « la montagne sacrée » de plusieurs peuples autochtones du district de Grants.

C’est dans cette région du Nouveau-Mexique qu’a été fabriquée et testée la première bombe atomique (Trinity) le 16 juillet 1945 à Alamogordo. L’uranium nécessaire à sa fabrication venait alors du Canada et plus précisément du Saskatchewan (les Etats-Unis ont réalisé plus de 200 « essais » atmosphériques de bombes atomiques entre 1945 et 1962 et plus de 1 000 essais au total dont deux en souterrain au Nouveau-Mexique et dans le Colorado).

C’est aussi dans le sud-ouest des Etats-Unis, et dans une quinzaine d’états dont ceux dits « des 4 coins » (Nouveau-Mexique, Utah, Colorado, Arizona), qu’ont été exploitées près de 15 000 mines d’uranium entre 1940 et la fin des années 1990. Ces mines et les usines de traitement de minerai d’uranium servaient alors l’industrie des armes atomiques et du nucléaire « civil ». Les compagnies minières employaient principalement des autochtones, pas ou mal protégés, exposés aux émanations de radon et qui ramenaient avec leurs vêtements des particules radioactives dans leurs habitations. Les mines sont désormais fermées et ont été abandonnées par les compagnies minières qui, pour la plupart, ont disparu. Les peuples indiens Pueblos, Navajo, Apaches, habitent dans les zones où la concentration de mines abandonnées est la plus forte.

A côté des mines et des usines de traitement de minerai ont été stockés des déchets radioactifs, solides et liquides. Le 16 juillet 1979, à Church Rock au Nouveau Mexique, la digue du bassin de décantation de l’usine de traitement de minerai céda et contamina une rivière et la nappe phréatique.

Cet accident est considéré comme ayant entraîné le plus fort relâchement de radioactivité dans l’environnement aux Etats-Unis (en tous cas plus que l’accident de Three Mile Island survenu quelques mois auparavant). Chaque année le 16 juillet est organisée une commémoration de cet accident.

En France un incident similaire s’est produit sur l’ancien site minier des « Bois Noirs » à Saint Priest La Prugne (département de La Loire) avec pollution de la rivière La Besbre. https://france3-regions.francetvinfo.fr/auvergne-rhone-alpes/loire/ancienne-mine-uranium-loire-eaux-contaminees-s-ecoulent-vallee-besbre-1458739.html

L’explosion atomique de 1945 à Alamogordo, l’extraction de l’uranium, le traitement du minerai, les transports de minerai concentré (yellow cake), les stockages de déchets miniers et des usines de traitement du minerai, ont disséminé dans l’air et dans l’eau des produits chimiquement toxiques et radiotoxiques. Les sols, les plantes et les aquifères sont contaminés. La santé des habitants, principalement des peuples indigènes, est durablement affectée. Les femmes, les enfants et les bébés sont plus particulièrement touchés. Les principales maladies sont des maladies du sang, des maladies cardiovasculaires, des maladies génétiques et des cancers. Mais l’Etat du Nouveau-Mexique n’a diligenté aucune étude scientifique et épidémiologique sur les conséquences de l’exploitation des mines et usines de traitement du minerai d’uranium. Certains pensent qu’il n’y a pas de problème et qu’il est donc possible d’ouvrir de nouvelles mines. Pourtant il y a de nombreux témoignages de victimes de l’uranium et notamment à l’occasion du festival international du film sur l’uranium organisé depuis 2011 dans différentes villes du monde.

Actuellement il n’y a plus de mine, ni d’usine de traitement de minerai d’uranium en activité au Nouveau Mexique. Mais il y a un projet de nouvelle mine, «  Roca Honda », à proximité du Mont Taylor (montagne sacrée pour les indiens). Ce projet était mené à l’origine par un groupement de deux entreprises, une canadienne et l’autre japonaise. L’entreprise japonaise Sumitomo a abandonné le projet suite à la visite au Japon d’une délégation d’habitants du Nouveau-Mexique opposés au projet.

Celui-ci est assez avancé, l’étude d’impact a été réalisée en 2011-2012 et le dossier soumis aux autorités fédérales (voir le site internet de la compagnie actuellement à la tête du projet : http://www.energyfuels.com/project/roca-honda/).

Deux autres compagnies ont des projets de mine dans la même région, notamment près du Grand Canyon en Arizona, mais le prix de l’uranium est trop bas actuellement pour les réaliser.

La communauté indigène (19 peuples concernés) est mobilisée pour préserver le site du Mont Taylor qui est considéré comme propriété culturelle traditionnelle (TCP). Le Rio San José est aussi considéré comme « rivière sacrée ». Le Mont Taylor produit de l’eau potable depuis une seule source qui coule toute l’année. Il y a des manifestations de la communauté indigène contre le projet de mine et pour protéger le Mont Taylor et le Rio San José. La gouverneure  actuelle du Nouveau-Mexique est opposée au projet mais le gouvernement fédéral est pour. Trump veut relancer l’exploitation de mines d’uranium aux Etats-Unis et interdire l’importation. En 2009 l’uranium utilisé aux Etats-Unis venait, par ordre d’importance, d’Australie, du Canada, de Russie, des Etats-Unis, de Namibie, du Kazakstan, du Niger, d’Ouzbekistan. Mais comme les cours actuels sont très bas produire aux Etats-Unis coûtera plus cher et le nucléaire sera encore moins compétitif par rapport aux autres énergies, renouvelables et gaz de schiste. La motivation de Trump semble être essentiellement nationaliste et militaire.

A l’autre bout de la chaîne, deux centres de stockages de déchets à très haute activité (combustibles usés) sont prévus au Texas et au Nouveau-Mexique. En effet, après l’échec de Yucca Moutain à côté de Las Vegas, le gouvernement cherche un site pour stocker définitivement ces déchets et en attendant un site d’entreposage pour 100 ans.

Les combustibles usés, après refroidissement en piscines, sont actuellement stockés à sec à proximité des centrales dans des enveloppes métalliques enrobées de béton.

Cela conduit à des conflits entre les antinucléaires, ceux de Californie par exemple ne veulent pas conserver les combustibles usés à proximité des centrales et ceux du Nouveau-Mexique ne veulent pas de l’enfouissement.

Le projet au Texas près de la ville d’Eunice est développé par la compagnie WCS (Waste Controls Specialists). Le projet au Nouveau-Mexique, entre les villes de Carlsbad et Hobs, est développé par la compagnie HOLTEC International, spécialisée dans la « décontamination » après arrêt définitif des réacteurs et dans le démantèlement : https://holtecinternational.com/

Cette compagnie achète actuellement des centrales nucléaires en fonctionnement ou définitivement arrêtées (il y a 99 réacteurs nucléaires en fonctionnement aux Etats-Unis). C’est également cette compagnie qui développe le concept de « Small Modular Reactor ».

Une association mondiale des peuples indigènes est intervenue à trois reprises auprès de l’ONU pour s’opposer à ces projets sous l’angle :

  • des droits civiques et politiques,
  • des discriminations raciales,
  • des droits politiques universels.

Dans les 3 cas l’assemblée de l’ONU a demandé au gouvernement américain de respecter ces droits (mais que respecte le gouvernement américain?).

Il serait sans doute possible de saisir également l’UNESCO sous l’angle de la préservation du patrimoine culturel mondial.

 

Petuuche nous indique qu’avec l’extraction du charbon de l’uranium est aussi ramené à la surface et les mineurs exposés à la radioactivité. Par ailleurs les nouvelles techniques de fracturation pour l’extraction de pétroles et gaz de schiste utilisent des charges explosives à l’uranium appauvri. L’eau utilisée pour réaliser les forages puis remontée à la surface est contaminée.

Conclusion de Petuuche :

Du fait de notre relation sacrée à la Terre Mère, quand la santé de la terre est respectée la vie de tous les peuples l’est également. Nous sommes tous des peuples indigènes.

Echanges d’informations sur la situation en France et dans le monde

Philippe nous fait part de la situation à Bure, de l’historique et de l’actualité de l’opposition au projet d’enfouissement de déchets nucléaires de haute activité (Cigéo).

Elisabeth G. indique que le slogan des opposants au projet Cigéo est « Ni ici, ni ailleurs, autrement ».

L’ancien directeur de la Nuclear Regulatory Commission (NRC), équivalent de l’ASN aux Etats-Unis, vient de publier un livre : « Confessions of a Rogue Nuclear Regulator » par Gregory Jaczko, Simon & Schuster, 2019, 208 p., 19,80 €.

https://www.alternatives-economiques.fr/etats-unis-lex-gendarme-nucleaire-passe-a-table/00089674

La NRC vient d’annoncer, un an après l’avoir découvert, que les containers de combustibles usés entreposés sur le site de la centrale nucléaire de San Onofré (arrêtée depuis 2012) étaient endommagés. La cause en serait un tremblement de terre.

Une réunion d’antinucléaires est prévue en novembre à Albuquerque (Nouveau-Mexique) sur le décomissionnement.

Un festival international du film sur l’uranium est organisé annuellement depuis 2011 dans différentes villes du monde : https://uraniumfilmfestival.org/fr/a-propos

En France il y a eu plus de 200 mines d’uranium avec des usines de traitement de minerai à proximité. Actuellement il n’y a plus de mine en exploitation et tout l’uranium utilisé par l’industrie nucléaire française est importé (du Kasakstan, du Canada, du Niger, d’Australie). Il existe un « Collectif Mines d’uranium » constitué de différentes associations qui se préoccupent de la situation autour des anciennes mines et usines de traitement d’uranium. Le Collectif des Bois Noir et la CRIIRAD en font partie : https://www.criirad.org/collectif-mines/sommaire.html

Une liste des associations membres est accessible sur le site de la CRIIRAD : https://www.criirad.org/collectif-mines/Y2_Liste_des_associations_CMU.pdf

La porte d’entrée de l’uranium en France est le site de Malvési dans l’Aude, près de Narbonne, sur lequel sont effectués des traitements chimiques du minerai concentré (yellow cake) avant l’étape suivante d’enrichissement qui est réalisée sur le site du Tricastin à cheval sur les départements du Vaucluse, de la Drôme et du Gard. Un collectif de plusieurs associations est mobilisé pour dénoncer les méfaits de l’industrie atomique sur ce site…et ailleurs : http://www.arretdunucleaire34.org/La-porte-d-entree-du-nucleaire

Sites et pages facebook pour en savoir plus :

https://chrisp.lautre.net/wpblog/?tag=petuuche-gilbert

https://www.facebook.com/NuclearIssuesStudyGroup/

Kurumi et son mari Jon Gomon tiennent un blog en anglais et en japonais pour diffuser des informations sur les victimes de la catastrophe nucléaire de Fukushima : https://fukushima311voices.com/

Hervé a été l’interprète des échanges avec Petuuche. Il tient un blog en anglais sur la situation au Japon après Fukushima : https://dunrenard.wordpress.com/

François a rédigé le résumé des échanges et indiqué quelques liens utiles pour rechercher des informations complémentaires.

 

KAWESHTI, MOUNT TAYLOR, SACRED MOUNTAIN

Also on Censored News

Mount Taylor, near Grants, New Mexico, is sacred for many Indigenous Nations in the area. For the Navajo, it is Tsoodzil, one of the four sacred mountains marking their traditional territory. It is also sacred for the Pueblos of the region. For the Acoma, who live close to it, it is called Kaweshti.

Unfortunately, it is situated in the so-called “Grants mineral belt”, and has thus been damaged by many mines. Nowadays, it is still threatened by projects of new uranium mining.

Petuuche Gilbert, Acoma, is an anti-nuclear activist, locally and internationally. In this video, he talks about the sacredness of Kaweshti and tells the story of the Spanish invasion by Juan de Oñate’s conquistadors, in 1598.

 

KAWESHTI, LE MONT TAYLOR, MONTAGNE SACREE

Le Mont Taylor, près de la petite ville de Grants, au Nouveau Mexique, est sacré pour beaucoup de Peuples Autochtones de la région. Pour les Navajos, c’est Tsoodzil, la montagne du sud, une des quatre montagnes sacrées qui délimitent leur territoire traditionnel. Il est également sacré pour les Peuples Pueblos de la région. Pour les Acoma, qui vivent à proximité, il s’appelle Kaweshti.

Il est malheureusement situé dans ce qui est appelé “la ceinture de minéraux de Grants”, et a donc déjà fortement été endommagé par les industries minières.

Actuellement, le Mont Taylor est toujours menacé par des projets de nouvelles mines d’uranium.

Petuuche Gilbert, Acoma, est un activiste contre le nucléaire, localement et sur le plan international. Dans cette vidéo, il parle du caractère sacré de Kaweshti, et raconte l’histoire de l’invasion Espagnole par les conquistadors de Juan de Oñate, en 1598.

 

Christine Prat

 

 

 

 

LE MONT TAYLOR RISQUE DE SUBIR DES DEGRADATIONS CULTURELLES ‘PERMANENTES ET GRAVES’

Par Klee Benally @eelk
See original article in English
23 avril 2013
Traduction Christine Prat

 

LE PROJET DE DECLARATION D’IMPACT SUR L’ENVIRONNEMENT REVELE QUE LE SERVICE DES FORETS A L’INTENTION DE ‘DEVIER’ DES LOIS EXISTANTES

GALLUP, Nouveau-Mexique – Le Service des Forêts Nationales de Cibola (CNFS) a publié un Projet de Déclaration d’Impact sur l’Environnement [Draft Environmental Impact Statement – DEIS] pour un projet de mine sur le Mont Taylor qui enfreint le Plan de Gestion des Forêts existant.

Au lieu de s’en tenir à ses normes actuelles concernant le patrimoine historique et culturel, le CNFS a l’intention d’en ‘dévier’ pour autoriser la profanation du Mont Taylor par un « Amendement, Spécifique au Projet, du Plan de Gestion des Forêts ».

La mine d’uranium est un projet de Roca Honda Resources (RHR) et menace le Mont Taylor, situé près de Grants, au Nouveau-Mexique, qui est considéré comme sacré par de nombreuses Nations Autochtones du Sud-ouest, dont les Diné [Navajo], Hopi, Acoma, Laguna et Zuni.

RHR est un partenariat entre Strathmore Minerals (Canada) et Sumitomo (Japon). Le projet de RHR est d’ouvrir une des plus grandes mines d’uranium des Etats-Unis pour les trente années à venir. Strathmore estime que la production annuelle d’uranium devrait être de plus d’un million de kilos.

Le Projet de Déclaration d’Impact sur l’Environnement indique que l’extraction d’uranium sur le Mont Taylor « … aurait pour effet l’interruption, l’altération et le déplacement d’activités culturelles traditionnelles cruciales pour la continuité des croyances et des pratiques de ces tribus ».

Le Mont Taylor a été classé définitivement Patrimoine Culturel Traditionnel. Lorsque des représentants de Strathmore ont été questionnés sur ce classement, Juan Velasquez, vice-président pour les affaires gouvernementales, environnementales et de réglementation, a déclaré que le classement PCT n’était qu’ « une tentative d’empêcher toute extraction d’uranium ».

« Chacune des alternatives aurait un effet adverse sur ce patrimoine historique car elle occasionnerait un changement des caractéristiques qui lui permette d’être inclus au Registre National des Sites Historiques [NRHP] à un point qui diminuerait son intégrité quant à sa relation à l’ensemble, son état et sa situation. Ces effets… seraient permanents et graves ». Page 352

« Le bien-être spirituel de la montagne, et la relation spirituelle entre les gens et les Etres Spirituels de la montagne seraient affectés par les changements de l’écosystème et on ne sait pas si ces dégâts seraient réparables. L’effet pourrait être permanent ». Page 354

Le Service des Forêts examine trois alternatives dans le Projet de Déclaration, l’ « Alternative 1 » est l’ « Alternative Ne Rien Faire » c’est-à-dire pas de mine d’uranium, l’ « Alternative 2 » est la totalité du projet de RHR et l’ « Alternative 3 » est une version réduite de la mine projetée.

AMENDEMENT SPECIFIQUE AU PROJET DU PLAN DE GESTION DES FORETS

D’après le Projet de Déclaration d’Impact sur l’Environnement, « … le Service des Forêts approuverait un amendement spécifique au projet du plan de gestion des forêts, pour permettre au projet de Roca Honda de dévier des normes du plan de gestion concernant le patrimoine historique… L’amendement permettrait des atteintes au patrimoine historique résultant de ce projet, en accord avec la loi applicable normalement… »

Les normes actuelles du plan de gestion du Service des Forêts indiquent que le patrimoine historique « sera géré durant la réalisation d’activités de manière à arriver à une conclusion de ‘non effet’ [sic] après consultation de l’Office d’Etat de Préservation Historique [SHPO – State Historic Preservation Office] et du Conseil Consultatif de Préservation Historique » (Réglementation du Service des Forêts – USFS, 1985:63) . Le Projet de Déclaration d’Impact sur l’Environnement indique que « La Norme n. 5 concerne les cas de conflits dans la gestion des ressources. Elle comprend une liste de conditions dans lesquelles ‘la préservation des ressources culturelles en place doit être l’option préférentielle’ ».

Le Projet de Déclaration révèle que ces conditions s’appliquent entre autres:

« Lorsque la valeur culturelle vient essentiellement de qualités autres qu’un potentiel pour la recherche et que cette valeur ne peut exister pleinement que si les vestiges culturels sont laissés intacts dans leur contexte d’origine (par exemple, associés à des personnages ou évènements historiques importants, à des valeurs religieuses ou ethniques spéciales ou des valeurs interprétatives uniques). (USFS, 1985:63) (Dans le Projet de Déclaration, pages 354-355).

‘ACCORD PROGRAMMATIQUE’

Le Service des Forêts de Cibola n’indique aucune mesure claire pour atténuer les effets culturels négatifs, mais au lieu de cela propose un « accord programmatique » visant à établir une relation de travail continue avec les Nations Autochtones touchées.

« Conformément à la Section 106 de la Loi Nationale sur la Préservation Historique, le Service des Forêts développerait un accord programmatique après consultation du Conseil Consultatif sur la Préservation Historique et des parties ayant un rôle consultatif. Cet accord programmatique définirait des mesures à prendre pour éviter, minimiser et atténuer les effets négatifs causés au patrimoine historique et prendre en considération les effets sur d’autres ressources et pratiques culturelles. Bien que ces effets négatifs soient toujours là, les mesures d’atténuation les résoudraient selon 36 CFR Paragraphe 800. Cependant, l’impact sur les ressources culturelles en générale et les pratiques culturelles traditionnelles resterait important ».

Les seules mesures d’atténuation mentionnées dans le Projet de Déclaration sont citées comme « exemples à prendre en considération… » Le Projet de Déclaration cite ces exemples :

. Effectuer des excavations de récupération de données sur les sites archéologiques ;

. Effectuer des recherches sur divers sujets concernant les questions de ressources culturelles pertinentes ;

. Mettre en place des pratiques spécifiques durant les activités de construction et d’exploitation pour contrôler l’érosion et les changements dans les schémas d’érosion ;

. Formation des personnels de RHR impliqués dans la construction, l’exploitation et la restauration du site, et des personnels des sous-traitants, à reconnaître la découverte de ressources archéologiques ou de restes humains, à reconnaître quand des dommages accidentels ont été causés, à arrêter les activités susceptibles de perturber le sol, et à prévenir le personnel qualifié ; et

. Inculquer au personnel de RHR et des sous-traitants l’importance des ressources culturelles, leur apprendre les lois et réglementations protégeant les ressources culturelles, la nécessité de rester dans des zones de travail définies et les implications légales du vandalisme et du pillage.

‘ASSECHEMENT’

Page 354, le Projet de Déclaration révèle que « …l’exploitation de la mine et l’assèchement qui y est associé entraîneraient la baisse du niveau des nappes aquifères, le transfère de l’eau d’un bassin à un autre et la contamination de l’eau. Ces changements sont considérés comme conduisant à des conséquences négatives sur l’approvisionnement en eau dont les tribus dépendent pour leurs usages religieux et de subsistance ».

Le Projet de Déclaration poursuit :

« Pendant la construction de la Mine Roca Honda, les puits traverseraient deux nappes aquifères qui contiennent assez d’eau pour qu’un assèchement partiel soit nécessaire : les couches calcaires Gallup et Dakota. Au cours des opérations d’extraction, il faudrait assécher l’unité exploitée, la Branche Westwater Canyon de la Formation Morrison. Sur la durée de vie de la mine, on estime que 1,5 millions de m³ seraient pompés de la nappe aquifère Gallup, 286000 m³ de la nappe Dakota et 97 millions de m³ de la nappe Westwater ». Page 353

« Les pratiques culturelles traditionnelles seraient affectées par la perturbation physique de toutes les ressources culturelles et naturelles dans le secteur pendant la construction, l’exploitation et la restauration. Les pratiques en question seraient également affectées par l’extraction du minerai, l’assèchement et les activités de surface. Ces effets seraient importants et les deux alternatives entraîneraient des conséquences négatives pour le patrimoine historique ». Page 358

QUELQUES ELEMENTS DE LA PROPOSITION DE ROCA HONDA RESOURCES (RHR)

. RHR propose un permis d’extraction pour une surface de 8 km², comprenant 0,2 km² de routes de transport, un couloir de service et un pipeline pour évacuer les eaux d’assèchement.

. Ils estiment que le site serait perturbé sur une largeur de 6 m et une distance de près de 9 km pour l’installation du pipeline, Page 34 du Projet de Déclaration.

. RHR voudrait extraire du minerai situé à environs 500-800 mètres de profondeur.

. RHR voudrait exploiter la mine pendant une période d’environs 18-19 ans.

Le Projet de Déclaration indique que « cependant, la durée d’activité de la Mine Roca Honda dépendrait du marché de l’uranium et de la découverte potentielle de plus de minerai. Donc, la période d’exploitation pourrait très bien dépasser les 18-19 ans ».

Le Projet de Déclaration répond prématurément à d’éventuels litiges en citant le précédent de l’affaire des San Francisco Peaks :

« La Loi sur la Restauration de la Liberté Religieuse est souvent citée comme protection des sites religieux et sacrés. La loi, adoptée en 1993, stipule que le gouvernement ne peut pas créer d’obstacles significatifs à la pratique religieuse d’une personne, même si les obstacles sont le résultat d’une règle généralement applicable… La loi limite la capacité du gouvernement Fédéral à imposer des obstacles significatifs à la libre pratique de la religion. Pour imposer des obstacles significatifs à la libre pratique de la religion, il doit y avoir une pression coercitive du gouvernement à agir contrairement aux croyances religieuses sous la menace de sanction civile ou criminelle, ou une condition pour recevoir des prestations du gouvernement fondée sur une conduite qui violerait les croyances religieuses (Navajo Nation v. USFS, 535 F.3d 1058, 9th Circuit 2008). Des telles conditions n’existent pas dans ce projet ».

D’après le Service des Forêts de Cibola, la Déclaration Finale d’Impact sur l’Environnement devrait être publiée fin 2013.

 

Le texte intégral du Projet de Déclaration d’Impact sur l’Environnement (DEIS) est sur :
www.fs.fed.us/nepa/nepa_project_exp.php?project=18431

Plus d’infos (en anglais) : www.masecoalition.org

Traduction française de l’article précédent sur le projet de mine

 


PROTEGEZ LE MONT TAYLOR SACRE: L’ALLIANCE MULTICULTURELLE POUR UN ENVIRONNEMENT SÛR (MASE) APPELLE A S’OPPOSER A LA MINE D’URANIUM ROCA HONDA

 

Par MASE
Publié par Indigenous Action Media
10 avril 2013
Traduction Christine Prat

Amis et alliés,

Beaucoup d’entre vous connaissent MASE [Alliance Multiculturelle pour un Environnement Sûr] et le travail que nous faisons dans le nord-ouest du Nouveau Mexique pour bloquer le projet de nouvelles mines d’uranium dans nos communautés. Le Service des Forêts vient de publier un Projet de Déclaration d’Impact Environnemental [Draft Environmental Impact Statement – DEISpour la mine de Roca Honda, la première proposition de nouvelle mine au Nouveau Mexique depuis 30 ans. A part les effets de la mine de Roca Honda sur l’environnement, MASE est très impliquée dans la protection d’un site sacré Autochtone, le Mont Taylor, sur lequel la mine devrait se trouver. Nous vous prions de vous joindre à nous et de nous soutenir dans nos efforts pour empêcher l’ouverture de cette mine en envoyant des lettres et des commentaires au Service des Forêts, demandant instamment de rejeter le Plan d’Opérations de la Mine de Roca Honda. Vous trouverez ci-joints nos points de discussion. Nous apprécierions beaucoup que votre organisation envoie des lettres et que vous envoyiez des messages à vos réseaux et aux membres de vos organisations leur demandant de faire la même chose. Nous transmettons nos points de discussions mais vous pouvez les élaborer et faire d’autres commentaires.

Nous demandons à nos alliés et à ceux qui nous soutiennent trois choses :
1) Demander au Service des Forêts de rejeter le Plan d’Opérations de Roca Honda
2) Demander au Service des Forêts de choisir l’Alternative de « Ne Rien Faire » pour le DEIS
3) Demander au Service des Forêts de publier un nouveau Projet de Déclaration d’Impact Environnemental [DEIS] vu que l’actuel projet est inadéquat

 

DATE LIMITE POUR LES COMMENTAIRES : 14 MAI 2013

Email pour les commentaires immédiats : comments-southwestern-cibola@fs.fed.us.

Lettres à adresser à :
TRAVIS G. MOSELEY
Acting Forest Supervisor,
Cibola National Forest and Grasslands,
2113 Osuna Rd. NE,
Albuquerque, NM 87113

Ou par fax : (00 1) 505 346 3901
Tél. : (00 1) 505 346 3900

Le Projet de Déclaration d’Impact Environnemental [DEIS] peut être consulté sur le lien suivant :
http://www.fs.fed.us/nepa/nepa_project_exp.php?project=18431

Merci d’avance.

 

POINTS DE DISCUSSION :

Pour la première fois depuis 30 ans, le Nouveau Mexique pourrait ouvrir ses portes à l’exploitation d’uranium. Alors même que nous devons supporter la charge de milliards de dollars pour nettoyer les déchets, le Nouveau Mexique envisage d’autoriser la compagnie canadienne Strathmore Minerals et la compagnie japonaise Sumitomo à ouvrir la Mine de Roca Honda. Roca Honda est une mine souterraine conventionnelle située sur le Mont Taylor, au nord de Grants.

Nous nous opposons à Roca Honda pour les raisons suivantes :

. Roca Honda va gaspiller l’eau du Nouveau Mexique. Roca Honda se propose de pomper et utiliser des millions de litres d’eau par jour pour faire fonctionner la mine. Cette eau sera pompée dans la nappe aquifère souterraine dont nos communautés dépendront dans l’avenir. De l’eau souterraine traitée qui pourrait être utilisée par le public dans le futur sera donnée à un propriétaire privé des environs.

. Le Mont Taylor est un site sacré qui doit être protégé. Beaucoup de gens, Autochtones et non-Autochtones, reconnaissent la valeur culturelle du Mont Taylor. Le Mont Taylor a une profonde signification spirituelle. Il occupe une place centrale dans l’histoire orale, les légendes et les cérémonies et joue un rôle vital dans la cosmologie et les pratiques religieuses. Des sanctuaires, des trajets de pèlerinage, des herbes médicinales traditionnelles et des sources risquent d’être détruits par l’exploitation minière. L’extraction compromettrait l’harmonie spirituelle et l’équilibre de nos communautés. Les impacts historiques et culturels doivent être analysés sous la protection de la Loi sur la Préservation Historique Nationale [National Historic Preservation Act] et la Loi sur la Politique Nationale de l’Environnement [NEPA].

. Il n’y a pas d’usine de traitement de l’uranium. Roca Honda a l’intention d’entamer les opérations d’extraction sans projet concernant ce qui sera fait de l’uranium une fois extrait. Il n’y a qu’une usine de traitement aux Etats-Unis, qui ne prend pas de minerai supplémentaire à traiter.

. Il n’y a pas de décharge pour les déchets. Le fait qu’il n’y ait pas d’endroit prévu pour entreposer les déchets est un problème très grave. C’est irresponsable et dangereux de commencer à extraire de l’uranium alors qu’il n’y a pas de solution au problème des déchets.

. Les déchets radioactifs et autres sous-produits seraient transportés à travers nos zones d’habitation. Roca Honda transporterait des matériaux radioactifs et dangereux au milieu de nos communautés. Les services de police locaux et les services de santé publique ne sont pas préparés à réagir à des accidents pendant le transport. Les communautés supporteraient la charge de réagir aux situations d’urgence et de devoir vivre avec les conséquences. Le Projet de Déclaration d’Impact Environnemental ne mentionne pas de site pour une usine, de trajet pour le transport ni quelles communautés se trouveraient sur sa route.

. Il n’y a pas de ‘technologie nouvelle’ lorsqu’il s’agit d’extraction d’uranium. Il y a deux manières d’extraire l’uranium – les mines souterraines conventionnelles et la lixiviation sur place. Les deux méthodes existent depuis des années et ont un passé de contamination. La lixiviation en place implique de contaminer volontairement l’eau souterraine pour déplacer l’uranium. Roca Honda devrait être une mine souterraine conventionnelle, du même type que celles qu’à connu le Nouveau Mexique dans le passé.

. Les effets cumulatifs sur les communautés vivant à proximité n’est pas pris en considération. Les services de l’état et fédéraux ne prennent pas en compte d’autres projets miniers proches et les effets cumulatifs que ces mines auraient sur notre santé, l’eau et autres ressources naturelles. La section sur les effets cumulatifs fait la liste d’autres projets dans le District Minier de Grants, mais ne fournit pas de carte montrant où ils sont situés ou quelles communautés seront touchées.

. Les effets sur la santé des gens n’ont pas été étudiés de manière adéquate. Les communautés du nord-ouest du Nouveau Mexique vivent encore avec la contamination du passé. Les familles vivant près de mines d’uranium et d’usines abandonnées remarquent un accroissement du taux de cancers et d’autres problèmes de santé. Cette question est ignorées par les administrations locales et fédérales. Continuer à exploiter d’autres mines sans connaître l’étendue des effets sur la santé des gens est dangereux et mortel.

. De l’eau saine et une population en bonne santé sont des droits de l’homme. Le gouvernement fédéral et l’état du Nouveau Mexique doivent reconnaître les droits des gens qui vivent dans des communautés touchées par l’uranium et dire ‘NON’ au projet de mine Roca Honda.

. Il n’a toujours pas été remédié à la contamination à l’uranium du passé. Il y a au Nouveau Mexique des centaines de mines d’uranium abandonnées, et quelques milliers dans la Réserve Navajo. Des produits toxiques fuient toujours de ces mines dans les eaux souterraines, elles laissent échapper du radon dans l’air et contribuent aux problèmes de santé des résidents vivant dans des zones contaminées.

. Les anciens mineurs ayant travaillé dans les mines d’uranium connaissent toujours des problèmes de santé dévastateurs. Des milliers d’anciens mineurs et ouvriers des usines de traitement continuent à souffrir et à mourir d’avoir travaillé dans des conditions dangereuses. Bien qu’il y ait eu quelques améliorations de la sécurité des travailleurs, le travail dans des mines comportera toujours des risques. Nos communautés méritent des emplois sans risque.