Une Unité Tactique de la Patrouille des Frontières U.S. casse des vitres, terrorise des migrants recevant des soins dans une chaleur extrême et s’empare de douze migrants au cours d’un second raid cauchemardesque

Par No More Deaths
Censored News
7 octobre 2020
Traduction Christine Prat

Le 5 octobre, après le coucher du soleil, la Patrouille des Frontières U.S. est entrée dans le poste d’aide humanitaire de No More Deaths, avec un mandat fédéral, pour un second raid nocturne en deux mois. Des bénévoles ont été retenus pendant 3 heures, tandis que 12 personnes recevant des soins médicaux, de la nourriture, de l’eau, et un abri par une température de 40°, étaient appréhendées.

Dans une démonstration de force massive, la Patrouille des Frontières, accompagnée par l’Unité Tactique de la Patrouille des Frontières (BORTAC), est descendue sur le camp avec un char d’assaut, des véhicules tout terrain, un hélicoptère et de nombreux véhicules de police et véhicules banalisés. Des agents armés de fusils d’assaut ont pourchassé et terrorisé ceux qui recevaient des soins, pendant que l’hélicoptère volait bas au-dessus d’eux, faisant voltiger de la poussière et des débris, rendant presque impossible de voir. La Patrouille des Frontières a cassé des vitres, enfoncé des portes et détruit l’infrastructure essentielle et les fournitures du camp. Ceci après avoir surveillé le camp et patrouillé sur tout son périmètre, créant un environnement hostile et angoissant pour ceux qui recevaient des soins, depuis tard dans la nuit du samedi 3 octobre.

Depuis le raid du 31 juillet dernier, la Patrouille des Frontières a refusé à de multiples occasions de rencontrer des bénévoles pour discuter d’accords passés précédemment, qui garantissaient le droit de fournir de l’aide humanitaire. Le chef du secteur de Tucson a envoyé à des représentants de No More Deaths une lettre officielle confirmant ce refus.

La surveillance et le harcèlement continuels du Camp Byrd par la Patrouille des Frontières empêchent les patients de recevoir des soins essentiels. Cette criminalisation de l’aide humanitaire et médicale que nous fournissons n’est qu’un prolongement des politiques mortelles de ce service. La Patrouille des Frontières détient des gens dans des lieus non-sécurisés voire mortels, où les soins médicaux sont négligés et les violations des droits humains largement documentées. Et maintenant, le COVID-19 se répand rapidement dans tout le système de détention de l’ICE, particulièrement ici, en Arizona.

Paige Corich-Klein, un bénévole présent lors du raid de la nuit dernière, disait ceci, à propos du raid précédent, fin juillet : « Une fois de plus, la Patrouille des Frontières concentre ses moyens pour entraver l’aide humanitaire pendant la période de l’année la plus mortelle pour les gens qui traversent la frontière. Des gens meurent dans le désert à cause de la politique de fermeture de la frontière, et maintenant la Patrouille des Frontières veut empêcher les gens d’accéder à une assistance pouvant leur sauver la vie. Nous voyons cela comme une violation claire du droit humanitaire international. »

Depuis 2004, le Camp Byrd a été un lieu où les gens qui traversent l’aride Désert de Sonora peuvent trouver de la nourriture, de l’eau, des soins médicaux et du repos. Le Camp Byrd a toujours fonctionné ouvertement et dans la transparence et fourni de l’aide humanitaire selon les protocoles de la Croix Rouge. No More Deaths affirme le droit de tous, quelque soit leur nationalité, de donner et recevoir de l’aide humanitaire. Nos bénévoles sont spécialement instruits de respecter notre autonomie, en donnant des soins, comme pratique standard dans le champ médical, et de n’appeler le 911 et la Patrouille des Frontières qu’avec le consentement du patient. Nous continuerons d’être une présence dans le désert aussi longtemps que les politiques de la Patrouille des Frontières continueront à créer une crise de mort et de disparitions.

Nous vous remercions – vous, nos soutiens dans tout le pays et à travers le monde – pour votre compassion et votre solidarité ininterrompues avec nous et les migrants où qu’ils soient.

Dans un esprit communautaire,

No More Deaths/No Más Muertes

Voir aussi, vidéo de 2017 sur le travail de No More Deaths, sous-titrée en français:

Par No More Deaths
Sur Censored News
1er août 2020
Traduction Christine Prat

Arivaca, Arizona – La Patrouille des Frontières des Etats-Unis a attaqué un poste d’aide humanitaire, et arrêté et détenu plus de 30 personnes qui recevaient des soins médicaux, de la nourriture, de l’eau et un abri, par une température d’environ 40°. Au cours d’une démonstration de force colossale, la Patrouille des Frontières – avec l’Unité Tactique de la Patrouille des Frontières, récemment déployée à Portland, dans l’Oregon – a fait une descente dans le camp avec un blindé, trois SUV, deux hélicoptères et des dizaines de véhicules identifiés et banalisés.

Pour son raid contre notre camp d’aide humanitaire, la nuit dernière, la Patrouille des Frontières avait un mandat, mais a refusé de le montrer en entrant. Le mandat spécifiait la saisie de tous les téléphones portables et des documents papier, une tentative évidente de supprimer toute information sur leurs actions, et les agents ne portaient pas de masques. Pendant deux heures, dans le noir, ils ont détenu et pourchassé des gens qui recevaient des soins, un agent de la Patrouille des Frontières filmant la scène. Le jour précédent, des agents avaient pénétré dans le camp sans mandat et avaient détenu une personne qui recevait des soins. Puis la Patrouille a mis en place une surveillance de 24 heures autour du périmètre, décourageant quiconque d’entrer dans le camp pour demander de l’aide.

L’attaque de style militaire de la nuit dernière contre le poste d’aide est un exemple flagrant du système mortel de la Patrouille des Frontière destiné à perturber l’aide humanitaire. Beaucoup de bénévoles de No More Deaths travaillent comme Techniciens Médicaux d’Urgence : du personnel paramédical, des infirmières et des médecins. Les bénévoles sont formés pour respecter l’autonomie des individus qui reçoivent des soins – selon la pratique normale dans le domaine médical, ils n’appellent le 911 et la Patrouille des Frontières qu’avec le consentement du patient. Toutes les personnes dans le camp avaient été évaluées médicalement, étaient dans un état stable et recevaient des soins constants.

La première détention et la surveillance du camp ont été mis en place tout juste 24 heures après que No More Deaths ait publié des emails d’une requête d’informations selon la Loi sur la Liberté d’Information, qui révélaient le rôle de la BORTAC [l’Unité Tactique de la Patrouille des Frontières] et du Syndicat de la Patrouille des Frontières, dans une attaque de 2017 contre le même poste d’aide.

Cette précédente attaque contre le même camp en 2017, s’est produite avant l’arrestation du Docteur Scott Warren, en janvier 2018, pour avoir fourni de l’aide humanitaire à deux individus. Warren avait été arrêté seulement quelques heures avant que No More Deaths ne publie un rapport détaillé sur la perturbation de l’aide humanitaire par la Patrouille des Frontières et une vidéo, devenue virale*, montrant des agents détruisant des tonneaux d’eau. Le message est clair : dénoncez les exactions de la Patrouille des Frontières et attendez-vous à des représailles.

« Hier, la Patrouille des Frontières a nuit à plus de trente personnes de façons irréparables. Quotidiennement, ceux qui migrent à travers le désert d’Arizona sont poursuivis, terrorisés, détenus et déportés » dit le Docteur Scott Warren, « la nuit dernière, nous avons été témoins de ces tactiques employées contre des gens qui cherchaient de l’aide médicale et des secours au poste d’aide de No More Deaths. Comme toujours, quand l’aide humanitaire dans les régions frontalières est visée, ce sont ceux qui ont besoin de soins qui sont confrontés le plus à l’escalade de la violence. »

No More Deaths / No Más Muertes s’engage totalement à continuer son travail d’aide à tous ceux qui voyagent à travers les régions frontalières et sont en danger de souffrance et de mort. L’aide humanitaire n’est pas un crime.

Nous continuerons à vous tenir informés de futurs développements ou d’appels à l’action. Merci encore d’être avec nous en ce temps difficile.

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Dans la solidarité,

La communauté No More Deaths / No Más Muertes

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La vidéo citée dans l’article: