Casey Camp et ses deux fils au cours de la manifestation ‘Rejeter et Protéger’, à Washington, D.C. (Photo Garth Lenz pour Bold Nebraska et ILCP)

 

Maïs de Résistance
Par Bold Nebraska
Publié sur Censored News
Mercredi 8 juin 2016
Traduction Christine Prat

 

Casey Camp – une dirigeante Ponca très engagée, actrice et écologiste – attire l’attention de tous quand elle entre dans la salle. Sa force est ressentie immédiatement et ses paroles vous restent longtemps après qu’elle les ait prononcées. C’est Casey qui a eu l’idée d’amener du maïs Ponca à d’autres familles dans le monde pour partager notre cran et notre détermination à bloquer les pipelines pour sables bitumineux et autres pétroles dangereux.

« Le Maïs Ponca a continué à être partagé à travers les Amériques du Nord et du Sud, » a expliqué Casey Camp. « J’ai offert du maïs à d’autres Peuples Autochtones au cours de tous mes voyages, et j’ai reçu des paroles d’encouragement, de gratitude et des prières pour bénir le maïs. Ceux à qui j’en ai offert en Amérique du Sud s’y réfèrent comme ‘Graine de Résistance’, expression tangible, dans sa croissance et sa récolte, du combat contre le Génocide Environnemental. »

 

LE ‘MAIS DE RESISTANCE’ PONCA SACRE A NOUVEAU PLANTE SUR LE TRAJET DU KEYSTONE XL

 


Amos Hinton et Mekasi Horinek de la Tribu Ponca d’Oklahoma, et le fermier Art Tanderup en 2014, plantant le maïs sacré Ponca corn dans la ferme des Tanderup (Photo: Mary Anne Andrei)

 

Par Jane Kleeb
Bold Nebraska

Une graine de maïs signifie beaucoup de choses – de la nourriture, du carburant bio, une pellicule pour des médicaments, du plastic bio, du fourrage pour le bétail. La graine de maïs est aussi devenue un symbole adoré pour notre résistance collective aux sables bitumineux et à la production irresponsable de pétrole dangereux pour notre terre, nos droits de propriété, le climat et l’eau.

Au cours des trois dernières années, des membres de la famille Camp, de la Nation Ponca d’Oklahoma, sont retournés sur leur terre ancestrale au Nebraska, pour planter des lignes de ‘maïs de résistance’ Ponca Sacré dans la ferme d’Art et Helen Tanderup à Neligh – cette terre se trouve aussi directement sur le trajet prévu pour le pipeline Keystone XL et c’est une terre sacrée pour les Ponca.

« Une fois de plus, nous avons fait le voyage jusqu’à la ferme des Tanderup, de l’Oklahoma au Nebraska, sur la Piste des Larmes des Ponca, pour planter les graines de résistance Ponca sacrées » dit Mekasi Camp Horinek, fils de la militante Autochtone Casey Camp. « Non seulement dans la terre du pays de nos ancêtres, mais aussi dans le cœur et l’esprit des gens qui honorent, respectent et protègent notre Mère la Terre, tandis que les racines de ces graines de résistance s’étendent à travers tous les continents, tout comme la prise de conscience du combat contre le Keystone XL et pour protéger Notre Mère la Terre pour les générations futures ».

Mekasi avait conduit toute la nuit pour arriver à la ferme d’Art et Helen au lever du soleil. Il est entré dans le champ d’un cœur solide, a offert du tabac et chanté le chant de la plantation du maïs pour une bonne récolte. Cette cérémonie du lever du soleil est particulière à Mekasi et la Nation Ponca. Un don transmis depuis des générations avant lui est toujours vivant jusqu’à aujourd’hui.

Il n’y a ni foule ni caméras de télévision. Juste deux familles liées pour toujours par leur amour partagé de la terre et de l’eau, le respect des vies Ponca détruites par notre gouvernement, et la détermination de bloquer le Keystone XL.

« Nous nous sentons honorés de planter notre deuxième récolte de maïs sacré Ponca. Le partenariat avec nos parents du sud rend honneur à ceux qui ont été forcés de quitter leur pays, » dit le fermier Art Tanderup. « Tandis que nous nous préparions à planter, Mekasi nous a parlé de son grand-père, jeune alors, qui a marché à travers la terre de cette ferme dans des conditions terribles. L’esprit de la Femme Bison Blanc vit dans cette communauté. »

La ferme d’Art et Helen Tanderup se trouve des deux côtés de la « Piste des Larmes Ponca » historique, le voyage tragique des membres de la tribu déportés de force du Nebraska il y a 138 ans, et sur le trajet projeté du Keystone XL. Helen Tanderup est le pilier de la ferme familiale. Elle a grandi sur cette terre et connaît chaque arbre et chaque feuille qu’elle a aidé à planter, et elle sera là, comme l’an passé, pour s’occuper du maïs. Les femmes sont parfois négligées dans certains combats écologistes, mais dans nos efforts pour bloquer le pipeline, les femmes y sont au cœur et sont les travailleuses qui seront toujours prêtes à prendre la direction.

 


Helen Tanderup dans son champ, avec le maïs rouge Ponca sacré de la première récolte

 

En plus du maïs Ponca planté à Neligh, la Nation Ponca a planté le maïs sacré récolté l’an dernier en Oklahoma. A l’image des ‘quatre vents’, la Nation Ponca a planté quatre parcelles de huit hectares, utilisant le maïs de la récolte de l’an dernier, une action puissante de la part des Ponca, étant donné que le maïs qu’ils ont planté n’avait pas touché leurs racines du sol du Nebraska depuis plus de 130 ans.

Art Tanderup a fait certifier le maïs au Ministère de l’Agriculture US pour s’assurer qu’il y a un fichier officiel*. Nos actions ont une profonde signification personnelle pour nos familles, et maintenant, l’action du maïs est aussi enregistrée dans les fichiers officiels* du gouvernement.

 

Publié par Brenda Norrell brendanorrell@gmail.com

 

* Quand il n’y a pas de patente officielle sur une variété de maïs (ou toute autre céréale), on court le risque que Monsanto dépose une patente et fasse payer des droits aux agriculteurs traditionnels auxquels ils ont volé des échantillons…

 

 

LES SIOUX YANKTON ET IHANKTONWAN, ESSAIENT D’OBTENIR LE REJET DE LA DEMANDE DE TRANSCANADA A LA COMMISSION D’UTILITE PUBLIQUE DU DAKOTA DU SUD DE STATUER SUR UN PERMIS, LE 6 JANVIER 2015

Par La Tribu Sioux Yankton
Thomasina Realbird, Sioux Yankton
Faith Spotted Eagle, Présidente du Traité Ihanktonwan*
Publié sur Censored News
Mercredi 31 décembre 2014
Traduction Christine Prat

 

NATION SIOUX YANKTON – Dans une action menée avec détermination, la Tribu Sioux Yankton va croiser le fer avec Transcanada le 6 janvier, afin d’essayer d’obtenir le rejet de la demande de Transcanada de faire officialiser le passage de l’oléoduc Keystone XL à travers le Dakota du Sud. La Tribu avancera l’argument selon lequel tant de choses ont changé dans la constatation des faits et les conclusions légales ainsi que les cinquante conditions initiales devant être remplies par Transcanada, que c’en est devenu un nouvel oléoduc.
Les trois autres tribus présenteront des arguments soutenant la motion des Yankton.
Durant l’automne 2014, 41 intervenants et quatre tribus ont déposé des interventions contre le développement de l’oléoduc KXL durant des sessions de la Commission d’Utilité Publique du Dakota du Sud animées par trois membres de cette institution. En plus des Yankton, les quatre autres tribus sont celles de Cheyenne River, Rosebud et Standing Rock.
Les autres intervenants sont des ONG, des citoyens et des propriétaires de terres du Dakota du Sud et du Nebraska.
Beaucoup d’intervenants du Dakota du Sud sont membres de ‘NOKXL Dakota’ [Pas de KXL Dakota], qui constitue une puissante coalition de tribus, de propriétaires de terres et d’ONG, entre autres l’Action Rurale du Dakota, qui est intervenu quand la Commission d’Utilité Publique a certifié l’oléoduc KXL en 2010. Bold Nebraska [Nebraska Sans Peur] et d’autres propriétaires de terres du Nebraska ont également été acceptés comme intervenants.
La Commission d’Utilité Publique a accepté toutes les interventions, entre autres celles du Réseau Environnemental Autochtone, du Conseil Intertribal sur la Politique Publique, du Sierra Club, de 350.org, de la Fédération pour la Vie Sauvage du Dakota du Sud, et de la Commission d’Utilité Publique de Rosebud.
Au cours de la session de décembre 2014 de la Commission d’Utilité Publique, les tribus et les autres parties ont présenté leurs objections essentiellement par le biais de motions préalables mais n’ont pas été autorisées à argumenter lors de la session proprement dite.
Il s’avère que les sessions de la Commission d’Utilité Publique n’autorisent pas les arguments oraux, ce qui est inhabituel pour une institution exerçant un pouvoir de réglementation juridictionnel. Il reste à voir si cela va changer durant la session du 6 janvier.
Lors de la session du 6 janvier, des parties présenteront des faits déjà découverts pertinents pour la procédure. Après la date du 6 janvier, un calendrier accepté par tous a été fixé pour d’éventuelles découvertes de faits au cours des quatre mois qui se concluront par une dernière session dans la première semaine de mai. Le processus d’intervention a réuni une puissante coalition d’intervenants qui défendent leurs droits à une vraie procédure en tant que citoyens de ce pays. Les tribus affirment leurs droits de protéger les terres des traités, l’eau et les droits humains de vivre en sécurité sur une terre qu’ils habitent depuis des siècles. La terre n’inclut pas seulement les terres selon les traités, mais aussi des terres qui n’ont jamais été cédées et sont considérées comme ayant le statut de territoire occupé ; et des terres qui appartiennent en titres à certaines tribus comme Rosebud et Oglala. Yankton a combattu l’oléoduc KXL depuis 2008 et continuera jusqu’à ce que le KXL s’en aille.
Après la session du 6 janvier de la Commission d’Utilité Publique, la coalition NOKXL Dakota hébergera un Cercle de Prière dans la Rotonde du Capitole pour célébrer l’unité, la solidarité, l’opposition ininterrompue et la victoire de l’unification qui ne cèdera pas de terres à une entité étrangère et ne compromettra pas le climat pour les générations à venir.

Si vous avez des questions, contactez : Thomasina Realbird (00 1) (303) 673 9600 ou Faith Spotted Eagle (00 1) (605) 481 0416

 

*Le 25 janvier 2013 les Nations Sioux ont signé un Traité International (c.à.d. Inter nations Sioux, ouvert aux autres Nations voulant les rejoindre) pour Protéger le Sacré des Projets de Sables Bitumineux.

DakotaSacred23-1-2013

L’introduction :
Les représentants de Nations, tribus et gouvernements Autochtones souverains, participant au Rassemblement pour Protéger le Sacré des 23 au 25 janvier 2013, pour le 150ème anniversaire du Traité Entre les Pawnee et les Sioux Yankton, se sont rassemblés sur les terres Ihanktonwan et ont résolu par consentement libre, préalable et informé de s’engager par traité à être pour toujours respectés et protégés.
Voir le texte intégral du Traité, en anglais

 

 

DECOLONISER LA RESISTANCE AUX PIPELINES EN AMERIQUE DU NORD

 

Par Lee Veeraraghavan sur le site Occupy.com
Mardi 25 février 2014
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Traduction Christine Prat

Tandis que la bataille contre l’oléoduc Keystone XL s’intensifie aux Etats-Unis, la Colombie Britannique au Canada fait face à des combats similaires. Le pipeline d’Enbridge Northern Gateway, s’il est approuvé, devrait transporter du bitume dilué des sables bitumineux d’Alberta jusqu’à la côte du Pacifique.

Le gaz de schiste du nord-est de la province doit aussi être transporté par gazoduc : le Pipeline Pacific Trails de Chevron-Apache, que certains considèrent comme un précurseur pour le Northern Gateway, dont les travaux de construction devaient commencer en 2013. Après avoir été repoussée d’un an, la construction du PTP a maintenant commencé – et la nouvelle phase de résistance s’est accrue en réaction. L’un des champs de bataille clef sera vraisemblablement le territoire Unis’tot’en, le Bird Clan de la Nation Wet’suwet’en.

De nombreux projets de pipelines, parmi lesquels le Northern Gateway et le Pacific Trails, doivent passer par le territoire des Unis’tot’en – un territoire qui n’a jamais été cédé à l’Etat Canadien. Cependant, les Unis’tot’en ont juré de bloquer tous les pipelines et de construire une cabane et une maison semi-souterraine sur le trajet. Ils ont aussi remis en vigueur un protocole traditionnel pour entrer dans leur territoire, afin d’écarter les arpenteurs-géomètres des compagnies de pipelines. Le protocole, mis en œuvre sur un pont sur Wedzin Kwah, la Rivière Morice encore sauvage, consiste en cinq questions : Qui êtes-vous et d’où venez-vous ? Pourquoi êtes-vous ici ? Combien de temps comptez-vous rester ? Travaillez-vous pour le gouvernement ou pour une industrie qui détruit ces terres ? En quoi votre visite bénéficiera t’elle au peuple Unis’tot’en ?

Le protocole indique un important changement dans la façon de penser les questions d’environnement : un changement qui reconnaît que le contrôle est aux mains des communautés Autochtones. L’activisme écologiste dominant est souvent pensé comme un impératif éthique fondé sur une exigence minimale déterminée par le discours scientifique. Ceci peut avoir l’effet regrettable de monter les groupes écologistes contre les communautés (souvent Autochtones) les plus affectées par la dévastation de l’environnement.

Et pourtant, dans le monde entier, les Peuples Autochtones sont à la pointe des mouvements qui voient l’écologie comme le résultat de l’adoption de pratiques locales longtemps réprimées par le colonialisme. Le point de vue Autochtone est cependant souvent réduit au silence : leur parole est laissée de côté en faveur des scientifiques et militants de l’environnement. J’ai eu récemment l’occasion de visiter le Camp Unist’ot’en et d’interviewer Freda Huson, porte-parole des Unist’ot’en.

Lee Veeraraghavan : La cabane, le camp, le barrage : tout cela a été dénoncé dans les médias et ailleurs comme opposition aux pipelines, mais l’ensemble du projet concerne beaucoup plus que cela. Pourriez-vous en parler ?

Freda Huson : Eh bien nous avons décidé de développer une communauté, et le but de cette communauté est de décoloniser notre peuple. Parce qu’avec les pensionnats Indiens et même les écoles publiques, ils ont essayé de faire oublier à notre peuple notre culture, qui nous sommes, et de l’intégrer à la société Canadienne. Et cela n’a pas apporté la justice à mon peuple. Voyez toutes ces réserves : les gens sont perdus, les jeunes ne trouvent pas leur place, ils tombent dans l’alcool et la drogue. Ils jouent toute la nuit, dorment toute la journée et sont quasiment morts – morts spirituellement. Ils sont comme des zombies qui essayent de s’adapter.

L.V. : Et la communauté que vous fondez ici est le premier d’une série de projets pour retourner à la terre ?

 F.H. : Nous ne la considérons pas encore comme guérison, mais c’est notre but ultime. Ma nièce doit passer son doctorat l’année prochaine – elle est psychologue – et son projet est de développer une loge de guérison pour ramener notre peuple là où nous étions avant. Nous sommes un peuple fort, et bien que notre culture soit intacte et toujours forte (c’est notre système de gouvernement), beaucoup de nos jeunes n’y adhèrent pas. Vous ne les voyez pas dans notre salle de Fête. C’est des gens de ma génération qui y sont. Moi-même, je n’ai commencé à y aller qu’il y a quatorze ans.

L.V. : Qu’est-ce qui vous a fait changer ?

F.H. : C’est le fait que mon père m’a dit « si tu ne participe pas au système de Fête, et que quelque chose arrive à un de tes enfants, il n’y aura personne pour t’aider ». Voyez les familles qui ne participent pas, s’il y a un décès, ou si quelqu’un tombe malade, il n’y a personne pour leur tendre la main, parce qu’ils ne font pas partie du système. Il m’a dit : « Il faut que tu commences à y aller. Si tu veux que quelqu’un t’aide, il faut que tu commences par participer et aider les autres, et alors, quand tu seras dans le besoin, ils t’aideront ».

L.V. : Sur votre site web vous parlez du protocole : ce que c’est, et son histoire. Pourriez-vous dire pourquoi vous le remettez en vigueur maintenant ?

F.H. : Nous le faisons pour protéger ce qu’il reste du territoire. En y arrivant, vous voyez beaucoup de zones où les arbres ont été abattus et qui sont endommagées. Et parce qu’il ne nous en reste plus que 10%, nous avons décidé de ressusciter le protocole et de poser aux gens ces questions justifiées leur demandant pourquoi ils sont ici. Il y a tellement de destructions autour de nous : mines, exploitations de bois, et même des gens qui ont le sentiment qu’ils peuvent tout se permettre parce que le gouvernement dit : ce sont des « terres de la Couronne » [terres appartenant aux Canadiens, au nom de la Couronne]. Ils chassent le gibier, et ils prennent… bien que le gouvernement essaie de réguler, personne ne vient pour s’assurer que ces chasseurs ne prennent pas une femelle d’orignal. Personne ne vérifie. Nos gens ne prennent pas les femelles d’orignaux, parce que ce sont elles qui assurent la reproduction. Les gens commencent à prendre tout et n’importe quoi, et ensuite ils s’étonnent de ce que les nombres sont bas.

Mais si nous avons le sentiment que les gens ont répondu aux questions de manière satisfaisante et que nous avons un accord selon lequel ils ne veulent pas de pipelines, qu’ils veulent juste venir ici pour essayer de pêcher dans un lac, ou pour se détendre et camper, alors nous les laissons entrer. Mais si les gens manquent de respect et nous prennent de haut, nous leur disons « faites demi-tour. Nous n’avons pas besoin de gens comme vous ici ».

Vous entrez dans notre territoire et nous nous assurons que nous découvrirons qui vous êtes, d’où vous venez, pourquoi vous êtes ici, et en quoi votre visite bénéficiera à mon peuple. Parce que, si çà ne doit pas bénéficier à mon peuple, pourquoi vous laisserions-nous entrer ? En ce moment même, partout autour de nous, toutes les industries qui sont ici nous jettent des miettes. Et vous entendez toujours le gouvernement dire : « Nous donnons des subsides à ces Autochtones ! » Des conneries ! Ce ne sont pas des subsides ! A la base, ils ont volé toutes nos ressources, nous ont chassés de nos terres, nous ont emprisonnés dans ces réserves et nous ont interdit de venir vivre de nos terres – afin de pouvoir prendre toutes nos ressources ! Ils nous doivent beaucoup plus que ces miettes de « subsides » qu’ils nous donnent. Ils continuent à nous appauvrir afin que notre peuple ne soit pas capable de se dresser devant eux pour les combattre.

L.V. : Qu’est-ce que la terre signifie pour vous ?

F.H. : En fait c’est… la vie. J’ai été revitalisée – ma santé est meilleure qu’elle n’a jamais été parce que je suis ici – et tout ce qui est ici est vivant. L’eau est vivante : elle contient tous les minéraux qu’il faut quand vous la buvez. Quand vous allez dans les agglomérations dirigées par des municipalités, dans notre communauté de Moricetown, ils mettent du chlore dans l’eau et elle passe par un système de filtrage, de telle manière que l’eau est morte. Ainsi vous ne faites que vous mouiller les lèvres. Notre peuple croit que nous faisons partie de la terre. La terre n’est pas séparée de nous. La terre nous nourrit. Et si nous n’en prenons pas soin, elle ne pourra plus nous nourrir et notre génération mourra.

Nous avons commencé à restaurer cette région grâce à des jardins de permaculture, afin de cultiver nos plantes médicinales et nos baies, dans le futur. Mais pour l’instant nous nous contentons de cultiver des pommes de terre conventionnelles, des choses comme çà, pour réparer le sol. Lorsque le sol sera restauré, nous transplanterons certains de nos buissons donnant des baies. Mais autrefois, nos gens étaient en forme et actifs sur ces terres, et ils devenaient centenaires, tellement ils étaient en bonne santé ! Donc nous savons que cette terre est la vie.

L.V. : Finalement, qu’est-ce que j’aurai dû vous demander ? Y a-t-il quelque chose de vraiment important qui m’a échappé ?

F.H. : Notre peuple a vécu ainsi pendant très, très longtemps, et nous essayons seulement de retourner à ce que nous sommes, de retrouver notre esprit, et de ressentir cette connexion. Il y a longtemps, les animaux parlaient à notre peuple, et nous les comprenions. Maintenant çà fait si longtemps que notre peuple a quitté le territoire, mais je pense que si nous y restons longtemps, çà reviendra. Nous respectons les animaux. Par exemple, c’est un pays de grizzly, mais ils ne viennent pas dans notre espace, et quand nous voyons qu’ils ont marqué leur territoire, nous le respectons. Nous disons « OK. Un grizzly a revendiqué ceci, allons ailleurs », et nous partons. C’est leur patrie comme la nôtre et nous le respectons. Vous les respectez, et ils vous respectent en retour.

 

 

 

DE PIED FERME (‘MOCCASINS ON THE GROUND’) POUR PROTEGER L’EAU SACRÉE

Par Debra White Plume
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Tar Sands Blockade
Censored News
Vendredi 8 mars 2013
Traduction Christine Prat

Les Lakota savent que nous aimons Unci Maka. Tout Unci Maka. Nos ancêtres étaient libres, de suivre la Voie de la Nation Etoile (la Bonne Route Rouge), de se déplacer, de chasser, d’être heureux, d’avoir de l’eau sacrée. Puis un jour, PRENEUR DE GRAISSE [FAT TAKER] est venu dans le camp, et a volé la graisse que de nombreuses femmes avaient préparée pour passer les durs hivers de la prairie. Dès lors, ce fut le début d’une guerre que nos ancêtres ont menée pour défendre leurs enfants, leurs bébés, leur – et notre – voie sacrée de la vie. Les coups de feu ont bien pu cesser à Wounded Knee le jour où le 7ème de Cavalerie a massacré des femmes, des enfants, des vieillard et des hommes désarmés. Mais la guerre continue. L’Amérique continue a violer la loi internationale, car c’est bien ce qu’est un traité. Nos ancêtres ont signé le Traité de Fort Laramie en 1851 et 1868 avec les Etats-Unis pour conserver un territoire et faire la paix. L’Amérique a violé la Loi du Traité quand Preneur de Graisse a trouvé de l’or, et ils n’ont pas cessé de la violer depuis. L’Amérique a admis récemment sa culpabilité d’avoir été un Preneur de Graisse, en approuvant unilatéralement (étant donné que personne ne s’est soucié de parler avec le gouvernement Traditionnel sur cette affaire) l’accord Cobell, qui a accordé quelques milliards aux innombrables peuples des Nations Rouges auxquels l’Amérique avait volé 134 milliards de dollars sous forme de ce qu’elle appelle des « ressources naturelles ». Celles-ci ont été arrachées à Unci Maka pour assurer des profits à quelques Preneurs de Graisse, laissant derrière la destruction et la pollution avec lesquelles nos Nations Rouges doivent vivre et mourir.

Nos frontières d’après le Traité comprennent une grande partie des Grandes Plaines. C’est notre territoire ancestral que nous avons conservé par Traité. Jusqu’à aujourd’hui, nous aimons cette terre et nous sentons que nous devons en prendre soin. A un moment donné, l’Amérique, après avoir pris illégalement d’autres territoires que nous n’avions pas cédés, a appelé les portions qui restaient « la Grande Réserve Sioux ». Néanmoins, nous sommes notre propre Nation souveraine !

Ici il faut noter quelque confusion dans la façon dont les Américains comprennent ce que nous voulons dire par « réserves ». L’endroit où je vis maintenant est la Réserve Indienne de Pine Ridge au sud-ouest du Dakota du Sud. Officiellement, dans les fichiers du Ministère de l’Intérieur Américain (où sont gérés les parcs nationaux, les animaux et les plantes – c’est aussi où les Indiens et nos terres sont « gérés »), la Réserve de Pine Ridge est indiquée comme le Camp de Prisonniers de Guerre 344. Dans le passé, nous ne dépendions pas du Ministère de l’Intérieur, mais du Ministère de la Guerre. Les Indiens d’Amérique (sic) sont les seuls dans ce grand pays qui ont un AUTRE numéro, à part le numéro de sécurité sociale qu’ont tous les Américains. Nous avons notre numéro « d’Indien », notre numéro de Prisonnier de Guerre. Le mien commence par 344. Ainsi l’Amérique sait que je réside dans le Camp de Prisonniers de Guerre 344. Réfléchissez-y un peu.

Dans notre action pour protéger le Territoire du Traité, les Droits de l’Homme, les Droits du Traité, nous nous faisons des alliés dans le monde entier pour informer l’opinion de notre situation dans le Camp de Prisonniers de Guerre 344 [POW Camp #344], de nos Traités, et de notre obligation et privilège de protéger les terres et les eaux pour les générations à venir. Nous avons beaucoup d’alliés Américains. Parfois ils commettent l’erreur humaine de se fier aux informations qu’ils trouvent sur nous et d’utiliser les archives américaines ; or, l’Amérique se réfère à une partie de notre territoire sous le nom de « Grande Réserve Sioux », ce qui était un territoire collectif où nos Nations devaient vivre ensemble, contrairement aux territoires des ‘réserves’ c’est-à-dire ce qui reste après que les Américains aient enlevé à notre Territoire du Traité ce qu’ils voulaient pour s’Engraisser. Ces ‘réserves’ séparées sont les lieus où vivent les Bandes distinctes (je suis de la Bande Oglala) aujourd’hui.

Maintenant, il y a un oléoduc pour transporter le pétrole des sables bitumineux, l’oléoduc Keystone XL projeté par TransCanada, Inc. qui doit traverser notre Territoire du Traité, ou, selon les termes des archives américaines, la « Grande Réserve Sioux ». Il traversera des centaines de fleuves, rivières et ruisseaux, et passera au-dessus de notre Nappe Aquifère Ogallala, qui s’étend à travers 8 états du Dakota du Sud au Texas, et il traversera aussi notre système d’eau courante. La nappe aquifère en question est aussi la source d’eau potable pour certaines parties de la Réserve de Pine Ridge, la Réserve de Cheyenne River Eagle Butte et la Réserve de Rosebud, qui dépendent aussi du système d’eau courante pour l’eau potable. Nous devons protéger notre eau potable.

La procédure américaine d’implication du citoyen est conçue pour donner au gens l’impression qu’ils ont quelque chose à dire. Cependant, quand cette procédure est appliquée aux « Indiens Américains », elle est faussée à l’avantage des Etats-Unis et de toute compagnie privée voulant faire des affaires sur nos terres. L’Amérique prétend que cette procédure nous donne la parole pour exprimer nos inquiétudes, nos besoins et nos DROITS. Nous savons que c’est un leurre, un mythe, un déguisement pour que le Preneur de Graisse continue à avoir ce qu’il veut.

TransCanada a un site sur lequel ils affichent notre poster pour l’entrainement des activistes de ‘Moccasins on the Ground’. TransCanada affirme avoir utilisé la procédure américaine pour « travailler avec » les tribus, mais ce n’est qu’une manipulation de plus du Preneur de Graisse pour obtenir ce qu’il veut. Disons que notre « tribu » rencontre des gens des institutions américaines comme EPA, BLM, etc. et nous disons « NON, ne passez pas par ici. » Alors les institutions dirons « mais nous avons le droit de passer par ici, çà n’enfreint aucune loi. » Ce n’est pas une consultation, c’est le gouvernement fédéral qui nous DIT ce qu’il va faire. Nos Nations Rouges se sont toutes opposées à l’oléoduc Keystone XL et ont fait appel aux Lakota pour défendre l’eau.

TransCanada tente de monter en épingle une identification américaine erronée de qui sont nos peuples et en quoi nos Territoires consistent. TransCanada essaie d’expliquer que leur processus de demande de permis a été transparent, et honnête, et bon. Demandez aux éleveurs et fermiers non-Indien du Montana au Texas combien TransCanada et l’Amérique ont été transparents dans leur conduite. Ils ont perdu leurs terres par expropriation au profit de TransCanada. Ils sont les nouveaux Indiens d’aujourd’hui, le gouvernement fédéral aide le Preneur de Graisse à prendre leurs terres maintenant, contre leur volonté.

Les gens doivent être prudents et lire entre les lignes ce que disent ces entreprises Preneuses de Graisse, vu qu’ils manipulent la langue anglaise et jouent sur les mots pour paraître ne pas être Preneurs de Graisse, et être honnêtes et bons. Ne soyez pas dupes du Preneur de Graisse. Soyez avec nous pour bloquer l’oléoduc Keystone XL et fermer le site d’extraction des sables bitumineux. Soyez avec nous pendant qu’il est encore temps de les arrêter. Rassemblez votre courage ! Nous avons le droit de protéger notre eau sacrée pour nos enfants et petits-enfants. C’est leur eau. Nous devons être prêts à protéger ce qui est destiné à nos jeunes générations.

Nous accueillons actuellement une session d’entrainement de trois jours, pour apprendre les uns des autres comment protéger notre eau sacrée par l’action directe non-violente, ce qui d’ailleurs, est un droit pour tous les citoyens de ce grand pays. Nous nous ferons des alliés, acquerrons de nouvelles compétences, partagerons les compétences existantes efficaces qui nous rendrons plus forts dans notre action collective pour les attendre de pied ferme [putting our Mocassins on the Ground] pour protéger notre eau sacrée. Hecetuwe. (C’est ainsi).

Debra White Plume

Owe Aku, Bring Back the Way

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OPERATION ‘DE PIED FERME’ (‘MOCCASINS ON THE GROUND’)

 

Par Debra White Plume
8 mars 2013
Sur le site de Tar Sands Blockade
Republié sur Censored News

 

8 mars, mise à jourMoccasins on the Ground : l’entrainement des activistes de première ligne commence

L’entrainement pour ‘Moccasins on the Ground’ a commencé aujourd’hui dans la réserve de Pine Ridge dans le Dakota du Sud, avec une célébration et une cérémonie. Debra White Plume, Grand-mère Lakota, s’est exprimée sur le but de ce weekend :

« Cet entrainement est un message à Obama et à TransCanada leur signifiant que s’ils essaient de construire le Keystone XL nous serons là pour les rencontrer, les attendant de pied ferme [with our moccasins on the ground]. »

Des Anciens Lakota ont adressé à la foule des messages importants sur la protection des Eaux Sacrées des sables bitumineux toxiques. Voici quelques moments importants de la cérémonie d’ouverture :

– Des joueurs de tambours ont exécuté un chant traditionnel en Lakota, qu’on peut traduire approximativement par : « Le Grand-Père regarde vers le bas et veille sur nous en tant que protecteurs de Notre Mère la Terre ».
– « L’eau est le premier soin. Peu importe votre couleur. Vous avez besoin d’eau pour survivre. Il s’agit de protéger notre Eau Sacrée » – Vic Camp
– « C’est la question-clé : Quand proclamons nous le droit à l’autodéfense pour la Terre Mère ? » – Alex White Plume
– « C’est un pipeline de mort. La mort culturelle pour notre peuple » – Ramsey Sprague, Tar Sands Blockade

 

FERMEZ LES SABLES BITUMINEUX

Par Debra White Plume

16 février 2013

Publié par Censored News
See Original article in English
Traduction Christine Prat

Lorsque des citoyens du Nebraska et de tous les Etats-Unis attendaient de voir quelle serait la décision du Gouverneur du Nebraska Heinman d’autoriser ou d’empêcher l’oléoduc Keystone XL de TransCanada de traverser son état, j’ai eu un mouvement de recul, vu que cela reflète une mentalité préjudiciable qui fait partie intégrante de la construction coloniale. La Nappe Aquifère Ogallala ne reconnaît pas le Gouverneur. Elle ne reconnaît pas non plus le Ministre des Affaires Etrangères John Kerry ni le Président Obama. J’éprouve aussi une certaine répulsion parce qu’un autre aspect crucial de la question est l’endroit d’où vient le pétrole de sables bitumineux à la base et ce que l’extraction fait à la Forêt Boréale, au bassin du Fleuve Athabasca, aux Gens des Nations Rouges et à toute la vie de cette région.

Le très polluant pétrole des sables bitumineux vient du puits de sables bitumineux qui a dévasté les terres et les eaux, et toute la vie là-bas, dans le seul but d’alimenter la rapacité insatiable de l’industrie des carburants fossiles, et la discussion doit porter aussi sur la nécessité d’en finir avec les ravages des carburants fossiles qui détruisent la terre pour remplir les poches de quelques uns, et aussi impliquer la prise de conscience du fait qu’il est temps pour toute l’humanité de réévaluer ses véritables besoins et désirs et de décider si elle désire cet oléoduc au point d’être prête à rompre cet équilibre délicat que nous avons déjà tellement ébranlé.

Il arrive un moment où çà en revient à la responsabilité personnelle. Ou bien nous considérons l’ensemble et voyons la vérité, ou bien nous continuons à vivre aux divers niveaux de déni que nous construisons, et fournissons des excuses à ce que l’industrie fait de notre soutien d’humains inactifs. Les gens doivent avoir le courage de prendre position et dire que l’industrie des carburants fossiles et l’extraction de pétrole des sables bitumineux est nuisible et entreprendre l’action nécessaire pour les obliger à fermer avant qu’il ne soit trop tard. Laisser cet oléoduc entrer [aux Etats-Unis – NdT] ne contribuerait pas seulement à continuer l’exploitation du puits de pétrole, la destruction de l’eau sacrée et de toute vie là-bas, cela contribuerait aussi à soutenir cette exploitation alors qu’elle met en danger aussi notre eau sacrée ici, car CELA VA fuir et polluer, et quand çà se produira, çà ne pourra pas être nettoyé, la technologie n’existe pas.

Nous devons être courageux et fermes, et agir pour arrêter cet oléoduc et fermer le puits de pétrole des sables bitumineux. Les gens doivent absolument avoir une vision d’ensemble et prendre conscience de la nature de leur gouvernement qui met en place une situation dans laquelle ils doivent choisir d’avoir un emploi aux dépends de la menace bien plus grande qui plane sur la Nappe Aquifère Ogallala et toutes nos eaux de surface. Qui fera le choix de défendre l’eau sacrée ? L’eau sacrée doit être préservée pour nos générations futures. C’EST LEUR EAU.

J’espère que demain à Washington DC, chacun criera 4 fois, joignant sa voix à 30000 autres, « FERMEZ LES SABLES BITUMINEUX ». Cela rendrait cette Grand-mère très, très heureuse. Et l’Univers pourrait peut-être écouter.

Hecetuwe.

 

Publié par brendanorrell@gmail.com

 

http://tarsandsblockade.org/13th-action/

Les personnes barricadées ont été arrêtées et la caution fixée à 65000 dollars par personne pour être libérés! Ce n’est même pas légal!

Des centaines de kilomètres de terres jusque là sauvages du Texas ressemblent maintenant à çà!

 

Par Brenda Norrell, Censored News

Original article in English

Traduction Christine Prat

 

Vendredi 3 août 2012

La réalisatrice de Seattle Rebecca Rodriguez marchera d’Alberta (Canada) jusqu’au Texas, pour dénoncer les dévastations causées par le forage des sables bitumineux d’Alberta aux communautés des Premières Nations, les destructions prévues aux Etats-Unis par l’oléoduc Keystone, et pour parler avec des Amérindiens en cours de route. Rebecca réalisera le documentaire intitulé Ce Pays Etait Votre Pays.

Rebecca dit avoir été inspirée par les paroles de Lehman Brightman, fondateur de l’Union des Autochtones Américains [United Native Americans], après la Longue Marche de 1978, et les actions de Debra White Plume, Lakota, arrêtée pour avoir bloqué des super camions à Pine Ridge dans le Dakota du Sud. La marche commencera fin août.

Interview par Censored News

Qu’espérez vous obtenir comme résultat de cette marche ?
J’espère faire toute la marche et avoir un film à partager avec les gens. J’espère que le film aidera à miner la politique et la rhétorique à propos de l’oléoduc Keystone XL. Je veux fournir une description plus exacte de ce qui est en train d’être sacrifié à la rapacité des grandes compagnies et le montrer pour ce que c’est : une question de survie.

Qu’est-ce qui vous a donné l’idée de faire cette marche ?
L’inspiration m’est venue en grande partie de la Longue Marche organisée par l’AIM en 1978 de San Francisco à Washington D.C. La marche avait pour but de protester pour les droits des Autochtones sur l’eau et la terre menacés à l’époque par le gouvernement des Etats-Unis et par les grandes compagnies minières. J’ai écouté un enregistrement du discours de Lehman Brightman à Washington D.C. à la fin de la marche, dans lequel il avertissait les gens qu’ils devaient être vigilants vis-à-vis des pouvoirs qui chercheraient à exploiter nos ressources naturelles. Plus de 35 ans plus tard, le combat continue contre des grandes sociétés comme TransCanada qui ont une influence politique qui met en danger notre eau et nos terres pour leurs profits.

TarSandsRoute

Au cours de mes recherches, je suis tombée sur un article de Censored News sur des femmes Lakota arrêtées dans la Réserve de Pine Ridge pour avoir bloqué des camions en route pour les sables bitumineux d’Alberta. Les chauffeurs, en violation de l’autorité du Conseil Tribal, essayaient d’éviter de payer les taxes des états en passant par des terres Autochtones. Ces femmes m’ont parues très audacieuses de faire un barrage de leurs propres corps. A partir de là, je me suis familiarisée avec le travail de Debra White Plume et le mouvement Autochtone s’opposant au Keystone XL. Plus je réunissais de faits au sujet de l’oléoduc Keystone XL, plus je voulais dénoncer le problème, et j’ai décidé d’emprunter une voie non conventionnelle pour filmer et protester en même temps. En tant qu’artiste, j’essaie constamment de trouver des solutions aux problèmes par des moyens créatifs. En investissant du temps et par une totale immersion, j’espère que le film suscitera une empathie partagée et que les conséquences sur les gens et l’environnement directement affectés par l’oléoduc cesseront de paraître insignifiantes.

Avez-vous déjà marché sur de longues distances ?
Non, à part la randonnée et le camping, je n’ai jamais marché sur une telle distance. Je ne l’entreprend pas pour l’aventure, c’est simplement une marche pour la survie. Comme métaphore, il s’agit aussi bien de ma propre survie lors de cette marche que de la survie des gens contre les dégâts causés à l’environnement par les grandes compagnies. J’ai trouvé intéressant que la tribu Ponca dans le Nebraska ait marché tout au long d’une Piste des Larmes du Niobrara jusqu’au-delà de la rivière Platte, en 1877. Le trajet est presque identique à celui qui est proposé pour l’oléoduc Keystone XL à travers le Nebraska et le nord du Kansas. En ce sens, c’est une marche de solidarité en l’honneur de ceux qui m’ont précédée.

Souhaitez vous que d’autres marcheurs se joignent à vous ?
Oui. Je serais heureuse d’avoir de la compagnie, mais j’ai des moyens limités et tous les marcheurs devraient subvenir à leurs propres besoins. C’est aussi pourquoi je m’adresse à ceux qui vivent à proximité du trajet de l’oléoduc et qui pourraient me venir en aide. Je dépend de la bonté de ceux qui m’aideront en route, que ce soit en m’offrant un hébergement, en apportant de la nourriture ou de l’eau, ou juste en apportant leurs voix ou leurs jambes pour la cause. Pour ceux qui sont loin de l’oléoduc et veulent aider, ils peuvent envoyer des dons directement à : www.indiegogo.com/thislandwasyourland

Vous commencez quand ?
Le tournage doit commencer le 27 août 2012, à Fort McMurray, Alberta, il faudra une semaine faire le documentaire sur les sables bitumineux de l’Athabasca. De là, nous irons en voiture d’Edmonton à Hardisty, en Alberta, où commence l’oléoduc Keystone XL et la marche de 1700 miles [2736 km]. Le reste du tournage se fera à pied, en 184 jours, environs 6 mois de la fin août 2012 au début de février 2013.

Schéma du tournage :

Août-septembre – Alberta, Saskatchewan
Octobre – Montana
Novembre – Nebraska
Décembre – Kansas
Janvier – Oklahoma
Février – Texas

Parlez nous un peu de vous
Je suis une artiste et réalisatrice résidant à Seattle, je prépare mon AMF [master en beaux-arts] en film et vidéo à L’Institut des Arts de Californie. Mes films ont été projetés dans des salles et festivals aux Etats-Unis, au Canada, en France, en Autriche et au Chili. Je suis originaire du Texas et j’ai grandi au Kansas, en Floride et en Louisiane, dans une famille de militaires. J’ai des origines diverses, mon père est hispanique, ma mère Anglo-Saxonne. J’ai grandi dans les deux mondes. Avant de déménager à Los Angeles pour mes études universitaires, j’ai vécu quatre ans à Chicago pour étudier le cinéma au School of the Art Institute of Chicago. Aujourd’hui, je considère Seattle comme mon domicile. Les déménagements m’ont donné une perspective intéressante sur la vie. Je ressens sans aucun doute plus d’empathie avec les gens et les endroits que j’ai connus au cours des années. Je m’intéresse aux documentaires qui traitent de questions sociales et de la justice environnementale en explorant des voies moins empruntées. Ma vision du documentaire est d’être juste dans le monde, de faire attention à ce qui m’entoure et d’observer les gens et les endroits que d’autres pourraient ne pas voir. Je suis persuadée que le simple fait de marcher peut être politique.

 

LES PROBLEMES
http://www.indiegogo.com/thislandwasyourland

LA TERRE
La terre est usurpée à des propriétaires privés à qui on dit d’accepter les offres financières de TransCanada sinon de voir leurs terres volées par le biais d’expropriation d’utilité publique. A ma connaissance, c’est la première fois dans l’histoire qu’une compagnie étrangère utilise l’expropriation dans l’intérêt publique pour un oléoduc commercial sur le sol Américain.

L’AIR
Les opérations de forage des sables bitumineux d’Alberta émettent de grandes quantités de polluants et des produits chimiques dont il est connu qu’ils ont des effets négatifs sur la santé humaine et la qualité de l’air. Les communautés vivant près des raffineries de pétrole extrait des sables bitumineux subissent une plus grande exposition aux émissions de dioxyde de carbone, aux métaux lourds et aux sulfures. Les forages d’Alberta sont la principale source de ces émissions au Canada.

L’EAU
En plus d’innombrables fleuves et cours d’eau, le Keystone XL doit traverser des sources d’eau potable, en particulier les nappes aquifères Ogallala et Carrizo-Wilcox. Ensemble, ces nappes fournissent de l’eau potable à environs quatorze millions de gens. Il y a des sources d’énergie alternatives, il n’y a pas d’alternative à l’eau. Pour chaque baril de pétrole extrait des sables bitumineux, on utilise trois barils d’eau. 90% de cette eau finit dans des piscines de déchets toxiques. On sait que ces grands lacs de pétrole tuent en grand nombre les oiseaux migrateurs qui se trouvent pris dans le goudron, ce qui entraîne une mort lente et douloureuse.

LES GENS
Les communautés autochtones du Nord de l’Alberta connaissent une montée en flèche du taux de cancers rares, de problèmes rénaux, de lupus, et d’hyperthyroïdie. Dans le village de Fort Chipewyan, situé en bordure d’un lac, 100 des 1200 habitants sont morts d’un cancer.

L’ENVIRONNEMENT
Du début à la fin du processus, les sables bitumineux sont la sorte de pétrole la plus sale et la plus destructrice jamais produite. De grandes étendues de forêt vierge boréale sont abattues et la terre en surface est retirée pour accéder aux sables contenant le pétrole. Ensuite le sol est miné, écrasé et conditionné en utilisant des litres et des litres d’eau fraîche et des produits chimiques comme le benzène (connu comme cancérigène causant la leucémie) et du toluène (qu’on associe à des dégâts aux reins et au foie).

SOLIDARITE
C’est une question de survie. L’air, l’eau et la terre sont essentiels, sans eux la vie s’arrêterait. Des emplois ne nous ferons pas vivre s’ils détruisent ces éléments. En soutenant ce film, vous marchez avec nous et vous vous dressez contre la violation de nos terres par les intérêts privés. Vous donnez une voix aux communautés autochtones, aux fermiers et aux propriétaires des terres qui sont sur le point de tout perdre en s’opposant ou en autorisant l’oléoduc à traverser leurs terres. Vous fournissez une image de la réalité qui va beaucoup plus loin qu’une carte abstraite.
La voie est devant nous, prenons-là. Merci.
Rebecca
thislandwasyourland.com

UN FIL DANS LA BELLE ETOFFE DE LA RESISTANCE

Par Debra White Plume

Censored News
Original article in English

Traduction Christine Prat

Jeudi 19 janvier 2012

L’eau est finie, et sacrée. “Mni wicozani », par l’eau il y a la vie. Nous devons boire de l’eau propre, nourrissante, pour vivre. Tout comme notre Mère la Terre est faite de beaucoup d’eau, nos corps humains contiennent 70% d’eau. C’est pourquoi à la Pleine Lune, et aux changements de marée, certains humains ont un comportement imprévisible. Pour nous, peuple Lakota, mni (l’eau) est notre premier médicament, notre première demeure. Il y a tout un corpus d’enseignement spirituel et social que nous apprenons en grandissant, la Vision du Monde Lakota concernant l’eau. Mni est notre parente, et la Loi Lakota exige que nous protégions les membres de nos familles. Notre Mère la Terre est notre parente.

Cette croyance a conduit notre organisation, Owe Aku (Bring Back the Way – Ramenez la Voie traditionnelle), qui s’occupe de préservation et revitalisation de la culture, des Droits garantis par les Traités et des Droits de l’homme, à s’interroger sur le taux anormal de cancer et de diabète sur la réserve de Pine Ridge. Cette recherche nous a conduit en des lieus où nous n’aurions jamais pensé aller ! Nous avaons consulté les études sur la qualité de l’air et de l’eau, ce qui nous a conduit à la mine d’uranium de Cameco, Inc. qui pratique la dissolution sur place [terme officiel : lixiviation in situ], à 30 minutes de notre frontière sud. Nous avons appris que cette technique d’exploitation contamine chaque jour une incroyable quantité d’eau. Cameco était sur le point de demander le renouvèlement de sa license et avait déposé une demande pour ouvrir une deuxième mine. Nous avons fait des recherches sur la procédure et nous sommes aperçus que nous pouvions intervenir, sur la base de la science et de la loi. Nous l’avons fait et sommes maintenant partie civile dans le procès contre le soi-disant ‘droit’ de Cameco d’empoisonner notre eau. C’était il y a sept and. Depuis çà continue.

Le travail de protection de l’eau exige une recherche constante, c’est ainsi que j’ai entendu parler du forage de sables bitumineux sur le territoire de Premières Nations dans le bassin de la Rivière Athabasca, près de Fort McMurray, au Canada. Ce que j’ai appris sur cette mine et ces effets sur Notre Mère la Terre a été un choc, alors j’ai commencé à parler de plus en plus de cette horrible profanation de Notre Mère la Terre et de nos parents des Premières Nations. Le forage des sables bitumineux se fait depuis des décennies et est devenu l’opération d’exploitation minière la plus sale au monde. Les grandes compagnies se sont introduites il y a des dizaines d’années, en trompant les élus pour leur faire signer des contrats d’exploitation, contrats qui ont résulté en une augmentation de formes rares de cancer, les gens meurent, les poissons aussi, ainsi que les orignacs [ou orignaux, sortes d’élans du Canada] et d’autres animaux dont les gens dépendent pour se nourrir. C’est devenu un problème d’alimentation. Est-ce que çà va devenir un problème de famine ? La forêt vierge boréale a été abattue, l’Amazonie du Nord est en train d’être détruite, des millions d’oiseaux et d’autres animaux sont morts, des espèces se sont éteintes. Le forage utilise 3 à 4 barils d’eau potable pure pour obtenir 1 baril de pétrole, chaque jour. Cela produit tant de gaz à effet de serre qu’il est quasiment impossible de les mesurer.

L’étude du forage des sables bitumineux nous a amené à découvrir l’intention de la compagnie TransCanada de construire et d’utiliser l’oléoduc Keystone XL, allant du site de forage au Canada, à travers le Montana, le Dakota du Sud, le Nebraska, le Kansas, l’Oklahoma jusqu’à la côte du Texas, ou le pétrole serait raffiné et expédié on ne sait où. Nous avons appris que le Keystone XL aurait 90 cm de diamètre, serait plutôt mince, et que le pétrole brut très lourd, soumis à une haute pression, devrait être chauffé à 65,5 degrés pour être suffisamment liquide pour couler dans l’oléoduc. Un ouvrier syndiqué a été licencié pour avoir signalé que le tuyau était défectueux, alors que les employés de la compagnie le déclaraient agréé. L’ouvrier licencié a renoncé à sa carrière de toute une vie. Je l’ai rencontré à Washington, DC.

L’oléoduc devrait croiser notre aqueduc d’Eau Rurale, qui transporte de l’eau potable du fleuve Missouri sur 320 km jusqu’à Pine Ridge. L’oléoduc Keystone XL devrait traverser 200 lacs, cours d’eau et rivières. Il serait enterré dans la nappe aquifère Ogallala, qui irrigue 30% des cultures vivrières des Etats-Unis et qui fournit l’eau potable à 2 million d’habitants, ainsi qu’aux troupeaux, aux chevaux, aux bisons et autres créatures à quatre pattes. TransCanada devrait utiliser beaucoup d’eau potable pour la mélanger au pétrole brut très lourd. Des enseignements sacrés et issus de ma société sur l’eau m’ont pousser à consacrer de plus en plus de temps au combat pour la vie (et contre la mort) que cette histoire d’oléoduc est devenue. Je connaissais les menaces des mines d’uranium pour notre sol et ce qui vit à la surface, et ce que j’ai appris sur cet oléoduc m’a fait prendre conscience que çà menaçait notre vie, car où trouverions nous assez d’eau potable pour les 50 000 Oglala de Pine Ridge si l’oléoduc craquait ou fuyait ? Qui se sentirait suffisamment concerné pour y faire quelque chose ? La technologie pour nettoyer ce genre de pétrole lourd n’existe pas. Et on n’a pas encore invité le tuyau qui ne fuit pas et ne craque pas.

Des amis du Réseau Environnemental Indigène ont pris contact avec moi et nous avons amorcé un dialogue sur la protection de l’eau, la contamination et quelques autres sujets. Les tribus vivant sur le trajet projeté pour l’oléoduc ont entrepris des actions pour s’y opposer. Toutes les Nations Amérindiennes des Etats-Unis se sont fait entendre pour dire ‘Non’. J’ai décidé d’aller à Washington, DC, pour participer à une audience du Sénat et rencontrer des officiels du Département d’Etat pour leur parler des violations du Traite de Fort Laramie et de la Déclaration des Droits des Peuples Autochtones adoptée par les Nations Unies en 2007. Je me suis rendue avec d’autres personnes à Pierre, Dakota du Sud, pour témoigner à une audience du Département d’Etat, mais je n’ai pas pu le faire, vu que j’étais le numéro 152. J’ai vu des syndiqués ivres témoigner qu’ils avaient besoin d’un emploi de soudeur. La plupart venaient de l’extérieur.

Alors ma famille et moi avons décidé que j’irais à Washington, DC. J’ai pris part à l’action directe de désobéissance civile, je suis entrée par effraction à la Maison Blanche, et j’ai été arrêtée, comme 1200 autres personnes qui voulaient aider à faire entre la question dans la tête de l’Amérique moyenne et attirer l’attention du Président Obama. Une douzaine d’entre nous, Amérindiens, ont été arrêtés. Les Lakota de Pine Ridge ont reçu Tom Weis, qui a été du Montana au Texas sur une moto marchant à l’énergie solaire pour éveiller la conscience des gens le long de la route prévue pour l’oléoduc Keystone SL. Nous avons aussi reçu à Pine Ridge un Rassemblement pour Notre Mère la Terre et une marche. Nous avons accueilli un tour de Solidarité avec les éleveurs, les fermiers, le peuple Lakota, et une star de cinéma Américaine, Darryl Hannah. Nous avons fait des émissions de radio, écrit des articles, assisté à divers évènements. Du jour au lendemain, je me suis retrouvée dans une Tournée de Résistance, j’ai fait 16 000 km en avion en 5 semaines. En route, j’ai perdu ma brosse à cheveux, mon peigne et il ne me restait plus qu’une chaussette. Heureusement, c’était presque fini entretemps ! Le 15 janvier, un groupe de Lakota parmi lesquels j’étais, ont reçu Winyan Ituwan, une réunion de femmes sur Notre Mère la Terre et l’Eau Sacrée, avec comme invités Kandi Mosset du Réseau Environnemental Indigène, et Tantoo Cardinal, une star de cinéma Cree du Canada. Tout cela dans le but d’encourager la prise de conscience et la résistance à l’exploitation d’uranium, à l’oléoduc Keystone XL et au forage des sables bitumineux, et la protection de notre eau sacrée.

Au départ, le Nebraska protégeait la nappe aquifère Ogallala, mais a depuis accepté de s’engager dans des négociations pour autoriser un oléoduc sur un trajet encore inderterminé. Le Dakota du Sud a accordé $30 millions de réduction d’impôts à Keystone XL pour s’installer ici, le Montana a fait des concessions aussi. Cependant, des individus et des groupes se sont engagés, de façon spectaculaire. Des groupes écologistes, beaucoup de groupes citoyens, des milliers de gens de part et d’autre de la frontière en le Canada et les Etats-Unis, ont dit d’une seule voix ARRETEZ L’OLEODUC. Des Prix Nobel, des chefs et présidents Autochtones et des Premières Nations, des scientifiques, des militaires en retraite, des médaillés olympiques, des sénateurs, des membres du congrès, des acteurs, des écrivains, des étudiants, des gens de toutes origines sociales ont fait entendre leur vois et risqué leur liberté pour bloquer l’oléoduc. Les grands media des Etats-Unis ont rarement couvert ces évènements, mais dans les petites villes, les journaux et radios locaux l’ont fait. L’information s’est répandue, le nombre de résistants s’est accru. La dernière fois que je suis allée à Washington, DC, j’ai parlé devant un rassemblement de 15 000 personnes, nous avons fait 4 fois le tour de la Maison Blanche. Les gens venaient de partout, pour parler d’une seule vois. Nous nous sommes fait des amis et des alliés.

Les politiciens du Nebraska ont tenu une audience spéciale pour autoriser Keystone XL à y pénétrer, mais la Maison Blanche a entendu l’appel à protéger la nappe aquifère Ogallala. Ensuite, TransCanada a exercé des pressions sur les Etats-Unis pour qu’ils prennent une décision et des politiciens élus se sont empressés de soutenir le projet Keystone XL, ont lié une nouvelle proposition de loi à une proposition sur l’emploi, et ont donné 60 jours à la Maison Blanche pour autoriser Keystone XL ou le rejeter comme contraire à l’intérêt national.

Le 18 janvier 2012, le Département d’Etat et le Président Obama ont rejeté le projet d’oléoduc, vu qu’il n’était pas possible d’effectuer les études sur l’impact écologique en 60 jours. Cependant, TransCanada peut toujours déposer une nouvelle demande de permis.

Nous tous qui avons travaillé sur cette question de vie ou de mort, sommes un fil dans cette étoffe de résistance. Des gens ont écrit des lettres, prononcé des discours, préparé des repas, écrit des courriels, transmis sur Twitter et Facebook, ont fabriqué des banderoles, ont payé l’essence, ont fait des t-shirts, ont donné des coups de téléphone, fait des recherches, des photocopies, ont fait la queue pour témoigner, ont été arrêtés, ont fait pression sur des Sénateurs et des membres du Congrès, ont gardé des enfants, ont prêté leurs voitures, ont offert leur canapé ou une chambre d’amis, des musiciens et artistes ont fait des concerts et spectacles de soutien, ont pris des photos, récolté des fonds, ce fut une action vraiment collective pour protéger notre eau et Notre Mère la Terre.

Ce n’est pas une personne, ou une organisation particulière, qui a arrêté l’oléoduc, cette victoire n’est peut-être que temporaire, cette victoire est partielle, vu que le forage des sables bitumineux continue. Mais c’est l’amour de beaucoup de gens pour Notre Mère la Terre et les générations futures, toutes leurs prières et leurs sacrifices, qui ont donné une telle force à ce mouvement. Je crois que l’amour est plus fort que la cupidité. Je crois que les gens agissant ensemble peuvent être aussi efficaces que les plus grands conglomérats du monde. Je crois que Notre Mère la Terre veut vivre, et que nous ne pouvons pas vivre sans elle. Je crois en notre prophétie Lakota, « Un jour la Terre pleurera, Elle pleurera des larmes de sang. Vous devez choisir. Vous L’aidez, ou Elle mourra. Si Elle meurt, vous mourrez aussi. »

Partout dans le monde, des choses se produisent, du genre 200 tornades en deux jours l’été dernier ? Des tremblements de terre là où il n’y en avait pas eu depuis des centaines d’années ? Des inondations ? Des vagues de sécheresse ? Ce sont évidemment des phénomènes météorologiques courants, mais pas à ce rythme et pas dans ces endroits. Chaque été a été plus chaud que le précédent depuis 1996. Notre Mère la Terre nous dit quelque chose, Elle pleure, et Elle se soulève. La Terre qui Pleure se Soulève ! Tout ce qui arrive à Notre Mère la Terre arrive à tous les gens de la Terre. Une telle lutte est faite de beaucoup, beaucoup de fils, tous ensemble nous formons une belle étoffe de résistance, et une protection pour notre Mère, Notre Mère la Terre.

La dernière fois que nous avons quitté Washington, DC, mon amie et moi, nous avons vu un grand vautour à queue rouge qui a tourné au-dessus de nous et au-dessus de la Maison Blanche, et s’est envolé vers l’ouest. Le jour de Winyan Ituwan, le Rassemblement de l’Hiver, nous avons vu un aigle chauve tourner au-dessus de nous, puis s’envoler vers l’Ouest. Des messages Sacrés… Si nous écoutons, nous pouvons entendre, si nous entendons, nous pouvons comprendre. Quand nous comprenons, nous remercions. Lila wopila iciciyapi. Hecetuye.