DECOLONISER LA RESISTANCE AUX PIPELINES EN AMERIQUE DU NORD

 

Par Lee Veeraraghavan sur le site Occupy.com
Mardi 25 février 2014
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Traduction Christine Prat

Tandis que la bataille contre l’oléoduc Keystone XL s’intensifie aux Etats-Unis, la Colombie Britannique au Canada fait face à des combats similaires. Le pipeline d’Enbridge Northern Gateway, s’il est approuvé, devrait transporter du bitume dilué des sables bitumineux d’Alberta jusqu’à la côte du Pacifique.

Le gaz de schiste du nord-est de la province doit aussi être transporté par gazoduc : le Pipeline Pacific Trails de Chevron-Apache, que certains considèrent comme un précurseur pour le Northern Gateway, dont les travaux de construction devaient commencer en 2013. Après avoir été repoussée d’un an, la construction du PTP a maintenant commencé – et la nouvelle phase de résistance s’est accrue en réaction. L’un des champs de bataille clef sera vraisemblablement le territoire Unis’tot’en, le Bird Clan de la Nation Wet’suwet’en.

De nombreux projets de pipelines, parmi lesquels le Northern Gateway et le Pacific Trails, doivent passer par le territoire des Unis’tot’en – un territoire qui n’a jamais été cédé à l’Etat Canadien. Cependant, les Unis’tot’en ont juré de bloquer tous les pipelines et de construire une cabane et une maison semi-souterraine sur le trajet. Ils ont aussi remis en vigueur un protocole traditionnel pour entrer dans leur territoire, afin d’écarter les arpenteurs-géomètres des compagnies de pipelines. Le protocole, mis en œuvre sur un pont sur Wedzin Kwah, la Rivière Morice encore sauvage, consiste en cinq questions : Qui êtes-vous et d’où venez-vous ? Pourquoi êtes-vous ici ? Combien de temps comptez-vous rester ? Travaillez-vous pour le gouvernement ou pour une industrie qui détruit ces terres ? En quoi votre visite bénéficiera t’elle au peuple Unis’tot’en ?

Le protocole indique un important changement dans la façon de penser les questions d’environnement : un changement qui reconnaît que le contrôle est aux mains des communautés Autochtones. L’activisme écologiste dominant est souvent pensé comme un impératif éthique fondé sur une exigence minimale déterminée par le discours scientifique. Ceci peut avoir l’effet regrettable de monter les groupes écologistes contre les communautés (souvent Autochtones) les plus affectées par la dévastation de l’environnement.

Et pourtant, dans le monde entier, les Peuples Autochtones sont à la pointe des mouvements qui voient l’écologie comme le résultat de l’adoption de pratiques locales longtemps réprimées par le colonialisme. Le point de vue Autochtone est cependant souvent réduit au silence : leur parole est laissée de côté en faveur des scientifiques et militants de l’environnement. J’ai eu récemment l’occasion de visiter le Camp Unist’ot’en et d’interviewer Freda Huson, porte-parole des Unist’ot’en.

Lee Veeraraghavan : La cabane, le camp, le barrage : tout cela a été dénoncé dans les médias et ailleurs comme opposition aux pipelines, mais l’ensemble du projet concerne beaucoup plus que cela. Pourriez-vous en parler ?

Freda Huson : Eh bien nous avons décidé de développer une communauté, et le but de cette communauté est de décoloniser notre peuple. Parce qu’avec les pensionnats Indiens et même les écoles publiques, ils ont essayé de faire oublier à notre peuple notre culture, qui nous sommes, et de l’intégrer à la société Canadienne. Et cela n’a pas apporté la justice à mon peuple. Voyez toutes ces réserves : les gens sont perdus, les jeunes ne trouvent pas leur place, ils tombent dans l’alcool et la drogue. Ils jouent toute la nuit, dorment toute la journée et sont quasiment morts – morts spirituellement. Ils sont comme des zombies qui essayent de s’adapter.

L.V. : Et la communauté que vous fondez ici est le premier d’une série de projets pour retourner à la terre ?

 F.H. : Nous ne la considérons pas encore comme guérison, mais c’est notre but ultime. Ma nièce doit passer son doctorat l’année prochaine – elle est psychologue – et son projet est de développer une loge de guérison pour ramener notre peuple là où nous étions avant. Nous sommes un peuple fort, et bien que notre culture soit intacte et toujours forte (c’est notre système de gouvernement), beaucoup de nos jeunes n’y adhèrent pas. Vous ne les voyez pas dans notre salle de Fête. C’est des gens de ma génération qui y sont. Moi-même, je n’ai commencé à y aller qu’il y a quatorze ans.

L.V. : Qu’est-ce qui vous a fait changer ?

F.H. : C’est le fait que mon père m’a dit « si tu ne participe pas au système de Fête, et que quelque chose arrive à un de tes enfants, il n’y aura personne pour t’aider ». Voyez les familles qui ne participent pas, s’il y a un décès, ou si quelqu’un tombe malade, il n’y a personne pour leur tendre la main, parce qu’ils ne font pas partie du système. Il m’a dit : « Il faut que tu commences à y aller. Si tu veux que quelqu’un t’aide, il faut que tu commences par participer et aider les autres, et alors, quand tu seras dans le besoin, ils t’aideront ».

L.V. : Sur votre site web vous parlez du protocole : ce que c’est, et son histoire. Pourriez-vous dire pourquoi vous le remettez en vigueur maintenant ?

F.H. : Nous le faisons pour protéger ce qu’il reste du territoire. En y arrivant, vous voyez beaucoup de zones où les arbres ont été abattus et qui sont endommagées. Et parce qu’il ne nous en reste plus que 10%, nous avons décidé de ressusciter le protocole et de poser aux gens ces questions justifiées leur demandant pourquoi ils sont ici. Il y a tellement de destructions autour de nous : mines, exploitations de bois, et même des gens qui ont le sentiment qu’ils peuvent tout se permettre parce que le gouvernement dit : ce sont des « terres de la Couronne » [terres appartenant aux Canadiens, au nom de la Couronne]. Ils chassent le gibier, et ils prennent… bien que le gouvernement essaie de réguler, personne ne vient pour s’assurer que ces chasseurs ne prennent pas une femelle d’orignal. Personne ne vérifie. Nos gens ne prennent pas les femelles d’orignaux, parce que ce sont elles qui assurent la reproduction. Les gens commencent à prendre tout et n’importe quoi, et ensuite ils s’étonnent de ce que les nombres sont bas.

Mais si nous avons le sentiment que les gens ont répondu aux questions de manière satisfaisante et que nous avons un accord selon lequel ils ne veulent pas de pipelines, qu’ils veulent juste venir ici pour essayer de pêcher dans un lac, ou pour se détendre et camper, alors nous les laissons entrer. Mais si les gens manquent de respect et nous prennent de haut, nous leur disons « faites demi-tour. Nous n’avons pas besoin de gens comme vous ici ».

Vous entrez dans notre territoire et nous nous assurons que nous découvrirons qui vous êtes, d’où vous venez, pourquoi vous êtes ici, et en quoi votre visite bénéficiera à mon peuple. Parce que, si çà ne doit pas bénéficier à mon peuple, pourquoi vous laisserions-nous entrer ? En ce moment même, partout autour de nous, toutes les industries qui sont ici nous jettent des miettes. Et vous entendez toujours le gouvernement dire : « Nous donnons des subsides à ces Autochtones ! » Des conneries ! Ce ne sont pas des subsides ! A la base, ils ont volé toutes nos ressources, nous ont chassés de nos terres, nous ont emprisonnés dans ces réserves et nous ont interdit de venir vivre de nos terres – afin de pouvoir prendre toutes nos ressources ! Ils nous doivent beaucoup plus que ces miettes de « subsides » qu’ils nous donnent. Ils continuent à nous appauvrir afin que notre peuple ne soit pas capable de se dresser devant eux pour les combattre.

L.V. : Qu’est-ce que la terre signifie pour vous ?

F.H. : En fait c’est… la vie. J’ai été revitalisée – ma santé est meilleure qu’elle n’a jamais été parce que je suis ici – et tout ce qui est ici est vivant. L’eau est vivante : elle contient tous les minéraux qu’il faut quand vous la buvez. Quand vous allez dans les agglomérations dirigées par des municipalités, dans notre communauté de Moricetown, ils mettent du chlore dans l’eau et elle passe par un système de filtrage, de telle manière que l’eau est morte. Ainsi vous ne faites que vous mouiller les lèvres. Notre peuple croit que nous faisons partie de la terre. La terre n’est pas séparée de nous. La terre nous nourrit. Et si nous n’en prenons pas soin, elle ne pourra plus nous nourrir et notre génération mourra.

Nous avons commencé à restaurer cette région grâce à des jardins de permaculture, afin de cultiver nos plantes médicinales et nos baies, dans le futur. Mais pour l’instant nous nous contentons de cultiver des pommes de terre conventionnelles, des choses comme çà, pour réparer le sol. Lorsque le sol sera restauré, nous transplanterons certains de nos buissons donnant des baies. Mais autrefois, nos gens étaient en forme et actifs sur ces terres, et ils devenaient centenaires, tellement ils étaient en bonne santé ! Donc nous savons que cette terre est la vie.

L.V. : Finalement, qu’est-ce que j’aurai dû vous demander ? Y a-t-il quelque chose de vraiment important qui m’a échappé ?

F.H. : Notre peuple a vécu ainsi pendant très, très longtemps, et nous essayons seulement de retourner à ce que nous sommes, de retrouver notre esprit, et de ressentir cette connexion. Il y a longtemps, les animaux parlaient à notre peuple, et nous les comprenions. Maintenant çà fait si longtemps que notre peuple a quitté le territoire, mais je pense que si nous y restons longtemps, çà reviendra. Nous respectons les animaux. Par exemple, c’est un pays de grizzly, mais ils ne viennent pas dans notre espace, et quand nous voyons qu’ils ont marqué leur territoire, nous le respectons. Nous disons « OK. Un grizzly a revendiqué ceci, allons ailleurs », et nous partons. C’est leur patrie comme la nôtre et nous le respectons. Vous les respectez, et ils vous respectent en retour.

 

 

 

Résistance Montante : Solidarité avec les Unist’ot’en
Appel à des actions pour le mardi 27 novembre

Article du site unistotencamp (In English)
Traduction Christine Prat

 

En suscitant la résistance la semaine passée, les Unist’ot’en et des mouvements de base Wet’suwet’en ont de nouveau chassé les pipelines de leurs territoires !

Le 20 novembre, le Chef Héréditaire des Wet’suwet’en Toghestiy a intercepté des géomètres de Can-Am Geomatics travaillant pour la firme américaine Apache au projet de gazoduc Pacific Trails Pipeline (PTP) et leur a remis une plume d’aigle. D’après la loi Wet’suwet’en, une plume d’aigle est utilisée comme premier et unique avis d’effraction. Les géomètres ont reçu l’ordre de quitter le territoire et la route menant dans le territoire a été fermée à toutes activités industrielles jusqu’à nouvel ordre. Les matériaux laissés sur place serons retenus jusqu’à ce que la firme Apache et PTP acceptent de communiquer de façon appropriée avec les Unist’ot’en et les mouvements Wet’suwet’en selon le protocole et la législation sur le Consentement Préalable Libre et suffisamment Informé de leurs territoires jamais cédés. Les Unist’ot’en sont contre tous les pipelines devant traverser leurs territoires, entre autres les projets de Enbridge Northern Gateway, Kinder Morgan, Pembina et Spectra.

Les Unist’ot’en appellent maintenant à des actions de solidarité et de soutien pour réaffirmer leur position et faire passer le message à l’industrie et au Gouvernement, c’est-à-dire qu’aucun des pipelines projetés ne passera par leurs territoires. Le présent appel concerne des actions immédiates le mardi 27 novembre pour s’assurer que les grandes compagnies, les investisseurs et les gouvernements reçoivent un message clair leur signifiant qu’il n’ont ni le droit ni la juridiction pour approuver tout développement sur les terres Unist’ot’en.

[…]

L’appel à l’action de la « Résistance Montante » a été émis par les Unist’ot’en et les mouvements de base Wet’suwet’en et est soutenu par les Algonquins de Barriere Lake, Anishinabek Oshkimaadiziig Unity Camp, les Défenseurs de la Terre Asubpeeschoseewagong (Grassy Narrows), le Réseau de la Forêt Boréale, Action/Recherche pour la Justice Climatique (Science pour la Paix), le Conseil des Canadiens, Deep Green Resistance, le Réseau Environnemental Autochtone, le Réseau Autochtone pour l’Economie et le Commerce, les Voix Juives Indépendante de Toronto, le Mouvement d’Action Autochtone, le Mouvement de Solidarité des Peuples Autochtones d’Ottawa, le Mouvement de Solidarité des Peuples Autochtones de Winnipeg, Réoccupation Autochtone des Terres Ancestrales du Territoire Souverain Ahousaht, le Réseau de Souveraineté et Solidarité Autochtone de Toronto, la Ligue Internationale des Luttes des Peuples pour le Canada, Prenons la Direction Maintenant (Lead Now), l’Alliance pour la Justice Minière, le Mouvement de la Jeunesse Autochtone, Personne n’est Illégal (No One Is Illegal) de Toronto, Personne n’est Illégal des Territoires Salish de la Côte de Vancouver, Marée Montante (Rising Tide) des Territoires Salish de la Côte de Vancouver, Marée Montante de Toronto, ShitHarperDid, Sierra Club de Prairie Chapter, Courants de Justice (Streams of Justice), Submedia.tv, Tadamon, Solidarité Toronto-Bolivie, Truth Fool, la librairie Turning the Tide, le Réseau d’Action de la Communauté pour la Forêt de l’Ile de Vancouver. S.V.P. envoyez-nous des email si vous voulez ajouter votre nom à la liste des supporters.

 

LIENS :

Site web de la communauté Unist’ot’en, avec les dernières nouvelles et des vidéos des évènements :
http://unistotencamp.wordpress.com

Une vidéo expliquant la lutte de la communauté (en anglais) :
http://stoptheflows.tumblr.com/

Envoyez des dons d’équipements pour l’hiver au camp d’action Unist’ot’en :
http://forestaction.wikidot.com/caravan

 

HISTORIQUE

Qu’est ce que le pipeline Pacific Trails ?

Parmi les nombreux projets de pipelines qui devraient traverser le territoire Unist’ot’en, le Pacific Trails (PTP) est le premier dont le démarrage de la construction a été fixé et donc une menace immédiate. PTP est un partenariat d’1 milliard de dollars entre l’entreprise Apache Canada, Encana Corporation et EOG Resources (Enron Pétrole et Gas). Le gazoduc de 463 kilomètres doit relier un terminal de gaz naturel à Kitimat et Summit Lake, près de Prince George dans le nord-est de la Colombie Britannique, dans le but de transporter jusqu’à 29000 mètres cube par jour de gaz naturel, extrait par fracturation hydraulique de gaz de schiste, vers les marchés internationaux, par des supertankers. Le gouvernement de Colombie Britannique a approuvé l’expansion de la capacité du gazodu en avril 2012.

Quel problème pose la fracturation ?

Bien que l’industrie vende la fracturation comme « énergie de transition verte », le spécialiste en écologie Robert Howarth, de la Cornell University, dit clairement : « Le gaz de schiste est pire que le gaz conventionnel, et en fait, pire que le charbon et pire que le pétrole. » Certains médecins, entre autres le médecin chef du Centre National pour la Santé Environnementale des Etats-Unis et les Spécialistes du Collège du New Brunswick, ont appelé à un moratorium sur la fracturation. Un nombre d’autorités, entre autres la France, le Québec et New York, ont actuellement des moratoriums sur la fracturation. L’an dernier trois femmes Kainai de la tribu Blood, dans le sud de l’Alberta, ont été arrêtées pour avoir empêché des camions de quitter le puits de Murphy Oil et avoir juré de ne pas bouger tant que les projets de fracturation ne seraient pas arrêtés.

Que disent les Unist’ot’en ?

Le clan Unist’ot’en de la Nation Wet’suwet’en ont fortement exprimé leur opposition au PTP. Des membres du clan ont construit une cabane et un camp de protection sur le trajet. Plus récemment, le 20 novembre 2012, le Chef Wet’suwet’en Toghestiy a intercepté des géomètres et leur a remis une plume d’aigle. Dans la loi Wet’suwet’en, une plume d’aigle est utilisée comme premier et seul avis d’entrée par effraction. Les géomètres et toutes les autres personnes liées au PTP ont reçu l’ordre de quitter le territoire et il leur a été signifié qu’il leur était définitivement interdit de retourner en territoire Unist’ot’en. La route a été fermée à toutes les activités industrielles jusqu’à nouvel ordre. Le 23 août 2012, Toghestiy et Hagwilakw, du clan des Likhts’amisyu, ont remis aux représentants d’Enbridge des avertissements concernant l’entrée par effraction sur le territoire, au cours d’une réunion du Conseil Municipa de Smithers auquel Enbridge assistait pour essayer de minimiser leur récente fuite de pétrole dans la rivière Kalamazoo. En novembre 2011, les Unist’ot’en et les Likhts’amisyu de la Nation Wet’suwet’en ont érigé une barricade avec des pancartes « Route Fermée aux Foreurs de Pacific Trails Pipeline », et escorté les foreurs du PTP et leur équipement vers la sortie.

Freda Huson, porte-parole du Clan Unist’ot’en, déclare : « Pacific Trails Pipeline n’a pas l’autorisation d’être sur notre territoire. C’est un territoire qui n’a jamais été cédé. Nous disons ‘NON !’ dans leurs réunions. Nous leur avons écrit des lettres ; j’ai envoyé des emails disant ‘absolument NON !’ à leurs projets. Le trajet planifié pour le Pacific Trails Pipeline passe par deux frayères de saumons qui nous fournissent une part importante de nos réserves de nourriture. Nous l’avons fait savoir clairement à Enbridge et à Pacific Trails comme à toute l’industrie : Nous n’autoriserons aucun pipeline sur notre territoire ».

Le chef héréditaire Likhts’amisyu Toghestiy s’est exprimé de façon similaire : « Les Unist’ot’en et les mouvements de base Wet’suwet’en ont toujours affimé qu’ils n’autoriseraient pas qu’un tel gazoduc traverse leur territoire ».

Les Wet’suwet’en se divisent en cinq Clans, avec des territoires qu’ils doivent gérer pour leurs générations futures. Ni les Unist’ot’en, ni les autres membres de la base Wet’suwet’en ne sont associés au Bureau des Wet’suwet’en. Le clan des Unist’ot’en  est contre tous les pipelines prévus devant traverser leurs territoires, entre autres Enbridge Northern Gateway, Kinder Morgan, Pacific Trails, Pembina, Spectra et autres. Le pipeline d’Enbridge devrait être construit à côté – et avec les mêmes droits – que Pacific Trails, on peut donc craindre que le PTP « ouvre une voie » au projet d’Enbridge.

Qu’est-ce que le Corridor du Charbon ?

Pacific Trails Pipeline, ainsi qu’Enbridge Pipeline et l’expansion du Trans Mountain pipeline de Kinder Morgan, font partie d’une stratégie énergétique beaucoup plus large. Tout comme celui d’Alberta, le gouvernement de la Colombie Britannique a pour but de devenir un ‘foyer de l’énergie’ en exploitant des gisements de gaz de schistes parmi les plus importants d’Amérique du Nord et en utilisant des gazoducs pour le gaz de schistes obtenu par fracturation hydraulique pour se positionner sur les marchés internationaux les plus lucratifs. D’après le Centre Canadien pour les Politiques Alternatives, une bonne partie du gaz de schistes de Colombie Britannique est destiné à l’Alberta où il est utilisé comme carburant pour les sables bitumineux. Tout ceci arrive alors que l’oléoduc Keystone XL [transportant les sables bitumineux] jusqu’à la Côte américaine du Golfe du Mexique est en train d’être construit et qu’Enbridge projette l’inversement du pipeline 9 pour ouvrir l’Ontario et que les marchés du Québec et des Etats-Unis placent les intérêts à court terme du capitalisme poussé par les multinationales et l’exploitation coloniale des ressources minières avant l’autodétermination des Autochtones et leurs devoir de préserver la Terre, détruisant la terre et les écosystèmes, ignorant la sécurité et la santé des communautés tout comme de ceux qui doivent travailler à des postes qui les exposent aux poisons dans ces industries.