FRONTIERE US/MEXIQUE : LA REPRESSION S’INTENSIFIE CONTRE LES ORGANISATIONS QUI DEMANDENT JUSTICE POUR LES MIGRANTS

Publié par Indigenous Action Media
Le 15 avril 2019
Traduction Christine Prat

TERRITOIRES OCCUPES DE SOI-DISANT “EL PASO, TEXAS” – La police d’El Paso a émis des mandats d’arrestation contre seize militants – connus comme Borderland16 – de sept états différents, entre autres de Californie, New-York, Missouri et Texas, suite à une action du 16 février 2019 au Musée de la Patrouille des Frontières. Trois personnes ont été accusées de délit et d’effraction et treize autres d’infraction criminelle.

Ce jour [15 avril] à 8h du matin, deux des activistes se sont rendues d’elles-mêmes à la prison du Comté d’El Paso, après une marche partie du Aztec Calendar Park. Les activistes, Ana Tiffany Deveze, d’El Paso, et Elizabeth Vega, née à Las Cruces et habitant aujourd’hui à St. Louis, ont été rejointes par des supporters qui portaient des panneaux exigeant l’abandon des poursuites.

Les seize activistes poursuivis pour actes criminels, faisaient partie de “Tornillo L’Occupation”, une coalition d’individus et d’organisations d’El Paso et de tout le pays, qui avaient fait le voyage jusqu’à la frontière pour attirer l’attention sur les conditions de détention inhumaines d’enfants, au tristement célèbre centre de détention de Tornillo.

L’action attirait l’attention sur les histoires de Jakelin Caal Maquin, Felipe Gomez Alonzo et Claudia Patricia Gomez Gonzalez, trois jeunes migrants morts alors qu’ils étaient détenus par la Patrouille des Frontières, au cours des derniers mois.

La coalition estime que les allégations portées contre ses membres sont extrêmement exagérées, particulièrement à la lumière des violations des droits humains, comme l’entreposage de demandeurs d’asile sous le Pont Paso Del Norte.

Elizabeth Vega, une des accusées, grand-mère et vétéran, originaire de Las Cruces, dit “Notre gouvernement met en cage des hommes, des femmes et des enfants, sous un pont entouré d’une clôture et de barbelés coupants. Ces êtres humains, dont beaucoup de jeunes enfants, reçoivent de la fiente de pigeons, sont exposés à des vents froids et n’ont rien pour s’abriter. Les gens qui marchent sur le pont entendent des enfants qui pleurent sous leurs pieds. C’est criminel et constitue de véritables crimes contre l’humanité. En tant que mère, grand-mère et vétéran, Je me sens moralement obligée de prendre position” dit E. Vega.

La coalition pense que ces accusations font partie d’un processus très choquant de criminalisation de l’aide humanitaire et de ceux qui dénoncent la violence sanctionnée par l’état. Quelques jours avant que les mandats d’arrestation contre Borderland16 aient été émis à El Paso, des étudiants de l’Université d’Arizona ont également été accusés d’infractions criminelles pour avoir protesté contre des représentants de la Patrouille des Frontières, au cours d’une présentation sur le campus. En janvier 2018, huit membres de No More Deaths, une organisation d’aide humanitaire, avaient été arrêtés pour avoir déposé de l’eau le long des chemins suivis par les migrants dans le désert d’Arizona, suite à la publication d’un rapport sur les actions des agents de la Patrouille des Frontières, qui détruisent de l’aide humanitaire vitale. “Donner de l’eau et aider des êtres humains ne devrait jamais être un crime” dit Ana Tiffany Deveze, seul membre local de la coalition accusée suite à l’action. Mme Deveze, mère et éducatrice communautaire, a été accusée de délit et d’effraction et sa photo a été mise sur la liste des personnes les Plus Recherchées d’El Paso. Elle dit qu’elle n’est pas une criminelle et qu’elle n’a pas honte. “Ayant résidé toute ma vie dans la région frontalière, et en tant que mère, je dois penser très sérieusement au genre de monde que je veux laisser à mes enfants, et au type d’exemple que je veux leur donner. Les atteintes aux droits humains dont moi-même et les membres de ma communauté avons été témoins sont inadmissibles. Je ne peux pas rester sans rien faire quand des familles de migrants sont assiégées à la frontière. Mon travail de soutien aux communautés immigrées et les histoires entendues dans ma ville m’ont forcée à parler et agir. J’en appelle à la communauté internationale pour entendre les voix et les histoires des familles de migrants et exiger la fin de cette fabrication d’une crise des droits humains à la frontière U.S./Mexique. Je ne laisserai pas criminaliser mon travail. Je continuerai à soutenir ma communauté et à défendre les droits humains des deux côtés de la frontière, je ne me laisserai pas intimider. Je n’ai pas honte et je n’ai pas peur.”

Un fonds a été créé pour la défense légale de Borderland16. La coalition demande à tous les gens ayant une conscience de les aider par des dons pour leur défense légale sur : http://bit.ly/borderland16