Le Conseil Tribal Havasupai accueille un rassemblement de 3 jours, à Red Butte, pour défendre la terre et l’eau sacrées contre l’extraction et le transport d’uranium.
Les Supai, Gardiens ancestraux du Grand Canyon, ont commencé leur rassemblement par une marche de prière. Le rassemblement a eu lieu du 23 au 25 juin 2017.

 

 

 

 

LES FAITS: LA MINE DU CANYON ET L’USINE DE WHITE MESA

Par Haul No!
Photos du rassemblement par Haul No!
Photos ci-dessus et lien publiés sur Censored News le 25 juin 2017
Traduction Christine Prat

 

Qu’est-ce que la Mine du Canyon?

La Mine du Canyon est une mine d’uranium située près de Red Butte, une montagne sacrée et classée Propriété Culturelle Traditionnelle, à moins de 10 km de la Rive Sud du Grand Canyon. Une compagnie Canadienne, Energy Fuels, a creusé le puits de mine et avait l’intention de commencer à extraire de l’uranium dès maintenant. La compagnie opère selon un Plan d’Opérations et un Rapport Environnemental datant de 1986, et le Service des Forêts [qui délivre les permis d’exploiter dans les Parcs Nationaux] n’a pas consulté la Tribu Havasupai selon les règles avant d’autoriser l’exploitation de la mine.

La Tribu Havasupai, le Grand Canyon Trust, le Centre pour la Diversité Biologique et le Sierra Club ont attaqué en justice la décision du Service des Forêts des Etats-Unis d’autoriser Energy Fuels Resources à rouvrir la mine d’uranium du Canyon, qui avait été approuvée dans les années 1980 et était fermée depuis 1992.

– La production annuelle est de 109 500 tonnes de minerai d’uranium à haute teneur.
– L’EFI a autorisé de stocker jusqu’à 13100 tonnes d’uranium à la Mine du Canyon.
– Elle se trouve dans un périmètre de plus de 4000 km² soustrait à l’extraction minière en 2012, suite à des inquiétudes quant aux menaces environnementales et culturelles posées par l’extraction d’uranium, au bassin hydrologique du Grand Canyon.

Des faits concernant le trajet de transport de Canyon Mine:

– Près de 500 km
– 25 camions (dans les deux sens), pouvant transporter jusqu’à 30 tonnes de minerai hautement radioactif chaque jour.
– Seulement couverts d’une bâche goudronnée.
– Passant par des villes comme Valle, Williams et Flagstaff; à travers des communautés dans la Réserve Navajo, entre autres Cameron, Tuba City et Kayenta; et finalement arrivant à l’usine de retraitement d’Energy Fuel, White Mesa, à seulement 5 km de la Communauté Tribal Ute de White Mesa, Ute Mountain, en Utah.

 

 

Sites sacrés; Eau Précieuse:

Red Butte est située dans la Forêt Nationale de Kaibab, dans le comté de Coconino, en Arizona, sur des terres ancestrales Havasupai. Elle est connue dans la nation Havasupai sous le nom de Wii’i Gdwiisa, “Montagne du poing serré,” et est considérée comme sacrée depuis des temps immémoriaux.

– Désignée comme pouvant figurer au Registre National des Lieux Historiques comme Propriété Culturelle Traditionnelle en 2009.
– La Mine du Canyon est située à l’intérieur des limites de la Propriété Culturelle Traditionnelle de Red Butte.
– Red Butte a également une signification culturelle pour les nations Diné (Navajo) et Hopi.

On estime que 40 millions de gens dépendent de l’eau du Fleuve Colorado qui coule dans le Grand Canyon. Déjà, 20 ruissellements et sources de la région du Grand Canyon présentent, à cause de l’extraction d’uranium passée, des concentrations d’uranium dissous supérieures aux standards applicables à l’eau potable. La Mine du Canyon menace d’aggraver ces effets, et le trajet de transport passe par deux affluents essentiels du Fleuve Colorado – la San Juan et le Petit Colorado.

Qu’est-ce que l’usine de White Mesa?

L’usine de White Mesa est la seule usine de retraitement conventionnelle autorisée à opérer aux Etats-Unis. Energy Fuels Inc. possède et opère l’usine et les mines d’uranium du Plateau du Colorado, entre autres Canyon Mine, qui alimentent l’usine en minerai. L’usine n’est qu’à 5 km de la communauté Ute de White Mesa, Ute Mountain, et à 10 km au sud de Blanding, en Utah.

– Elle a été construite en 1979 pour traiter le minerai d’uranium du Plateau du Colorado.
– En 1987, elle a commencé à traiter “du matériau d’alimentation alternative” (des déchets toxiques contenant de l’uranium et radioactifs) de toute l’Amérique du Nord.
– Energy Fuels se débarrasse des restes de déchets radioactifs dans des “zones de rétention” qui occupent plus de 110 hectares à proximité de l’usine.

Qu’est-ce que les zones de rétention de déchets?

– Il y a actuellement cinq zones de rétention de déchets (cellules 1, 2, 3, 4A et 4B) dans les 110 hectares du système de gestion des déchets de l’usine. Ces zones reçoivent des déchets, y compris des restes de solutions de traitement, chargés d’éléments radioactifs et toxiques.

Quelles sont les dangers pour la santé et l’environnement?

– Les cellules 1, 2, et 3 de l’usine de White Mesa ont été construites avec de fines couches de plastique placées entre deux couches de roche pulvérisée. Ces couches de plastique avaient une durée utile de 20 ans quand elles ont été installées au début des années 1980, et elles n’ont jamais été remplacées.
– Le système de détection de fuites des cellules 1, 2 et 3 n’a pas de double couche de plastique et ne détectera pas les fuites avant que l’eau souterraine n’ait déjà été contaminée.
– L’usine émet dans l’air des polluants radioactifs et toxiques, entre autres du radon et du thoron (gaz) et de l’anhydride sulfureux et des oxydes d’azote (particules). Le vent emporte les particules et les gaz hors du site. Energy Fuel a entreposé du minerai et des matériaux d’alimentation alternative sur le site. La plupart des matériaux entreposés ne sont pas suffisamment couverts et peuvent aussi être emportés par le vent hors du site. Les résidents de White Mesa se plaignent de l’odeur de polluants de l’usine.
– Des camions chargés de minerai dangereux circulent sur les autoroutes de l’Arizona et de l’Utah pour arriver à l’usine. Les matériaux d’alimentation alternative sont généralement déchargés des trains à Cisco, en Utah, et transportés par camion par la nationale 70, à l’est sur l’autoroute 191, et au sud à travers Moab, Monticello et Blanding, jusqu’à l’usine.
– Il y a des courants contenant des niveaux de plus en plus élevés de nitrate, de nitrite et de chlorure dans la nappe aquifère sous le site de l’usine.

Quelles sont les autres inquiétudes de la communauté?

– L’usine a été construite sur des terres sacrées ancestrales de la Tribu Ute de Ute Mountain. Plus de 200 sites rares et d’importance culturelle se trouvent sur le site de l’usine. Il y a entre autres des sites funéraires, de grandes kivas et des maisons souterraines, des puits de stockage et des objets archéologiques. Quand l’usine et ses zones de stockage de déchets ont été construites, plusieurs sites archéologiques importants ont été détruits. Entre autres, des maisons souterraines, des kivas, des sites funéraires et des structures d’entreposage de la nourriture.
– Beaucoup de résidents des communautés de White Mesa et de Bluff craignent que la nappe aquifère Navajo Sandstone, qui fournit l’eau potable de la région, ne soit contaminée. Cette source d’eau potable primordiale se trouve sous le site de l’usine.

 

Photo Haul No!

 

 

DES MENACES D’EXPLOITATION DE MINES D’URANIUM DANS LE GRAND CANYON PLANENT TOUJOURS, UN AN APRES DES RESTRICTIONS HISTORIQUES SUR L’EXTRACTION

Par Protect Grand Canyon, NAU (Université du Nord de l’Arizona, Flagstaff)
Publié le 10 janvier 2013
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Traduction Christine Prat

PARC NATIONAL DU GRAND CANYON DU COLORADO, Arizona – Un an après que le gouvernement Obama ait adopté une loi introduisant de nouvelles protections limitant le développement de l’extraction d’uranium dans une zone d’environs 4000 km2 autour du Parc National du Grand Canyon, la pollution et les menaces légales de l’industrie de l’uranium sont toujours là. Cinq poursuites en justice de l’industrie minière – dont une réclamant au moins 120 millions de dollars aux Etats-Unis – ainsi que des projets de réouverture de mines des années 80 menacent toujours le public et les terres tribales traditionnelles ainsi que l’eau à l’intérieur et autour du Parc National du Grand Canyon.

« Le Grand Canyon et son bassin alimentent un habitat important pour toute une variété de vie sauvage – des condors aux mouflons – et c’est un moteur économique pour le nord de l’Arizona, fournissant des emplois et des revenus à cette région rurale » dit Sandy Bahr, directrice du Sierra Club pour le district du Grand Canyon. Ce retrait – mettant un terme aux activités minières destructrice – est capital pour la protection du Grand Canyon et de l’eau qui est vitale pour nos communautés. »

Le gouvernement a finalisé le « retrait » des 4000 km2 autour du Grand Canyon le 9 janvier 2012, suite au tollé régional et national causé par les impacts potentiels d’une nouvelle explosion de l’exploitation d’uranium au cœur de ce paysage mondialement célèbre. Les restrictions interdisent les nouvelles concessions minières et le développement de mines sur d’anciennes concessions dont les réserves en minerai ne sont pas prouvées et n’ont pas d’autorisation valide d’exploiter des mines.

« Après un onéreux examen et une participation publique substantielle, le Ministre Salazar a pris une décision ferme et résolue pour protéger l’un des paysages les plus importants du monde et la santé à long terme des communautés autochtones qui vivent à l’intérieur du bassin de Grand Canyon » dit Dave Nimkin de l’Association pour la Préservation des Parcs Nationaux. « Les efforts actuels pour compromettre cette décision courageuse et appropriée nous mettent tous en danger. »

Cinq poursuites judiciaires de l’industrie de l’uranium et ses partisans ont été lancées en 2012 attaquant les restrictions ; une a été retirée, et quatre ont fusionné en une seule, portée aujourd’hui devant la cour de justice fédérale en Arizona. Pour défendre le retrait, la Tribu Havasupai et les groupes de protection du site sont intervenus dans l’affaire.

« Le Grand Canyon et les terres, les bassins hydrologiques et les communautés aux alentours ne doivent pas être envahis par les mines et traversés en tous sens par des routes et des poids-lourds transportant des matériaux radioactifs » dit Ted Zukoski, un avocat représentant les tribus et les groupes pour la protection de la nature opposés aux poursuites de l’industrie. « Nous continuerons à nous battre pour protéger les gens, la vie sauvage et les eaux vitales de la région. »

VANE Minerals, de Londres, a retiré sa plainte contre les restrictions minières le mois dernier, choisissant de poursuivre les Etats-Unis au civil. Dans cette affaire en cours, VANE affirme que les nouvelles restrictions minières lui donne droit à plus de 120 millions de dollars des contribuables américains.

RedButte1En avril 2012, la Forêt Nationale de Kaibab a octroyé des droits d’extraction à Energy Fuels pour la Mine du Canyon sur la rive sud du Grand Canyon, à l’intérieur de la zone de restrictions. En juin, la Forêt a annoncé qu’elle autoriserait Energy Fuels à rouvrir la Mine du Canyon et mettrait à jour sa « déclaration d’impact environnemental » vieille de 27 ans. La mine est proche de Red Butte, un lieu sacré pour les Havasupai, qui ont mené une bataille juridique de plusieurs années pour bloquer la mine dans les années 90.

« Les organismes gouvernementaux d’Obama autorisent la réouverture d’anciennes mines sans mettre à jour les anciennes études environnementales » dit Taylor McKinnon, directeur des campagnes pour les terres publiques au Centre de la Diversité Biologique. « Ces mines vont amener la pollution que les restrictions entendaient empêcher. Leur approbation dans les années 80 était une idée épouvantable ; autoriser leur réouverture sur la base de connaissances scientifiques dépassées est encore pire. »

Le Bureau de Gestion des Sols autorise Energy Fuels à préparer l’ouverture d’une seconde mine, la Mine Pinenut, située au nord du Grand Canyon. Tout comme le Service des Forêts, le Bureau de Gestion des Sols n’a pas mis à jour ses examens environnementaux des années 80 pour cette mine ni pour la mine Arizona 1 toute proche, qui a commencé à opérer en 2009 et que les tribus et groupes de protection ont attaqué en justice pour faire cesser l’exploitation. Ce conflit est maintenant devant la Cour d’Appel du 9ième Circuit.

« Des décennies d’extraction d’uranium dans la région ont laissé un héritage toxique qui a pollué définitivement les eaux de surface et souterraines et continue à menacer la vie des gens, le parc et la flore et la faune, » dit Roger Clark du Grand Canyon Trust. « Le Parc National du Grand Canyon a récemment dépensé 15 millions de dollars pour retirer des engins radioactifs et la couche supérieure du sol de la mine Orphan, qui présentent des dangers pour les condors menacés et les visiteurs de ce très populaire point de vue sur le Canyon. L’exploitation de mines est une industrie qui connaît des cycles d’expansion et d’effondrement qui nuisent au tourisme et privent les économies locales des bénéfices à long terme qu’elles pourraient tirer d’un Grand Canyon aux paysages intacts et non pollués. »

La pollution à l’uranium dévaste déjà le Grand Canyon et les environs. La Nation Navajo a plusieurs centaines de mines d’uranium abandonnées qui n’ont toujours pas été dépolluées. Parce que des dizaines de nouvelles mines menaçaient d’industrialiser des terres de grande valeur, de détruire l’habitat de la faune et la flore sauvages et de polluer définitivement ou épuiser les nappes aquifères et les sources, des savants, des gouvernements tribaux et locaux et des entreprises ont exprimé leur soutien à la protection que le retrait de l’industrie minière apporte au Grand Canyon et ses environs.

 

Contacts :

David Nimkin, National Parks Conservation Association, (801) 518-1270
Ted Zukoski, Earthjustice, (303) 996-9622
Taylor McKinnon, Center for Biological Diversity, (928) 310-6713
Sandy Bahr, Sierra Club, (602) 999-5790
Roger Clark, Grand Canyon Trust, (928) 890-7515