Klee Benally parle des mines d’uranium, Window Rock 12 septembre 2015

 

COMMUNIQUE : ‘NOUS SOMMES LES CANARIS DU MINEUR : DES ORGANISATIONS AUTOCHTONES APPELLENT A NETTOYER LA POLLUTION RADIOACTIVE ‘FAITE MAISON’

Par Klee Benally
Clean Up The Mines, organisateur
cleanupthemines@gmail.com
www.cleanupthemines.org
Voir l’article original en anglais sur le site de Clean Up The Mines
Ou sur Censored News
Vendredi 29 janvier 2016
Traduction Christine Prat

Photos de Washington: Eli Laliberte, Konnected.tv
Photos de Church Rock et Sanders (à droite): Christine Prat, septembre 2015

 

Washington, DC – Jeudi 28 janvier à 12h30, des représentants d’organisations Autochtones du Sud-ouest, des Grandes Plaines du Nord, et des soutiens ont appelé à dire ‘non au nucléaire’ au cours d’une action de protestation concernant la pollution radioactive causée par 15000 mines d’uranium abandonnées qui constituent une menace aux USA. La manifestation a eu lieu devant le siège principal de l’Agence de Protection de l’Environnement (EPA), et appelé à la décontamination immédiate de ces sites dangereux, à la protection des sites sacrés Autochtone de l’exploitation d’uranium, et à l’intervention dans les communautés dont l’eau est empoisonnée par la radioactivité. Les groupes ont accusé l’EPA d’avoir été négligente vis-à-vis de ces dangers qui menacent gravement la santé publique, les terres et les cours d’eau.

« Les Nations Amérindiennes d’Amérique du Nord sont les ‘canaris du mineur’ des Etats-Unis et essaient d’éveiller les peuples du monde aux dangers de la radioactivité » dit Charmain White Face [photo], des Défenseurs des Black Hills, une organisation du Dakota du Sud.
Le Dakota du Sud a 272 mines d’uranium abandonnées qui contaminent des cours d’eau comme la Cheyenne River et profanent des sites sacrés et cérémoniels. On estime que 169 mines abandonnées se trouvent dans un rayon de 80 km autour du Mont Rushmore où des millions de touristes risquent d’être exposés aux radiations chaque année.
Les communautés Autochtones sont de loin les plus touchées, étant donné qu’environs 75% de mines abandonnées se trouvent sur des terres fédérales ou Tribales. La majorité des mines abandonnées se trouvent dans 15 états de l’ouest et peuvent potentiellement toucher plus de 50 millions de gens.

Des 272 mines abandonnées du Dakota du Sud, une seule, celle de Riley Pass, située sur des terres du Service des Forêts des Etats-Unis, a été décontaminée, mais le procédé a été jugé inadéquat et il y a eu des inquiétudes concernant le budget de réhabilitation. « Ce qui m’inquiète, c’est comment avec ce qui reste des 179 millions de dollars affectés au nettoyage de la mine, le Service des Forêts peut dire que les communautés touchées pourront utiliser le reste pour des projets communautaires et d’enseignement pour remplacer les utilisations de la Grande Rivière, qui se jette dans le fleuve Missouri. La rivière est détruite par cet acte de génocide radioactif » dit Harold One Feather [photo], membre des Défenseurs des Black Hills, « Après avoir discuté des 179 millions de l’accord Tronox pour la Réhabilitation, le Service des Forêts a dit que les communautés affectées pouvaient soumettre des budgets pour l’utilisation de ce qui resterait après la réhabilitation de la mine. »


Devant le siège de l’EPA, les groupes ont scandé ‘La Pollution Radioactive Tue!’, ‘Plus Jamais de Church Rock, Plus Jamais de Fukushima!’ et ‘Le Nucléaire Propre est un Mensonge Mortel!’ en réponse au Plan d’Energie Propre de l’EPA dont il est dit qu’il promeut l’énergie nucléaire.
Une grande banderole sur laquelle était écrit ‘La Pollution Radioactive Tue’, avec une image de Canari du Mineur et le symbole indiquant la présence de radioactivité, a été déposée à l’intérieur du bâtiment de l’EPA.

Du 25 au 28 janvier, Clean Up The Mines, Défenseurs des Black Hills, Diné No Nukes [Navajos Contre le Nucléaire], la Coalition Laguna et Acoma pour un Environnement Sûr [LACSE] & l’Alliance Multiculturelle pour un Environnement Sûr [MASE], et l’Alliance Mondiale Autochtone [IWA], ont rencontré des membres du Congrès, du Ministère de l’Intérieur, du Ministère de l’Agriculture, et de l’Agence de Protection de l’Environnement (EPA) à Washington, DC.
La campagne Clean Up The Mines! a pour but de faire passer la Loi sur la Prospection d’Uranium et la Responsabilité de l’Exploitation Minière qui assurerait la décontamination de toutes les mines d’uranium abandonnées. Le projet de loi a été soumis au membre du Congrès Raúl Grijalva (Démocrate – Arizona) il y a deux ans mais doit encore être présentée au Congrès.
Actuellement, il n’y a pas de loi globale qui exige la décontamination de toutes ces dangereuses mines d’uranium abandonnées, permettant ainsi aux entreprises et au gouvernement fédéral de se retirer sans assumer la responsabilité des dégâts ininterrompus qu’elles continuent de causer.
« C’est une crise nationale invisible. Des millions de gens aux Etats-Unis sont exposés chaque jour comme Victimes de Radiation Nucléaire » dit Mme White Face, « L’exposition à la pollution radioactive a été liée au cancer, aux défauts génétiques, à la Neuropathie Navajo, et à l’accroissement de la mortalité. Nous protestons contre l’EPA aujourd’hui parce que nous croyons que lorsque plus d’Américains prendront conscience de cette contamination radioactive domestique, quelque chose pourra être fait pour protéger tous les peuples et l’environnement. Au cours des réunions auxquelles nous avons participé à Washington, on n’a pas discuté seulement des mines d’uranium abandonnées, mais nous avons aussi parlé de la pollution radioactive de la poussière de charbon, de la fumée de charbon et de celle qui se trouve dans l’eau. Cela montre qu’il est nécessaire d’amender la Loi sur l’Eau Propre et la Loi sur l’Air Propre » dit Mme White Face.

Les groupes ont parlé de la contamination extrême de l’eau, des mines de charbon à ciel ouvert et des centrales électriques qui brûlent du charbon mêlé de particules radioactives, des déchets radioactifs du forage de puits de pétrole dans la Bakken Oil Range, des déchets du retraitement, de l’entreposage des déchets, et des nouvelles menaces d’exploitation de mines dans des lieus sacrés comme le Mont Taylor au Nouveau Mexique.

« Les Etats-Unis enfreignent leurs propres Décrets et lois sur la protection des zones sacrées pour les Amérindiens situées sur des terres publiques en y appliquant la Loi Générale sur l’Exploitation Minière de 1872 » dit Petuuche Gilbert [photo] de la Coalition Laguna Acoma pour un Environnement Sûr & Président de l’Association Mondiale Autochtone, « les Etats-Unis discriminent les peuples Autochtones en autorisant l’exploitation minière sur ces terres. Précisément, les Etats-Unis enfreignent : le Décret 13007, le Décret 12175, la Loi sur la Liberté Religieuse des Amérindiens, la Loi sur le rétablissement de la Liberté Religieuse, ainsi que la Déclaration des Nations Unies sur les Droits de Peuples Autochtones. »
« S’ils s’en tiennent à des politiques dépassées et racistes promouvant le colonialisme, comme la loi sur les mines de 1872, les peuples Autochtones de tout le pays continueront d’être opprimés, et nous continuerons à demander que notre terre nous soit restituée et restaurée dans son état d’origine, celui d’avant la colonisation par les Etats-Unis » dit Leona Morgan [photo], de Diné No Nukes. « La fuite de déchets de la United Nuclear Corportation, en 1979 au nord de Church Rock [photo], au Nouveau-Mexique, a laissé une immense quantité de pollution radioactive que les habitants en aval continuent actuellement de recevoir dans leur eau potable. Une communauté principalement Navajo, à Sanders, en Arizona, a été exposée à des quantités d’uranium deux fois supérieures à la limite légale, sortant de leur robinet – c’est criminel ! » dit L. Morgan.

Diné No Nukes est un collectif ayant pour but de renseigner la population Navajo sur les problèmes créés par la Commission de l’Energie Nucléaire des Etats-Unis, ainsi que sur les menaces en cours et nouvelles de l’industrie nucléaire.

Tommy Rock [photo], membre de Diné No Nukes et étudiant de troisième cycle de l’état d’Arizona, a déclaré que la crise de l’eau polluée à Flint, dans le Michigan, était très similaire à celle de Sanders [photo], en Arizona, près de la réserve Navajo. Les organismes de réglementation ont réagi en envoyant la Garde Nationale de l’Armée pour fournir de l’eau en bouteille aux habitants de Flint. Cependant, la petite communauté de Sanders, à prédominance Autochtone, située à l’extérieur de la Réserve, n’ont pas eu droit à la même réaction des organismes de réglementation de l’état, ni des dirigeants de l’état, ni des médias » dit Tommy Rock qui a travaillé à une étude récente révélant des taux d’uranium dépassant largement les standards pour l’eau potable dans le système d’eau potable de résidents et d’une école élémentaire de Sanders. Rock ajoute « On peut dire la même chose de deux Réserves Lakota. Il s’agit de celles de Pine Ridge et de Rock Creek, la Réserve de Standing Rock, qui n’ont reçu aucune assistance des organismes de réglementation. Ce sont des exemples de l’incohérence de l’Agence de Protection de l’Environnement des Etats-Unis dans les régions, dans sa réaction vis-à-vis des communautés Autochtones comparée à celle concernant les populations non-Autochtones qui sont confrontées au même problème d’accès à de l’eau potable sans danger. »
M. Rock a appelé à ce que la communauté de Sanders soit incluse dans le deuxième Plan Quinquennal de Décontamination de la Nation Navajo et dans un amendement à la Loi sur l’Eau Propre. « Un autre problème concernant l’eau est que l’industrie minière contamine les rivières. Ils ignorent la Loi sur l’Eau Propre parce qu’elle ne tient pas compte des radionucléides. Ceci doit être amendé afin que la politique de l’eau puisse forcer les entreprises à répondre de leur dégradation des zones de bassins hydrologiques. Ceci pourrait aussi bénéficier à l’EPA, qui n’a pas les fonds nécessaires pour décontaminer chaque rivière polluée par l’industrie, minière ou autre » déclara M. Rock.

« Ces mines d’uranium provoquent une pollution radioactive, ce qui a pour résultat que les habitants des environs deviennent des victimes de radiations nucléaires » dit Petuuche Gilbert, membre de la Nation Acoma, de LACSE, MASE, et IWA. « Le Nouveau-Mexique et le gouvernement fédéral ont fourni peu de fonds pour une décontamination de grande ampleur et les mines ne sont réhabilitées qu’occasionnellement. Les gouvernements du Nouveau-Mexique et des Etats-Unis ont le devoir de nettoyer ces mines et usines de retraitement radioactives et, de plus, d’effectuer des études sanitaires pour déterminer les effets de l’empoisonnement à la radioactivité. Les organisations MASE et LACSE s’opposent à l’ouverture de nouvelles mines et demandent que l’héritage des mines d’uranium soit nettoyé » dit M. Gilbert.

 

« En 2015, la fuite de la Mine Gold King a constitué un appel à la prise de conscience des dangers des mines abandonnées, mais actuellement il y a plus de 15000 mines d’uranium radioactives abandonnées dans tous les Etats-Unis », dit Mme White Face. « Depuis plus de 50 ans, beaucoup de ces sites dangereux contaminent la terre, l’air, l’eau et des monuments nationaux comme le Mont Rushmore et le Grand Canyon du Colorado. Chacune de ces milliers de mines d’uranium abandonnées est une Mine Gold King potentielle, avec la grave menace supplémentaire de pollution radioactive. Pour notre santé, notre air, nos terres et notre eau, nous ne pouvons laisser cela se produire. »

La délégation était soutenue par la Nation Piscataway et des organisations de Washington DC comme le Temple Nipponzan Myohoji, Résistance Populaire, les Médias pour le Mouvement, La Casa, NIRS, et la Maison pour la Paix [Peace House].