au micro, Faith Spotted Eagle, à sa droite sur la photo Casey Camp-Horinek

FAITH SPOTTED EAGLE : LES FEMMES SONT LA POUR NOURRIR, MAIS ELLES SONT AUSSI DES ‘MERES OURS’, PRETES A DEFENDRE LA TERRE ET L’EAU

Par Brenda Norrell
Censored News
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Mardi 22 avril 2014
Traduction Christine Prat

 

WASHINGTON D.C. – Faith Spotted Eagle, Ihanktonwan Oyate (Yankton Dakota) a déclaré aujourd’hui, au cours de l’action ‘Rejeter et Protéger’ qui résiste au pipeline pour sables bitumineux Keystone XL, que les femmes Indiennes sont prêtes à protéger leur territoire contre l’invasion projetée du Keystone XL et de la violence des camps masculins dans les deux Dakota.
Faith Spotted Eagle, guide spirituelle et Ancienne Ihanktonwan Oyate, dit que les Ponca du sud, les Pawnee et des Premières Nations (Canada) alliées ont signé un traité international, pour protéger le territoire du Keystone XL, en janvier 2013.
« Avec ce Traité, nous sommes sérieux ».
Pendant l’action sur le National Mall, elle a aussi parlé du rôle des Peaux de Bisons et des Couvertures Etoilées pour honorer les gens. Elle a été rejointe par Casey Camp-Horinek, Ponca d’Oklahoma.
Faith Spotted Eagle dit que les femmes sont la colonne vertébrale de la nation. Elles sont co-créateurs. Le rôle des femmes est de donner la vie, un rôle qui requiert de l’humilité de leur part.
« Nous devons faire preuve d’humilité parce que nous donnons aussi la vie. Nous devons suivre la voie de la mémoire. »
« Nous avons une responsabilité mais nous nous changeons aussi en Mère Ours ».
« C’est en tant que Mères Ours que nous résistons pour défendre notre terre, nos fermes, nos ranchs, notre territoire selon les traités. Ils violent notre territoire et notre eau reconnus par traités ».
« Nous sommes venues ici pour dire ‘Assez !’ Nous ne laisserons pas TransCanada passer par notre territoire reconnu par les traités ».
F. Spotted Eagle a dit que les ‘camps masculins’ pour les équipes des compagnies pétrolières avaient accru la violence envers les Nations Indiennes. Une femme Yankton sur trois a été agressée sexuellement par des non-Indiens, dit-elle.
« Quand vous nous agressez, vous agressez Notre Mère la Terre ».
Actuellement, des Camps Spirituels Autochtones sont établis le long du trajet projeté par TransCanada, pour défendre et protéger.
F. Spotted Eagle dit que le premier camp spirituel se trouvait en terre Ponca en Oklahoma, puis dans le Dakota du Sud sur le territoire Lakota de Rosebud, et le suivant sur le territoire de la réserve de Cheyenne River. Les camps spirituels vont se propager en territoire Lakota dans la réserve de Lower Brule et celle de Pine Ridge dans le Dakota du Sud. Le site Ihanktonwan est là pour « garder la porte ».

 

Photo Bora Chung

 

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UNE ALLIANCE ‘COWBOYS-INDIENS’ A WASHINGTON D.C. POUR REJETER L’OLEODUC POUR PETROLE DE SABLES BITUMINEUX KEYSTONE XL

Par Brenda Norrell
Censored News
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Lundi 21 avril 2014
Traduction Christine Prat

 

WASHINGTON D.C. – Des Autochtones, des fermiers et des éleveurs se sont unis à des mouvements de base et des groupes écologistes et ont monté leurs tipis sur le National Mall ce jour, pour envoyer un message spirituel au Président Obama de dire ‘Non !’ au pipeline Keystone XL. La coalition est à Washington pour protéger d’une seule voix l’eau sacrée et la terre pour les générations futures.
Dans le cadre de la campagne « Rejeter et Protéger », a lieu en ce moment une semaine d’actions contre le Keystone XL – qui doit transporter des sables bitumineux – à Washington et dans des communautés locales, du 22 au 27 avril 2014.
L’Alliance Cowboys-Indiens et ses alliés invitent les gens de tout le pays à visiter le camp de tipis sur le National Mall et à participer aux actions.
« Nous avons besoin de tout le monde pour témoigner pendant toute la semaine. Rejoignez-nous pour montrer la force de nos communautés. Nous appelons le Président Obama à faire un pas historique en rejetant le Keystone XL pour protéger notre terre, notre eau et notre climat » disent les organisateurs.
Pour ceux qui ne peuvent assister qu’à un seul évènement dans la semaine, le plus important sera celui du samedi 26 avril, au cours duquel des milliers de gens se réuniront au Camp pour une cérémonie de présentation et une procession.
Le Chef Arvol Looking Horse, leader spirituel pour les Dakota, Lakota et Nakota a déclaré « Chacun de nous est envoyé ici à ce moment et à cet endroit pour décider personnellement du futur de l’humanité. Pensez-vous que le Créateur aurait créé des gens non nécessaires en temps de danger ? Sachez que vous êtes essentiels pour ce monde. Le pire cancer proliférant sur Notre Mère la Terre c’est les sables bitumineux. »
Le Chef Arvol Looking Horse, 19ème Génération de Gardien de la Pipe du Bison Blanc, a béni le camp spirituel de Cheyenne River dans le Dakota du Sud. Un deuxième camp spirituel a été établi sur le territoire Lakota de Rosebud dans le Dakota du Sud également, pour protéger l’eau et la terre de la menace du Keystone XL.
Uni avec eux dans la lutte, le Chef Reuben George, Tsleil-Waututh [Première Nation de Colombie Britannique, Canada] a déclaré « Je peux d’emblée dire une chose, c’est que nous sommes en train de gagner. Quand nous nous rassemblons comme cela, nous sommes plus forts. Il n’y a pas de prix pour notre eau et nos terres. Les leçons que nous recevons de Notre Mère la Terre nous font devenir de meilleurs êtres humains. Nous rendons quelque chose à la terre et au sol. Les pipelines ne font pas cela. Nous allons gagner ! »

 

 

Déclaration de l’Alliance Cowboys-Indiens sur la semaine d’actions

 

Le 22 avril, notre alliance combattant le pipeline – éleveurs, fermiers, communautés tribales et leurs amis – intitulée Alliance Cowboys-Indiens, entrera à cheval dans Washington D.C. pour entamer le prochain, et peut-être le dernier, chapitre du combat contre le Keystone XL.
Ce jour-là, nous établirons un camp près de la Maison Blanche, allumerons notre feu et brûlerons notre sauge, et pendant 5 jours, nous serons les fiers témoins de la décision finale du Président Obama sur le Keystone XL, lui rappelant la menace que ce pipeline transportant des sables bitumineux fait peser sur notre climat, notre territoire, notre eau et nos droits tribaux. Durant ces 5 jours, nous montrerons la puissance de nos communautés avec des manifestations commençant par des prières au domicile du Secrétaire d’Etat Kerry et une cérémonie d’ouverture par des tribus et des ranchers à cheval devant la Maison Blanche.
Le 26 avril nous invitons tous nos amis et alliés contre le pipeline à nous rejoindre pour la clôture de notre camp et pour transmettre notre message final et sans ambigüité au Président Obama. Notre communauté de combattants contre le pipeline vient d’envoyer 2 millions de commentaires en tout juste 30 jours. Nous devons poursuivre par une action dans les rues le 27 avril, en défilant avec les leaders tribaux et les individus qui vivent actuellement avec le risque posé par les sables bitumineux, pour montrer la beauté et la puissance que nous représentons. On a besoin de tout le monde et tout le monde est bienvenu.
Sa décision étant imminente, le Président Obama doit savoir ce qui est vraiment en jeu, et voir une fois de plus la puissance des alliances qui ont mis le Keystone XL à un point crucial de nos mouvements, pour notre futur.
L’Alliance Cowboys-Indiens [en anglais Cowboy Indian Alliance – C.I.A.] réunit des communautés tribales et des éleveurs et des fermiers qui vivent le long du trajet projeté pour le Keystone XL. Les fermiers et les éleveurs connaissent le risque de première main. Ils travaillent la terre tous les jours. Les tribus connaissent le risque de première main. Elles protègent l’eau sacrée et défendent les sites sacrés de leurs ancêtres tous les jours. Ils se sont unis par amour et par respect de la terre et de l’eau dont nous dépendons tous.
Ce n’est pas la première fois que des Cowboys et des Indiens se sont rejoints pour bloquer des projets qui menaçaient nos terres et notre eau. Dans les années 1980, ils se sont unis pour protéger l’eau et les Black Hills de l’extraction d’uranium et de tests de munitions risqués. Dans l’imaginaire américain, les cowboys et les Indiens sont toujours en conflit. Cependant, en réalité, l’opposition au Keystone XL transportant des sables bitumineux ont rapproché des communautés comme peu de causes dans notre histoire l’ont fait. Tribus, fermiers et éleveurs sont des gens de la terre qui considèrent de leur devoir d’intendants de conserver la terre et de protéger l’eau pour les générations futures.
La C.I.A. – l’Alliance Cowboys-Indiens – pose au Président Obama une question simple : Est-ce qu’un pipeline pour exporter des sables bitumineux polluants vaut la peine de risquer notre terre et notre eau sacrées pour les sept générations suivantes ?
Le 25 juin 2013, le Président Obama a dit « Notre intérêt national sera servi seulement si ce projet n’exacerbe pas de manière significative le problème de la pollution au carbone. » Toute personne de bon sens sait que le Keystone XL exacerberait la crise climatique : 830 000 barils par jour de sables bitumineux et de produits chimiques comme le benzène transportés par le Keystone XL rendront plus facile pour les multinationales d’extraire et de bruler d’avantage de ce pétrole, le plus polluant du monde, qu’ils ne pourraient le faire avec d’autres alternatives.
Nos actions de ce mois montrerons au Président Obama que nous nous tenons à son appel d’ « être le changement que nous souhaitons voir » et que nous sommes avec lui pour dire non aux Grandes Compagnies Pétrolières. Ensemble nous ferons la promesse claire que si le Président Obama revient sur sa parole et approuve le Keystone XL, il se heurtera à la résistance féroce de notre Alliance et de nos alliés dans tous les milieux. Bryan Brewer, le Président des Sioux Oglala, parle pour nous quand il dit « Nous sommes prêts à combattre le pipeline, et nos chevaux sont prêts aussi. »
Nous vous prions de vous joindre à nous en ce mois d’avril pour dire au Président Obama de Rejeter le Keystone XL et de protéger notre terre, notre eau et notre climat.

– L’Alliance Cowboys-Indiens –

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DECOLONISER LA RESISTANCE AUX PIPELINES EN AMERIQUE DU NORD

 

Par Lee Veeraraghavan sur le site Occupy.com
Mardi 25 février 2014
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Traduction Christine Prat

Tandis que la bataille contre l’oléoduc Keystone XL s’intensifie aux Etats-Unis, la Colombie Britannique au Canada fait face à des combats similaires. Le pipeline d’Enbridge Northern Gateway, s’il est approuvé, devrait transporter du bitume dilué des sables bitumineux d’Alberta jusqu’à la côte du Pacifique.

Le gaz de schiste du nord-est de la province doit aussi être transporté par gazoduc : le Pipeline Pacific Trails de Chevron-Apache, que certains considèrent comme un précurseur pour le Northern Gateway, dont les travaux de construction devaient commencer en 2013. Après avoir été repoussée d’un an, la construction du PTP a maintenant commencé – et la nouvelle phase de résistance s’est accrue en réaction. L’un des champs de bataille clef sera vraisemblablement le territoire Unis’tot’en, le Bird Clan de la Nation Wet’suwet’en.

De nombreux projets de pipelines, parmi lesquels le Northern Gateway et le Pacific Trails, doivent passer par le territoire des Unis’tot’en – un territoire qui n’a jamais été cédé à l’Etat Canadien. Cependant, les Unis’tot’en ont juré de bloquer tous les pipelines et de construire une cabane et une maison semi-souterraine sur le trajet. Ils ont aussi remis en vigueur un protocole traditionnel pour entrer dans leur territoire, afin d’écarter les arpenteurs-géomètres des compagnies de pipelines. Le protocole, mis en œuvre sur un pont sur Wedzin Kwah, la Rivière Morice encore sauvage, consiste en cinq questions : Qui êtes-vous et d’où venez-vous ? Pourquoi êtes-vous ici ? Combien de temps comptez-vous rester ? Travaillez-vous pour le gouvernement ou pour une industrie qui détruit ces terres ? En quoi votre visite bénéficiera t’elle au peuple Unis’tot’en ?

Le protocole indique un important changement dans la façon de penser les questions d’environnement : un changement qui reconnaît que le contrôle est aux mains des communautés Autochtones. L’activisme écologiste dominant est souvent pensé comme un impératif éthique fondé sur une exigence minimale déterminée par le discours scientifique. Ceci peut avoir l’effet regrettable de monter les groupes écologistes contre les communautés (souvent Autochtones) les plus affectées par la dévastation de l’environnement.

Et pourtant, dans le monde entier, les Peuples Autochtones sont à la pointe des mouvements qui voient l’écologie comme le résultat de l’adoption de pratiques locales longtemps réprimées par le colonialisme. Le point de vue Autochtone est cependant souvent réduit au silence : leur parole est laissée de côté en faveur des scientifiques et militants de l’environnement. J’ai eu récemment l’occasion de visiter le Camp Unist’ot’en et d’interviewer Freda Huson, porte-parole des Unist’ot’en.

Lee Veeraraghavan : La cabane, le camp, le barrage : tout cela a été dénoncé dans les médias et ailleurs comme opposition aux pipelines, mais l’ensemble du projet concerne beaucoup plus que cela. Pourriez-vous en parler ?

Freda Huson : Eh bien nous avons décidé de développer une communauté, et le but de cette communauté est de décoloniser notre peuple. Parce qu’avec les pensionnats Indiens et même les écoles publiques, ils ont essayé de faire oublier à notre peuple notre culture, qui nous sommes, et de l’intégrer à la société Canadienne. Et cela n’a pas apporté la justice à mon peuple. Voyez toutes ces réserves : les gens sont perdus, les jeunes ne trouvent pas leur place, ils tombent dans l’alcool et la drogue. Ils jouent toute la nuit, dorment toute la journée et sont quasiment morts – morts spirituellement. Ils sont comme des zombies qui essayent de s’adapter.

L.V. : Et la communauté que vous fondez ici est le premier d’une série de projets pour retourner à la terre ?

 F.H. : Nous ne la considérons pas encore comme guérison, mais c’est notre but ultime. Ma nièce doit passer son doctorat l’année prochaine – elle est psychologue – et son projet est de développer une loge de guérison pour ramener notre peuple là où nous étions avant. Nous sommes un peuple fort, et bien que notre culture soit intacte et toujours forte (c’est notre système de gouvernement), beaucoup de nos jeunes n’y adhèrent pas. Vous ne les voyez pas dans notre salle de Fête. C’est des gens de ma génération qui y sont. Moi-même, je n’ai commencé à y aller qu’il y a quatorze ans.

L.V. : Qu’est-ce qui vous a fait changer ?

F.H. : C’est le fait que mon père m’a dit « si tu ne participe pas au système de Fête, et que quelque chose arrive à un de tes enfants, il n’y aura personne pour t’aider ». Voyez les familles qui ne participent pas, s’il y a un décès, ou si quelqu’un tombe malade, il n’y a personne pour leur tendre la main, parce qu’ils ne font pas partie du système. Il m’a dit : « Il faut que tu commences à y aller. Si tu veux que quelqu’un t’aide, il faut que tu commences par participer et aider les autres, et alors, quand tu seras dans le besoin, ils t’aideront ».

L.V. : Sur votre site web vous parlez du protocole : ce que c’est, et son histoire. Pourriez-vous dire pourquoi vous le remettez en vigueur maintenant ?

F.H. : Nous le faisons pour protéger ce qu’il reste du territoire. En y arrivant, vous voyez beaucoup de zones où les arbres ont été abattus et qui sont endommagées. Et parce qu’il ne nous en reste plus que 10%, nous avons décidé de ressusciter le protocole et de poser aux gens ces questions justifiées leur demandant pourquoi ils sont ici. Il y a tellement de destructions autour de nous : mines, exploitations de bois, et même des gens qui ont le sentiment qu’ils peuvent tout se permettre parce que le gouvernement dit : ce sont des « terres de la Couronne » [terres appartenant aux Canadiens, au nom de la Couronne]. Ils chassent le gibier, et ils prennent… bien que le gouvernement essaie de réguler, personne ne vient pour s’assurer que ces chasseurs ne prennent pas une femelle d’orignal. Personne ne vérifie. Nos gens ne prennent pas les femelles d’orignaux, parce que ce sont elles qui assurent la reproduction. Les gens commencent à prendre tout et n’importe quoi, et ensuite ils s’étonnent de ce que les nombres sont bas.

Mais si nous avons le sentiment que les gens ont répondu aux questions de manière satisfaisante et que nous avons un accord selon lequel ils ne veulent pas de pipelines, qu’ils veulent juste venir ici pour essayer de pêcher dans un lac, ou pour se détendre et camper, alors nous les laissons entrer. Mais si les gens manquent de respect et nous prennent de haut, nous leur disons « faites demi-tour. Nous n’avons pas besoin de gens comme vous ici ».

Vous entrez dans notre territoire et nous nous assurons que nous découvrirons qui vous êtes, d’où vous venez, pourquoi vous êtes ici, et en quoi votre visite bénéficiera à mon peuple. Parce que, si çà ne doit pas bénéficier à mon peuple, pourquoi vous laisserions-nous entrer ? En ce moment même, partout autour de nous, toutes les industries qui sont ici nous jettent des miettes. Et vous entendez toujours le gouvernement dire : « Nous donnons des subsides à ces Autochtones ! » Des conneries ! Ce ne sont pas des subsides ! A la base, ils ont volé toutes nos ressources, nous ont chassés de nos terres, nous ont emprisonnés dans ces réserves et nous ont interdit de venir vivre de nos terres – afin de pouvoir prendre toutes nos ressources ! Ils nous doivent beaucoup plus que ces miettes de « subsides » qu’ils nous donnent. Ils continuent à nous appauvrir afin que notre peuple ne soit pas capable de se dresser devant eux pour les combattre.

L.V. : Qu’est-ce que la terre signifie pour vous ?

F.H. : En fait c’est… la vie. J’ai été revitalisée – ma santé est meilleure qu’elle n’a jamais été parce que je suis ici – et tout ce qui est ici est vivant. L’eau est vivante : elle contient tous les minéraux qu’il faut quand vous la buvez. Quand vous allez dans les agglomérations dirigées par des municipalités, dans notre communauté de Moricetown, ils mettent du chlore dans l’eau et elle passe par un système de filtrage, de telle manière que l’eau est morte. Ainsi vous ne faites que vous mouiller les lèvres. Notre peuple croit que nous faisons partie de la terre. La terre n’est pas séparée de nous. La terre nous nourrit. Et si nous n’en prenons pas soin, elle ne pourra plus nous nourrir et notre génération mourra.

Nous avons commencé à restaurer cette région grâce à des jardins de permaculture, afin de cultiver nos plantes médicinales et nos baies, dans le futur. Mais pour l’instant nous nous contentons de cultiver des pommes de terre conventionnelles, des choses comme çà, pour réparer le sol. Lorsque le sol sera restauré, nous transplanterons certains de nos buissons donnant des baies. Mais autrefois, nos gens étaient en forme et actifs sur ces terres, et ils devenaient centenaires, tellement ils étaient en bonne santé ! Donc nous savons que cette terre est la vie.

L.V. : Finalement, qu’est-ce que j’aurai dû vous demander ? Y a-t-il quelque chose de vraiment important qui m’a échappé ?

F.H. : Notre peuple a vécu ainsi pendant très, très longtemps, et nous essayons seulement de retourner à ce que nous sommes, de retrouver notre esprit, et de ressentir cette connexion. Il y a longtemps, les animaux parlaient à notre peuple, et nous les comprenions. Maintenant çà fait si longtemps que notre peuple a quitté le territoire, mais je pense que si nous y restons longtemps, çà reviendra. Nous respectons les animaux. Par exemple, c’est un pays de grizzly, mais ils ne viennent pas dans notre espace, et quand nous voyons qu’ils ont marqué leur territoire, nous le respectons. Nous disons « OK. Un grizzly a revendiqué ceci, allons ailleurs », et nous partons. C’est leur patrie comme la nôtre et nous le respectons. Vous les respectez, et ils vous respectent en retour.