Par Klee Benally
13 juin 2022
Traduction française Christine Prat, CSIA-Nitassinan

Incendie À La Montagne

Notre montagne sacrée brûle.

Les plantes médicinales brûlent. Elles avaient déjà été profanées par l’épandage d’eau d’égout à la station de ski Arizona Snowbowl, pour faire de la neige artificielle.

Cette nuit, le Conseil Municipal de Flagstaff a tenu une réunion d’urgence pour discuter de l’utilisation des eaux usées des réserves de 40 millions de litres de Snowbowl, pour combattre le feu. Il est clair qu’ils ne comprennent pas que la désharmonie causée par la profanation extrême de Snowbowl a précipité ces déséquilibres météorologiques et écologiques. Non seulement cette action sacrilège va ajouter une insulte à la blessure, mais ça va aussi répandre la contamination de ces eaux usées aux zones de la montagne qui sont en train de brûler.

L’(il)logique coloniale qui a d’abord autorisé la profanation de la zone de ski, est la logique qui saccage ce sensible écosystème montagneux, et fait que maintenant la plus petite étincelle y met le feu.

C’est notre Notre-Dame qui brûle, cependant le racisme, ou, plus clairement, l’anti réalité Autochtone à laquelle 13 Nations Autochtones ont été confrontées au cours des luttes pour protéger ce site sacré, est en train d’être étouffée dans les cendres brûlantes et sera très probablement enterrée dans les blessures qui ne peuvent jamais guérir complètement.

Que la Ville de Flagstaff puisse entretenir cette notion sacrilège, juste après avoir lu leur « reconnaissance du territoire », est l’hypocrisie contre laquelle tant d’entre nous ont prévenu et protesté. Mais d’autres, la fumée dans les yeux, ont refusé de voir et continuent d’entretenir la compagnie de ces serpents politiques qui rampent dans les forêts mourantes de la montagne. De la liaison Tribale, qu’ils sont leurs salariés, au Cercle Autochtone de Flagstaff, ces entités prennent part à cette violence culturelle irréparable.

J’ai le cœur brisé pour notre peuple. L’avertissement avait été clair et maintenant il faut que la montagne brûle. Mais ce qui m’inquiète est que nous ne voyions ni n’entendions les paroles des praticiens de la médecine traditionnelle qui avaient averti de ces catastrophes, de la maladie et du grave déséquilibre écologique, conséquence des profanations continuelles du sacré.

Nos plantes médicinales repousseront, avec des offrandes la montagne se refroidira, et les sources pourraient revenir dans beaucoup de temps, mais ça prendra combien de générations ? Serons-nous même reconnus par notre mère la Montagne si nous ne faisons pas attention aux avertissements que cette fumée apporte ? Si le feu dans nos yeux et nos narines ne suffit pas, qu’est-ce qui suffira ?

J’ai le cœur brisé pour les animaux brûlés ou déplacés.

J’ai le cœur brisé pour nos parents SDF qui seront sans aucun doute encore criminalisés, parce qu’on saute à des conclusions alléguant que le pyromane serait SDF, et parce que le sentiment anti-SDF est général à Flagstaff. Les Forêts seront bien entendu fermées aux campeurs, et ça implique que beaucoup de ceux qui ne peuvent pas camper dans les limites de la Ville, à cause du décret anti-camping, ou ceux qui choisissent simplement de vivre librement dehors sur des « terres publiques » pendant leurs deux semaines de congé, seront déplacés plus loin et vilipendés. Leurs problèmes ont à peine été pris en considération lors du dernier incendie grave, et maintenant, ils auront encore plus de préjugés politiques et classistes contre eux.

Combien de ceux qui vivent dans les zones touchées risquent de perdre leur logement, si ce n’est dans cet incendie, dans l’inévitable prochain ? Ou à cause d’inondations causées par les traces d’incendie ? Qu’arrivera-t-il si eux aussi sont forcés de vivre dans la rue ?
C’est difficile de dormir avec des problèmes si importants qui brûlent dans vos pensées. Et j’imagine que beaucoup de gens ne peuvent se reposer dans les abris d’urgence, se demandant ce qui va arriver à leurs maisons. J’ai le cœur lourd pour tous ceux qui ne peuvent trouver le repos dans leurs propres lits cette nuit, et la suivante, et la suivante.

« Evacuez et dirigez-vous vers l’abri le plus proche, emmenez votre bétail dans la zone assignée, préparez-vous pour l’inondation… » Je prie pour que le cycle cauchemardesque ne devienne pas une routine,

Mais il semble que ce le soit déjà.

Nous entendons cela chaque fois que le feu se rapproche, « Si des maisons sont perdues, elles seront reconstruites. »

Même Notre-Dame est reconstruite de ses cendres.

Mais comment peut cette montagne sacrée, notre foyer spirituel, se remettre, si le remède immédiat est une nouvelle profanation ? Une telle part de ce sanctuaire sacré, où habitent des êtres sacrés et des remèdes sacrés, a déjà été ravagée par Snowbowl et par des incendies, que ça nous rapproche toujours plus d’un abîme terrible. Des praticiens de médecine traditionnelle ont déclaré que nous avons déjà franchi un seuil irrévocable. Ces crises ont aussi été racontées dans les géographies de notre histoire, leurs assertions précautionneuses ont été perdues partout, en dehors des cérémonies.

Si nous ne pouvons pas voir que l’« homme » a fabriqué ces crises et les souffrances qui s’en suivent en « civilisant le monde », nous continuerons à ne pas voir comment la crise du changement climatique n’est pas seulement construite par les mêmes mains, mais directement connectée aux multiples incendies répandus à travers tout le sud-ouest occupé.

Je vous demande de regarder dans les braises et de voir la possibilité de guérison que le feu apporte aussi, et que le feu à la montagne peut d’une certaine manière, être notre propre reflet. J’ai déjà affirmé auparavant que ce que nous faisons à la montagne, nous le faisons à nous-mêmes. Ça n’a jamais été aussi vrai, et cependant, ça n’a jamais été autant nié.

Snowbowl menace de s’étendre encore et de faire encore plus de neige d’eaux usées, et les politiciens et des membres de la communauté (même des Autochtones assimilés) se rallient pour les soutenir.

La profanation de cette Montagne sacrée doit arrêter immédiatement pour que notre mère puisse se reposer. C’est nécessaire aussi pour que nous puissions guérir de la pandémie mortelle qui continue à ravager ces territoires.

Tandis qu’il y a des actions immédiates qui peuvent et sont prises, peut-être que la plus décisive serait de restaurer l’harmonie pour vivre dans la bonne relation avec le sacré.

Le dé-Service des Forêts a fait obstacle et démontré que non seulement il ne pouvait pas, mais ne voulait pas soutenir la « gestion » Autochtone, étant donné qu’il préfère faciliter et chercher des bénéfices de la profanation. Qu’il s’écarte et nos gardiens du savoir sacré peuvent s’assurer que la restauration soit complète et bénéficie à tout ce qui existe.

Les administrateurs politiques et économiques de la Ville de Flagstaff devraient s’écarter de la même façon. Mais ils sont trop myopes et trop mous pour faire quoique ce soit de nécessaire. Pour être clair, le poids du capitalisme et du colonialisme devrait disparaitre avec eux.

Et avant que la fragilité du colon frappe avec le réflexe de bazar « mais où irions-nous tous ? » Ce qui est une question qui ne fait que renforcer les violences du colonialisme de peuplement (de même, est-ce que qui que ce soit ose poser cette question absurde aux Palestiniens ? [Oui, ils osent – Ch.P.]), pourquoi ne pas respirer un peu de cet air enfumé et demander « Que pouvons-nous faire de sensé pour vivre dans la bonne relation avec les peuples d’origine de ces terres ? » La justice anticoloniale est troublante, ne restez pas coincés par les conséquences de culpabilité ou du sens de droit incorporés dans plus de 500 ans de domination, de génocide, d’esclavage et d’écocide, mais laissez-nous être le guide. Cela signifie engager une conversation qui ne peut être établie dans le contexte d’invasion violente et d’occupation (demandez à la plupart de Ukrainiens, en ce moment), et cela signifie établir une réponse continue à l’effrayante question « comment pouvons-nous vivre en harmonie ? » N’attendez-pas les mairies et les conseils d’experts, ayez ces conversations avec votre famille, vos voisins et des gens rencontrés par hasard. Ou nous construisons cette mutualité dans l’espace horizontal de crise au milieu des flammes, ou les lignes des incendies sont tracées et s’approfondissent (ne délirez pas, ceci n’est pas un combat de plus).

Ceci n’est pas une proposition si radicale, c’est en fait comment la vie existait, dans la réciprocité, pendant des générations, jusqu’à il y a à peine 100 ans, ici, au pied de cette montagne sacrée. La guérison dont nous avons besoin ne peut pas venir des mêmes systèmes qui bénéficient de la destruction de notre monde naturel. Cette guérison n’est pas radicale, c’est une restauration.

En dépit du vulgaire côté marchand, c’est peut-être ce que certains veulent dirent quand ils appellent à « rendre la terre » ?

En regardant les points rouges fumants à travers cette Montagne sacrée, j’aime à penser « en avant, avec la Terre » plutôt que « rendez la terre » parce que ça me semble être la seule manière qui ne nous consumera pas tous.

Que les empires brûlent et ne soient jamais reconstruits de leurs cendres. C’est la guérison pour laquelle je prie.

Du pied de Dook’o’oosłííd et dans la fumée âcre,

Klee Benally

 

 

Communiqué de Presse
Par Shawn Mulford
Publié par Protect The Peaks
5 décembre 2019
Egalement publié sur Censored News
Traduction Christine Prat

La Superviseure de la Forêt Nationale de Coconino, Laura Jo West, a approuvé une nouvelle ligne de télésièges, style téléphérique, dans la station de ski Arizona Snowbowl, en précisant que ça n’aurait pas d’impact significatif. L’Association des Hommes Médecine Diné [‘Navajo’] a objecté à cette affirmation en déclarant que « sur la base de notre étude de ce projet et des conclusions de l’actuelle Superviseure de la Forêt Nationale de Coconino Laura Jo West, selon lesquelles il n’y aurait pas d’impact significatif, nous constatons que rien n’a changé, que nos droits continuent d’être violés et que la Création du Créateur continue d’être détruite. »

Le Forestier Régional du Service des Forêts des Etats-Unis, Cal Joyner, étudiera toutes les objections au projet, y compris celle de l’Association des Hommes Médecine Diné. L’Association déclare qu’une « Déclaration d’Impact Environnemental » (EIS) doit être effectuée afin de démontrer clairement quel seront les impacts du projet. Sans Déclaration d’Impact Environnemental, le Service des Forêts ne remplit pas sa Responsabilité vis-à-vis des Tribus et Nations (Autochtones). »

Le Service des Poissons et de la Vie Sauvage des Etats-Unis (USFWS) est l’administration responsable de la protection des espèces menacées. Les Anciens Autochtones font remarquer que « Le Service des Poissons et de la Vie Sauvage a délibérément négligé d’entreprendre une étude sérieuse ou de visiter le site où pousse le séneçon des Pics San Francisco [packera franciscana]*, il s’est tout simplement rangé à l’avis de la Forêt Nationale de Coconino ». Après avoir appris que le Service des Forêts et le Service des Poissons et de la Vie Sauvage avaient fondé leur décision sur un plan de redressement d’il y a 32 ans, les hommes-médecine ont déclaré qu’« avec cette absence d’étude adéquate et en utilisant des données périmées, le Service des Forêts et celui des Poissons et de la Vie Sauvage n’avaient pas rendu compte du problème du séneçon [packera franciscana]*. » « Le séneçon est une plante que nous utilisons. Nous seuls, les gens sacrés qui avons des liens avec cette terre, comprenons cette plante médicinale. »

Les Anciens Autochtones disent : « Nous nous opposons à ce que le point zéro de cette zone d’impact ait été choisi pour ce projet. Le projet étant prévu sur une pente très raide au cœur de l’habitat du Séneçon des Pics San Francisco menacé, c’est de la négligence de la part du Service des Forêts et du Service des Poissons et de la Vie Sauvage que d’accepter ce projet sans tenir compte de la zone touchée. »

Dans le but de protéger le séneçon menacé, les Anciens déclarèrent : « Ce projet doit être retiré et la décision de la Forêt Nationale de Coconino annulée. Arizona Snowbowl ne voulant pas protéger la Plante Sacrée (Séneçon San Francisco), leur permis spécial d’utilisation doit être révoqué et expirer, pour le bien du grand public. »

* Le séneçon est une plante courante dans les pays tempérés. Des scientifiques trouvent le mot, qui appartient à la langue populaire, ambigu, il désigne plusieurs variétés qui ne peuvent pas être confondues. Le séneçon des Pics San Francisco est une variété rare et menacée que les scientifiques préfèrent appeler ‘packera franciscana’. Elle ne pousse que sur les pentes des deux plus hauts pics, la station de ski Snowbowl s’étant établie sur les pentes de l’un des deux.

ARRÊTEZ LE GÉNOCIDE CULTUREL !

Publié par Protect The Peaks
Le 8 juin 2019
Egalement publié sur
Censored News
Traduction Christine Prat

FLAGSTAFF, Arizona – La station de ski controversée Arizona Snowbowl projette de reprendre ses attaques contre les Peuples Autochtones et l’environnement, sous forme d’un “Plan Général d’Aménagement” qui menace les Pics Sacrés San Francisco d’une nouvelle expansion et d’une nouvelle profanation.
Des représentants de Snowbowl ont tenu des réunions secrètes avec des politiciens de la région pour s’assurer d’un soutien politique pour leur projet, mais cependant n’ont rencontré aucun représentant des Nations Autochtones. Bien que les détails du projet n’aient pas encore été publiés, Snowbowl a révélé songer à de nouveaux équipements, de nouveaux remonte-pentes, 5 nouvelles pistes, du ski de nuit, et de la tuyauterie.
Les propositions de Snowbowl, qui constitueraient une profanation à longueur d’année, incluent “une piste de luge sur rail, une piste de luge d’été, un circuit de tyrolienne, du VTT, l’extension du golf circulaire, un mur d’escalade, et des concerts en plein air.”

Snowbowl a déclaré avoir l’intention de soumettre les projets d’expansion au Service des Forêts des Etats-Unis pendant l’été 2019. Cela entraînerait une procédure selon la Loi sur la Politique Environnementale Nationale (NEPA) et exigerait une forme quelconque de participation et de commentaires du public, ce qui, selon Snowbowl, devrait se faire dès l’automne 2019. “La réalisation des projets proposés devrait commencer au plus tôt en 2021.”

Dans un document intitulé “Arizona Snowbowl Livre sa Vision pour le Prochain Chapitre,” le propriétaire du domaine skiable James Coleman, de Mountain Capital Partners, déclare “Nous sommes guidés par notre mission ‘le Ski d’abord’.”

Les Pics San Francisco sont situés dans le Nord de l’Arizona et gérés par le Service de la Forêt Nationale de Coconino, en tant que terres publiques.
Les Pics sont considérés comme sacrés depuis des temps immémoriaux par les Diné (Navajo), les Hopi, les Zuni, les Tewa, les Hualapai, les Havasupai, les Apaches Yavapai, les Yavapai-Prescott, les Apaches Tonto, les Apaches de White Mountain, les Apaches de San Carlos, les Paiutes du Sud San Juan, les Apaches Mohave de Fort McDowell, et les Acoma.

Depuis des décennies, des Nations Autochtones et des groupes de défense de l’environnement ont entamé de nombreuses poursuites en justice pour mettre un terme à l’expansion de la zone de ski. Ces affaires ont constitué des précédents légaux pour la liberté religieuse des Autochtones et les sites sacrés.
Après que ces affaires en justice aient échoué et que de nombreuses actions directes aient été organisées, Snowbowl a abattu des arbres pour faire de nouvelles pistes, construire de nouveaux remonte-pentes, et est devenue la première station de ski au monde à faire de la neige artificielle avec 100% d’eaux usées recyclées. Snowbowl est actuellement autorisée par le Service des Forêts des Etats-Unis, à utiliser 800 millions de litres d’eau d’égout par saison. Bien que des groupes de défense de l’environnement aient prévenu que les eaux usées recyclées contenaient des produits pharmaceutiques, des hormones, et des gènes favorisant la résistance des bactéries, la ville de Flagstaff maintient son contrat de vente d’eaux usées à la station de ski.

“Snowbowl, le Service des Forêts et la ville de Flagstaff font des profits en tuant les cultures Autochtones,” dit Klee Benally, un bénévole de Protect The Peaks. “Nous devons bloquer l’attaque par Snowbowl de notre survie culturelle et de nouvelles destructions écologiques. La Loi sur la Politique Environnementale Nationale et les tribunaux nous ont déjà trahis, nous ne devons pas trahir nos ancêtres ni les générations à venir.”

#stopsnowbowl #protectthepeaks #defendthesacred

AGISSEZ :

Prenez contact avec la Superviseuse de la Forêt du Comté de Coconino, Laura Jo West et exigez la révocation du Permis d’Utilisation Spéciale de Snowbowl, et que ses services empêchent toute nouvelle profanation des Pics Sacrés San Francisco.
Email : ljwest@fs.fed.us
Adresse : 1824 S. Thompson St., Flagstaff AZ 86001
Tél. : (+1 928) 527-3600
Heures d’ouverture : 8h à 16h, du lundi au vendredi (sauf jours fériés)

Prenez contact avec le Conseil Municipal de la ville de Flagstaff et demandez leur “rompre immédiatement leur contrat avec Snowbowl.”
Email : council@flagstaffaz.gov
Tél. : (+1 928) 213-2015

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PICS SAN FRANCISCO: ACCES A LEUR SITE SACRE INTERDIT A DES AUTOCHTONES LORS DE L’OUVERTURE DE LA STATION DE SKI

 

Par www.protectthepeaks.org
Publié par Indigenous Action Media
Egalement publié sur Censored News
Vendredi 16 novembre 2018
Traduction Christine Prat

 

Flagstaff, Arizona – Poursuivant des années de destruction de l’environnement, de menaces pour la santé publique, et de profanation et d’attaques contre le mode de vie des Autochtones, la station de ski Arizona Snowbowl a ouvert la saison ce vendredi, avec de la neige artificielle faite de millions de litres d’eaux usées recyclées. La police a bloqué une partie des Pics San Francisco, une montagne du Nord de l’Arizona sacrée pour plus de 13 Nations Autochtones et gérée par le Service des Forêts des Etats-Unis, en tant que terre publique. Les flics ont menacé d’arrêter toute personne sans ticket de ski qui essaierait d’accéder à la zone. Les supporters de Snowbowl ont également essayé d’attaquer des manifestants.

Environs 20 personnes se sont rassemblées pour prier à 7h30 du matin, au pied de la route de Snowbowl, tandis que quatre véhicules des forces de l’ordre patrouillaient et surveillaient le cercle de prière.

Lorsque le groupe a commencé à monter plus haut sur la montagne, il a été suivi par les forces de l’ordre. Plusieurs personnes ont été bloquées et harcelées pour de supposées infractions mineures à la circulation.

A près de 2 km de la station Snowbowl, les gens sont descendus de leurs voitures et ont continué à monter à pied, en chantant et portant des banderoles et des bâtons de prière.

Ray Ray, qui conduisait la manifestation par des prières, déclare: “Ne suis-je pas autorisé à prier ni à aller sur la Montagne Sacrée pour laquelle mes ancêtres et mon peuple ont prié bien longtemps avant que ce soit considéré comme l’Amérique? Qu’un espace sacré puisse être privatisé par une compagnie qui paie pour que mes droits religieux soient retirés, pour que ma liberté d’expression soit retirée, c’est de la tyrannie et de la malveillance de la part de la compagnie, des employés, de la sécurité et des commanditaires de Snowbowl.”

Des véhicules d’assistance ont été déplacés et leurs conducteurs menacés de contraventions pour “obstruction à la circulation”, alors qu’ils suivaient les marcheurs pour assurer leur sécurité.

Plus de 20 agents des forces de l’ordre de divers services, y compris la “Force Antigangs de l’état”, patrouillaient autour de la zone de ski quand le groupe est arrivé.

Des agents des forces de l’ordre, entre autres les Rangers du Service des Forêts, bloquaient l’accès à la seule piste de ski que Snowbowl avait pu ouvrir, et menaçaient quiconque n’avait pas de ticket de ski d’arrestation pour “effraction.” Il y avait un panneau sur lequel on pouvait lire: “Ticket de ski obligatoire au-delà de ce point. Luge interdite. Pas de piétons sur les pentes de ski.”

“C’est notre montagne sacrée, notre église, comment pourrions-nous y être par effraction? Comment pouvez-vous nous interdire l’accès à des terres publiques?” demanda Klee Benally, un bénévole de Protectthepeaks.org, aux Sheriffs du Comté de Coconino et aux Rangers du Service des Forêts. “Où s’arrêtent les terres publiques? Qu’est-ce qui vous donne le droit de m’interdire l’accès à mon église?” demanda K. Benally, mais les agents refusèrent de répondre à ces questions. Le Sheriff du Comté répondit: “Si vous dépassez ce panneau, vous serez arrêté.”

Quand il fut de nouveau demandé où s’arrêtaient les terres publiques et pourquoi les Peuples Autochtones n’étaient pas libres de se promener sur la montagne, le Ranger du Service des Forêts déclara: “Vous comprendrez au tribunal.”

Vintrivia Zee, qui habite à Flagstaff et avait rejoint le rassemblement de prière et la manifestation dit: “Les flics ne savaient même pas pourquoi nous ne pouvions pas aller sur la montagne. Ils ont tout simplement violé nos droits.”

“A 25 ans et en tant que femme Autochtone, je vois et ressens la lutte de mon peuple et le racisme dans la ville de Flagstaff, adjoignant [la Réserve Navajo].” Dit Tylene Halfmoon, “j’avais le sentiment d’avoir des devoirs envers mes ancêtres, et tous les peuples Autochtones qui souffrent d’être SDF, de la dépendance à la drogue et à l’alcool, de foyers brisés, de violence conjugale, d’être visés par la police simplement parce que leur peau est trop brune, et pour mes grand-mères qui ont eu une vie si dure, à l’époque. Tout bien considéré, aujourd’hui j’ai eu l’espoir qu’il y avait encore des gens pour qui ça importe, et c’est quelque chose qu’il faudra continuer et enseigner à nos générations futures, pour qu’elles comprennent que nous ne sommes pas un peuple faible: nous sommes forts, tenaces, résilients, et nous sommes toujours là, même après qu’ils aient essayé de nous éliminer par un génocide de masse” dit T. Halfmoon.

“De notre eau, notre terre et notre air, à la position même que nous prenons sur terre, ils veulent nous prendre tout ça” dit Ray.

“En tant que Musulmane, je reconnais la valeur des sites sacrés, parce que nous avons les nôtres, dans ma religion. Voir cette montagne continuellement profanée pour des profits capitalistes, et ceci complètement contre la volonté de 13 Nations Autochtones qui étaient ici des dizaines de milliers d’années ou plus avant que ce soi-disant pays soit créé!” dit Sumayyah Dawud, qui était venue de Phoenix pour offrir son soutien. “Ce qu’ils font est inacceptable, et c’est pourquoi je suis venue aujourd’hui, et pourquoi j’étais déjà venue par le passé et continuerai à résister à cette insulte coloniale, et à la violence d’état et à l’oppression coloniale. Nous faisons face à un changement climatique catastrophique, et ce qu’ils font à cette montagne avec cette neige d’eaux usées contribue à la violence contre la terre.”

Alors que le groupe résistait, tenant des banderoles et scandant leurs slogans, deux supporters de Snowbowl ont tenté de pénétrer de force dans la foule et d’attaquer des manifestants. Ils ont vite réagi, défendu leurs amis et scandé leurs slogans.

“J’ai ressenti tellement de niveaux de violence et d’oppression contre des gens qui résistent pour leur survie, au cours de cet incident” dit Mary Begay, qui a habité Flagstaff toute sa vie et est Protectrice de la Montagne bénévole, “nous marchions en pleine profanation quand nous avons été bloqués par les forces de l’ordre qui ne protégeaient que la compagnie et ses bénéfices. Les protecteurs de la montagne ont été constamment insultés par les skieurs, et deux femmes parmi les protecteurs de la montagne, ont été agressées physiquement par un homme qui frappait leurs visages avec le bord de sa planche de surf, et elles auraient été blessées sérieusement, si elles n’avaient pu la bloquer de leurs mains à temps. Nous ne nous laisserons pas intimider par la police ou les supporters racistes de Snowbowl. Si les sites sacrés et la survie culturelle sont attaqués, nous devons nous défendre” dit Mary Begay.

Snowbowl est la seule station de ski au monde qui fait de la neige avec des eaux usées. Ils sont autorisés par le Service des Forêts à utiliser près de 700 millions de litres d’eaux usées par saison. Elles sont acheminées par un tuyau de la ville de Flagstaff, qui maintient son contrat de vente d’eaux usées à la station.

“Que des gens soient prêts à payer pour skier sur une rivière gelée d’eaux usées est ridicule” dit Eva Malis. “Il a été prouvé que ces eaux usées contiennent des produits dangereux et des agents cancérigènes, et l’EPA n’exige ni tests ni remèdes pour les produits pharmaceutiques et les hormones trouvés dans ces eaux.”

La présence de Snowbowl sur les Pics San Francisco est controversée depuis longtemps. La station de ski opère grâce à un permis spécial d’utilisation sur des terres publiques gérées par le Service des Forêts des Etats-Unis. Pendant des décennies, ça a fait l’objet de nombreuses poursuites en justice qui ont constitué un précédent pour la liberté religieuse et les sites sacrés des Autochtones.

Le Service des Forêts a approuvé l’expansion de la zone skiable et l’utilisation d’eaux usées pour faire de la neige en 2005.

Les poursuites en justice de groupes écologistes et de Nations Autochtones ont finalement échoué, et Snowbowl a commencé à faire de la neige d’eaux usées recyclées en 2012. La Tribu Hopi est actuellement en conflit avec la ville de Flagstaff à propos de son contrat de vente d’eaux usées à Snowbowl, et une décision de la Cour Suprême d’Arizona pourrait tomber d’un jour à l’autre.

Pour plus d’informations (en anglais): www.protectthepeaks.org
En français: résumé de l’historique de la station de ski et de la lutte contre et tous les articles traduits

Photos © www.protectthepeaks.org

 

 

Ce n’est pas la première fois que la police de Flagstaff poursuit des activistes pour des actions menées des semaines auparavant. En 2012, j’avais moi-même assisté à une action au bureau de Flagstaff du Service des Forêts. Il n’y avait eu aucun incident ce jour-là. J’avais filmé l’action et ma vidéo le montrait. Deux mois et demi plus tard, des participants ont été arrêtés et mis en examen sur la base des images – muettes – de la caméra de surveillance du Service des Forêts. J’étais le principal témoin, mais j’étais repartie en France. Le procureur a refusé ma vidéo prétendant qu’elle avait pu être changée. Les autres témoins n’étaient plus là, ou leurs souvenirs pouvaient être mis en doute. Il est évident que ces agissements sont délibérés et ont pour but de se débarrasser des témoignages en faveur des accusés.

Christine Prat

 

Par Indigenous Action Media
Mercredi 14 novembre 2018
Also published on Censored News
Traduction Christine Prat

 

TERRITOIRE OCCUPE DE FLAGSTAFF, AZ – La nuit dernière, la police de Flagstaff a traqué et cité à comparaître, un organisateur pour son rôle supposé dans une manifestation de rue le mois précédent, le jour maintenant reconnu comme ‘Journée des Peuples Autochtones’.

Les flics ont menacé l’organisateur à son travail, disant qu’ils se préparaient à citer d’autres personnes ayant participé à l’action, sur la base d’une surveillance et d’une enquête de près d’un mois.

D’après le rapport de police obtenu ce matin, au moins 13 personnes, des organisateurs Autochtones et des soutiens, seraient accusés du délit d'”Obstruction d’une artère publique” pour leur rôle supposé dans l’action. Le rapport dit que d’autres doivent encore être identifiés par les réseaux sociaux et d’autres formes de surveillance.

“Nous ne nous laisserons pas réduire au silence par ce qui est clairement une attaque politique destinée à décourager de futures actions pour la justice dans nos communautés” déclara Maile Hampton, une des personnes menacées de poursuites. “Le jour où les officiels de la ville célèbrent leur déclaration vide de ‘Journée des Peuples Autochtones’, cette manifestation demandait la justice pour les Femmes Autochtones Disparues ou Assassinées; la fin des expulsions de masse et de la détention d’immigrants; que la ville rende compte de son rôle hypocrite dans la profanation des San Francisco Peaks; et fasse quelque chose au nombre hors de proportions d’arrestations d’Autochtones dans cette ville. Que je doive maintenant faire face à la répression d’état pour avoir demandé la justice n’est pas une surprise, c’est la réalité à laquelle nous sommes confrontés en résistant au génocide culturel.”

“Pour moi, ce n’est pas une coïncidence si ces accusations arrivent à la veille d’une manifestation prévue pour ce vendredi, contre la profanation des San Francisco Peaks” dit Klee Benally, qui est également poursuivi. “Je ne me laisserai pas intimider par la répression d’état, je continuerai à me défendre et à honorer mes ancêtres et les générations futures par ces actions.”

Le rassemblement a en particulier dénoncé le nombre disproportionné d’Autochtones menacés et poursuivis à Flagstaff.

“Cette attaque politique démontre une fois de plus qu’il y a un grave problème d’acharnement policier contre la communauté Autochtone” dit Klee Benally.

D’après le recensement le plus récent, les Autochtones constituent 10% de la population, mais près de la moitié des arrestations annuelles.

 

Les organisateurs du rassemblement avaient déjà appelé à ces actions immédiates:

  • Poursuite du boycott d’Arizona Snowbowl et annulation par la ville de Flagstaff de son contrat avec la station de ski
  • Arrêt du profilage racial et de la collaboration avec l’I.C.E. [police de l’immigration et douanes] et ensuite, abolition de la police dans nos communautés en instaurant des réseaux de soutiens à la communauté, et des options de justice transformatrice et réparatrice
  • Suppression de l’ordonnance contre le camping et de toutes les politiques contre les SDF
  • Dons de sacs de couchage et de vêtements d’hiver pour nos parents SDF à Táala Hooghan Infoshop (1704 N 2nd St).

 

En savoir plus sur l’action du 8 octobre

 

 

UNE MANIFESTATION PERTURBE L’OUVERTURE DE SNOWBOWL, QUI S’EST FAITE AVEC 100% D’EAUX USEES RECYCLEES

Par Indigenous Action Media
21 novembre 2017
Traduction Christine Prat

Flagstaff, Arizona – La station de ski Arizona Snowbowl, qui perpétue des années de profanation et d’attaques contre le mode de vie des Autochtones, de destruction de l’environnement et de menaces pour la santé publique, a ouvert avec de la neige faite à 100% avec des millions de litres d’eaux usées recyclées. Après avoir dû repousser deux fois le jour d’ouverture, par manque de neige naturelle, la station a ouvert un remonte-pente et une piste, pour quelques rares visiteurs. Plus d’une douzaine de protecteurs des sites sacrés ont affronté les employés de Snowbowl et les visiteurs, lors d’une action de “quarantaine”, avec des costumes de protection, des banderoles, des rubans d’avertissement, en scandant “Pas de Profanation pour votre Récréation”.

“C’est clairement un exemple de perpétuation du colonialisme. Ce qui se passe, c’est que Dook’o’oosłííd, une montagne sacrée pour de nombreux Peuples Autochtones de cette région, est profanée par la firme Snowbowl” dit Maile Hampton. “Ces capitalistes continuent à venir abattre des arbres et poursuivre la construction de cette station de ski. Non, seulement ils construisent ça, mais ils la remplissent à 100% d’eaux usées recyclées. Accepteriez-vous que quelqu’un déverse de l’eau d’égout sur la pelouse de votre église? Cette montagne est une église pour les Autochtones. Cette montagne est sacrée. Ça ne peut pas continuer comme ça. Cette compagnie profane cette montagne sacrée pour le seul profit et le divertissement. Nous continuerons à résister et faire tout ce que nous pouvons pour attirer l’attention sur ce problème et expulser Snowbowl complètement. BOYCOTTEZ SNOWBOWL!”

“Le manque de respect pour le territoire et tous ceux qui l’habitent est dégoûtant. J’ai parlé à des employés et des clients de Snowbowl, qui ont fait voir qu’ils ne s’intéressaient qu’à leur divertissement”, dit Mary Begay. “Ils se sont moqués de nous et étaient ouvertement sexistes et racistes. Certains clients ont essayé de manger le produit d’égouts, qui contient des produits pharmaceutiques et des hormones, pour prouver quelque chose, mais ils l’ont immédiatement recraché dans notre direction. Nous étions là dans un esprit de prière, pour arrêter la destruction et la profanation de notre eau, de notre écosystème et de notre humanité.”

“Les clients de Snowbowl n’ont pas de hautes valeurs morales et n’ont aucun respect pour ceux qui veulent protester pacifiquement” dit Scott Begay. “Si les clients de Snowbowl font preuve d’un tel manque de respect le jour de l’ouverture, j’ai du mal à imaginer ce que ce doit être le reste de l’année. Snowbowl permet et cautionne cet étalage vulgaire de colonialisme, et il faut y faire quelque chose.”

Au départ, l’action avait pour but de bloquer une section de la piste de ski, mais a dû être déplacée, vu que les agents des forces de l’ordre menaçaient d’arrestations. Six véhicules des forces de l’ordre ont suivi les résistants pendant qu’ils se rendaient plus haut, à travers la zone de construction où Snowbowl continue sa violence contre la montagne.

“Cette montagne est notre église, l’ouverture de Snowbowl aujourd’hui et les menaces d’arrestation pour ‘effraction’ rappellent encore qu’en tant qu’Autochtones, nous n’avons pas de liberté religieuse sur nos propres terres” dit Klee Benally, un bénévole de Protect the Peaks. “Pensez-y, avec vos familles, en vous préparant à célébrer le soi-disant ‘Thanks Giving’: le Service des Forêts des Etats-Unis, Snowbowl et la ville de Flagstaff perpétuent le génocide culturel des Peuples Autochtones pour quelques dollars.”

“Nous étions là pour essayer d’arrêter la profanation de notre montagne sacrée, où nos prières et nos cérémonies ont lieu” dit Dustin Wero, “étant Diné, c’est instinctif, pour nous, de défendre ce qui est sacré.”

Snowbowl est la seule station de ski au monde à faire de la neige avec de l’eau d’égout recyclée.

“Bien que sachant que des eaux usées recyclées étaient utilisées pour faire de la neige à Snowbowl, j’ai été choquée en voyant la neige et cette couleur jaunâtre, j’ai cru avoir un problème d’yeux, ou qu’un chien avait pissé dans la neige” dit Crystal Zevon, “Mais en regardant plus loin, c’était certain, cette neige est jaune au soleil. J’ai grandi en faisant du ski dans le Colorado, mais je n’ai jamais rien vu de semblable.”

Snowbowl est controversée depuis longtemps, à cause de sa présence sur les Pics San Francisco, qui sont sacrés pour plus de 13 Nations Autochtones. La station de ski opère avec un permis spécial d’utilisation, sur des terres publiques gérées par le Service des Forêts des Etats-Unis. Depuis des décennies, elle a connu de nombreuses poursuites en justice, qui constituent un précédent pour la liberté religieuse des Autochtones.

“Les luttes pour protéger nos sites sacrés et notre précieuse eau ne seront pas terminées tant que nos cultures ne le seront pas. Nous ne laisserons pas cela se produire” dit Klee Benally.

 

 

 

 

 

kleepeaks24-6-2016

 

Par Klee Benally
Publié sur Indigenous Action Media
9 septembre 2016
Traduction Christine Prat

 

Le texte de la déclaration Fédérale (en anglais): https://www.justice.gov/opa/pr/joint-statement-department-justice-department-army-and-department-interior-regarding-standing

 

Les San Francisco Peaks, Arizona – Le gouvernement Fédéral a beaucoup de choses à prouver s’il est sincère quand il exprime son intérêt pour la protection des terres sacrées des Peuples Autochtones. La Déclaration commune des Ministères de la Justice, de l’Armée et de l’Intérieur admet que le combat contre le pipeline Dakota Access (DAPL) « a mis en lumière la nécessité d’une discussion sérieuse sur l’opportunité d’une réforme nationale de la façon de considérer le point de vue des tribus sur ce type de projets d’infrastructure. » Une discussion sérieuse a eu lieu et des réformes réalisées, cependant il est clair que le Gouvernement Fédéral n’écoute pas à moins que nous ne mettions nos vies en danger entre les machines et les terres sacrées. Apparemment, c’est ce qu’il doit arriver, mais jusqu’à quel degré de mise en danger devons nous aller avant d’avoir assuré la protection de tous les sites sacrés ?

Le gouvernement Fédéral a démontré à de nombreuses reprises que les Peuples Autochtones aux Etats-Unis n’avaient aucune protection de leur liberté de culte dès qu’il s’agit de sites sacrés et de terres ‘publiques’. Au moment où j’écris, les promoteurs de la zone skiable déchirent les San Francisco Peaks, une montagne du Nord de l’Arizona « gérée » par le gouvernement Fédéral et considérée comme sacrée par plus de 13 Nations Autochtones, pour construire de nouveaux remonte-pente et poursuivre des opérations qui incluent le déversement de millions de litres d’eau d’égouts recyclée pour fabriquer de la neige artificielle. Les bulldozers doivent aussi commencer à profaner la Montagne du Sud, dans le Sud de l’Arizona, dès lundi [12 septembre].

Le Gouvernement des Etats-Unis a déjà établi des règles (limitées) pour la protection des terres sacrées et les consultations préalables, mais dans la lutte pour protéger Sacred Rock et le Fleuve Missouri, ces règles ont été clairement ignorées. En 2012, cinq institutions Fédérales ont signé protocole d’accord [MOU, Memorandum of Understanding] pour « améliorer la protection et l’accès Indien aux sites sacrés grâce à la coordination et la collaboration entre les institutions ».

Voir texte (en anglais) : www.fs.fed.us/spf/tribalrelations/sacredsitesmou.shtml, www.achp.gov/docs/SS%20MOU%20Action%20Plan%20%20March%205%202013.pdf

Si le gouvernement Fédéral était sincèrement intéressé par la protection des sites sacrés, il pourrait au minimum se conformer à et appliquer avec conséquence ses propres lois, mais ça n’a pas été le cas pour les luttes pour des sites sacrés comme le Mont Graham, Mauna Kea, Bear Butte, Oak Flat, la Montagne du Sud, Red Butte, Medicine Lake, le Mont Taylor, les San Francisco Peaks et beaucoup d’autres.Que le gouvernement Fédéral ait entrepris une étude de politique nationale pour les sites sacrés en 2011, APRES près d’une décennie de litiges légaux et d’action directe pour bloquer le développement du domaine skiable sur les San Francisco Peaks, a démontré qu’il y avait un manque de consultations effectives et un échec des cadres statutaires existants.Le problème a été si controversé que même les Nations Unies ont appelé à la révocation immédiate des permis Fédéraux de la station de ski sur les Pics sacrés. Vu leur inaction constante, il est clair que les Etats-Unis ignorent délibérément les conventions des Nations Unies applicables et les déclarations ‘non-contraignantes’.La déclaration fédérale commune dit: « Il nous incombe à tous d’ouvrir une voie qui serve l’intérêt publique le plus large. » Cependant, le gouvernement Obama a approuvé la profanation des San Francisco Peaks sacrés comme servant « l’intérêt publique le plus large. »

Nous pouvons déjà répondre à deux questions du projet de consultations de gouvernement à gouvernement: 1. Les cadres statutaires existants sont de toute évidence le problème, étant donné que nous n’avons pas de possibilité d’action légale pour assurer la protection des sites sacrés. 2. La Loi sur la Liberté Religieuse des Amérindiens, la Loi sur la Protection et le Rapatriement des Sépultures Autochtones, la Loi sur la Préservation du Patrimoine Historique National, la Loi sur la Politique Environnementale Nationale, la Loi sur la Protection des Ressources Archéologiques, la Loi sur le Rétablissement de la Liberté Religieuse, l’Ordre Exécutif 13007, ont tous échoué, sinon nous n’aurions pas à risquer nos vies pour défendre nos terres contre des bulldozers privés. Une législation a été proposée au Congrès en 1993 afin de résoudre les manquements statutaires par une Loi sur l’Exercice Libre de leur Religion par les Autochtones, mais elle a en fait avorté en commission. Qu’est-ce qui leur a pris si longtemps pour se rendre compte qu’une procédure d’action légale manquait ?

Si les consultations proposées doivent avoir un sens (au minimum):
. Le gouvernement Fédéral des Etats-Unis doit mettre un terme à toutes les menaces pesant sur des sites sacrés Autochtones. Arrêter immédiatement la profanation de la Montagne du Sud, de Mauna Kea, des San Francisco Peaks et de tous les autres sites sacrés menacés.
. Les consultations doivent aller au-delà des dirigeants Tribaux officiels et inclure les praticiens traditionnels.

 

La puissante résistance à Cannon Ball, dans le Dakota du Nord, a amené le gouvernement Fédéral à se rendre compte que son attitude et sa politique vis-à-vis des terres sacrées des Peuples Autochtones avaient échoué une fois de plus. Ceci démontre que l’action directe est un moyen nécessaire et efficace pour la protection de notre survie culturelle. Ça avait déjà été démontré clairement et fortement par les actions directes culturelles entreprises par les Hawaiiens Autochtones contre le Télescope de Trente Mètres de Mauna Kea.

Finalement, nous devons faire admettre définitivement que la profanation des sites sacrés est poussée par les forces du capitalisme, du colonialisme et du suprématisme blanc. Pour bloquer définitivement ces pipelines, nous devons en finir aussi avec la machine politique et les systèmes qui les produisent.
Ces systèmes continueront à délégitimer, criminaliser, éliminer, exploiter et détruire toutes les vies et terres Autochtones qui se trouveront en travers de leur route. En fait, les mêmes flics qui protègent les entreprises qui ravagent nos terres sacrées, sont aussi ceux qui assassinent des Noirs et des gens basanés en toute impunité. Nous savons trop bien comment les tribunaux et les cadres statutaires sont intrinsèquement contre nos intérêts en tant que Peuples Autochtones, c’est pourquoi nous déclarons « Il n’y a pas de justice sur des terres volées. »

La dynamique engendrée par le puissant mouvement contre DAPL résonne profondément et se relie à toutes les luttes pour défendre des terres sacrées, c’est une force issue des prières de nos ancêtres pour les générations futures. C’est une force qui ne sera pas arrêtée.

 

Au pied des San Francisco Peaks sacrés,

Klee Benally

www.protectthepeaks.org
#defendthesacred

 

 


Les San francisco Peaks

 

« Nous avons très peu d’options quand il s’agit de protéger des terres sacrées. Nous sommes forcés d’aller devant les cours internationales, parce que nous ne pouvons pas obtenir réparation aux soi-disant Etats-Unis, où nous n’avons absolument aucune garantie pour la protection de notre liberté religieuse. Pouvons-nous vraiment attendre une quelconque justice de ces institutions coloniales qui continuent de profiter de la destruction de Notre Mère la Terre ? La lutte menée depuis des décennies pour Protéger les Pics [San Francisco] est directement reliée aux bataille pour Sauver la Confluence, Sauver OAK FLAT Campground, stopper les expulsions forcées et Peabody Energy à Big Mountain, arrêter l’extraction d’uranium au Mont Taylor et à Red Butte, la Montagne du Sud [défendue par] le Collectif des Jeunes Akimel O’odham, mettre fin à la profanation du Mont Graham, Protéger Medicine Lake de la profanation par l’énergie géothermique « verte », protéger Mauna Kea, défendre Bear Butte et les milliers d’autres sites sacrés menacés. Joignons nos luttes et transformons nos communautés en forces socioculturelles qui assureront une survie et une vitalité culturelle pour les générations à venir. »

Klee Benally, 2 mars 2015, sur Facebook
Traduction Christine Prat

 

LA NATION NAVAJO PRESENTE UNE PETITION A LA COMMISSION INTERAMERICAINE DES DROITS DE L’HOMME CONTRE LE GOUVERNEMENT FEDERAL DES ETATS-UNIS

Par la rédaction de Native News Online
2 mars 2015
Traduction Christine Prat

ST. MICHAELS, Navajo Nation – N’ayant aucun moyen légal, dans la loi des Etats-Unis, de protéger Dook’o’oosliid, aussi connus comme les San Francisco Peaks, au nord de Flagstaff, Arizona, la Nation Navajo a présenté une pétition à la Commission Interaméricaine des Droits de l’Homme contre le gouvernement des Etats-Unis pour violation des droits de l’homme du peuple Navajo. La Commission est l’organe principal de l’Organisation des Etats Américains (OAS) dont la mission est de promouvoir et protéger les droits de l’homme sur les continents américains. Les Etats-Unis sont membre de l’OAS depuis 1948, et ont donné leur accord pour se plier à la Déclaration Américaine des Droits et Devoirs de l’Homme, un instrument des droits de l’homme fondamental de l’OAS.

La pétition concerne les violations des droits du peuple Navajo à la religion, la culture et la protection judiciaire contre l’utilisation d’eaux usées recyclées pour faire de la neige au profit d’une entreprise commerciale de ski sur les San Francisco Peaks, un site sacré pour les Navajo. Anthony Lee, Président de l’Association des Hommes-Médecine, déclare : « Les sites sacrés sont menacés continuellement et aussi profanés et soumis à l’exploitation. » Lee dit aussi que la livraison d’eau d’égout traitée ou « eaux usées recyclées » est « faite pour les propriétaires de la station de ski qui y ont un intérêt direct. »

Les San Francisco Peaks sont sacrés pour les Navajo et 13 autres tribus du sud-ouest. Les hommes et femmes médecine Navajo croient que l’utilisation d’eaux usées recyclées détruit la pureté spirituelle de la végétation qui pousse sur Dook’o’oosliid et des herbes qu’ils collectent pour les cérémonies. Lee décrit aussi les propriétés rituelles de Dook’o’oosliid : « çà fait partie du contenu des sacs-médecine et c’est au cœur de nos inquiétudes. C’est inhérent et omniprésent dans les sacs-médecine. »

La Nation Navajo a appris que la Ville de Flagstaff avait mis fin à l’accord de cinq ans pour la fourniture d’eaux usées à [la station de ski] Snowbowl et l’avait remplacé par un nouvel accord de 20 ans, d’après des articles parus dans la presse. La Ville de Flagstaff n’a pas signalé le nouvel accord à la Nation Navajo, elle n’a pas non plus donné de possibilité de consultation ou de commentaire publique.

Henry Barber, Président, de l’Association des Hommes-Médecine Diné, déclare : «Nous voulons que les Etats-Unis respectent nos croyances spirituelles et les entités commerciales devraient aussi avoir du respect pour nous (les Navajo), pour pouvoir maintenir nos croyances spirituelles. »

Barber a de fortes inquiétudes sur les effets des lois des Etats-Unis sur les sites sacrés et la religion des Autochtones et il note : « En ce qui concerne les lois fédérales, nous voulons qu’elles respectent nos croyances spirituelles de notre point de vue et nous voulons avoir la liberté de pratiquer et maintenir nos croyances. » Barber a ajouté que les droits de l’homme du peuple Navajo n’étaient ni protégés ni respectés par « le gouvernement fédéral, et qu’ils sont fortement niés par la commercialisation et les pratiques politiques. » C’est pourquoi, dit-il, l’Association des Hommes-Médecine Diné croit que la pétition à la Commission Interaméricaine est appropriée et absolument nécessaire.

La pétition à la Commission Interaméricaine des Droits de l’Homme donne à la Nation Navajo et à son peuple une voix dans la sphère internationale pour exprimer leurs graves inquiétudes quant au manque d’intérêt du gouvernement fédéral lorsqu’il s’agit d’entendre la Nation Navajo au sujet des sites sacrés. « Nous avons l’obligation de prendre soin de ce qui nous a été donné par Diyin Diné » dit Steven Benally, Président de Azee Bee Nahagha de la Nation Diné. Benally dit encore qu’ « il y a un dicton que nos grand-pères et grand-mères nous transmettent, qui dit que nous ‘ne devrions pas perdre l’espoir’ et qu’il y a toujours une occasion de faire quelque chose pour nous-mêmes et que nous avons cette chance. » Benally souligna que les Navajo sont résilients et ont l’espoir que le résultat de la pétition permettra d’obtenir réparation des Etats-Unis en ce qui concerne les violations des droits de l’homme.

La Commission des Droits de l’Homme de la Nation Navajo a aussi engagé des contacts avec les instances des Nations Unies contrôlant les traités et avec le Conseil des Droits de l’Homme des Nation Unies dans l’espoir de renforcer la protection des droits de l’homme des Navajo aux Etats-Unis.

« Les Etats-Unis doivent assumer la responsabilité de s’engager à protéger les droits de l’homme des Navajo conformément à ses obligations selon la Charte de l’Organisation des Etats Américains » dit Leonard Gorman, Directeur Exécutif de la Commission des droits de l’homme de la Nation Navajo.

 

Voir aussi:

Histoire de la station de ski sur les San Francisco Peaks

Discours de Klee Benally sur les sites sacrés, avec quelques précisions sur les problèmes cités

 


Photo Hillary Abe

MANIFESTATIONS LORS DE L’OUVERTURE DE LA STATION DE SKI ARIZONA SNOWBOWL, AVEC DE LA NEIGE FAITE A 100% D’EAUX USEES RECYCLEES

Par Indigenous Action Media
See original article in English
30 novembre 2014
Also published on Censored News
Traduction Christine Prat

FLAGSTAFF, Arizona – Vendredi 28 novembre 2014, plus de 50 personnes se sont rassemblées et ont défilé, tandis que la station de ski Arizona Snowbowl ouvrait la saison avec de la neige faite à 100% d’eaux usées recyclées, sur les San Francisco Peaks, montagne sacrée pour les Autochtones. Faute de chute de neige naturelle, Snowbowl n’a ouvert que 3 pistes sur 40. Des gens sont venus de Prescott et de Kayenta, en Arizona, et même de Shiprock, au Nouveau Mexique, pour soutenir les habitants de Flagstaff exprimant leurs inquiétudes sur l’ouverture de Snowbowl, que le propriétaire multimillionnaire voulait promouvoir comme « Vendredi Blanc » [ce vendredi était, aux USA, le ‘Vendredi Noir, jour où, traditionnellement, les consommateurs Américains achètent comme des malades, pour Thanksgiving – NdT].

Snowbowl on November 28, 2014

« Çà m’attriste profondément que le simple respect n’ait pas pu empêcher d’arroser les Pics d’eau usée » dit Rudy Preston, un habitant de Flagstaff, « et pour ajouter le nuisible à l’insulte, je les ai vu répandre de la neige d’eaux usées sur toutes les tables de piquenique de la partie restauration du chalet, neige qui a fondu une semaine plus tard, laissant une étrange poudre grise qui couvrait tout. Le jour de l’ouverture, j’ai vu au moins 50 personnes prendre leur déjeuner dans ce produit. Ils ne respectent même pas leurs propres clients. » « Je suis dégouté par les articles récents de la presse locale sur Arizona Snowbowl, qui ne sont rien d’autre que de la publicité pour la station de ski et vont jusqu’à falsifier leurs reportages avec des photos et vidéos du domaine skiable avec beaucoup plus de neige dessus. S’ils sont prêts à mentir à ce point pour une station de ski noyée dans les eaux usées, enfoncée dans le caca, est-ce que je peux jamais croire un mot de ce qu’ils disent? » dit Rudy.

Dans des communiqués de presses et des interviews, Snowbowl trompe aussi le public et met les gens, particulièrement les enfants, en danger, en omettant intentionnellement de dire qu’ils utilisent 100% d’eaux usées pour faire de la neige.

« Çà va au-delà du racisme environnemental, c’est un acte perpétuel de génocide culturel », dit Klee Benally, un bénévole de Protect the Peaks. « Le Service des Forêts des Etats-Unis, Snowbowl, et la Ville de Flagstaff ont clairement montré que quelques petites pistes de ski couverte de 30 cm d’eau d’égouts et un profit économique marginal sont plus importants que les cultures de 13 Nations Autochtones, la santé publique, et l’intégrité écologique des Pics sacrés San Francisco. »

Louise Benally from Big Mountain.

Louise Benally, une résistante Diné [Navajo] de Big Mountain, dans la Nation Souveraine Diné, a parlé des attaques de style paramilitaires et du vol de bétail commis par le Bureau des Affaires Indiennes et des rangers tribaux contre les habitants de Black Mesa. Louise a offert un chant de prière avant que le groupe ne défile dans le centre de Flagstaff. Les jeunes Diné Toby et Jody Manuelito se sont joints à Supai Waters, de la Nation Havasupai, pour conduire la marche qui s’est arrêtée pour une ronde traditionnelle à Heritage Square. La manifestation s’est aussi arrêtée devant des commerces connus pour soutenir Snowbowl. Les manifestants ont scandé « Boycottez Snowbowl », « Vous dites récréation, nous disons profanation ! » et « Quand Notre Mère la Terre est attaquée, que faisons-nous ? Nous combattons ! »

Renae Yellowhorse & Sarana Riggs from Save the Confluence

Renae Yellow Horse et Sarana Riggs de Sauvez la Confluence ont parlé des tentatives de profanation de la Confluence du Grand Canyon par un projet de développement appelé l’ « Escalade ».
« Nous sommes tous des défenseurs des terres, au-dessus et en dessous, tout autour de nous » dit Renae Yellow Horse, porte-parole des Familles et Soutiens de Sauvez la Confluence, « les montagnes, les rivières, les espaces et sites sacrés. Notre montagne sacrée, Dooko’osliid et nos sites sacrés, la Confluence du Petit Colorado et du Colorado – tous sont menacés par le développement, que ce soit Snowbowl ou l’Escalade du Grand Canyon. C’est mauvais et nous devons tous résister et nous exprimer. Défendez le Sacré ! » dit Renae.

« Nous représentons les Etudiants d’Arizona Contre Snowbowl (ASAS – Arizona Students Against Snowbowl), une coalition qui se développe à l’échelle de l’état, d’étudiants qui appellent sur les campus au boycott de Snowbowl dans leurs universités. » dit Iliana Correa-Hernandez, étudiante à Prescott, « nous sommes venus pour protester contre l’utilisation par Snowbowl de millions de litres d’eau d’égouts pour faire de la neige artificielle sur les San Francisco Peaks. C’est une profanation d’une terre sacrée et un acte de génocide culturel. Nous soutenons les 13 Nations Autochtones qui protègent le sacré et défendent la vie. »

« J’ai été surpris d’apprendre que des gens à Snowbowl ne savaient pas que de l’eau usée recyclée était utilisée pour faire la neige » dit Robyn Jackson, porte-parole d’une communauté Diné et activiste de Wheatfields, Arizona, dans la Réserve Navajo. « Alors que deux jeunes femmes Diné portaient une banderole ‘Boycottez Snowbowl’, des gens ont fait savoir qu’ils soutenaient Snowbowl, mais d’autres sont venus dire qu’ils appréciaient et soutenaient notre présence. Nous avons vu des enfants jouer dans la neige et un groupe de gens mangeant dessus. Il semble que les gens n’étaient pas totalement conscients des dangers pour la santé auxquels ils s’exposaient. »

« Et de la connexion que nous avons en tant que Diné avec notre montagne d’abalone [suivant la mythologie Navajo, les San Francisco Peaks ont été créés à partir de coque d’abalone – NdT], et de l’importance que çà a dans notre existence. La neige est malsaine pour tout l’écosystème de notre montagne sacrée. » dit T. Tracy, un Diné venu pour protester de Tséhootsooí. « J’ai vu des enfants jouer dans de la neige faite d’eau d’égouts recyclée. Leurs mains et leurs visages exposés au produit d’égouts. Il n’y avait pas beaucoup de monde, mais j’imagine qu’il y a beaucoup plus de gens ignorants de ce dans quoi ils se roulent, qui se rendent à la montagne sans aucune idée de ce à quoi ils s’exposent et à quoi l’écosystème de la montagne est exposé aussi » dit T. Tracy.

Des officiels de la ville admettent que l’eau recyclée peut contenir des bactéries résistantes aux antibiotiques et des produits pharmaceutiques, mais ils n’ont pas de date limite pour faire des tests et solutionner ces problèmes. Il est illégal d’ingérer de l’eau recyclée par les yeux, la bouche, les oreilles ou la peau à cause des coliformes fécaux et des produits chimiques qu’elle contient. Malgré cela, les institutions de l’état ferment les yeux sur ces faits s’agissant de Snowbowl – donc, la Ville et les services de l’état font courir des risques à des milliers de skieurs et de familles.

« Le génocide culturel des identités de Peuples Autochtones, les sites sacrés, et la liberté religieuse sont constamment attaqués » dit Amanda Blackhorse [ci-contre, avec Klee Benally], partie civile dans une plainte contre l’équipe raciste de Washington NFL [qui a adopté une figure Autochtone comme mascotte, contre l’avis des peuples concernés – NdT]. «Beaucoup de gens ne se rendent pas compte que les grandes entreprises se renforcent mutuellement s’agissant d’appropriation culturelle, que se soit les mascottes Autochtones des sports professionnels ou la profanation de Dooko’osliid (San Francisco Peaks), temple pour les Autochtones. Les Autochtones sont constamment à la merci de l’Amérique privatisée, et nous regardons notre culture, notre religion, et nos identités utilisées pour le profit commercial ou détruites au profit des loisirs » dit Amanda.

Le Comité des Nations Unies pour l’Elimination de la Discrimination Raciale (CERD) a publié en 2011 une réaction aux plaintes déposées par des organisations Autochtones et la Commission des Droits de l’Homme de la Nation Navajo, stipulant que « le Comité demande des informations sur les mesures concrètes prises pour assurer que le caractère sacré de ce site pour les Autochtones soit respecté, entre autres la possibilité de suspendre le permis accordé à Arizona Snowbowl afin de consulter plus avant les peuples Autochtones et de prendre en compte leurs inquiétudes et leurs traditions religieuses. » Le CERD est chargé de vérifier la conformité avec la Convention Internationale sur l’Elimination de toutes les formes de Discrimination Raciale.

Les organisateurs de la manifestation ont exprimé leur solidarité avec tous ceux qui réclament justice pour Mike Brown et ceux qui luttent pour protéger des sites sacrés, de la Montagne du Sud, des Shell Mounds Ohlone, de Hickory Grounds, du Mont Taylor, de Medicine Lake, du Mont Graham, de la Yucca Mountain, du Mont Tenabo à Mauna Kea.

Snowbowl est une entreprise privée à but lucratif opérant avec un Permis d’Utilisation Spéciale sur des terres publiques du Service des Forêts. James Coleman, propriétaire de plusieurs stations de ski dans le Sud-ouest, a révélé récemment qu’il avait fait une offre pour acheter les pistes de ski. Coleman a proféré de nouvelles menaces d’expansion de la station. Snowbowl étant sur des terres publiques, le Service des Forêts des Etats-Unis devra approuver un nouveau Permis d’Utilisation Spéciale si la vente a lieu. Les Nations Autochtones ont la possibilité et le droit de demander à être consultées au cours de ce processus.

 

Voir la vidéo sous-titrée en français du documentaire de Mari Cleven ‘Eaux usées’ sur les dangers de l’eau recyclée de Flagstaff

Publié par Indigenous Action Media
9 août 2014
Traduction Christine Prat
See original article in English

 

Contact :
Klee Benally
indigenousaction@gmail.com
www.protectthepeaks.org

 

Flagstaff engage des milliards de litres d’eaux usées recyclées pour faire de la neige sur la Montagne Sacrée
L’administrateur de la ville exclut le public de cette décision controversée

 

 

FLAGSTAFF, Arizona – Brad Hill, le directeur des Services Publics de la Ville de Flagstaff, a autorisé de son propre chef et sans consultations, un contrat de 20 ans controversé, visant à accroître la vente d’eaux usées recyclées pour faire de la neige sur les San Francisco Peaks, dans le nord de l’Arizona. Il a refusé d’entendre des commentaires publics avant de prendre sa décision.

« Cette extension en revient à consacrer 13,6 milliards de litres d’eaux usées recyclées à être répandus sur un écosystème montagneux sensible. C’est l’endroit où des Peuples Autochtones prient et où des enfants seront exposés à des polluants dangereux dans la neige faite de cette eau d’égouts » dit Klee Benally, un bénévole de Protect the Peaks, « C’est extrêmement provocant, contre la préservation de l’environnement et aussi irresponsable, considérant l’escalade de la crise de l’eau à laquelle nous sommes confrontés dans le sud-ouest. »

« En plus, ils nous méprisent » dit Mary Sojourner, bénévole de Protect the Peaks, « je trouve répréhensible que nous, le public qui sera affecté par cette décision, ne soyons pas autorisés à faire des commentaires ; et qu’il n’y ait pas eu de processus d’examen public. » La décision d’étendre le contrat a été prise en dépit des demandes de résidents et d’Autochtones. « Ce type d’accord est à courte vue et va à l’encontre d’un développement durable dans notre situation de sécheresse perpétuelle et fait preuve d’un total manque de considération pour les 13 Nations Autochtones pour qui les Pics sont sacrés » dit Dawn Dyer, une bénévole de Protect the Peaks.

Le 22 juillet 2014, alors que le contrat d’Arizona Snowbowl atteignait la deuxième année de sa durée de 5 ans, le manager de Snowbowl J.R. Murray a officiellement réclamé une extension de 20 ans. Le volume d’eaux usées fourni à Snowbowl et la période de fabrication de neige, de novembre à février, n’ont pas changé. La Ville est tenue de fournir de l’eau recyclée de classe A – quoique, étant donné qu’il y a des problèmes aux deux stations d’épuration, on est en droit de se demander si la Ville peut régulièrement fournir des eaux recyclées de ce niveau. En plus, l’eau recyclée de Flagstaff a une haute teneur en sélénium et autres polluants dangereux.

Les représentants officiels de la Ville admettent que l’eau recyclée peut contenir une bactérie résistante aux antibiotiques et des produits pharmaceutiques, mais ils n’ont pas de planning pour tester ou atténuer ces problèmes. Il est illégal d’ingérer de l’eau d’égout recyclée par les yeux, la bouche, les oreilles ou la peau, à cause des coliformes fécaux et des produits chimiques qu’elle contient. Et pourtant, les administrations ferment les yeux devant ces faits lorsqu’elles considèrent les affaires concernant Snowbowl – donc la Ville et les administrations de l’état font courir des risques à des milliers de skieurs et de familles.

FAITES QUELQUE CHOSE ! Envoyez des emails aux représentants officiels de Flagstaff et exprimez vos inquiétudes ! Les conseillers municipaux et autres officiels : kburke@flagstaffaz.gov, bhill@flagstaffaz.gov, soverton@flagstaffaz.gov, kbrewster@flagstaffaz.gov, cevans@flagstaffaz.gov, cbarotz@flagstaffaz.gov, jnabours@flagstaffaz.gov, joravits@flagstaffaz.gov

Plus de treize Nations Autochtones ont exprimé dans leur immense majorité leur opposition à l’utilisation d’eaux usées recyclées sur les San Francisco Peaks, citant les dégâts causés aux plantes médicinales, aux animaux, à leur culture et au caractère sacré du site. Le Service des Forêts, la Ville de Flagstaff et le Service de la Qualité de l’Environnement d’Arizona sont de connivence pour imposer la fabrication de neige et ignorer toute opinion contre cette activité.

Actuellement, les contribuables de Flagstaff subventionnent l’utilisation d’eaux usées par Snowbowl pour fabriquer de la neige sale. Arizona Snowbowl obtient l’eau recyclée pour une fraction de ce que çà coûterait aux résidents, ce qui signifie que des millions de dollars des contribuables de Flagstaff subventionnent cette affaire contraire au développement durable, une entreprise qui n’est même pas située à l’intérieur des limites de la ville.

Une ordonnance du conseil municipal, adoptée en 2002 et réaffirmée par le conseil en 2013, stipule que tous les accords avec des clients existants pour les eaux usées recyclées doivent être examinés, approuvés, mis en pratique et imposés par le Directeur des Services Publics. Le manager de Snowbowl, J.R. Murray, a fait pression sur les représentants officiels de la ville pour obtenir que l’extension du contrat soit approuvée.

Arizona Snowbowl opère son affaire privée sur les Pics avec un permis du Service des Forêts des Etats-Unis. Le Service des Forêts a approuvé l’expansion du domaine skiable et la fabrication de neige à partir d’eaux usées en 2005. La Déclaration d’Impact Environnemental de la Forêt de Coconino [Coconino Forest Service Environmental Impact Statement (pages 3-121)] disait : « Il n’est pas réaliste de penser que Snowbowl pourrait avoir un rôle significatif pour attirer les activités touristiques ou pour l’économie. »
La Tribu Hopi poursuit actuellement en justice la Ville de Flagstaff, pour obtenir l’arrêt de la vente d’eaux usées pour fabriquer de la neige. La plainte stipule que le contrat n’est pas dans l’intérêt du public. En dépit de l’affaire en cours, la Ville de Flagstaff sape leurs préoccupations et le processus judiciaire, qui, s’il avait été pris en considération, aurait dû laisser le contrat de la Ville en suspens jusqu’à ce que l’affaire en justice soit terminée.

Après des années de batailles juridiques, de manifestations, de conférences et plus de 50 arrestations lors d’actions pour protéger les Pics, Snowbowl a commencé à faire de la neige en 2012. Cette décision récente prolonge le contrat jusqu’en 2034.