Les Shoshones de l’Ouest sont la nation la plus bombardée au monde : plus de 1000 tests atomiques, Américains et Britanniques, ont eu lieu sur leur territoire, au pied de Yucca Mountain, dans le Nevada, où il est aussi question de créer un site d’enfouissement profond pour les déchets hautement radioactifs.

Par Ian Zabarte
Principal Man des Bandes de Shoshones de l’Ouest
Publié par Censored News
Le 14 juin 2023
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan

Notre pays s’étend du Désert de Mojave, dans le sud, à la Rivière Snake dans le Nord, territoire défini par le Traité de Ruby Valley, le seul traité ratifié en Californie et dans le Nevada, pleinement en vigueur. Nous avons fait des commentaires complets auprès des services fédéraux, protesté avec des dizaines de milliers de gens et déposé des plaintes en justice, au cours de nombreuses décennies, pour s’attaquer au mal, aux risques et aux menaces posés par les armes nucléaires, les déchets nucléaires et l’uranium – qui affectent le peuple Shoshone de façon démesurée.

Nous aimons nos chevaux.

Le Bureau de Gestion du Territoire, relevant du Ministère de l’Intérieur des Etats-Unis, a accusé le bétail des Shoshones de l’Ouest de la destruction des terres causée par les tests d’armes nucléaires de l’époque, a confisqué nos troupeaux, ce qui a détruit notre économie d’éleveurs, garantis par le traité comme « chasseurs et éleveurs. »

Le peuple Shoshone porte un fardeau hors de proportions de risques d’exposition aux radiations amenées par le vent du Site secret de la Sécurité Nationale dans le Nevada, où l’on projette un site d’enfouissement de déchets nucléaires à Yucca Mountain.

Nous avons le seul contentieux de propriété à Yucca Mountain enregistré à la Commission de Régulation Nucléaire dans le registre 63-001. Le Ministère de l’Énergie occupe et utilise la propriété des Shoshones de l’Ouest, mais ne peut cependant pas prouver la propriété exigée pour une licence 10 CFR 60.121, parce que le titre des Indiens Shoshones de l’Ouest n’a toujours pas expiré.

Il n’y a pas eu d’action du Congrès pour limiter ou terminer le droit Indien à plus de 120 000 km² propriété des Bandes de l’Ouest de la Nation d’Indiens Shoshones. Le traité est un instrument pour la justice.

Il faut que le Président crée un territoire Shoshone selon l’article 6 du Traité de Ruby Valley, afin que nous ayons un lieu sûr pour vivre, grandir et nous développer. Nous avons besoin de projets financés par le gouvernement fédéral pour prouver notre droit de propriété.

En 1990, le Ministère de l’Énergie a créé un « tri culturel » employé pour démanteler nos façons de vivre en relation avec Yucca Mountain. Le tri culturel est défini comme « le choix forcé de prendre une décision par un groupe ethnique pour un projet de développement. »

Ce qui caractérise le tri culturel, c’est qu’il est imposé aux Autochtones pour le développement.

Le schéma et la pratique du Ministère de l’Énergie et des services coordonnés infligent des conditions qui ont pour but la destruction des Bandes de l’Ouest de la Nation d’Indiens Shoshones, en violant les normes péremptoires de la Loi Internationale et la Loi de 1988 – 18 USC 1091 – GENOCIDE. https://www.law.cornell.edu/uscode/text/18/1091

L’origine est importante.

Les Shoshones doivent être suivis individuellement pour les conséquences sur leur santé. Nous avons besoin de la collaboration des services fédéraux, du financement de la recherche, de surveillance et de registres pour les Shoshones sous le vent.

Dans le Comté d’Andrews, au Texas, l’entreprise Holtec a la licence pour des déchets hautement radioactifs de réacteurs commerciaux. Les déchets envoyés au Texas seront bloqués et abandonnés là-bas sans règlements environnementaux solides, parce que le site de Yucca Mountain n’aura pas de licence.

Enfin, les armes nucléaires sont illégales selon la loi internationale, le Traité sur la Prohibition des Armes Nucléaires, qui est en vigueur depuis le 22 janvier 2021. Nous pouvons protéger notre environnement, notre Mère la Terre, en mettant fin à l’obsession des armes nucléaires de destruction massive et en rejoignant le Traité actuellement devant le Congrès comme H. Res 77.

Le Conseil pour la Justice Environnementale de la Maison Blanche [WHEJAC] devait tenir une réunion publique à Phoenix, Arizona, du 13 au 15 juin.

Le Conseil pour la Justice Environnementale de la Maison Blanche

La Charte du WHEJAC déclare que le comité de conseil fournira un avis et des recommandations indépendants au Président du Conseil sur la Qualité de l’Environnement et au Conseil Interinstitutionnel de la Maison Blanche sur la façon de renforcer l’action du Gouvernement Fédéral pour se préoccuper de l’injustice environnementale présente et historique, entre autres des recommandations pour mettre à jour l’Ordre Exécutif 12898. Le WHEJAC donnera des avis et recommandations sur de larges questions intersectorielles relatives, mais non limitées, aux problèmes de justice environnementale, de réduction de la pollution, de l’énergie, d’atténuation du changement climatique et de résilience, de santé environnementale et d’iniquité raciale. Les actions du WHEJAC devront inclure un large éventail de questions stratégiques, scientifiques, technologiques, règlementaires, d’engagement de la communauté et économiques concernant la justice environnementale.

Vidéo de 2017, sous-titres français:

Et aussi:


Par Brenda Norrell
Sur Censored News
14 février 2022
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan

C’est ici, dans le désert du Nevada, que les Etats-Unis veulent enterrer leurs secrets. Et ces secrets explosent ici, et laissent une trace de mort pour les Shoshone, dans leur propre pays, sur le site d’essais nucléaires.

Le désert du Nevada est le lieu où les héritages de Julian Assange, de Wikileaks, et du Paiute-Shoshone Myron Dewey se croisent.

C’est à la Base de l’Armée de l’Air de Creech, que des lanceurs d’alerte militaires chargés des drones, ont décrit les renseignements erronés et les assassinats irresponsables par des pilotes de drones, exerçant par ordinateur une surveillance partout dans le monde, et les missiles qui tuent les cibles du gouvernement américain. Les femmes et les enfants tués sont ignorés. Au moins un citoyen Américain a été assassiné de cette façon.

Myron Dewey, comme Wikileaks, a dénoncé des vérités dont personne d’autre n’aurait osé parler. À Standing Rock, Myron Dewey avait photographié la police, les agents de TigerSwan, et d’autres firmes de sécurité, autour du Dakota Access Pipeline. Myron avait filmé leurs tours d’espionnage avec son drone de vidéo. Son drone était au-dessus, quand les Protecteurs ont été attaqués avec des canons à eau et des projectiles, le 20 novembre 2016, à Standing Rock.
Photo prise par Myron Dewey à Standing Rock, en septembre 2016. ©Les ayant-droit de Myron Dewey.

La veille de son accident mortel, Myron avait filmé en direct du champ de tir de Fallon, dans son pays, au centre du Nevada. Il avait aussi prévenu du projet de mine de lithium, sur le Site d’un Massacre de Paiute, à Thacker Pass, dans le nord du Nevada.

Au moment même où il était révélé que les Etats-Unis avaient discuté le possible assassinat de Julian Assange, Myron Dewey était tué par un camion qui s’était mis sur sa voie et l’avait heurté de front, sur une piste isolée, près de la maison de sa famille, à Yomba, dans le Nevada, à l’est de Reno.

Assange et Dewey ont ouvert des fenêtres sur des mondes que les Etats-Unis ne voulaient pas seulement laisser fermées, mais les condamner et les faire disparaitre en silence.

Dewey a révélé la preuve des graves blessures infligées aux Protecteurs de l’Eau à Standing Rock, dans le Dakota du nord. Une jeune femme a eu un bras déchiré par un projectile des forces de l’ordre, deux Protecteurs Autochtones se sont fait tirer dans les yeux, et des Protecteurs de l’Eau pacifiques se sont fait tirer dessus avec des grenades lacrymogènes, des balles en caoutchouc et autres projectiles. D’autres ont été attaqués par les chiens de firmes de sécurité.

Les preuves filmées par Myron montrent des sheriffs adjoints locaux et nationaux, des policiers locaux et de l’état, et des Gardes Nationaux responsables. Myron avait photographié des espions recrutés pour l’oléoduc qui harcelaient les gens, parmi lesquels des gens de la firme TigerSwan, des mercenaires embauchés pour l’oléoduc, qui fonctionnait dans le Dakota du Nord sans licence. Myron avait photographié leurs visages et leurs véhicules.

Dans le Nevada, les traces de mort commencent avec les massacres d’Autochtones sur leurs terres ancestrales. La géographie de la mort continue avec les essais de bombes atomiques et la propagation de radiations qui ont causé des cancers, dans les territoires Shoshone.

Les traces de mort continuent maintenant avec une pression sur un ordinateur à la Base de l’Armée de l’Air de Creech. Il suffit d’une erreur d’information et d’une négligence irresponsable, pour qu’un assassinat ait lieu à l’autre bout du monde.

La mort continue d’être répandue avec l’extraction de lithium pour de fausses solutions vertes et les énormes quantités d’eau qui seront utilisées. Les produits toxiques de l’extraction détruisent la vie du monde naturel quand la terre est éventrée.

Puis il y a les bombes, le champ de tir de la Marine, dans le pays de Myron, le pays de Wovoka. Le champ de tir signifie la mort pour le monde naturel, et prépare des morts au-delà du désert du Nevada.

Les lieux cités dans l’article sont sur cette carte

***

Article ©Brenda Norrell, Censored News, le contenu ne peut être utilisé sans permission écrite. Les photos sont la propriété du photographe ou de ses ayant droits.


Actuellement, le lithium est à la mode. Il est utilisé dans toutes les batteries d’ordinateurs, de smartphones, et de voitures électriques supposées écolo. Les mines ne sont jamais sans effet sur l’environnement. En plus, ce qui vient de mines est par définition non-durable, surtout lorsqu’il s’agit de métaux appelés ‘rares’. La plupart des mines se trouvent évidemment sur des territoires Autochtones, partout dans le monde. Les Shoshone et les Paiutes du Nevada ont déjà subi près de 1000 essais atomiques sur leur territoire. Maintenant, on veut les chasser d’une réserve où ils ont été assignés au début du XXème siècle. Malheureusement, d’après leur communiqué désespéré, la section de l’American Indian Movement du nord-ouest du Nevada, ne semble pas les soutenir, loin de là.

Christine Prat

CONSEIL CONSULTATIF DU CAMP DE WINNEMUCCA
13 janvier 2022
Newe’neen So’ko’pa Camp
Winnemucca Indian Colony
Winnemucca, Nevada
Publié par Indigenous Action Media
Le 13 janvier 2022
Traduction Christine Prat

Note : C’est une affaire qui vient d’éclater et est encore en cours. Liste des médias approuvés dans le camp sur le compte IG : @neweneensokopa. Contact pour les médias souhaitant soumettre des demandes : AutonomousABQ@protonmail.com

WINNEMUCCA, Nevada – Lundi 10 janvier 2022, un homme inconnu est entré dans la Colonie Indienne de Winnemucca, située dans le nord-ouest du Nevada occupé, et a exprimé des menaces envers les personnes âgées et leurs visiteurs.

Le conflit a escaladé, dans cette petite communauté Autochtone, où les maisons des anciens sont sous la menace d’être rasées par des travailleurs sous contrat privé, recrutés par la « présidente » autoproclamée Judy Rojo, qui réside en dehors de l’état et n’est pas reconnue par les résidents de la colonie.

Un camp de résistance a été établi début novembre 2021, quand les personnes âgées résidentes ont lancé un appel à l’aide sur les réseaux sociaux. Cet appel a été lancé comme dernière tentative désespérée pour protéger leurs foyers de démolition, alors que J. Rojo et ses hommes de main [goons : pour les Autochtones des USA, des collabos] tentaient, par la force, de procéder à des expulsions illégales. Quatre logements de la communauté ont été rasés au bulldozer, sans qu’on en parle, avant que les équipes de construction soient bloquées avec l’aide de défenseurs des terres Autochtones qui avaient entendu les plaintes des anciens et avaient immédiatement réagi pour les aider. Ceci a été soutenu plus tard, par une décision temporaire du tribunal, empêchant Rojo et son équipe de pénétrer dans la colonie, décision qui a été levée depuis, laissant la communauté à nouveau vulnérable.

De l’aide est toujours demandée, voir les notes au bas de cet article, s.v.p.

Beaucoup de gens de l’extérieur se sont précipités dans la communauté pour offrir leur soutien, la plupart étaient des gens respectueux, au cœur sincère.

Malheureusement, ce n’a pas été la même expérience avec l’American Indian Movement, section du nord du Nevada (AIMNNV) et nous allons maintenant en parler et la partager.

Début décembre 2021, l’AIMNNV a commencé à rendre des visites à la colonie. Lors de leurs visites, il y avait un conflit permanent dû à leur manque de respect, et leurs conduites misogynes et insultantes. Ils harcelaient les personnes âgées au lieu de leur demander comment les aider et respecter leurs choix. Ils ont manqué de respect aux femmes et ont insulté nos visiteurs, alliés et soutiens. Ils ont fait preuve d’ignorance et de violence envers nos parents queer, à deux-esprits, non-binaires et trans. Ils ont pioché dans les dons faits à la communauté et essayé de remplir les poches de leurs amis et associés. Ils ont fait la promotion de nos luttes sur les réseaux sociaux pour leur propre bénéfice. Ils ont essayé de parler à notre place sans avoir été invités à le faire, nous sommes capables de parler nous-mêmes. Ils se sont efforcés de réduire les nôtres au silence et tenté d’en recruter d’autres pour participer à leur violence, en créant de fausses relations des faits.

Le 23 décembre 2021, un drapeau de l’AIM qui flottait au-dessus du feu sacré a été retiré par une organisatrice Shoshone-Paiute. Comme elle avait participé à l’assistance au camp depuis début novembre 2021, elle avait appris que l’AIM violait les accords du camp et déniait aux autres le droit de s’exprimer, prétendant qu’ils n’étaient pas Autochtones, ou n’étaient pas Shoshone, ou n’étaient pas de la colonie – des excuses pour rejeter les préoccupations valables. En tant que Newe-Numa, elle affirmait sa responsabilité de parler, là où d’autres étaient réduits au silence. Après que de nombreuses tentatives de dialogue honnête, tenu dans un lieu sûr, guidé par les anciens et avec la participation de tous les résidents et invités de la communauté, aient été rejetées ou menées de mauvaise foi – elle a décidé de prendre sur elle la responsabilité de retirer le drapeau de l’AIM et a insisté pour que nos identités Newe (Autochtones locaux) ne soient pas exploitées ou utilisées pour nier à d’autres le droit de parler pour eux-mêmes. Elle n’avait pas anticipé la réaction qu’elle a eu ; bien qu’elle rende le drapeau en parfait état, avec une simple demande pour la réunion en question – un groupe d’hommes adultes hostiles l’ont encerclée, menacée et forcée à quitter la zone.

Les choses se sont précipitées, à partir de là, ces individus sont devenus de plus en plus insolents, dans leur manque de respect, et ils ont exercé des pressions pour prendre le contrôle, jusqu’à ce que plus aucun protocole ne soit respecté. C’en est venu à une confrontation le 7 janvier 2022, quand les résidents âgés ont repris leur communauté et réaffirmé leur exigence que l’AIM du nord-ouest du Nevada et les individus y étant affiliés, qui causaient des dommages et des dissensions, partent et ne reviennent plus.

Cette demande n’a pas été respectée.

Bien qu’ils soient partis, au début, des individus sont revenus presque quotidiennement et ont essayé d’en recruter d’autres pour en faire autant, se tournant vers d’autres organisations, en présentant les choses comme étant à l’opposé de ce qu’elles sont en réalité. Heureusement, il y a beaucoup de camarades solides, là-bas, assez disciplinés pour prendre des contacts et valider les informations d’abord. Malheureusement, cependant, il y en a beaucoup d’autres qui sont devenus des proies lorsqu’il leur a été demandé de faire des choses, sans avoir d’abord reçu des informations honnêtes, et nécessaires pour pouvoir prendre eux-mêmes des décisions informées.

Le 10 janvier 2022, un individu inconnu est arrivé à la colonie et s’est rendu au domicile d’une personne âgée, exigeant que le camp soit vidé, et le contrôle total remis à l’AIMNNV dans les deux heures. Il fit voir qu’il était armé et fit des menaces de violence spécifiques culturellement, se référant au Massacre de Wounded Knee de 1880. Il prétendit agir à la place d’un ancien visiteur du camp qui n’est plus le bienvenu dans la communauté. Ensuite, il dit agir selon des ordres de supérieurs hiérarchiques de l’organisation (AIMGGC – Grand Conseil de l’AIM), mais il n’en fournit aucune preuve. Deux défenseurs plus âgés prirent le temps de s’asseoir avec ce jeune homme et de le traiter amicalement. Après avoir entendu les preuves, il choisit de quitter la colonie, sans se livrer aux violences qu’il avait menacé de commettre.

Ceci est la raison pour laquelle nous ne pouvons plus garder le silence. Nous devons être honnêtes les uns envers les autres si nous voulons que cette violence cesse. La vérité, c’est qu’il y a des actes d’agression inacceptables de la part de forces extérieures à notre communauté. Des membres de l’AIM et leurs affiliés ont retourné leur code, pour protéger les gens en menaçant des personnes âgées Autochtones avec de la violence coloniale. D’autres ont utilisé le fait d’être Autochtones pour se présenter en porte-parole du camp, ce qu’ils ne sont pas. D’anciens membres du camp ont volé ce qu’ils pouvaient et refusé de remettre leur accès aux comptes du camp, qu’ils utilisent pour intercepter des livraisons et détourner des fonds de donneurs. Tout cela est ce que veulent le Bureau des Affaires Indiennes et les compagnies minières, oui ; mais nous devons comprendre que ces mêmes formes de violence coloniale peuvent être cooptées par nos propres parents, d’autres Autochtones, et armées contre nous pour perpétrer les mêmes dégâts. C’est ce qui arrive et ça doit cesser.

Nous voulons que ce soit clair : Personne ne peut détruire notre lien sacré avec la terre d’ici, ni des agitateurs au sein de l’AIM, ni des officiels du gouvernement, ni des équipes de construction, ni des mercenaires goons. Nous prions pour une résolution pacifique et appelons le Grand Conseil Gouvernant de l’AIM de rendre leurs membres immédiatement responsables. Malgré tout, que l’on sache que nous nous maintiendrons et défendrons nos demeures, et nous continuerons à soutenir, protéger et apprécier les défenseurs des terres qui sont venus pour résister avec nous. Nous demandons que tous les gens de lignes de front expérimentés qui souhaitent venir, le fasse de la bonne manière. Nous vous invitons et nous vous accueillerons, mais nous vous demandons de suivre les accords du camp.

C’est tout ce que nous révélons pour le moment, car nous respectons nos communautés sœurs et continuons d’être solidaires de tous les autres camps et lignes de front. De Winnemucca aux Wet’suwet’en, nous résistons ensemble. Merci.

***

AGISSEZ MAINTENANT !

Photo by Max Wilbert

Par Brenda Norrell
Censored News
7 septembre 2021
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan

Dans la course au lithium pour les batteries de voitures électriques, un juge fédéral a donné son autorisation à une compagnie de lithium, dans le nord du Nevada, pour commencer à creuser le site d’un massacre d’Autochtones à Thacker Pass.

La décision du juge, qui prend le parti de Lithium American Corp., est importante, parce qu’elle implique des violations de plusieurs lois fédérales qui protègent les sites sacrés Autochtones, et parce que le Bureau d’Aménagement du Territoire (BLM) n’a pas consulté les Autochtones.

La Juge de District Miranda Du, a rejeté la proposition des dirigeants tribaux de bloquer le forage pour permettre une étude archéologique exigée avant que la construction puisse commencer à la mine de lithium du Nevada.

La juge Du a opposé un refus à la requête des tribus d’une injonction préliminaire empêchant le creusement d’une tranchée destinée à recueillir des échantillons près de la frontière avec l’Oregon, sur le site du plus grand gisement de lithium connu aux Etats-Unis, selon la Gazette de Reno.

La juge Du a décidé, « principalement parce que les tribus n’ont pas montré qu’elles allaient probablement recourir à leur plainte selon laquelle la décision du BLM de ne pas les consulter n’était pas raisonnable ou avait été prise de mauvaise foi, n’ont pas présenté suffisamment de preuves spécifiques des dommages irréparables qui se produiront probablement si le creusement a lieu, et comme expliqué plus bas, la Cour rejettera la Motion. Cependant, cette décision ne résout pas les mérites des plaintes des Tribus. De plus, en prenant en considération la requête équitable des Tribus, la Cour ne manque pas d’accorder du crédit aux arguments d’équité et historiques plus généraux des Tribus, mais la Cour doit opérer dans le cadre des lois et règlements applicables. »

Le texte original du jugement est sur : https://www.keepandshare.com/doc18/24788/judge-du-denial-2-9-3-21-pdf-616k?da=y

Brian Oaster, membre de la Nation Choctaw d’Oklahoma, écrit, dans High Court News : « Un juge fédéral autorise des travaux d’excavation sur le site d’un massacre d’Autochtones ».

« La Colonie Indienne de Reno Sparks et les Atsa koodakuh wyh Nuwu (les Gens de Red Mountain), membres et descendants des Tribus Paiute et Shoshone de Fort McDermitt, veulent mettre un terme à l’extraction minière à Peehee mu’huh, ou Thacker Pass, site d’un massacre dans le nord du Nevada. »

« La Juge en chef de la Cour de District U.S. Mirande Du, a décidé vendredi d’autoriser le travail d’excavation à continuer pour extraire du minerai dans le Nord du Nevada, prenant parti pour la Lithium American Corp. »

« Tandis que d’autres communautés Autochtones comme la Tribu Hualapai, continuent leurs batailles contre les géants de l’énergie à propos de l’extraction de ressources, la décision de Du constitue un dangereux précédent. »

Le 12 septembre, aura lieu une commémoration en l’honneur des victimes de ce massacre.

Des Autochtones et des soutiens se rassembleront le 12 septembre pour commémorer un Massacre de 1865

Par Protect Thacker Pass

Des opposants au projet de mine de lithium de Thacker Pas, dans le nord du Nevada, se rassembleront dimanche 12 septembre, pour commémorer le massacre d’au moins 31 Paiute du Nord, le 12 septembre 1865, avec des prières et des chants.

Le rassemblement de dimanche débutera à 10h30, à « Sentinel Rock », un rocher d’une grande importance culturelle, sur la pente est de Thacker Pass, et se terminera dans les camps de protestation plus à l’ouest du col. Les opposants sont sur le site depuis janvier dernier.

« Notre commémoration est un évènement spécial, en l’honneur de nos ancêtres et de ce site sacré que nous appelons Peehee Mu’huh [le nom Paiute de Thacker Pass] », dit Daranda Hinkey, membre de la tribu des Gens de Red Mountain, l’un des groupes qui s’opposent à la mine de Thacker Pass.

« Cent cinquante-six ans après ce massacre, nous nous rassemblons pour honorer nos ancêtres comme il convient. Nous avons le sentiment qu’il est de notre responsabilité de protéger ces sites funéraires et lieux sacrés. »

Le massacre de 1865, qui fait partie de ce que l’historien Gregory Michno décrit comme « un long été de chasse aux Indiens renégats », commença quand des soldats quittèrent leur camp près de Willow Creek, moins d’1,5 km de Sentinel Rock. Le 12 septembre 1865, à une heure du matin, le 1er régiment de Cavalerie du Nevada partit pour encercler un camp voisin de Paiute du Nord, à l’ouest de Willow Creek, à Thacker Pass, mais furent découverts.

La Cavalerie est arrivée en tirant et le camp a été totalement éradiqué. Dans son livre « La Guerre Indienne la plus Meurtrière de l’Ouest », Michno écrit que le massacre a duré trois heures et s’est étendu sur plusieurs kilomètres. »

On pense que de nombreux Paiutes ont également été blessés. Un soldat de la cavalerie a été blessé, mais aucun tué. Il y eut trois survivants : deux bébés qui ont été emportés par un soldat, et un jeune homme qui s’est enfui à cheval.

Les opposants à la mine de Thacker Pass croient que le massacre a eu lieu dans les limites du projet de mine Lithium Nevada, et des documents historiques corroborent cette idée. Le Bureau d’Aménagement du Territoire et Lithium Nevada ont toujours nié qu’un massacre ait eu lieu à Thacker Pass, ce qui prouve que leur consultation des tribus a été inadéquate, que leur recherche historique sur le site a été inadéquate, et leur intention de continuer à le passer au bulldozer malgré tout.

Le massacre a eu lieu dans le contexte de la « Guerre du Serpent », un mouvement de guérilla qui officiellement a duré de 1864 à 1868, mais est arrivé après une décennie de tensions et de montée de la violence. Tout au long des années 1850s et 1860s, des colons de l’est des Etats-Unis ont débarqué en masse dans l’ouest, traversant les terres des tribus Paiutes du nord, Shoshone et Bannock, s’appropriant les sources d’eau, chassant en excès le gibier. Les colons croyaient avoir droit à la terre, alors que les Autochtones voyaient leurs actions comme un manque de respect, des effractions et des atteintes directes à leur survie. La violence était inévitable, et en 1864, la Guerre du Serpent, qui aurait fait officiellement 1762 victimes, était sur le point d’éclater.

L’idéologie derrière la Guerre du Serpent était celle de la « Destinée Manifeste », la doctrine de l’Église Catholique selon laquelle les Etats-Unis s’emparaient de la terre des Autochtones. Ça a entraîné un racisme généralisé, comme le prouve le journal Owyhee Avalanche, qui écrivait après le massacre de 1865, que le nombre de morts concernait « 31 Indiens toujours amis. »

[…]

Honneur à nos Ancêtres – Commémoration de Peehee Mu’huh

Les ancêtres des Gens de Red Mountain ont combattu dans d’innombrables batailles, l’une datée du 12 septembre 1865, au cours de laquelle beaucoup d’Autochtones ont été brutalement massacrés par la Cavalerie des Etats-Unis près de Peehee Mu’huh.

156 ans plus tard, les Paiutes et les Shoshone honoreront leurs ancêtres comme il le faut. Ils pensent que c’est leur responsabilité de protéger ces sites funéraires et lieux sacrés.

[Suit le programme de la commémoration du 12 septembre 2021, les recommandations vestimentaires et contre le Covid].

Par le Comité d’Action de la Communauté Autochtone
nativecommunityactioncouncil@gmail.com
Publié sur Censored News
22 janvier 2021
Traduction Christine Prat

LAS VEGAS, Nevada – Le Conseil d’Action de la Communauté Autochtone célèbre l’entrée en vigueur du Traité sur la Prohibition des Armes Nucléaires, en se rassemblant à Las Vegas devant la Cour Fédérale, pour porter des banderoles affirmant l’entrée en vigueur du Traité.

Le traité a été approuvé par les 193 membres de l’Assemblée Générale des Nations-Unis le 7 juillet 2017, par un vote de 122 pour, les Pays-Bas s’étant opposés et Singapore abstenu. Les cinq puissances nucléaires et quatre pays connus pour ou supposés avoir des armes nucléaires – l’Inde, le Pakistan, la Corée du Nord et Israël – avaient boycotté les négociations et le vote sur le traité, tout comme beaucoup de leurs alliés.

Le peuple Shoshone voit le traité comme un pas positif conduisant à la réparation, pour les 900 tests d’armes nucléaires à l’air libre et souterraines qui ont émis des radiations sur les terres de la Nation d’Indiens Shoshone.

« Nous sommes tous sous-le-vent, » déclara Ian Zabarte, Secrétaire du Conseil d’Action de la Communauté Autochtone. M. Zabarte travaille depuis des décennies à faire stopper les tests d’armes nucléaires effectués en secret, et enquêter sur les conséquences sur la santé de l’exposition aux radiations de son peuple et de son pays.

Son but est de mettre fin au besoin d’armes nucléaires, d’atténuer les impacts sur le peuple Shoshone et le territoire, et empêcher que Yucca Mountain ne soit transformée en site d’enfouissement de déchets nucléaires hautement radioactifs.

Le Conseil d’Action de la Communauté Autochtone est partie dans l’attribution d’une licence, la seule qui affirme en avoir la propriété. Après avoir dépensé 15 milliards de dollars, le Département de l’Energie ne peut pas prouver de droits de propriété sur Yucca Mountain, en dépit des graphiques du Bureau d’Aménagement du Territoire, parce que le Traité de Ruby Valley a le contrôle, selon la Constitution des Etats-Unis, Article 6, Section 2, c’est-à-dire la clause de suprématie d’un traité.

La propriété des Shoshone persiste toujours.

« Notre relation à la terre et à l’eau pure du Grand Bassin est notre identité » dit M. Zabarte.

Les tests d’armes nucléaires destructrices ont laissé le sol vulnérable et détruit la flore et la faune délicate, permettant à des espèces de plantes nuisibles et invasives de prendre leur place.

M. Zabarte fut acquitté pour avoir capturé des chevaux Indiens dont les Etats-Unis clament qu’ils sont « sauvages » selon la définition du Congrès dans la Loi sur les Chevaux Sauvages et les Ânes de 1971.
« Nous avons agi par nécessité, pour protéger nos chevaux de la destruction du pâturage causée par les tests d’armes nucléaires. »

Le Bureau d’Aménagement du Territoire blâme le bétail des Shoshone pour la destruction du sol.

Les dirigeants Shoshone étaient présents sur le Site de Sécurité Nationale du Nevada à 14h, pour brandir des banderoles et faire prendre consciences aux travailleurs du site que leur travail est illégal.

 

MEDIAS, RACISME ET GENOCIDE, LETTRE D’UN SHOSHONE

Lettre de Ian Zabarte, Shoshone de l’Ouest, au Las Vegas Review Journal, publiée sur Censored News, le 29 janvier 2019.
Traduction et photos Christine Prat

M. Ian Zabarte
P.O. Box 46301
Las Vegas, NV 89114

 

Le 29 janvier 2019
Au Las Vegas Review Journal
P.O. Box 70
Las Vegas, NV 89125

 

Sujet: Racisme et complicité de génocide.

Cher M. Ramirez,

Hier, 28 janvier 2019, le Las Vegas Review Journal a publié une caricature de propagande aux dépens des Amérindiens, utilisant le stéréotype de l’Indien alcoolique. Le racisme est une insulte, peu importe si les médias en font une représentation plus ou moins humoristique.

Le Las Vegas Review Journal s’est montré en dessous de tout, en tant que Quatrième Pouvoir, en faisant des reportages tronqués, en ne présentant qu’un côté des questions qui touchent les Autochtones ou en ne mentionnant pas la vérité ou le point de vue Autochtone. Il y a une véritable et pervasive violation de la confiance dans la façon dont les médias s’abstiennent de dire toute la vérité sur les questions concernant les Autochtones. C’est de leur part un mauvais service rendu à l’ouverture d’esprit, la liberté de l’information et la démocratie. Le peuple Shoshone cherche la compréhension et la réconciliation, et se fait insulter par le Las Vegas Review Journal. Une injure similaire a été mentionnée dans un texte soumis récemment à la Convention Internationale des Nations Unies sur les Droits Civils et Politiques, comme étant de la propagande en faveur du génocide.

Le problème est que les préjugés et le racisme des médias tuent des Indiens. En 1850, la Californie a adopté une Loi pour la Protection et la Gouvernance des Indiens, qui autorisait les chasseurs d’Indiens à ramener des mains coupées et des scalps pour $25, et à réduire en esclavage les Indiens trouvés sans travail. Les esclaves restaient en captivité jusqu’à ce qu’ils montrent aux mineurs où se trouvait l’or, comme dans le cas d’un Shoshone torturé pour indiquer où était situé l’or à Rhyolite. Tuer des Indiens était courant et 60% des Shoshone de Californie ont été tués à l’intérieur de notre territoire selon le traité, parce qu’ils n’étaient pas être blancs. La loi n’a été abolie complètement qu’en 1967. Avant qu’un quelconque colon ou mineur ne voie un Indien, la propagande des médias était là.

Aujourd’hui, les médias ne parlent pas de l’exposition des Amérindiens aux retombées radioactives des tests nucléaires secrets des Etats-Unis et du Royaume-Uni, et des risques hors de proportion que ça représentait. Les Shoshone ne peuvent supporter un accroissement des risques d’où qu’ils viennent, entre autres la reprise des tests d’Armes de Destruction Massive par les Etats-Unis et le Royaume-Uni, les déchets de plutonium du Site de Savanna River ou d’uranium appauvri, le projet de site d’enfouissement de déchets hautement radioactifs à Yucca Mountain, l’uranium des cendres de charbon ou les radiations émises par la fracturation hydraulique.

Nous devrions tous être indignés par le génocide. Au-delà des pratiques historiques des Etats-Unis pouvant être qualifiées de génocidaires, les Shoshone accusent les Etats-Unis de violation de la Convention des Nations Unies pour la Prévention et la Punition du Génocide, dans leur récente proposition à la Convention des Nations Unies sur les Droits Civils et Politiques. Le génocide est un crime aux Etats-Unis depuis 1988 (18 USC 1091) et il n’y a pas de statut limitatif. En 1990, le Ministère de l’Energie des Etats-Unis a créé le Protocol d’Etude de Ressource Culturelle de Yucca Mountain, de “triage culturel” défini comme “le choix forcé de décision par un groupe ethnique d’un projet de développement.” Triage est un mot d’origine française qui signifie trier ou sélectionner selon la qualité. Normalement, il est utilisé en cas d’inondations, de famine, de catastrophe naturelle ou de guerre déclarée. Il n’y a pas d’inondations, ni de famine, ni de catastrophe naturelle, et la paix règne toujours selon le traité. Les Shoshone font face à l’intention délibérée des Etats-Unis de démanteler la façon de vivre du peuple Shoshone au bénéfice des Etats-Unis et au profit de l’industrie nucléaire. Ceci constitue le seuil minimum du génocide selon la Convention des Nations Unies et les lois des Etats-Unis sur le crime de génocide. Le motif des Etats-Unis est de dépouiller le peuple Shoshone de sa propriété. L’intention de commettre un génocide relève de la culture du secret, parce que nous ne saurons jamais ce qui tue les Indiens en secret. Les préjugés des médias n’aident pas à protéger le peuple Shoshone en fournissant des informations objectives sur l’importance de tout cela pour les Autochtones, pour entreprendre des actions de protection.

Nous prions le Las Vegas Review Journal d’arrêter d’attiser les flammes de la haine et de l’intolérance. Nous sommes tous responsables contre tout génocide.

Cordialement,

Ian Zabarte, Principal Man
Bandes de l’ouest de la Nation Indienne Shoshone

 

HOMMAGE A MARGENE BULLCREEK : LE GAZ INNERVANT DES VOISINS DES GOSHUTES

Margene Bullcreek, qui nous a quittés récemment, était à la tête de la lutte contre la décharge de déchets nucléaires dans Skull Valley, lutte qui l’a menée à découvrir du gaz innervant à proximité

Par Brenda Norrell
Censored News, 3 mars 2015
Traduction Christine Prat

Le décès de Margene Bullcreek, Shoshone Goshute, nous rappelle la nécessité de préserver les histoires pour les générations futures. Margene Bullcreek a conduit la lutte qui a mis un terme à la décharge de déchets nucléaires en terre Goshute, dans la Skull Valley, en Utah. Alors que le combat était en cours, en 2005, il a conduit à la découverte et la dénonciation de voisins des Goshute possédant du gaz innervant : l’armée américaine.
Lorsqu’elle s’est engagée pour bloquer la profanation et la contamination, les actions de Margene Bullcreek ont inspiré l’article ci-dessous, que j’ai écrit en 2005. En mémoire de Margene, qui est passée dans le Monde de l’Esprit dimanche dernier, je republie cet article pour rappeler la nécessité de partager les histoires, d’enregistrer les paroles pour les générations futures, et comme exemple de l’effet d’entrainement produit par le fait de s’engager dans la lutte pour la vérité.
Quand la Commission de Régulation Nucléaire a approuvé la licence pour un site de stockage sur une terre tribale Goshute dans la Skull Valley, çà a soulevé de nouvelles questions sur l’utilisation par le gouvernement fédéral de la région comme site d’essais pour les armes biologiques et chimiques de l’armée des Etats-Unis, entre autres le gaz innervant et l’anthrax.

Brenda Norrell

 

Article de 2005 :

Margene Bullcreek, membre de la tribu Goshute de Skull Valley faisant partie de ceux qui protestent contre la décharge de déchets nucléaires ou toxiques en terres Indiennes, a dit qu’il était temps que le gouvernement arrête de déverser ses déchets nucléaires sur les Indiens et de les traiter comme s’ils étaient jetables.
« Rien n’est ajouté à notre prospérité si du poison est déversé. Les déchets radioactifs détérioreraient notre roue médecine dans les quatre domaines : physique, mental, émotionnel et spirituel » dit M. Bullcreek, fondatrice du groupe communautaire Ohngo Gaudadeh Devia Awareness.

Le groupe Goshute, avec l’état d’Utah, s’oppose au projet actuel du Consortium Private Fuel Storage [Stockage Privé de Carburant – NdT] de stocker plus de la moitié des déchets nucléaires à haute teneur du pays sur environs 7 hectares de terre tribale.
Les Goshutes, dont la langue d’origine est Shoshone, protestent contre la décharge nucléaire projetée, rebaptisée « la Yucca Mountain de l’Utah », en référence à la décharge nucléaire du sud du Nevada. Pendant ce temps, les Shoshone de l’ouest dans le Nevada continuent à s’opposer à la décharge de déchets nucléaires sur des terres ancestrales.
« Les Autochtones de ce pays ont toujours été victimes de la sécurité nationale », dit M. Bullcreek, critiquant l’approbation par le Bureau des Affaires Indiennes de la décharge de déchets nucléaires en pays Goshute.
Déjà, les Goshutes sont des voisins involontaires du site de tests à l’air libre d’armes biologiques et chimiques de l’Armée des Etats-Unis de Dugway, dans l’ouest de l’Utah.
L’Agence Fédérale de Gestion des Crises [Federal Emergency Management Agency] reconnaît les risques que ces armes posent aux voisins de Dugway, les Goshute de la Skull Valley.
Sur son site Web, l’Agence cite le ‘Guide en Pays Indien’ de la chercheuse Apache Jicarilla Veronica Tiller :
« Au sud de la réserve il y a le site de tests de Dugway, où des armes chimiques et biologiques sont développées et testées par le gouvernement. En 1968, des agents chimiques ont fui de Dugway, tuant environs 6000 moutons et autres animaux de la réserve ; le gouvernement a enterré au moins 1600 moutons contaminés dans la réserve.
« A l’est de Skull Valley, dans la région de Rush Valley, le gouvernement a un site de stockage de gaz innervant. Au nord de la réserve, il y a une grande usine de production de magnésium qui a été identifiée par l’Agence de Protection de l’Environnement comme la plus polluante du genre aux Etats-Unis. »
En ce qui concerne le projet d’entrepôt de déchets nucléaires, l’Agence Fédérale de Gestion des Crises déclare que des inondations éclair et des tremblements de terre le long de la ligne de fracture de Wasatch constituent des risques supplémentaires.
Les opérations du site de test de Dugway ont été classées secret-défense pendant presque tout le 20ème siècle. En mars 1968, suite à une expérience avec l’agent innervant VX, 6000 moutons sont morts dans Skull Valley et Rush Valley.
« L’agent VX a été trouvé dans des échantillons de neige et d’herbe fournis approximativement trois semaines après l’incident des moutons » peut-on lire dans un rapport de 1970 rédigé par des chercheurs de l’Arsenal de l’Armée d’Edgewood, dans le Maryland, qui a été révélé par le Salt Lake Tribune en 1998.
Le secret-défense sur le document a été levé en 1978, mais ce n’est que 30 ans après la mort des moutons qu’il a été rendu public. Pourtant, le commandant de Dugway a dit que l’Armée n’acceptait pas la responsabilité pour la mort des moutons et n’admettait aucune négligence.
Le VX, qui a été trouvé dans les cadavres de moutons, est un gaz innervant tellement puissant qu’une seule goutte sur la peau peut entrainer la mort en à peu près 15 minutes. Çà perturbe le système nerveux et entraine l’arrêt de la respiration. L’agent GB, une autre forme commune de gaz innervant plus connue comme ‘sarin’, s’évapore rapidement dans l’air en un gaz mortel.
La couverture internationale de l’incident a contribué à la décision du Président Nixon d’interdire tous les tests à l’air libre d’armes chimiques en 1969.
Cependant, les dirigeants tribaux Goshute se sont souvent demandé si la mort de plusieurs anciens de la tribu, décédés peu de temps après les moutons, n’était pas due à l’accident du gaz innervant.
A l’époque, en 1968, Dugway procédait à des tests aériens. Lors d’une des expériences, du VX a été répandu d’un avion vers une cible au sol à environs 43 km de Skull Valley. Au moment de l’accident, quand le gaz innervant s’est échappé de la zone ciblée, tout animal ou humain qui aurait consommé de l’herbe ou de la neige aurait été contaminé.
A part la mort des moutons en 1968, il y a eu au moins 1174 tests de produits chimiques à Dugway, dispersant des centaines de milliers de kilo de gaz innervant à tous vents, selon des documents révélés par le Deseret News en Utah. Il y a eu 328 tests à l’air libre d’armes biologiques ; 74 tests de « bombes sales » à radiations et l’équivalent de 8 fusions intentionnelles de petits réacteurs nucléaires.
A côté des tests biologiques et chimiques à Dugway, des essais d’armes atomiques à ciel ouvert au Site d’Essais du Nevada, dans les années 1950 et 1960*, ont causé des retombées radioactives qui se sont propagées jusqu’en Utah.
Actuellement, Dugway est sur le marché de l’anthrax en grandes quantités, selon des demandes de contrats découverts par le Sunshine Project, une organisation américano-allemande qui s’oppose à l’utilisation d’armes biologiques et chimiques.
Le magazine New Scientist a écrit que cette démarche controversée va vraisemblablement soulever des questions quant au respect par les Etats-Unis des traités établis pour limiter la prolifération d’armes biologiques, et l’article souligne que, bien que le pays ait renoncé aux armes biologiques en 1969, Dugway produisait encore des quantités mortelles d’anthrax en 1998.
Le but de la demande de contrat de Dugway est que les entreprises fassent des offres pour la production de grandes quantités de souche non-virulente d’anthrax et d’équipement pour produire des volumes importants d’autres agents biologiques. A part les contrats pour l’anthrax, d’autres contrats concernent l’équipement pour produire un agent biologique non spécifié et des carcasses de moutons pour tester l’efficacité d’un incinérateur pour le bétail infecté.

brendanorrell@gmail.com

 

* Les tests suivants étaient souterrains, mais causaient tout de même d’énormes colonnes de poussière radioactive dans l’air. Ils ont continué jusqu’en 1992. Il y a eu environs 800 tests sur le site du sud du Nevada (à seulement 105 km de Las Vegas et à proximité de terres ancestrales des Shoshone) – Christine Prat

Photo ci-contre: du site “The Blog Below”, 14 juillet 2008

 

 

 

 

 

IndianResUtahNevadaNukesSTous les noms indiqués sur la carte indiquent des réserves ou petites communautés Autochtones, en mauve les zones où des armes nucléaires, chimiques ou biologiques ont été testées et entreposées