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Par le Camp de Sacred Stones
Publié sur Censored News
Le 28 octobre 2016
Traduction Christine Prat

 

CANNONBALL, Dakota du Nord – Plus de 300 policiers en tenue d’émeute, 8 véhicules tout terrain spéciaux, 5 blindés, 2 hélicoptères et de nombreux véhicules tout terrain militarisés sont apparus au nord du nouveau camp de première ligne, à l’est de la Nationale 1806. Le Camp du Traité de 1851 a été érigé dimanche dernier [23 octobre] en travers de la route du pipeline, sur un terrain récemment acheté par DAPL [Dakota Access Pipeline, nom de la filiale d’Energy Transfer Partners]. Ce jour, ce camp, une récupération d’un territoire Dakota non-cédé affirmé comme faisant partie de la Réserve de Standing Rock dans le Traité de Fort Laramie de 1851, a été évacué avec beaucoup de violence. Deux barricades établies le weekend dernier pour permettre cette [ré]occupation ont aussi été supprimées. En plus du gaz poivré et des grenades à percussion, des mitraillettes ont également été utilisées pour tirer dans la foule avec des munitions non mortelles et un canon assourdissant a été utilisé. Au moins une personne a été attaquée au taser et un crochet a pénétré dans son visage, près de son œil. Une autre a reçu une balle en caoutchouc dans le visage.

 

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Un cercle de prière d’Anciens, dont plusieurs femmes, a été interrompu et tous ont été arrêtés pour s’être tenus pacifiquement sur une route publique. Un tipi avait été érigé sur la route et a été démoli violemment, en dépit des promesses des forces de l’ordre prétendant qu’elles se contenteraient de marquer le tipi d’un ruban jaune et de demander à ces propriétaires de le reprendre. Un groupe de protecteurs de l’eau ont été tirés d’une cérémonie dans une loge de sudation érigée sur le trajet du pipeline, alors qu’ils étaient peu vêtus, jetés à terre et arrêtés.

 

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Une jeune membre du Conseil International de la Jeunesse Autochtone (IIYC) dont le poignet avait été brisé lors d’une arrestation de masse le 22 octobre, a été à nouveau blessée par un officier de police qui a saisi son poignet visiblement blessé et l’a tordu, lors d’une tentative d’arrestation. Au moins six autres membres du conseil de jeunesse ont témoigné avoir été gazés au poivre jusqu’à cinq fois et ont aussi été visés et frappés par des cartouches non mortelles. En plus d’avoir été attaqué, un autel et un bâton sacré ont été arrachés des mains d’un membre de l’IIYC par un policier. Plusieurs autres objets sacrés ont été volés, parmi lesquels une pipe sacrée.

Deux membres du personnel médical qui aidaient les gens sur la ligne de front ont été matraqués et jetés en bas du véhicule sur lequel ils se trouvaient. Puis la police a saisi un autre membre du personnel médical, qui conduisait la voiture, du siège du conducteur, alors que la voiture avançait encore. Un autre protecteur a dû sauter dans la voiture pour l’arrêter avant qu’elle ne heurte des gens.

 

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Des membres de la nation des chevaux ont amené environs 100 bisons de l’ouest et du sud-ouest du Ranch de Cannonball sur la zone du DAPL. Un cavalier a été touché par peut-être quatre balles en caoutchouc et son cheval aurait été touché aux pattes par de vraies balles. Il a été tiré sur un autre cheval qui n’a pas survécu.

Un garde de la sécurité privée de DAPL a été reconnu parmi les protecteurs, avec un fusil automatique alors qu’il se dirigeait vers le camp. Des protecteurs de l’eau sont intervenus rapidement tandis que l’homme essayait de fuir dans son pickup. Un protecteur a arrêté le véhicule avant que le garde de la sécurité privée ne fuie dans les eaux à côté, son arme à la main. La police du Bureau des Affaires Indiennes est arrivée sur place pour l’appréhender.

Trois protecteurs de l’eau se sont enchainés à un camion au milieu de la route et l’ont entouré de grands troncs d’arbres. Après plusieurs heures de face à face, la police a avancé en ligne et repoussé les gens à environs 1,6 km plus bas sur la route principale, vers le camp principal sur la Rivière Cannonball. Les protecteurs de l’eau se sont alors retirés sur le pont au-dessus de la Nationale 1806 et y ont érigé une grande barricade en feu que la police n’a pas réussi à passer.

Les forces de l’ordre d’au moins cinq états (Dakota du Nord, Dakota du Sud, Minnesota, Wyoming et Nebraska) étaient présentes aujourd’hui, dans le cadre de l’EMAC, l’Assistance Compacte de Gestion d’Urgence. Cette loi a été adoptée par le gouvernement de Bill Clinton et autorise les états à partager leurs forces de l’ordre en cas d’urgence. Elle est faite pour les catastrophes naturelles et n’a été utilisée que deux fois pour des manifestations; une fois l’été 2015 pendant les manifestations de Baltimore et ici sur la Réserve de Standing Rock. Plus de 100 personnes au total ont été arrêtées aujourd’hui.

Kandi Mossett, du Réseau Environnemental Autochtone [Indigenous Environmental Network] a déclaré: « Je suis allée sur la ligne de front prier pour la protection du Fleuve Missouri; je me suis retrouvée dans ce que je ne peux décrire autrement qu’une zone de guerre. J’ai reçu du gaz poivré au visage, le type à côté de moi a été touché par quelque chose qui ne pénétrait pas la peau mais lui a cassé des côtes; un autre type près de moi a été tiré arbitrairement par la police, me poussant au milieu des policiers qui m’ont tenue à distance avec des matraques, puis ont essayé de me saisir. Je suis toujours sous le choc; attendant de me réveiller de ce qui est certainement un cauchemar bien que ce soit ma réalité en tant que femme autochtone, en 2016, qui essaie de défendre ce qui est sacré. »

LaDonna Bravebull Allard, du Camp de Sacred Stone dit « Mon peuple défend l’eau, et ils nous attaquent. Mon peuple défend les tombes de notre peuple, et ils nous attaquent. Mon peuple défend nos sites sacrés, et ils nous attaquent. Mon peuple prie, et ils nous interrompent, nous trainent hors de nos prières, et nous jettent dans la boue. Je sais que c’est l’Amérique – c’est l’histoire de mon peuple. L’Amérique a avancé à travers le sang de mon peuple. Comment pouvons-nous tenir face à la violence? Parce que je suis née sur cette terre, parce que les racines poussent de mes pieds, parce que j’aime cette terre et honore l’eau. N’avons-nous rien appris de l’histoire? Je prie pour chacun de ceux qui résistent. Nous ne pouvons plus vivre comme cela. Ça doit cesser – mes petits-enfants ont le droit de vivre. Le monde a le droit de vivre. L’eau, le sang vital du monde, a le droit de vivre. Mni Wiconi, l’Eau c’est la Vie. Priez pour l’eau, priez pour les gens. Arrêtez le Dakota Access – assassin du monde. »

Eryn Wise, du Conseil International de la Jeunesse Autochtone a déclaré: « Aujourd’hui, plus de la moitié des membres de notre conseil de jeunesse ont été attaqués, blessés ou arrêtés. En plus de nos frères et sœurs blessés ou incarcérés, nous avons vu la police voler notre bâton sacré. Je n’ai pas de mots pour ce qui est arrivé à chacun d’entre nous aujourd’hui. Ils essaient de réécrire notre histoire et nous ne l’autoriserons tout simplement pas. Notre jeunesse regarde et se souvient des visages des policiers qui les ont agressés. Ils prient pour eux. »