Par Censored News, Klee Benally
Censored News
23 avril 2020
Traduction Christine Prat

FLAGSTAFF, Arizona – L’équipe de bénévoles de Kinłani/Flagstaff soutient l’Aide aux Familles Navajo et Hopi. Au cours du mois d’avril, des provisions et équipements destinés aux résidents des Nations Navajo et Hopi sont arrivés à Flagstaff (Kinłani) pour leur être livrés. L’acteur Jason Momoa [originaire de Hawaï] a fait don d’un plein camion d’eau, et le Dr. Bronners a envoyé des savonnettes et des désinfectants pour les mains. Parmi les dons, il y a des produits frais, des masques et des produits sanitaires. Can’d Aid a donné de l’eau qui a été livrée à Tuba City.

Photos fournies par Klee Benally, Diné, Flagstaff, Arizona.

Klee Benally : « C’est ce que nous appelons la Solidarité, pas la Charité. Nos parents SDF préparent des kits pour chacun d’entre eux, organisent la distribution de vêtements, et préparent des actions pour leur mieux-être. Nous progressons, grâce à l’aide de vos dons à tous (même le Dr. Bronners pour l’Aide aux Familles Navajo et Hopi) ! » Allez voir sur www.kinlanimutualaid.org ou faites des dons par PayPal : indigenousaction@gmail.com .

Klee Benally, mercredi « Nous avons déchargé 950 litres de désinfectant pour les mains pour l’Aide Navajo Hopi COVID 19, aujourd’hui. Maintenant il faut trouver des vaporisateurs de 24 et 48 centilitres à remplir et distribuer ! »

Klee : « Ce système nous a fait défaut bien avant le COVID-19. Nous ne pouvons pas envisager de soutenir nos peuples à travers cette crise sans nous organiser pour détruire ce système. Tandis que les efforts d’aide mutuelle se répandent radicalement pour redistribuer les ressources, nous devons aussi redistribuer le pouvoir. Nous devons comprendre comment le capitalisme et le colonialisme se fondent sur les privations matérielles de nos communautés. Nous devons aussi comprendre comment le colonialisme d’exploitation a frappé nos corps et compromis nos systèmes immunitaires.

« Si nous voulons vraiment honorer Notre Mère la Terre, ça implique d’attaquer le capitalisme, la suprématie blanche, l’hétéro-patriarcat et le colonialisme à la racine. Si ces idéologies de base ne sont pas liquidées, nous nous condamnons, nous et les générations futures, à la non-existence. Le capitalisme n’est pas durable, c’est un virus. Le colonialisme, c’est la peste. »

Un chargement de fruits et d’équipements pour se laver les mains, destiné à Chilchinbito. Jessica, de l’Aide Navajo Hopi, a transporté de l’eau en cannettes à Leupp, avec le soutien bénévole de Kinłani Mutual Aid. Le savon et le désinfectant du Dr. Bronner est prêt pour être distribué à Leupp. Ahe’hee (merci) à tous les bénévoles de Kinłani Mutual Aid pour l’avoir gardé et soutenu les actions d’aide et à tous ceux qui ont fait des dons ! Taala Hooghan Infoshop – Klee Benally

L’acteur Jason Momoa [de Hawaï] dit « STOCKÉ ET FIER DE LIVRER de l’Eau Mananalu. Nous avons envoyé un camion plein (20 000 cannettes) d’eau Mananalu à la Nation Navajo. Mon entreprise d’eau est encore petite, mais je fais ce que je peux pour aider ceux qui en ont le plus besoin. MAHALO NUI @theelleshow pour nous avoir aidé à propager l’aloha. Merci à la campagne Aide aux Familles Navajo et Hopi COVID-19 ((@navajohopicovid19relief) pour nous avoir aidé à distribuer l’eau aux familles. C’est un effort de la base, conduit par un groupe de femmes Navajo qui travaillent 14 heures par jour, sans être payées, afin de collecter des fonds et soutenir les familles Navajo dans le besoin pendant cette terrible pandémie. C’est merveilleux. Les tribus Autochtones sont parmi les communautés qui courent le plus haut risque, au cours de cette pandémie du coronavirus, et beaucoup d’entre elles n’ont pas les moyens nécessaires pour combattre le virus. C’est-à-dire, l’équipement médical, la nourriture de base et l’eau potable. Environ 40% des habitants vivent dans des zones rurales et ont peu ou pas d’accès à l’eau courante. Ils vivent, littéralement, dans un ‘désert alimentaire’ avec très peu d’épiceries et un territoire très étendu. Beaucoup de familles doivent faire plusieurs kilomètres rien que pour aller chercher de l’eau. »

Táala Hooghan : équipe de bénévoles de Kinłani/Flagstaff Mutual Aid, qui aident l’Aide aux Familles Navajo et Hopi, déchargent de l’eau en cannettes.

Par Cassandra Begay
Email: navahopicovid.smedia@gmail.com
www.navajohopisolidarity.org
7 avril 2020
Publié par Indigenous Action
Et par Censored News
Traduction Christine Prat

LE FONDS DE SECOURS AUX FAMILLES NAVAJO & HOPI SUSCITE UN VRAI MOUVEMENT EN RÉACTION À LA PANDÉMIE

TSIIZIZII, DINÉTAH (LEUPP, NAVAJO NATION/ARIZONA) – En réaction à l’intensification de la crise sanitaire à laquelle sont confrontées des communautés Diné (Navajo) et Hopi dans le nord de l’Arizona, le sud de l’Utah et au Nouveau-Mexique, le Fonds de Secours aux Familles Navajo & Hopi touchées par le COVID-19, a mobilisé des volontaires pour distribuer de la nourriture de base et de l’eau dans toute la région.

« C’est merveilleux de voir nos communautés s’unir et réagir activement à la menace du Coronavirus, dans les Réserves Navajo et Hopi » dit Ethel Branch, ex-Ministre de la Justice de la Nation Navajo, et fondatrice du Fonds de Secours. « Je pensais que ça aurait un impact limité, mais l’amour et l’intérêt publiques pour nos communautés, et le sens de la justice qui vise à corriger les iniquités qui existent pour les communautés Autochtones, ont métamorphosé nos efforts en un vrai mouvement. »

Le 15 mars 2020, Ethel a organisé une campagne GoFundMe pour fournir du secours aux familles Diné et Hopi touchées par le COVID-19. En 22 jours, la campagne a rapporté plus de 400 000 dollars. « En seulement quelques semaines, nous avons réussi à constituer un effort de collaboration massif, rapprochant des professionnels Diné et Hopi, des organisateurs de base et des membres de la communauté voulant s’impliquer, pour construire le réseau social que nos communautés ont toujours mérité mais qui leur a été refusé à cause de violations des traités et d’injustices systématiques qui ont rendu nos communautés extrêmement vulnérables à cette pandémie » dit Janene Yazzie, dirigeante pour le Nouveau-Mexique du Fonds de Secours Navajo-Hopi pour le COVID-19, « Nous avons l’expertise pour apporter les solutions les plus appropriées pour notre peuple. »

La mission de la campagne GoFundMe est « d’aider les personnes âgées (particulièrement celles qui élèvent leurs petits-enfants), les gens dont l’immunité est défaillante et les handicapés moteur, les parents isolés, et les familles en difficulté, en les aidant à acheter de la nourriture, de l’eau, des produits de santé, et tout ce dont ils ont besoin (eux et leurs communautés vulnérables) pour se protéger du virus, en demandant aux bénévoles de faire les achats et de les livrer à un endroit sans danger pour ceux qui en ont besoin. Nous aidons aussi à stopper la propagation du COVID-19 dans ces Réserves, en demandant à des bénévoles de coudre des masques pour les soignants et les premiers volontaires des Réserves Navajo et Hopi. » Depuis que la campagne a été lancée, le Fonds de Secours a reçu plus de 4500 demandes de soutien, et mobilisé de nombreux bénévoles pour aider directement plus de 850 familles dans au moins 21 communautés, à Chilchinbito [où l’épidémie a commencé], Hard Rock, Forest Lake, Kayenta, le Village de Bacavi, le Village d’Oraibi, Oljato, Monument Valley, Tuba City, le Village de Moencopi Haut, le Village de Moencopi Bas, Dilkon et Fort Defiance.

« Des bénévoles du mouvement de Secours Navajo Hopi contre le COVID-19, font un travail admirable, en réagissant à la crise avec des ressources collectées par des gens ordinaires » dit Lillian Hill, Hopi, Organisatrice de l’Aide pour la nourriture et la Communauté, « Nos communautés Autochtones sont confrontées à des disparités uniques et substantielles, qui leur font courir encore plus de risques. Je me sens humble, en tant que bénévole, de participer à ces efforts comme moyen d’offrir une aide mutuelle à ma communauté. »

LA CRISE DU COVID-19 DANS LE SUD-OUEST DES U.S.A.

Le nombre de cas confirmés dans la Nation Navajo s’accroit de manière exponentielle, doublant presque chaque jour. Le 7 avril, il y avait 425 cas et 17 décès confirmés dans la Nation Navajo, la population de la Réserve étant de plus de 180 000 habitants. Au cours d’une réunion en direct sur Facebook, le président de la Nation Navajo Johnathan Nez dit : « Nous avons le sentiment qu’une fois de plus, le gouvernement des Etats-Unis a ignoré et même laissé tomber nos premiers habitants, le peuple Premier, les premiers citoyens de ce pays : les Autochtones. » La Nation Navajo estime que le nombre de cas va atteindre un pic à la mi-mai.

La réaction de la Nation Navajo au COVID-19 a été très prompte. Le 11 mars, deux jours avant le Président Trump, la Nation Navajo a déclaré l’Etat d’Urgence. Le 17 mars, le premier cas a été confirmé dans la Réserve. Le 18, la Nation a été fermée aux visiteurs. Le 20 mars, la Nation a émis un ordre de confinement pour tous ceux qui vivent dans la Réserve et imposé un couvre-feu 10 jours plus tard. Le 23 mars, la Tribu Hopi a suspendu le tourisme sur ses terres et annoncé le premier cas de contamination le 26 mars.

UNE NÉCESSITÉ CRUCIALE

A cause d’innombrables problèmes structurels, les communautés tribales comme les Navajos et les Hopis, courent des risques mortels face à la pandémie du COVID-19. Le Centre de Contrôle des Maladies prévient que les personnes âgées et ceux qui souffrent de certaines affections, comme le diabète et les maladies cardiaques, courent plus de risques d’être gravement affectés par le COVID-19. Ces communautés tribales comptent un grand nombre de personnes âgées, de diabétiques, d’asthmatiques et de personnes souffrant de cancers, ce qui les expose à un risque très élevé de devoir être hospitalisés en cas de contamination par le virus. La Nation Navajo a 12 Centres de Santé, avec un total de 170 lits d’hôpitaux, dont 13 lits de Soins Intensifs, 52 chambres d’isolation et 28 ventilateurs. Compte tenu des circonstances, les maigres ressources médicales dans la Nation seront probablement totalement débordées à court terme.

Il est donc essentiel pour la communauté vivant dans la Réserve de rester confinée pour ralentir la propagation du virus.

Cependant, les ordres de « rester sur place » et d’être confiné, exacerbent les problèmes sociaux structurels et accroissent la pression sur des communautés manquant déjà de ressources. La Nation Navajo et la Réserve Hopi sont de véritables déserts alimentaires, avec seulement 16 épiceries et quelques petits marchés pour nourrir près de 200 000 personnes.

Un tiers des gens vivant actuellement dans la Nation Navajo n’ont pas l’électricité. Un deuxième tiers n’a pas l’eau courante. Trois des douze Villages Hopi n’ont ni eau courante ni électricité. Les ressources économiques dans ces deux Réserves sont maigres. 38% des membres de la communauté Navajo vivent en dessous du seuil de pauvreté et le chômage dans la Nation Navajo est d’environs 50%. Chez les Hopis, il y a 60% de chômage.

UN MESSAGE D’ESPOIR

« Je sais que nous vivons des temps difficiles, mais souvenons-nous que nous ne sommes jamais seuls » dit Cassandra Begay, Cheffe des Communication du Fonds de Secours aux Familles Navajo & Hopi pour le COVID-19, « souvenons-nous des relations importantes que nous avons et qui sont toujours avec nous : la relation avec ce qui est sous nos pieds. La relation avec notre cœur. La relation entre notre respiration et la respiration de Notre Mère la Terre. Et enfin, souvenons-nous que c’est une occasion d’être reconnaissants pour beaucoup de choses. »

Vanessa Tullie, Coordinatrice des Achats et des Bénévoles de l’équipe, a fait remarquer que « si le virus continue à se propager dans les communautés Navajo et Hopi, la compassion et l’attention des bénévoles aidera à surmonter certaines des disparités auxquelles nous sommes confrontés. Nous sommes forts, résilients et puissants, et tant que nous travaillons ensemble et maintenons notre sécurité, nous arriverons à surmonter cette pandémie. »

S.v.p., visitez notre site web, pour faire des dons et plus d’informations :
www.navajohopisolidarity.org.