chr-51381Communiqué de presse

6 décembre 2016

LA DELEGATION DU RESEAU ENVIRONNEMENTAL AUTOCHTONE A LA COP21 REAGIT A L’ANNONCE DU CANADA DE SOUTENIR LE BUT D’ 1,5° POUR LE CLIMAT

Par Suzanne Dhaliwal
Publié le 7 décembre 2015 sur le site de l’IEN
Traduction Christine Prat

PARIS, France – Les Peuples Autochtones du Canada, des Etats-Unis et du monde ont d’abord été ravis d’entendre que le Ministre de l’Environnement et du Changement Climatique du Canada, Catherine McKenna, avait déclaré aux leaders du monde entier lors de négociations sur le climat à huis-clos à Paris, que le Canada soutient la restriction de l’élévation globale de la température à 1,5° Celsius, adoptant par là un but plus ambitieux pour la réduction des gaz à effet de serre que les 2° que le sommet des Nations Unies vise officiellement.

« Je serre la main du Canada pour soutenir la position de 1,5° Celsius. Cependant, le Conseil Global des Peuples Autochtones a toujours défendu la limite de 1,5°. Ça n’a jamais changé », dit Tom Goldtooth, Directeur Exécutif du Réseau Environnemental Autochtone [Indigenous Environmental Network], une organisation Autochtone basée en Amérique du Nord. « Ce qui reste à voir, c’est comment le Canada compte parvenir à ce résultat sans un engagement à interrompre l’expansion des sables bitumineux d’Alberta et les pipelines qui y sont associés et entreprendre une transition rapide vers une économie durable. Cela serait la vraie nouvelle et l’engagement que nous voulons du Canada pour réagir profondément à la crise climatique. »

Trudeau a été déçu par la décision d’Obama, en novembre, de ne pas prolonger le pipeline Keystone XL, arguant de ses inquiétudes à propos des conséquences de la décision sur l’économie Canadienne et la création d’emplois. Il n’a pas présenté de plan complet pour détourner le Canada des carburants fossiles très polluants, au profit d’une économie verte.

« L’engagement du Canada pour la limite de 1,5° est un pas dans la bonne direction qui indique la reconnaissance de la situation urgente dans laquelle nous sommes mondialement de par la crise climatique. Si le gouvernement Canadien va dans le sens de ses paroles, cela pourrait créer les circonstances politiques pour nous mener vers le futur avec le genre d’investissement nécessaire pour l’approche totale dont nous avons besoin pour arrêter la fonte des glaciers et construire pour le Canada une économie renouvelable fondée sur la justice. Cela signifie, sans équivoque possible, stopper l’expansion des sables bitumineux et des pipelines qui y sont associés tels que Energie Est de TransCanada et Trans-Mountain de Kinder Morgan. Pour nous, Peuples Autochtones, c’est l’occasion de faire entendre notre sagesse et nos connaissances et d’offrir de nombreuses solutions à la crise mondiale du climat qui ne réduisent pas en marchandise et ne menacent pas la biodiversité dont notre mode de vie dépend » dit l’actrice Métis/Cree Tantoo Cardinal, de Fort McMurray en Alberta, au Canada.

Malgré la rhétorique de Trudeau, le gouvernement du Canada semble déterminé à promouvoir le pétrole de sables bitumineux sur les marchés internationaux par tous les moyens nécessaires.

« En tant que Denedeh du Nord et de l’Arctique, nous avons déjà subi un changement de 2° et vu ses impacts réels sur le changement climatique. Nous sommes aussi en aval du plus grand projet industriel de la planète, les sables bitumineux d’Alberta, qui se combinent pour produire les effets du changement climatique par la contamination et la dégradation des terres dont nous dépendons. Il nous faut plus que des engagements écrits ou verbaux, il nous faut une véritable action sur le climat maintenant, et çà signifie que nous ne pouvons pas accroître l’exploitation des sables bitumineux et que nous devons laisser les carburants fossiles dans le sol », dit Daniel T’Seelie, membre de la communauté Dene

 

TomGoldtoothIndigenous Environmental Network sur le Sommet de Varsovie : le Capitalisme et les Energies Fossiles

DECLARATION SUR LA CONFERENCE SUR LE CLIMAT DES NATIONS UNIES A VARSOVIE

Par Tom Goldtooth
Indigenous Environmental Network [Réseau Environnemental Autochtone]

 

Publié sur Censored News
Traduction Christine Prat
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Mercredi 13 novembre 2013

 

Les réunions des Nations Unies sur le climat impliquent les grandes puissances comme les Etats-Unis et les autres pays industrialisés « développés ». Dans les coulisses, il y a les représentants des secteurs financiers et les investisseurs qui se réunissent souvent dans des hôtels 4 ou 5 étoiles. Tout ce que j’ai pu voir de la part des pays industrialisés (y compris ceux du G20) sont des solutions fausses au problème du changement climatique. Ils jouent aux échecs avec le climat. Comme çà a été clairement exprimé à la Conférence Mondiale des Peuples sur le Changement Climatique et les Droits de la Terre Mère en 2010 à Cochabamba en Bolivie, la cause fondamentale du changement climatique, c’est le capitalisme. A Cochabamba, l’IEN avait une délégation activement impliquée dans l’élaboration des documents finaux. Le problème est que des pays continueront à percer, creuser et brûler chaque goutte de pétrole, gaz ou charbon, quel qu’en soit le prix, jusqu’à l’épuisement total dans le monde entier.

Lorsque les sources d’énergies fossiles seront épuisées, le monde se tournera vers la bioénergie et la bio économie globales (les plantes, les cultures énergétiques, les arbres, les algues, etc.). Pour cela, ils auront besoin d’avoir accès à la terre (et à l’eau) sans aucune restriction – à l’échelle de la planète. Les droits de chacun à la terre et à l’eau seront restreints. Les questions d’accès et les rapports de force politiques autour de l’Energie et l’Eau seront le champs de bataille de la prochaine génération. Çà portera sur la Privatisation de la Nature – Notre Mère la Terre. Nous assisterons à encore plus de dérégulation et d’activité des compagnies privées, plus de privatisation et de marchandisation des « biens communs » naturels. Ils se sont attribués les droits d’exercer un dominion sur la Nature.

Qu’est-ce qu’il en coûtera de renverser ce processus ? Beaucoup se débattent avec cette question. Mais je suis convaincu qu’un mouvement de masse général est nécessaire pour résister à cette insanité. Mais çà exige aussi un éveil spirituel. Comme je l’ai dit à de nombreuses reprises, les gens du monde entier doivent réévaluer leur relation à ce qu’il y a de sacré dans Notre Mère la Terre.

En tant que Peuples Autochtones, ceux qui suivent nos enseignements, nous savons ce que sont nos responsabilités vis-à-vis des Lois Naturelles de Notre Mère la Terre. Mais l’homme industrialisé, les sociétés industrialisées, ne le savent pas. L’IEN en parle depuis 22 ans !

Le monde moderne du capitalisme et son monde schizophrène de compagnies privées commencent déjà à coopter nos leaders Autochtones pour de fausses solutions, par le biais d’un partage de bénéfices ou en leur faisant jouer le rôle de « bons Indiens » partageant notre savoir traditionnel pour nous adapter au changement climatique, au lieu d’accepter notre participation pour demander un changement réel et une action effective.

Des engagements vraiment contraignants et des actions effectives pour réduire les émissions à la source doivent être la ligne principale de ces négociations. Mais ceci ne figure pas à l’agenda de Varsovie cette fois-ci. C’est pourquoi les sables bitumineux au Canada sont le degré zéro de l’Ile de la Tortue – c.à.d. l’Amérique du nord, dans le combat pour la justice climatique, pour les droits des Peuples Autochtones, et pour un nouveau paradigme colonial (ce n’est pas notre système, c’est le leur) qui se distance du régime des Droits de Propriété vers un système qui reconnaît la Jurisprudence de la Terre.

 

Tom Goldtooth, directeur exécutif d’Indigenous Environmental Network [Réseau Environnemental Autochtone] et membre du Forum International des Peuples Autochtones sur le Changement Climatique, la représentation Autochtone au sein du UNFCCC