Dixième jour de manifestation de soutien des Mohawks de Tyendinaga

Les Tohono O’odham encouragés à bloquer la construction du mur sans crainte

Par Brenda Norrell
Censored News
20 février 2020
Traduction Christine Prat

Mark Maracle, de la Société de Guerriers Mohawk, dit que les Tohono O’odham devraient fermer la construction du mur à la frontière. Maracle dit aussi que les Mohawks sont prêts à les aider et qu’ils ne devraient pas se laisser dominer par la peur.

« Ils devraient bloquer la clôture » dit Maracle à Censored News jeudi [20 février 2020].

« Si nos peuples dans le nord peuvent bloquer des voies ferrées, ils peuvent aussi bloquer cette clôture. »

« Le soutien s’est étendu dans toute l’Ile de la Tortue. »

« Quand nous étions là-bas, nous leur avons dit que s’ils voulaient faire quelque chose, nous les soutiendrions » dit Maracle, à propos d’une forte délégation de Mohawks dans la Nation Tohono O’odham lors du Sommet des Peuples Autochtones aux frontières.

« Ils doivent prendre l’initiative là-bas pour le faire eux-mêmes. »

« Ils ne devraient pas avoir peur quand la vérité est de leur côté. »

Pendant ce temps, les Chefs Héréditaires Wet’suwet’en projettent de rencontrer des Mohawks de Tyendinaga et de Kahnawake.

La Police Montée a déclaré ce jour vouloir quitter le pays des Wet’suwet’en, Maracle dit « ils parlent avec des langues fourchues. »

Maracle dit que les Tohono O’odham ne devraient pas laisser la peur les contrôler. « Il suffit de quelques personnes et qu’elles brandissent le drapeau Mohawk. »

Au cours du Sommet des Peuples Autochtones de la Frontière de 2007, des Mohawks étaient à la frontière, dans la Nation Tohono O’odham, au sud de Sells, en Arizona. Ils ont vu des agents de la Patrouille des Frontières U.S. arrêter des femmes et des enfants Autochtones, ils ont sauté de leurs voitures et ont couru pour sauver ceux qui avaient été arrêtés. Les agents de la Patrouille des Frontières, sous le choc et effrayés se sont enfuis avec les jeunes femmes et les enfants dans le fourgon fédéral, sur le territoire de la Nation Tohono O’odham.

Les Mohawks demandèrent pourquoi les Tohono O’odham laissaient faire. Ils ont demandé pourquoi le gouvernement de la Nation Tohono O’odham autorisait la Patrouille des Frontières à pénétrer dans son territoire et à maltraiter les Peuples Autochtones sur leurs terres. Après avoir vu une tour d’espionnage au sud de Sells, ils ont demandé comment c’était possible en territoire Tohono O’odham souverain. La tour d’espionnage était à côté d’une grande cage utilisée pour emprisonner les migrants, parmi lesquels il y avait beaucoup d’Autochtones. Ils dirent que la cage n’était rien d’autre qu’un chenil.

Déjà, dans le Monument National du Cactus Tuyau d’Orgue, à la frontière, près de la limite ouest de la Nation Tohono O’odham, le gouvernement Trump et l’entreprise sous-traitante, Southwest Valley Constructors, ont tout fait sauter à Monument Hill, une zone où des restes humains ont été trouvés au cours des destructions pour le mur. La zone était un site funéraire pour les ancêtres des Tohono O’odham.

Trump a outrepassé toutes les lois fédérales pour construire le mur, entre autres les lois protégeant les sites sacrés Autochtones, leurs sites funéraires, les espèces menacées et celles qui protègent la terre, l’eau et l’air. Certaines de ces espèces menacées ne vivent nulle part ailleurs dans le monde que dans le désert de Sonora.

Pendant ce temps, le blocage de voies ferrées s’étend au Canada, et le soutien arrive de lieux aussi éloignés que Londres et Paris, aujourd’hui. Un sit-in est en cours à Londres. Au Canada, la Police Montée Royale Canadienne a dit qu’ils allaient signifier une injonction contre le blocage de la voie ferrée près d’Edmonton. Un blocage se préparait à San Francisco en soutien, et plus tôt, des trains étaient bloqués à Seattle. Les frontières internationales et les entrées des routes menant à New York ont également été bloquées par moments.

Au Canada, Via Rail a dit avoir annulé tous ses trains dans le pays. CN rails dit avoir fermé toutes ses voies ferrées dans le sud du Canada à cause des blocages.

Les Mohawks de Tyendinaga et Kahnawake continuent le blocage des voies ferrées aujourd’hui. Ils disent vouloir continuer jusqu’à ce que les Chefs Héréditaires Wet’suwet’en soient satisfaits.

Cliquer sur la carte pour la voir en grand format (lisible)

Voie ferrée barricadée près de New Hazelton, Colombie Britannique

SOUTIEN AUX WET’SUWET’EN AU CANADA : ‘VIA RAIL’ ANNULE TOUS SES TRAINS SUITE AUX BLOCAGES DES VOIES

Par Brenda Norrell
Censored News
13 février 2020
Traduction Christine Prat

La police canadienne a utilisé un convoi d’agents lourdement armés, des snipers, des chiens et des hélicoptères pour arrêter un petit groupe de gens en train de prier et de protéger leurs maisons et le pays des Wet’suwet’en de la destruction causée par un oléoduc. Des Mohawks et d’autres protecteurs des terres ont fermé les chemins de fer du Canada en bloquant des trains, des ponts, des autoroutes et des bureaux du gouvernement ont également été fermés.

Aujourd’hui [13 février 2020], Via Rail a annoncé l’annulation de tous les trains de passagers.

« Via Rail n’a pas d’autre solution que d’annuler ses services, ce qui entre en vigueur immédiatement et jusqu’à nouvel ordre », dit la compagnie dans une déclaration sur son site web. Via Rail exploite 500 trains par semaine à travers 8 provinces du Canada. Et 97% des voies appartiennent et sont entretenues par d’autres compagnies, en majorité par Les Chemins de Fer Nationaux du Canada [Canadian National Railway – CN].

A travers le Canada, l’action Shut Down Canada [Fermez le Canada] se propage d’Ottawa, Halifax et du Manitoba jusqu’à Vancouver. Les Défenseurs des terres disent qu’ils ne cesseront pas leurs actions jusqu’à ce que la Police Montée Royale Canadienne et Coastal GasLink aient quitté le territoire des Wet’suwet’en.

Les Mohawks Tyendinaga en sont à leur 8ème jour de blocage des rails qui a paralysé les trains de passagers et de fret du Canada.

Les Mohawks Tyendinaga disent que « l’endroit du blocage ne doit pas être connu… Le but est de perturber l’économie du Canada et de libérer les Wet’suwet’en de l’oppression. »

A Kahnawake, les Mohawks ont fermé les trains locaux de Montréal. Il y a maintenant une autre barricade dans le Manitoba.Barricade à Kahnawake

Blocage des trains locaux de Montréal, à Kahnawake

Au cours de l’attaque brutale d’Autochtones sans armes défendant leur terre, un sniper de la Police Montée a été filmé en train de pointer son fusil sur un protecteur sans armes pendant le raid au cours duquel des femmes en train de prier ont été arrêtées.

Blocage de la voie ferrée dans le Manitoba

Des agents de la Police Montée et des employés de Coastal GasLink ont également retiré les robes rouges accrochées comme symbole des Femmes Autochtones Disparues ou Assassinées, victimes des ‘camps masculins’ malsains des travailleurs des oléoducs.

Le Camp Unist’ot’en dit : « Le Canada nous arrache à notre terre, nos familles, nos foyers. Il prend nos tambourins, il enlève nos femmes. Ils nous emprisonnent durant une cérémonie honorant nos ancêtres. »

« Il est temps de nous battre pour notre terre, nos vies, nos enfants, notre futur. »

Tandis que l’opération Shut Down Canada se poursuit, le mouvement Jeunesse Autochtone en Solidarité avec les Wet’suwet’en a fermé le porche principal du bâtiment de l’administration de Colombie Britannique, dans les territoires Lekwungen.

A Vancouver, la police a arrêté 43 supporters des Wet’suwet’en qui bloquaient le Port de Vancouver à trois endroits lundi. Des centaines de protecteurs des terres ont bloqué des trains à Toronto.

A Halifax, hier, la vice Première Ministre Chrystia Freeland a été empêchée d’entrer dans l’Hôtel de Ville de Halifax par des protecteurs des terres qui soutenaient les chefs héréditaires Wet’suwet’en qui s’opposent à la construction d’un gazoduc à travers le nord de la Colombie Britannique.

Alors que l’opération Shut Down Canada est en cours, le Premier Ministre du Canada, Justin Trudeau, est en Afrique du Sud, pour une tournée en Afrique, dans le cadre de sa campagne pour que le Canada obtienne un siège au Conseil de Sécurité des Nations Unies.

Cependant, le soutien aux Wet’suwet’en se répand jusqu’en Afrique du Sud, et des gens dans le monde entier demandent le respect et la liberté pour les Peuples Autochtones et leurs pays.

La louche surveillance du Canada sur les défenseurs de la terre, de l’eau et de la forêt est dénoncée dans un nouvel article de Apihtawikosisan qui montre des listes d’activistes faites d’après leurs déclarations sur Facebook et leur participation à des rassemblements.

Lady Chainsaw, arrêtée pendant la cérémonie pour les #MMIW, n’a toujours pas été libérée.

SOUTENEZ LES BLOQUAGES DE TRAINS

Par Red Braid Alliance
Également publié par Censored News
13 février 2020

Le blocage #CoquitlamRailBlockade fait partie d’un mouvement de défense des Wet’suwet’en qui se propage par le blocage des rails de chemin de fer par des Nations Autochtones exerçant leur contrôle souverain sur leurs territoires.

Le jeudi 13 février, nous avons commencé à mettre en place le blocage des rails à Coquitlam, dans la gare la plus importante du métro de Vancouver. Notre action de défense des terres fait partie du mouvement #ShutDownCanada, qui défend la souveraineté des Wet’suwet’en et soutient et glorifie aussi l’exercice de la souveraineté et la défense des territoires à Tyendinega, le Traité 1, et les territoires Gitxsan.

Le jeudi 6 février, le jour où la Police Montée a commencé ses raids en territoire Wet’suwet’en et contre le Camp Unist’ot’en, les Mohawks de Tyendinega ont bloqué la ligne de chemin de fer du Canada qui enfreint leur territoire. Au cours de la semaine écoulée depuis, d’autres Nations Autochtones ont entrepris de bloquer des rails, ce qui a interrompu la circulation sur l’infrastructure d’origine du projet colonial du Canada.

Dans une déclaration publiée le 12 février, le Mohawk de Tyendinega Kanenhariyo, a expliqué que leur blocage était une expression du Wampum à Deux Rangs, qui « est à la base de la relation entre les Onkwehon : nous et les nouveaux arrivants. » Le Wampum à Deux Rangs « n’a pas expiré, il ne vieillit pas, il ne peut être obsolète, à moins qu’une des parties ne disparaisse dans le fleuve » dit Kanenhariyo.

Kanenhariyo a expliqué que le Wampum à Deux Rangs est aussi un accord de coopération. « Il a dit que si jamais les eaux étaient agitées, nous pourrions nous rejoindre et stabiliser les bateaux des deux parties. Nous avions la responsabilité d’informer l’autre bateau s’il y avait des eaux troublées plus loin. » Kanenhariyo fit une pause et dit « il semble qu’il y ait des eaux troublées ».

Le samedi 8 février, la Nation Gitxsan a construit une barricade sur la voie ferrée près de New Hazelton. Le Chef Héréditaire Gitxsan, Norman Stephens, a expliqué que la souveraineté de la nation Gitxsan est inextricablement liée à celle des Wet’suwet’en. « Si leurs droits sont piétinés, nos droits sont piétinés. Nous n’avons jamais renoncé à nos droits et les Wet’suwet’en n’ont jamais renoncé à leurs droits. Le territoire demeure sous l’autorité des Wet’suwet’en et des Gitxsan depuis des temps immémoriaux » dit-il.

Le vendredi 7 février 2020, la Cour Supérieure de l’Ontario a publié une injonction ordonnant de retirer la barricade de Tyendinega. Mais près d’une semaine plus tard, ça n’a pas été exécuté. Le mercredi 12 février, le Chef de la Police Mohawk Tyendinega, Jason Brant, a prié les défenseurs du territoire de mettre fin au blocage. En réponse, les Mohawks Tyendinega ont élevé une seconde barricade sur les rails.

Également le 12 février, les défenseurs sur le territoire du Traité 1, ont édifié une barricade sur une portion de voie ferrée de 7 km près de Winnipeg. Harrison Powder, l’un des défenseurs des terres, a expliqué à un reporter de CBC que la barricade était en soutien de la souveraineté Wet’suwet’en. « Quand vous envahissez le territoire Autochtone et essayez d’imposer des oléoducs à notre peuple, ça a des conséquences, et ceci, ici, aujourd’hui est une de ces conséquences » dit-il, « nous voulons que la Police Montée parte de là-bas. »

Mais il a aussi dit que les blocages étaient là « pour une longue période à venir, » leurs racines sont la résistance contre la violence coloniale perpétuelle du Canada contre les Peuples Autochtones. « Nos peuples ont dit depuis des années ‘nous pouvons fermer ce pays, nous pouvons bloquer l’économie, nous pouvons causer de graves dommages économiques’ – et ça arrive maintenant » dit-il.

La défense héroïque de la terre et de la souveraineté de la Nation Wet’suwet’en a déclenché un mouvement centré sur la défense de la Nation Wet’suwet’en, mais qui a rapidement pris un sens plus radical et plus fondamental. Les barricades maintenues à Tyendinega, Traité 1 et Gitxsan, ainsi que les blocages urbains de voies ferrées, de ports et d’autoroutes montrent que la lutte unifiée contre la violence coloniale du Canada s’intensifie et est là pour durer.

OCCUPATION DU BUREAU DU MEMBRE DE L’ASSEMBLEE LEGISLATIVE ET DIRECTEUR DE LA JUSTICE DAVID EBY EN SOUTIEN A LA NATION WET’SUWET’EN

13 février 2020, Territoires Salish de la Côte / Vancouver, Colombie Britannique – Des Autochtones souverainistes et des supporters des Chefs Héréditaires Wet’suwet’en occupent le bureau du Membre de l’Assemblée Législative et Représentant du Ministère de la Justice David Eby, pour exiger le retrait immédiat de la Police Montée et de Coastal GasLink du Territoire Wet’suwet’en non cédé. Au cours des sept derniers jours, il y a eu des actions de désobéissance civile quotidiennes à Vancouver, en particulier le blocage du Port de Vancouver et du port Delta, ainsi que des voies ferrées et du Pont de Granville. Des centaines de supporters de la souveraineté Autochtone ont rejoint les souverainistes Autochtones urbains dans les rues pour exprimer leur solidarité avec la Nation Wet’suwet’en.

Herb Varley, organisateur pour Haida, Nisga’a, Tlingit et Nuu-chah-nulth, déclare : « Les Chefs Héréditaires Wet’suwet’en appliquent Anuk Nu’at’en (la loi Wet’suwet’en), en opposition au système légal colonial du Canada. Nous perturbons les affaires quotidiennes dans le bureau de David Eby, pour montrer son rôle dans le génocide perpétuel des Peuples Autochtones par le projet colonial du Canada. »

Natalie Knight, organisatrice Yurok et Navajo dit « Il y a seulement quelques décennies, les Autochtones du Canada n’étaient pas autorisés par la loi à se rassembler en groupes de plus de trois, à se faire représenter légalement, ou, dans les territoires Salish de la Côte, à pratiquer la cérémonie du potlatch. La crise actuelle entre les Wet’suwet’en et le gouvernement canadien n’est qu’un éclairage de plus qui révèle l’injustice inhérente à la relation asymétrique et inégale entre le gouvernement canadien et les Nations Autochtones. »

Le groupe de supporters des Wet’suwet’en occupe le bureau jusqu’à ce que David Eby satisfasse les exigences suivantes :

Révoquez tous les permis associés aux projets de 40 milliards de dollars de fracturation pour du gaz de schistes de LNG Canada et Coastal GasLink, jusqu’à ce que les projets aient satisfait aux standards de consentement libre, préalable et informé selon Anuk Nu’at’en et la Déclaration des Nations Unies sur les Droits des Peuples Autochtones, et tous les principes que votre gouvernement a adopté dans la loi fin novembre 2019.

Utilisez votre pouvoir en tant que membre du Conseil Exécutif pour intervenir contre l’injonction et l’ordre de son application contre les Chefs Héréditaires Wet’suwet’en. Cet ordre est en violation flagrante et criminalise le droit des Wet’suwet’en d’occuper, gérer et entretenir leurs terres.

Si vous n’êtes pas capable d’endosser votre responsabilité envers Anuk Nu’at’en et les principes de la Déclaration des Nations Unies sur les Droits des Peuples Autochtones, nous exigeons que vous démissionniez immédiatement du Conseil Exécutif.