Le Président Donald Trump a l’intention d’aller s’afficher au Mont Rushmore le 3 juillet, pour célébrer ‘Jour de l’Indépendance’ (Fête Nationale des Etats-Unis qui a lieu le 4 juillet), ce qui provoque la colère des Autochtones, qui voient le monument comme une profanation d’une terre volée par la violence pour rendre hommage à des dirigeants hostiles aux Autochtones. Le monument a été conçu en 1920 comme attraction touristique, pendant l’engouement de l’époque pour faire de la route pendant les vacances. L’historien du Dakota du Sud Duane Robinson recruta Borglum, un membre du Ku Klux Klan [pour sculpter le rocher].

L’hypocrisie des présidents qui contemplent la vallée du haut des Black Hills, comme s’ils étaient les champions de la loi et l’ordre, est un véritable chaudron de sorcière de haine. – Steve Melendez, Président du Musée du Génocide des Indiens d’Amérique.

‘LE MONT RUSHMORE : UN GENOCIDE GRAVE DANS LA PIERRE’, PAR LE MUSEE DU GENOCIDE DES INDIENS D’AMERIQUE

Par Steve Melendez, Paiute, Colonie Indienne de Reno-Sparks
Président du Musée du Génocide des Indiens d’Amérique
Publié par Censored News
le 28 juin 2020

Traduction Christine Prat

La Mine d’Or Homestake, à Lead, dans le Dakota du Sud, a été exploitée pendant 125 ans et produit 41 million d’onces de Troie (72,6 milliards de dollars au cours actuel de l’or, 1771 dollars l’once). Tandis que George Hearst et ses partenaires consolidaient leur propriété sur la mine et les concessions aux alentours, il achetait des journaux à Deadwood, à proximité. Pour influencer davantage l’opinion publique, sur l’accaparement de l’or de la Réserve, ils vendirent des actions et les firent coter à la Bourse de New York. Lors de l’offre publique en 1879, les actions devinrent une des listes d’actions les plus longues de l’histoire de la Bourse de New York. Le fils de George, William Randolph Hearst, achèterait plus tard le San Francisco Examiner tandis qu’il était en train de devenir un magnat de la presse et l’un des hommes les plus riches d’Amérique. Le fils de l’homme qui vola une mine d’or, fut dénoncé dans le film Citizen Kane.

Au cours de l’été 1874, le Lieutenant-Colonel George Armstrong Custer fut envoyé dans les Black Hills par le Général Phillip Sheridan pour chercher de l’or. C’était en violation directe du Traité de Fort Laramie de 1868. Aujourd’hui, il y a une grande photo de Custer et son entourage arrivant dans les Black Hills, à la mine. La légende de la photo dit qu’après la découverte de l’or, de nombreux mineurs vinrent dans les Black Hills au mépris de l’armée et des Indiens, mais oublie de mentionner que l’armée de Custer violait le Traité de 1868. La légende ne rappelle pas non plus aux visiteurs de la mine que l’article 6 de la Constitution des Etats-Unis appelle un traité la loi suprême du pays.

Custer est arrivé dans les Black Hills avec 1000 soldats, plus de 100 chariots, 2 ou 3 mitrailleuses Gatling, un canon, un orchestre de 16 cuivres sur des chevaux blancs, et deux prospecteurs experts en or. Le 30 juillet 1874, Custer envoya une dépêche à Fort Laramie disant « de l’or a été trouvé dans des quantités rentables. J’ai sur ma table 40 ou 50 petites pépites d’or pur. Elles sont à peu près de la taille d’une tête d’épingle. Et la plupart trouvées aujourd’hui dans une seule pelleté de terre. » Aujourd’hui, dans la région où l’or alluvial (or charrié par les cours d’eau de la montagne) a été trouvé, il y a la ville de Custer, dans le Dakota du Sud. L’information probablement la plus importante, absente de la photo de Custer à la mine, est ce que le Président des Etats-Unis dit au Congrès l’année suivante. « …La Découverte d’or dans les Black Hills, une portion de la Réserve Sioux, a eu pour effet de produire une importante immigration de mineurs à cet endroit. Jusqu’à maintenant, l’effort pour protéger les droits selon le traité des Indiens sur cette zone avait été réussi, mais l’année prochaine il y aura certainement une forte augmentation d’une telle immigration. Les négociations pour obtenir le renoncement des champs aurifères ont échoué, il sera nécessaire que le Congrès adopte des mesures pour minimiser les problèmes issus des causes citées. Le Secrétaire à l’Intérieur suggère que les fournitures actuellement accordées pour l’entretient de ce peuple, n’étant plus obligatoires selon de le Traité de 1868, mais simplement gratuites, puissent être données ou retenues à sa discrétion. » Le message intégral du Président Ulysses S. Grant peut être trouvé dans les Messages et Papiers des Présidents, Volume 9, page 4306.

Le fait que le Président Grant ait pu suggérer qu’une politique de famine soit mise en œuvre peut être difficile à croire pour la plupart des Américains, mais l’attitude de ce jour peut être retrouvée dans les paroles d’un autre Président dont l’effigie est gravée à 65 km au sud de la Mine Homestake sur le Mont Rushmore.

« La plus juste de toutes les guerres est une guerre contre des sauvages. Le rude colon qui repousse le sauvage du territoire crée une dette envers lui pour toute l’humanité civilisée. Américain et Indien, Boer et Zulu, Cosaque et Tartare, Néo-Zélandais et Maori – dans chaque cas, le vainqueur, bien que beaucoup de ses actes soient horribles, pose les fondations profondes de la future grandeur d’un peuple puissant. Les conséquences des luttes pour le territoire entre des nations civilisées paraissent minimes en comparaison. Vu à l’échelle du Temps, c’est un tout petit moment que la Lorraine soit Allemande ou Française, que les villes du nord de l’Adriatique rendent hommage à l’Empereur d’Autriche ou à un roi Italien ; mais c’est d’une importance incalculable que l’Amérique, l’Australie et la Sibérie échappent aux mains de leurs propriétaires aborigènes rouges, noirs et jaunes, et deviennent l’héritage des races mondiales dominantes. » La Conquête de l’Ouest, Vol. 4, Les Guerres Indiennes, Page 56, par Theodore Roosevelt.

Si jamais vous avez l’occasion de visiter le site de la fosse commune du Massacre de Wounded Knee, vous devez vous demander pourquoi c’est arrivé. C’est le 7ème de Cavalerie qui la fait, ainsi, l’Américain moyen est conduit à croire que c’était une vengeance pour la fin de Custer à Little Big Horn. Mais connaitre les paroles du Président Grant au Congrès, c’est savoir que l’or était dans la Réserve Sioux et que Custer était là en violation du Traité de Fort Laramie de 1868. Et connaitre les paroles du Président Grant au Congrès, c’est savoir qu’il a appelé l’Amérique à affamer les Indiens pour les chasser de leurs terres. Quand le Président des Etats-Unis appelle ouvertement à la destruction délibérée et systématique d’un peuple, quelles autres conclusions peuvent être tirées ? Si jamais vous visitez le site du charnier de Wounded Knee, dans la Réserve de Pine Ridge, dans le Dakota du Sud, vous pouvez savoir, au-delà du doute, que les hommes, femmes et enfants jetés dans cette fosse, étaient victimes de génocide.

L’attitude génocidaire se perpétue jusqu’à aujourd’hui. Ça existe dans la fondation secrète de la loi Américaine. Légalement, ça s’appelle la Décision de la Cour Suprême de 1823 dans l’affaire Johnson contre M’Intosh. En 1990 ça a été écrit en anglais clair. C’est si insensé que ça ne résiste pas à la lumière du jour, mais c’est pourquoi ça a été gardé secret pendant si longtemps. Lors de la Commémoration des 500 ans de la « découverte » de l’Amérique par Christophe Colomb, le Dictionnaire Juridique de Black a imprimé la définition légale de la « Doctrine de la Découverte ». Cette loi coloniale raciste est l’accomplissement du souhait de Theodore Roosevelt que, « …l’Amérique, l’Australie et la Sibérie échappent aux mains de leurs propriétaires aborigènes rouges, noirs et jaunes, et deviennent l’héritage des races mondiales dominantes. »

La définition imprimée par le Dictionnaire Juridique de Black en 1990 ne figure pas dans les éditions suivantes. Elle dit :

« Découverte. Loi internationale. En tant que fondement de l’affirmation de la propriété ou la souveraineté nationale, la découverte est le fait de trouver un pays, un continent ou une île jusque là inconnus, ou connus précédemment par ses seuls habitants non civilisés. »

C’est l’injustice que vivent les Autochtones tous les jours, dans le Dakota du Sud. Bien qu’ils aient vécu sur le territoire depuis des temps immémoriaux, la loi de l’homme blanc dit qu’ils ont perdu leur titre sur leur territoire quand Colomb l’a découvert. L’hypocrisie de ces Présidents qui regardent maintenant du haut des Black Hills, comme s’ils étaient les champions de la loi et l’ordre, est un véritable chaudron de sorcière de haine.

Steve Melendez
Président du Musée du Génocide des Indiens d’Amérique
Paiute, de la Colonie Indienne de Reno-Sparks

 

D’après les nouvelles que j’ai reçues de contacts d’Owe Aku, ça ne sert à rien, c’est une imposture, les Traités, les Réserves, ne dépendent que du Gouvernement Fédéral, le Dakota du Sud n’a aucune influence…

 

LE DAKOTA DU SUD RECONNAIT OFFICIELLEMENT LE TRAITE DE FORT LARAMIE DE 1868

La définition de “Découverte” en revient à un Mandat pour un Génocide

 

Par Steve Melendez, Païute
Président du Musée du Génocide Amérindien
Publié sur Censored News
Traduction Christine Prat

 

La définition de la “découverte” selon le dictionnaire juridique de Black, sixième édition, est: “Loi Internationale, en tant que fondement de la proclamation de propriété nationale ou de souveraineté, la découverte signifie trouver un pays, un continent ou une île, jusque là inconnu, ou connu seulement de ses habitants non civilisés.”

Avec la loi de 1823, (Johnson v. M’Intosh), la Cour Suprême a institutionalisé la discrimination raciale contre les Indiens. Elle garantissait que les Indiens ne récupèreraient jamais leur territoire selon un traité devant une cour de justice. En Amérique, la justice n’est pas seulement aveugle, elle est aussi plus folle qu’un lièvre de mars. L’essence de cette loi dit que les Indiens étaient propriétaires du territoire jusqu’à ce que Christophe Colomb ne le “découvre”. Cette loi mérite d’être extirpée du sombre passé et mise en pleine lumière.

Apparemment, les gens du Dakota du Sud en ont eu assez d’être témoins des injustices historiques perpétrées à l’encontre des Autochtones de leur état. Pendant trop longtemps, l’Amérique blanche a vu passer sans rien faire des lois injustes qui promeuvent le racisme et incitent à ce que des guerres génocidaires continuent de se produire. Le 25 janvier 2018, le Sénat du Dakota du Sud a adopté la Résolution Sénatoriale 1, qui confirme “la légitimité de, et le soutien du Dakota du Sud pour, le Traité de Fort Laramie de 1868”.

La plupart des citoyens du Dakota du Sud connaissent leur histoire. Qui peut oublier la prise de la Mine d’Or Homestake? Comme le Président Grant l’a dit à l’époque, “De l’or a été découvert dans les Black Hills, une partie de la Réserve Sioux”. Même cet évènement aurait été expurgé des livres d’histoire, sans une nouvelle technologie de l’époque – la photographie. Les photographes ont gravé dans la mémoire américaine les images des morts empilés, sur le point d’être jetés dans une fosse commune, à Wounded Knee.

Ce qu’il ne faut jamais oublier, ce sont les lois qui justifient l’accaparement de terres. Les tactiques utilisées par le gouvernement par le passé, contre d’autres tribus ayant des traités, ne doivent jamais être oubliées. C’est seulement à la lumière de précédents légaux passés que la loi coloniale raciste peut être comprise. La terrible leçon à en tirer, c’est de ne jamais s’aventurer devant une Cour de l’homme blanc pour chercher d’obtenir ses droits selon les traités, parce qu’on ne peut pas gagner devant un tribunal bidon. Tout ce qui a jamais été obtenu, en présentant un traité devant une Cour de l’homme blanc, ce n’est pas des droits sur le territoire, mais une maigre compensation financière, agitée devant un peuple appauvri, pour la perte de sa terre natale.

Le Gouvernement des Etats-Unis a cité Johnson v. M’Intosh en 2001, comme raison pour ignorer le Traité de Ruby Valley de 1863 avec les Shoshone de l’Ouest.

En 1955, quand le gouvernement a vendu tout le bois des Indiens Tee-Hit-Ton d’Alaska à une compagnie forestière, et coupé tous les arbres autour de leurs villages, le gouvernement a aussi cité Johnson v. M’Intosh. La Cour Suprême a gravé cette loi coloniale dans la pierre quand le Juge Stanley Reed a écrit le texte de l’opinion majoritaire, qui disait entre autres:

“Ça laisse au Congrès, comme il se doit, la politique de gratifications aux Indiens pour liquider l’occupation Indienne de terres appartenant au gouvernement, plutôt que de faire de la compensation pour sa valeur un principe constitutionnel rigide.”

“… Après la conquête (les tribus indiennes) ont été autorisées à occuper des portions de territoires sur lesquelles ils avaient précédemment exercé la souveraineté, si nous utilisons ce terme. Ce n’est pas un droit de propriété mais ça en revient à un droit d’occupation qui … peut être révoqué et … dont l’Etat souverain peut disposer lui-même sans obligation légale de donner une compensation aux Indiens … Ce statut des Indiens a depuis longtemps été rationalisé, par la théorie légale de la découverte et la conquête a donné aux conquérants la souveraineté sur – et la propriété des terres ainsi obtenues.”

Durant la Seconde Guerre Mondiale, Hitler menait une politique de confiscation de terres appelée “Lebensraum” – espace vital. […] Il appelait les peuples qui vivaient déjà dans ces territoires des “indigènes”. Une fois, il dit en parlant des Juifs et des Slaves “Les indigènes seront nos Peaux Rouges”. […]

A Standing Rock, les Autochtones qui vivaient sur le territoire depuis des temps immémoriaux, ont été arrêtés pour effraction et désignés comme terroristes. De telles confrontations auraient, dans le passé, résulté dans l’éradication des Indiens de la surface de la terre et de la mémoire américaine, s’il n’y avait pas eu la vidéo et les médias sociaux.

Apparemment, les citoyens du Dakota du Sud en ont eu assez d’appartenir au Rêve Américain qui est un Cauchemar Américain pour les Autochtones. S’il est bon de vivre selon la loi, être témoin de lois injustes qui dépossèdent un peuple entier à la manière des Nazis a dépassé les limites du supportable.

 

Steve Melendez, Païute
Président du Musée du Génocide Amérindien
http://www.aigenom.org

 

colombsavage1

 

Par Steve Melendez, Paiute de Pyramid Lake,
Président du Musée du Génocide Amérindien indmuseum@yahoo.com
31 mars 2016
Publié sur Censored News
Ook in het Nederlands vertaald door Alice Holemans
Traduction française Christine Prat

 

 

 

 

Liberté et Justice pour Tous sauf les Indiens

 

J’ai eu un jour une conversation avec mon frère, dans laquelle nous nous demandions pourquoi, semblait-il, que chaque fois que des Indiens essayaient d’aller en justice contre le gouvernement, ils perdaient. J’ai alors dit que j’avais lu un livre de Bob Woodward intitulé The Brethren [Les Frères] dans lequel il disait : « Rehnquist n’avait que du mépris pour les affaires concernant des Indiens… Ne laissant jamais passer une occasion, Rehnquist retournait une décision en faveur des Indiens en une décision indiquant que dans la plupart des affaires de justice, ils perdraient. Ça a balayé des décennies de décisions de Douglas. » Le Juge William H. Rehnquist devait plus tard devenir Président de la Cour Suprême.

On en vient à se demander s’il y a une culture en Amérique qui tolère la discrimination raciale contre les Indiens. Et on a la surprise de découvrir que cette culture de l’injustice est en fait inscrite dans la loi! Le Dictionnaire Juridique de Black en donne la définition: « Découverte – Droit International: En tant que fondement pour toute affirmation de propriété nationale ou de souveraineté, la découverte est le fait de trouver un pays, un continent, ou une île jusque là inconnu, ou jusque là connu seulement de ses habitants non-civilisés. »

columbus wantedChacun peut se rendre compte du ridicule et de l’injustice d’un tel état d’esprit. Le 24 septembre 1992, un Chippewa, Adam Nordwall, est descendu d’un avion à Rome et pris possession de l’Italie « selon le droit de la découverte. » « Quel droit avait Christophe Colomb de découvrir l’Amérique alors qu’elle était déjà habitée depuis des milliers d’années? » demanda t-il.

Cette « Doctrine de la Découverte » prétend que dès qu’il a planté son drapeau dans le sol, l’homme blanc possède tout. Si vous voulez savoir pourquoi les Indiens perdront toujours devant les tribunaux Américains, c’est parce que, quand c’est fait au détriment des Indiens, ce n’est pas de la fraude ou du vol, ça s’appelle Doctrine de la Découverte. Pour comprendre comment ça s’est compliqué et raffiné, vous devez connaître l’histoire.

Dans les années 1870, le gouvernement s’est emparé des Black Hills parce que de l’or y avait été découvert. C’est presque comme dans le film Avatar, largement inspiré par cette époque odieuse de l’histoire de l’Amérique. Le gouvernement s’en est emparé en violation du Traité de Fort Laramie de 1868. A l’époque, le Président Grant, devant une session plénière du Congrès, a dit: « La découverte d’or dans les Black Hills, une portion de la Réserve Sioux… » Puis il a suggéré une vieille recette pour provoquer la guerre – la famine. Il a ajouté: « Le Ministre de l’Intérieur suggère que l’approvisionnement nécessaire à la subsistance de ces gens, n’étant plus obligatoire selon le Traité de 1868, mais seulement un don gratuit, peut être fourni ou refusé selon son bon vouloir. »

Etant donné que les Indiens n’étaient pas citoyens avant 1924, les Sioux ont essayé pendant tout ce temps de faire valoir leurs droits selon le traité devant un tribunal Américain. En 1920, les Sioux ont présenté leur plainte devant la Cour des Réclamations. La Cour des Réclamations a fait traîner l’affaire pendant dix-neuf ans et l’a finalement rejetée en 1942. Pendant que la Cour utilisait ses tactiques de retardement avec les Sioux, le Ministre de l’Intérieur Harold Ickes [photo Library of Congress] essayait de trouver un moyen de circonvenir le traité. Il trouva sa solution dans le Rapport Final de la Commission des Réclamations Indiennes. « En 1934 et au début de 1935, les partisans d’une Cour Indienne ont déposé deux nouveaux projets de loi pour établir une Cour des Réclamations Indienne. Les deux projets ont été ignorés… Le Ministre de l’Intérieur Harold Ickes s’est prononcé contre et a appelé à l’attention des Sénateurs un projet présenté récemment à la Chambre pour créer une Commission des Réclamations Indiennes au lieu d’une cour, ce qu’il considérait comme étant préférable. Avec l’introduction en mars 1935, de la loi HR 6655, une loi destinée à créer une Commission des Réclamations Indiennes, l’intention législative de régler les Réclamations Indiennes s’est déplacée irréversiblement de la considération d’une forme juridique à celle d’une commission. Entretemps, le Congrès et le Ministre de l’Intérieur avaient le sentiment qu’une commission plutôt qu’une procédure adverse pouvait plus facilement ‘couper’ le cordon rouge… »

La nature diabolique de ce que Harold Ickes préparait pour les Indiens est dans les mots « une commission plutôt qu’une procédure adverse ». Il dit que « la commission proposée devait être composée de trois commissaires nommés par le Président… » Ce qu’a fait Harold Ickes a été d’établir le parfait appareil pour appliquer la Doctrine de la Découverte (l’homme blanc possède tout). Le mot-clé ici est ‘réclamation’. La définition légale de ‘réclamation’ est ‘divers types de liens qui peuvent être opposés’ contre le titre de quelqu’un d’autre. Quand les Sioux ont à nouveau déposé une plainte auprès de la Commission des Réclamations Indiennes en 1950, les Indiens reconnaissaient en fait la propriété juridique du gouvernement. Etant donné qu’il n’y avait aucun autre recours, les Sioux n’ont jamais eu de chance d’accéder à un tribunal.

Les Indiens ne peuvent jamais gagner parce que le Ministre de l’Intérieur, Harold Ickes, a truqué le système il y a longtemps, en 1935. Quand il s’agissait de dire une chose et de signifier son contraire, le langage de la Commission des Réclamations Indiennes était presque satanique dans son hypocrisie. Il a dit: « Le projet de loi en soi ne fournit pas de jugement sur toute réclamation Indienne. » Il a aussi suggéré qu’ils éliminent les mots ‘accorded prima facie weight’ [poids prima facie accordé], ce qui signifie que la commission ne rechercherait pas de faits avérés vrais. Ça signifiait que les Commissaires pouvaient ignorer des faits comme celui que les Indiens avaient vécu là depuis des millénaires, ou celui qu’ils avaient signé un traité. Pour les Indiens, la Commission n’avait aucun poids, mais l’opinion de trois cowboys était une toute autre affaire. Quand la Loi sur la Commission des Réclamations Indiennes est passée, en 1946, le texte incluait les termes suivants: « Quand le rapport de la Commission, déterminant si un quelconque plaignant est fondé à se voir restituer [ce qu’il réclame] a été déposé au Congrès, un tel rapport a le même statut de jugement final que celui de la Cour des Réclamations… le paiement pour toute réclamation… libérera totalement les Etats-Unis de toutes réclamations ou demandes ayant trait aux questions impliquées dans la controverse. »

Les Shoshone de l’Ouest qui, après tant d’années, essaient toujours de voir honoré leur Traité de Ruby Valley de 1863, sont allés aux Nations Unies, où des officiels des Etats-Unis ont admis que les Etats-Unis se fondaient sur la Doctrine de la Découverte.

Le 6 août 2001 il a été demandé aux représentants officiels des Etats-Unis:

« Quelle est la position des Etats-Unis sur leur traité de 1863 avec la tribu Shoshone? Les Etats-Unis font-ils preuve de discrimination quant au respect des droits de propriété de la tribu, entre autres en s’appropriant les terres de la tribu et en autorisant l’utilisation de ces terres pour stocker des matériaux radioactifs? »

Réponse: « Tout comme dans le cas des Shoshone, beaucoup de réclamations de terres tribales Autochtones sont fondées sur un titre aborigène qui crée des droits de propriété aux tribus, contre des tiers ou des états. La doctrine du titre [de propriété] aborigène est une doctrine créée juridiquement, enracinée dans des concepts coloniaux de propriété issus de réclamations contradictoires entre les colons Européens et les Autochtones sur une terre à faible densité de population, du fait de la nature migratoire de certains modes de vie tribaux. Les réclamations ont pour la première fois été prises en considération dans la décision de la Cour Suprême des Etats-Unis dans l’affaire Johnson contre McIntosh, 21 U.S. (8 Wheat.) 543, 574 (1823), qui affirmait qu’en conséquence de la découverte Européenne, les Autochtones avaient un droit d’occupation et de possession, mais que les droits tribaux de complète souveraineté étaient nécessairement amoindris par le principe selon lequel la découverte donne un droit exclusif à ceux qui l’ont faite. En conséquence, la capacité des tribus à vendre ou accorder la propriété était assujettie à l’approbation de [l’Etat] souverain. »

Quand vous vous rendez compte que la Commission des Réclamations Indiennes était fondée sur la Doctrine de la Découverte et que vous pensez à tout ce qu’elle contient de retord, de détours et de faux-semblants, vous ne pouvez vous empêcher d’admirer leur génie purement démoniaque. C’est quasiment comme si le Ministère de l’Intérieur était géré par l’Antéchrist.

Nous pouvons remercier Carrie Dann et son combat, qui, tout comme celui des Lakota, se réfère à un traité pour dévoiler les sombres arrangements et la perfidie du gouvernement des Etats-Unis vis-à-vis des Autochtones. Les gens qui pensent bien l’honoreront et en tireront des enseignements. Si la regrettée Elouise Cobell avait appris ce qu’il fallait de Carrie Dann, elle aurait su ce qui allait arriver. Elle a porté plainte contre le gouvernement pour le non-paiement de redevances depuis plus d’un siècle. Le gouvernement a joué son air habituel de tactiques de retardement pendant treize ans. Pendant treize ans ils ont utilisé la défense de l’Immunité de l’instance Souveraine (le roi ne peut rien faire de mal et donc ne peut pas être poursuivi) alors qu’ils laissaient tranquillement le Congrès changer les normes requises pour les recours collectifs en justice [ces class actions qui n’existent toujours pas en France – NdT]. Ils ont tranquillement obtenu du Congrès d’attribuer des compensations financières qui en revenaient à donner des centimes pour un million. Puis, à la vitesse de l’éclair, le gouvernement a renoncé à son immunité souveraine, mis de l’argent sur la table et, en abattant le marteau du Congrès, a paru dire « Et pan, ça y’est! » Elouise a obtenu deux millions, certains 500 dollars et la plupart n’ont rien eu.

 

Maintenant, une catégorie de gens qui ont appris de Carrie Dann sont les Premières Nations du Canada. Quand le gouvernement Canadien a fait passer la loi C-45, qui cassait tous les traités, les Autochtones ont non seulement déclenché leurs actions Idle No More, mais ils sont aussi allés directement aux Nations Unies. Leur argument était le suivant: Nous avons un traité, ce qui constitue un contrat international et si un contrat est rompu, selon la loi, la propriété retourne au propriétaire d’origine. De Carrie Dann, de plus en plus de gens apprennent que des traités ne peuvent qu’être perdus dans un système légal fondé sur la loi coloniale.

Steve Melendez