LEONARD PELTIER A OBAMA: ARRETEZ TOUTES LES GUERRES!

l_peltier

 

LEONARD PELTIER PARLE DE SA PRISON A ‘DEMOCRACY NOW !’ DU DENI DE SOINS MEDICAUX, DE SA REQUETE DE CLEMENCE

Publié par Censored News

Traduction Christine Prat

See original article in English on Censored News or on Democracy Now

 

Amy Goodman : Samedi, après le concert pour Leonard Peltier au Beacon Theatre, j’ai eu la possibilité de parler directement avec Leonard, lorsqu’il s’est adressé par téléphone à une conférence de presse organisée par des Anciens Autochtones, ses avocats et Pete Seeger. J’ai mené l’interview du premier rang de la conférence de presse, par liaison téléphonique avec le Pénitencier de Coleman, Floride. Peltier a été condamné en 1977. Il a maintenant 68 ans.

 

Amy Goodman : Leonard, c’est Amy Goodman de Democracy Now! Je voulais …

Leonard Peltier: Oh, Amy, bonjour. Comment çà va?

Amy Goodman : Bonjour. Je vais bien. Je me demandais si vous aviez un message pour le Président Obama ?

Leonard Peltier : A quel sujet ?

Amy Goodman : Votre situation ou la situation de monde

Leonard Peltier : Arrêtez toutes les guerres. Arrêtez toutes les guerres. Sinon quoi ? De quel genre de message parlez vous ?

Amy Goodman : Il y a plusieurs messages que vous pourriez faire passer.

Leonard Peltier : OK. Eh bien, vous savez, j’espère seulement qu’il puisse mettre fin aux guerres en cours dans le monde, et arrêter de … tuer tous ces gens qui se font tuer, et, voyez vous, rendre les Black Hills à mon peuple, et me libérer.

Amy Goodman : Pouvez vous partager avec les gens qui assistent à la conférence de presse et avec le Président Obama les raisons pour lesquelles vous devriez… votre condamnation devrait être commuée, pourquoi vous demandez la clémence ?

Leonard Peltier : Eh bien, pour commencer, je n’ai jamais eu de procès équitable. Vous savez, mon affaire a été tordue dès qu’il y a eu des audiences devant les jurés. A l’audience devant le jury, ils ont eu un témoin à charge que je n’avais jamais rencontré de ma vie. Et avec mon extradition du Canada, ils ont violé les lois internationales. Et au procès, il y avait des racistes avérés – il y avait des racistes avérés parmi les jurés. Ils ne m’ont pas autorisé à organiser ma défense, les preuves étaient fabriquées, les témoins étaient fabriqués, des témoins ont été torturés. Vous savez la liste est… la liste continue. Donc je pense – après 37 ans – que je suis un très bon candidat pour la grâce ou au moins l’assignation à résidence.

Amy Goodman : Que signifierait une assignation à résidence ? Et pouvez-vous décrire la situation dans la prison en Floride où vous vous trouvez maintenant ?

Leonard Peltier : Eh bien, je suis dans un pénitencier des Etats-Unis – un super maxi pénitencier. Et c’est comme tout les autres pénitenciers. Et l’assignation à résidence voudrait dire que je serais chez moi… assigné à résidence chez moi. Je devrais probablement porter un bracelet électronique, un bracelet à la cheville, mais ce serait bien mieux qu’ici. Au moins je pourrais recevoir des soins médicaux. Vous savez, çà va très mal avec ma prostate, et c’est de pire en pire. Çà ne s’arrange pas. Çà ne guérira pas tout seul, çà ne fait qu’empirer.

Amy Goodman : Vous avez été condamné pour complicité dans le meurtre de ces deux agents du FBI. Qu’avez-vous à dire là-dessus ?

Leonard Peltier : Au départ, j’ai été condamné pour meurtre, mais après que leurs affirmations se soient effondrées, ils ont entériné la condamnation sur la base de l’indice le plus controversé, l’arme du crime. Alors nous avons déposé une requête suivant la Loi sur la Liberté d’Information et avons trouvé deux documents sur des testes scientifiques du laboratoire où ils testent les armes à feu et qui se sont révélés négatifs. Donc c’était encore un autre élément… encore une preuve fabriquée, à part Myrtle Poor Bear, les témoins et autres choses de ce genre. Mais alors, l’affaire s’est effondrée.

Puis, en 1992… en 1985, quand le Juge Heaney, de la Cour d’Appel fédérale du 8ème Circuit a demandé aux procureurs de quoi au juste M. Peltier était accusé, vu qu’il n’y avait aucun indice de meurtre dans le dossier, le procureur Lynn Crooks a déclaré que le gouvernement ne savait pas qui avait tué les agents, ni quel rôle Leonard Peltier avait pu avoir dans l’affaire. Donc, en 1992, j’ai fait appel, demandant à nouveau, « Qu’est-ce que je fais… pourquoi suis-je en prison si le gouvernement ne sais pas pourquoi j’y suis ? » Alors ils ont changé [le chef d’accusation] en complicité, ce qui est illégal, étant donné que je n’ai jamais été accusé de cela, que je n’ai jamais été poursuivi pour cela, et çà exige une défense totalement différente au procès. Donc je ne sais absolument pas pourquoi je suis ici.

Amy Goodman : Quel est votre état de santé ? Et comment pourriez-vous caractériser les conditions de détention à Coleman ?

Leonard Peltier : Oh, c’est un pénitencier des Etats-Unis, voyez-vous, et ils ne cessent d’empirer d’année en année. Ils ne sont pas… ils ne sont pas comme ils étaient il y a 20, 30 ans.

Et j’ai… en fait, j’ai un gros problème de prostate. Je veux dire, le docteur a dit qu’un côté, de ma prostate,  avait l’air sain, et l’autre pas, quand ils m’ont fait ce test il y a plus d’un an. Mais jusqu’à maintenant, çà n’a pas l’air d’être un cancer. Oui, bon, c’est bien – c’est une des principales causes de mort. Alors, ils me donnent une pilule, c’est tout.

Amy Goodman : Et le diabète ?

Leonard Peltier : Çà, j’en ai…  et tous les autres trucs aussi – diabète, haute tension, une petite crise cardiaque, un petit AVC, une fois. En fait, je m’écroule.

Amy Goodman : Avez-vous encore un espoir d’être libéré un jour ?

Leonard Peltier : En fait, d’après la loi, ils ont 30 ans pour vous libérer obligatoirement. Au bout de 30 ans, j’aurais dû être libéré. Bien sûr, c’est passé. En février, j’aurai fait 37 ans. Mais il faut savoir aussi que quand j’ai été condamné, perpétuité voulait dire sept ans. Je n’ai pas été condamné à la perpétuité sans possibilité de remise de peine ; juste perpétuité. Donc, en fait, j’ai fait cinq, six fois perpétuité maintenant. Et, voyez vous, c’est vraiment… c’est encore une fois en violation de leurs propres lois, juste sur ce point. Alors, je ne sais pas. Je lutte. Je lutte pour çà. Je vais essayer de sortir.

Amy Goodman : Quel est votre….

Leonard Peltier : Je n’en sais rien, je ne peux rien anticiper. Actuellement… actuellement çà ne se présente pas bien. C’est tout ce que je peux dire.

Amy Goodman : Comment réagissez-vous aux campagnes du FBI contre votre libération ?

Leonard Peltier : Oh, ils ne font que… ils ne disent que des conneries. En fait, c’est contre eux qu’il devrait y avoir des enquêtes pour tous les meurtres qu’ils ont commis à Pine Ridge. Ils ont soutenu toutes ces tueries. Ils les ont financées. Ils ont donné des renseignements et des balles perforantes et des armes sophistiquées. Tout cela a été fait… tout cela a été déclaré par Duane Brewer, un des chefs des escadrons GOON sur la réserve. Donc, je répète, c’est eux qui devraient être l’objet d’enquêtes, et, d’ailleurs – je peux le dire maintenant – certains Indiens et un sénateur… des sénateurs du Dakota du Sud demandent maintenant une enquête sur le sujet. Ils vont mettre çà au point. Et le fils de Tim Johnson, qui est avocat… au bureau du procureur général du Dakota du Sud… Tim Johnson est membre du Congrès là-bas. Son fils va diriger l’enquête.

Amy Goodman : Et quel est le but de tout cela ?

Leonard Peltier : Eh bien, de mettre les assassins en prison. Je veux dire, c’est comme çà que je le vois. Je veux dire…

Amy Goodman : Pour les gens qui ne connaissent pas votre affaire, plus particulièrement les jeunes, comment voudriez-vous que ce soit présenté ? Comment voudriez-vous, Leonard Peltier, qu’ils vous connaissent ?

Leonard Peltier : Oh, juste comme quelqu’un qui a lutté pour les droits de son peuple et qui a essayé d’empêcher la loi dite « Termination Act » et tous les autres crimes commis contre mon peuple. C’est la seule raison pour laquelle je suis ici. Ils ne m’ont pas eu… ils n’ont rien prouvé contre moi. Ils n’ont pas prouvé que j’aie fait quoique ce soit, certainement pas tué quelqu’un.

Amy Goodman : Que feriez-vous si vous étiez libre ?

Leonard Peltier : Oh, j’irais probablement chez moi, en résidence surveillée. Je veux dire, c’est la seule chose que je puisse espérer, vu que je ne pense pas qu’Obama va accorder… il va faire ce qu’a fait Bill Clinton, et il n’accordera pas de pardon avant sa dernière année. Il ne fera pas… çà n’arrivera pas. Je ne le crois pas. Alors j’essaie… nous essayons… George Bush a signé la Loi de la Deuxième Chance, ce qui veut dire assignation à résidence, nous essayons de l’obtenir, pour que je puisse aller là-bas, pour au moins pouvoir peut-être… si je suis assigné à résidence, je pourrai au moins avoir des soins médicaux, parce que, voyez-vous, il ne me donnent pas… ils ne me les donnent pas. Simplement… ils ne me les donneront pas. C’est tout le problème. Et je pouvais, j’irais chez moi, dans le Dakota. Il ne me reste que dix secondes. Le signale me donne juste… juste une minute, je crois. Mais sinon…

Amy Goodman : Qu’est-ce qui vous donne…. Qu’est-ce qui vous donne de l’espoir, Leonard ?

Leonard Peltier : Des gens comme vous et tous les autres qui me soutiennent et mon peuple. C’est le seul espoir que j’aie.

Amy Goodman : Et quel est le sens de la venue de Harry Belafonte, Pete Seeger et un millier d’autres gens qui sont venus hier soir en votre honneur ?
Leonard Peltier : Je dois vous dire ceci. Je dois le dire très brièvement. Il ne me reste que 10 secondes. Merci, merci, à tous merci beaucoup. Je suis désolé, je ne peux pas… mon temps est écoulé, il faut que je raccroche.

LE PUBLIC: On t’aime Leonard. On t’aime Leonard. Courage.

Amy Goodman : Vous avez entendu Leonard Peltier. Je lui parlais d’une conférence de presse samedi par téléphone. Il était – il est toujours – emprisonné au Pénitencier de Coleman, Floride. Il est en prison depuis 37 ans et demande la clémence du Président Obama. Vendredi un grand concert a eu lieu à New York pour demander sa libération. Peltier est un des prisonniers les plus célèbres et détenus depuis le plus long temps d’Amérique. Allez sur notre site democracynow.org pour le voir réciter ses propres poèmes [reading his own poetry] et voir Peter Coyote relater l’affaire [en anglais]

 

Comments are closed.