Douzième Session du Forum Permanent des Nations Unies sur les Questions Autochtones, du 20 au 31 mai 2013 à New York

Publié par Indigenous Action Media
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29 mai 2013

Traduction Christine Prat

 

TACHES FUTURES DU FORUM PERMANENT

 

L’Alliance Ndee-Nnee* aimerait remercier Bik’ehgo’ihi’nan, le Donneur de Vie, et Nigodzan, La Terre est une Femme, pour nous avoir donné la vie et permettre à tous nos frères et sœurs autochtones d’être présents ici, dans le grand pays du Lenape, que nous remercions pour nous autoriser à nous réunir dans son territoire inhérent.

L’Alliance Ndee-Nnee recommande à l’UNPFII [Instance Permanente des Nations Unies sur les Questions Autochtones] pour ses travaux futurs, les secteurs des herbicides, pesticides, contaminants chimiques et toxiques, des violations des sites sacrés par des gouvernements et des compagnies privées, et de la militarisation de la frontière Etats-Unis/Mexique, qui actuellement inhibent la culture, la santé et l’autonomie des Peuples Autochtones, non seulement dans notre région mais dans le monde entier.

Alors que les Etats-Unis expriment la rhétorique creuse de leur préoccupations concernant des droits de l’homme dans divers endroits du monde, comme la Birmanie, la Chine, le Tibet et la Syrie, pour citer quelques exemples, allant même jusqu’à fournir une évaluation des droits de l’homme par l’intermédiaire de son propre ministère des Affaires Etrangères, pratiquement rien n’est jamais dit de la violation incessante des droits humains du peuple d’origine de ce pays, le peuple Autochtone. C’est déjà suffisamment grave que des 370 traités établis entre le gouvernement des Etats-Unis et les Nations Autochtones depuis le début de la colonisation de l’Ile de la Tortue, pas UN n’ait été respecté.

C’est donc à juste titre que le Comité pour l’Elimination de la Discrimination Raciale de la Commission des Droits de l’Homme des Nations Unies, dans son rapport du 1er mars 2013, a exprimé de sérieuses inquiétudes sur le fait que les Etats-Unis n’aient pas pu fournir un rapport répondant à la question de la montée des violations des droits humains des peuples autochtones soulevée par le Comité, rapport qui devait être remis le 20 novembre 2011, en particulier en ce qui concerne les questions cruciales suivantes :

La construction d’un vaste mur de sécurité sur la frontière Texas/Mexique fondée sur le but affiché d’empêcher l’entrée aux Etats-Unis de supposés terroristes, immigrants sans papiers et trafiquants de drogue, construction qui implique le Service de Sécurité Intérieure, et ignore 36 lois fédérales et d’état, parmi lesquelles la Loi sur la Politique Environnementale Nationale, la Loi sur la Liberté Religieuse des Amérindiens et la Loi Administrative, et ce sur des terres sur lesquelles la Nation Traditionnelle Kikapoo du Texas, la Nation Ysleta del Sur Pueblo (Tigua) et les Lipan Ndé (Apaches) ont vécu depuis des temps immémoriaux et sont victimes de la construction du mur, entamée sans consultation de ces peuples Autochtones, qui a saccagé des systèmes écologiques et des terres, et profané des sites culturels sacrés faisant partie intégrante de ces communautés et les empêchant d’avoir accès aux éléments nécessaires aux cérémonies traditionnelles. Les droits des Lipan Ndé (Apaches) en particulier requièrent une attention sérieuse étant donné que cette nation n’est pas reconnue par le gouvernement des Etats-Unis et n’a pas accès aux tribunaux pour redresser les torts subis. Il faut aussi souligner que des entreprises commerciales non-Autochtones, comme le terrain de golf de River Bend sur la frontière Texas/Mexique ont été totalement épargnées, aussi bien s’agissant de leurs propriétés que de leurs activités, par la construction du mur.

L’impact de la Station de Ski Arizona Snowbowl sur la montagne sacrée du Nord de l’Arizona, Dook’o’oosliid (San Francisco Peaks) sur les pratiques culturelles et les cérémonies sacrées de toutes les nations Autochtones du sud-ouest des Etats-Unis, spécialement parce que la Station de Ski a l’intention d’amener des eaux usées sur la montagne pour faire de la neige pour skier.

Depuis que le contact a été établi avec Nnee, des Industries d’Extraction, principalement de grandes compagnies minières, exploitent les ressources naturelles à l’intérieur des limites territoriales, culturelles et spirituelles de la communauté, causant des dommages à la santé et au bien-être de Nnee et de tous les peuples.

Le combat en cours entre, d’une part, Rio Tinto, Zinc et B.H.P. Billiton (qui ont fondé ensemble une filiale sous le nom de Compagnie Resolution Copper) et, d’autre part, Nnee à propos de l’Echange de Territoire au Sud-est de l’Arizona et la Loi de Conservation de 2013. Cette loi a été présentée à la Chambre des Représentants des Etats-Unis sans le Consentement Libre, Préalable et Informé de Nnee. La zone où Resolution Copper veut extraire du minerai de cuivre est un site sacré pour Nnee et les autres peuples Autochtones du sud-ouest des Etats-Unis et du nord du Mexique. Le site conserve aussi une signification historique dans les limbes du temps à travers le récit oral et l’esprit à l’intérieur de Nnee, mais aussi dans l’histoire coloniale de l’Arizona, des Etats-Unis ainsi que les histoires Mexicaine et Espagnole. Pas seulement la culture est en jeu, l’Eau aussi. Dans un territoire connu pour ses terres désertiques et ses saisons de sècheresse, notre eau sacrée et précieuse pour les gens assoiffés sera épuisée au profit de la richesse des royaumes, des nations, des gouvernements et des entreprises privées, sous couvert de capitalisme et de sociétés de marchés libres, qui continuent à promouvoir et imposer des effets nocifs sur la santé, spécialement l’air pollué issu des mines, que Nnee respire quotidiennement, et qui est connu pour ses effets sur la thyroïde des êtres humains.

Il y a des tentatives répétées de la part des législateurs fédéraux et de ceux des états de perturber les terres ancestrales des peuples Autochtones en les ouvrant au transfert à des multinationales minières et à des entreprises énergétiques privées, et à des promoteurs commerciaux.

Une mention particulière a été faite des effets mortellement destructeurs de la décharge de déchets nucléaires sur la Yucca Mountain dans le Nevada et la reprise des essais nucléaires souterrains sur les terres ancestrales de Newe Segobia (Shoshone de l’Ouest) en violation fondamentale du Traité de Ruby Valley de 1863. Les Newe Segobia ont déclaré leurs terres zone dénucléarisée, cependant le gouvernement des Etats-Unis continue à utiliser ces terres pour des tests nucléaires souterrains, au rythme de plus de 1000 au cours des 60 dernières années, ces actions étant fondamentalement illégales.

Il est important d’ajouter que les droits de la Nation Nnee à San Carlos, Arizona, ont été et sont encore violés expressément par l’introduction et l’épandage de douze herbicides majeurs […] (contenant des ingrédients utilisés dans l’Agent Orange qui servait de défoliant aux militaires U.S. au Vietnam) au rythme de plus de 36000 m² par an sur les forêts de Coconino, Kaibab et Prescott [classées Parcs Nationaux – NdT] aux abords des grandes routes fédérales et d’état. L’épandage de ces herbicides toxiques par le Service des Forêts des Etats-Unis sous prétexte d’éliminer les mauvaises herbes et les plantes qui tendent à proliférer, sans le consentement préalable, informé et libre de la Nation Nnee et de ses membres, a été déployé dans chaque District et couvre une vaste diversité écologique du Désert du Sonora à la forêt de conifères, qui comprend aussi les bassins hydrographiques de Salt River, Verde River, Agua Fria, New River et Cave Creek et contamine des ressources en eau au cours du processus. Quelque 11000 km² de forêt sont affectés. Ces conditions dangereuses ont résulté en des problèmes de santé aux suites mortelles chez beaucoup de membres de la Nation Nnee qui souffrent maintenant de cancers et autres maladies graves dues à l’empoisonnement de l’eau et de la végétation. L’Alliance Apache Chiricahua est actuellement en train de rassembler des informations sur ces dangereux problèmes de santé d’après les récits des membres de la communauté Autochtone.

Il est également inquiétant de constater que des membres de la Nation Autochtone Tohono O’odham dont les terres chevauchent la frontière entre l’Arizona et le Mexique, continuent d’être victime de harcèlement, d’intimidation et de terreur de la part des autorités de la frontière U.S., lorsqu’ils la traversent pour participer à des cérémonies ancestrales, à cause de la présence d’un mur électrifié et de la profanation des sites sacrés par des administrations d’état comme la Patrouille des Frontières des Etats-Unis. La situation a escaladé au point que les membres de la communauté O’odham ne rendent plus visite à leurs voisins et craignent de quitter leur domicile la nuit suite aux inquiétudes qu’ils éprouvent pour la sécurité de leurs enfants et des personnes âgées. La souveraineté des Tohono O’odham doit être reconnue par le gouvernement des Etats-Unis conformément aux protections légales assurées par la loi internationale et nous appelons immédiatement les services de sécurité fédérales des Etats-Unis à renoncer à envahir plus avant les terres O’odham sous prétexte de poursuivre des passeurs de drogue.

Le génocide des peuples Autochtones a commencé avec la première invasion de pirates Européens conduits par Christophe Colomb au 15ème siècle, d’abord dans les Caraïbes, suivies par l’Amérique du Sud et l’Amérique Centrale, et au 17ème siècle l’Ile de la Tortue (l’Amérique du Nord). Alors que les Etats-Unis ont créé un empire capitaliste mondialisé qui a accumulé des milliers de milliards de dollars en quatre siècles et demi, peu de gens dans le monde reconnaissent que cette avidité obscène et insatiable de terres, de minerais et de richesses qui a résulté dans la création de la puissance militaire et économique la plus riche du monde, impliquait en fait la réduction en esclavage de peuples Africains et le génocide systématique des Autochtones de ces terres. Il est grand temps que les organismes mondiaux de justice tels que la Commission des Droits de l’Homme des Nations Unies et la Cour Internationale de Justice exigent que les Etats-Unis s’abstiennent désormais de poursuivre leurs actions génocidaires en violation de la loi internationale sur les droits de l’homme et rendent sans conditions les terres et la souveraineté des Peuples Autochtones dans l’intérêt général de la justice, la paix et l’harmonie. Les Etats-Unis ne peuvent plus être protégés de tout examen de leur poursuite obsessionnelle de ressources pour l’industrialisme capitaliste par le biais de génocide perpétuel et de guerres sur tous les continents, qui mettent la première nation du monde hors-la-loi.

 

* Note: Ndee-Nnee est de toute évidence une variante orthographique de Diné (Navajo); Bik’ehgo’ihi’nan (le Donneur de Vie) a une forme grammaticale typiquement Navajo; dans le reste du texte, il semble que les auteurs utilisent le mot ‘Nnee’ pour désigner tous les Autochtones d’Amérique.

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