Par Brenda Norrell
Censored News (exclusivité)
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Traduction Christine Prat

25 novembre 2013 

SAN FRANCISCO – La sixième Conférence Annuelle de l’AIM Ouest a commencé ce lundi matin par une prière et un chant accompagné au tambour. Les Lakota Bill Means et Madonna Thunder Hawk ont été parmi les premiers à arriver au rassemblement, qui consistait en des présentations pendant deux jours, le diner annuel de ‘un-thanksgiving’ le troisième jour et un concert le quatrième jour.Bill Means a débuté son allocution par une salutation Lakota, « Mon cœur est fort et je tend la main dans l’amitié ». Means dit être devenu membre de l’AIM dans un bunker au Vietnam, quand il a vu son frère Russell Means dans le magazine militaire « Stars and Stripes ». Russel Means, qui est maintenant passé dans le Monde des Esprits, protestait sur la Côte Est en 1968. L’article disait : « Le Rocher de Plymouth aurait dû arriver sur les Pèlerins – plutôt que les Pèlerins sur le Rocher de Plymouth ».

Bill Means dit qu’alors il fut impatient de quitter l’armée pour devenir membre de ce mouvement.

Bill Means a parlé des trois ennemis identifiés des Indiens, et de comment l’AIM a cherché des solutions, entre autres en demandant le respect des Traités et des efforts charitables pour diriger les Autochtones vers des emplois et le développement de leurs communautés.

L’AIM a été fondé dans les années soixante, une époque qui ne ressemblait à aucune autre. C’était l’époque des Black Panthers à San Francisco ; de Martin Luther King en Alabama ; de la lutte pour les droits des femmes ; du mouvement contre la guerre. Means dit avoir été membre des Vétérans du Vietnam contre la Guerre.

Bill Means a rencontré l’American Indian Movement pendant l’Occupation d’Alcatraz et était impatient de l’implanter chez lui à Pine Ridge. « Nous avions toujours une solution que nous étions prêts à appliquer ». Means dit qu’il y avait un document de principe en 20 points sur la Piste des Traités Violés.

L’AIM avait identifié trois ennemis du Peuple Amérindien : Premièrement, le gouvernement des Etats-Unis incarné par le Bureau des Affaires Indiennes, qui dépendait autrefois du Ministère de la Guerre, deuxièmement les Eglises, et troisièmement le système scolaire.

La solution était de commencer par les Traités, signés entre Nations. « Nos Anciens nous disaient toujours, ‘Utilisez ces Traités’ ».

Means dit que l’AIM était bien organisé et faisait son travail.

A part le gouvernement des Etats-Unis, d’après Means, l’autre grand ennemi des Indiens étaient les Eglises et leurs écoles. Leur slogan était : « Sauvez l’enfant, tuez l’Indien ». C’était l’assimilation et l’acculturation. Entretemps, l’AIM met au défi les Eglises de travailler avec les communautés au lieu de se concentrer sur la pauvreté et de retirer les enfants de leurs foyers Indiens.

Cependant, malgré tout cela, l’Amérique voyait les Indiens comme des images romantiques.

« Mais nous sommes toujours là et avons le droit d’être ce que nous sommes », dit Bill Means. Au sein de l’AIM, les Amérindiens ont commencé à contrôler leurs propres programmes scolaires.

« C’était très révolutionnaire pour l’époque ».

L’AIM a identifié les ennemis et mis en pratique des méthodes pour y faire face. Means dit que les mascottes [symboles Indiens utilisés par des clubs Blancs] étaient dénoncées pour des raisons de respect. Un respect minimum est nécessaire pour s’occuper d’autres problèmes tels que la question des Traités.

D’après Means, le film « A Man Called Horse” a déclenché des protestations parce qu’il montrait un Blanc sauvant des Indiens. Les manifestations contre le film ont cependant eu un effet contraire et le film est devenu d’autant plus célèbre que tout le monde voulait voir ce qui avait choqué les Indiens. « Nous avons appris quelques leçons ».

Means a demandé pourquoi les Etats-Unis n’appliquaient pas leurs propres lois, qui incluent les droits des Indiens définis par les Traités. Tant que l’article 6 [de la Constitution] existe, les droits des Traités persistent, dit-il.

Evoquant les années soixante, Means dit que c’était une époque de changement social et d’avancées. L’Amérique était alors très différente de ce qu’elle est maintenant.

Madonna Thunder Hawk, Lakota, et Jean Whitehorse, Diné, se sont exprimées le lundi matin. M. Thunder Hawk a souligné l’importance des familles élargies et des communautés, ainsi que de la lutte contre l’état du Dakota du Sud qui profite de la séparation des enfants Indiens de leurs familles. J. Whitehorse a raconté comment elle avait été maltraitée à l’internat pour avoir parlé Diné. Elle a aussi partagé le ‘Beauty Way’ [une des principales cérémonies Navajo].

M. Thunder Hawk a dit qu’elle vivait à San Francisco quand elle était jeune. Elle a aussi rappelé que le père de Bill Means était allé à Alcatraz, pour l’occuper, en 1964, avant la longue occupation de quelques années plus tard.

« Nous accordions beaucoup d’importance à la famille » dit M. Thunder Hawk. Elle a parlé des familles élargies suivant la tradition Lakota. Elle dit qu’après la Deuxième Guerre Mondiale elle avait vécu dans la région de San Francisco et que les membres de sa famille avait grandi avec les membres de la famille de Bill Means.

M. Thunder Hawk dit que le mouvement a survécu grâce aux organisateurs de la communauté. Elle dit aussi que les Etats-Unis ne pouvaient pas les éliminer parce qu’ils s’appuient sur la communauté et la famille.

« L’essentiel pour nous est la protection du territoire » dit-elle.

M. Thunder Hawk dit qu’aujourd’hui il y a d’innombrables menaces, en particulier l’oléoduc Keystone XL. Le pétrole devrait être exporté vers la Chine.

Madonna Thunder Hawk a expliqué la stratégie actuelle des Etats-Unis et des grandes compagnies d’énergie qui suppose la privatisation des terres Indiennes. Elle dit que les compagnies s’adressaient à des propriétaires individuels et achetaient les terres et les droits sur les ressources de ceux qui étaient dans une situation financière désespérée.

En plus de çà, il y a ces camps masculins autour des champs pétrolifères et gaziers.

A l’heure actuelle, une grande partie de la lutte se concentre contre la Loi sur la Protection Sociale des Enfants Indiens qui profite de la situation des enfants Indiens pour les arracher à leurs foyers.

« Les autorités de l’état du Dakota du Sud se sont rendu compte qu’elles pouvaient gagner des millions en prenant à leur charge la protection de l’enfance dans tout l’état » dit M. Thunder Hawk.

Elle dit aussi que les jeunes lui donnaient de l’espoir. « Les jeunes sont très actifs et prennent conscience ».

Il y a beaucoup de luttes dans les deux Dakotas. Maintenant, les suprématistes blancs viennent acheter des terrains dans les petites villes. Çà vient de se produire à Leith, dans le Dakota du Nord, près de la Nation Indienne de Standing Rock. « Ces petites villes sont en train de mourir ».

A Leith, il n’y avait que 26 résidents lorsque des néo-nazis ont acheté des logements et des terrains. Les résidents ont appelé à l’aide.

« Nous subissons un état de siège, encore plus qu’avant » dit Madonna Thunder Hawk, se référant aux attaques contre les gens, les communautés et les Nations Indiennes des deux Dakotas.

Les Eglises ont maintenant une nouvelle stratégie pour recruter des Indiens. Maintenant, les Eglises utilisent la sauge et les prêtres portent des colliers de perles traditionnelles.

« Ils sont en train d’essayer de convertir les Indiens. Ils disent : ‘Nous paierons votre note d’électricité’ ».

A part cela, les Indiens doivent aussi faire face aux prescriptions exagérées de médicaments aux jeunes Indiens par le Service de Santé Indien [Indian Health Service – IHS]. L’IHS a donné aux jeunes beaucoup trop de médicaments altérant le comportement et qui les abrutissent.

Ce à quoi nous sommes confrontés est une question de survie. M. Thunder Hawk dit qu’elle aime venir au rassemblement de l’AIM Ouest chaque année, parce qu’ici il y a des Indiens progressistes. Pendant ce temps, au Dakota du Sud, il y a une mentalité de frontière. On y manque de ressources et de juristes. De plus, les gens ne veulent pas se dresser contre l’état, l’idée de s’attaquer à l’état leur semble trop radicale.

« Moccasins on the ground [De pied ferme], c’est ce que je suis » dit M. Thunder Hawk.

Elle dit que l’AIM Ouest est un centre d’échanges, pour un travail international. De plus, l’Internet a permis aux jeunes de voir l’image d’ensemble de la situation.

« Nous ne sommes pas seuls. Je suis vraiment heureuse d’être ici ».

Jean Whitehorse, Dine’

Jean Whitehorse, Diné [voir l’article détaillé sur l’intervention de J. Whitehorse] , s’est souvenue de l’Occupation d’Alcatraz et de la lutte pour la terre, les droits, la justice et la liberté. Elle a aussi dénoncé le racisme dans la littérature pour enfants et souligné le besoin d’un nouveau type d’éducation. J. Whitehorse a dit que les gens demandaient souvent : « Pourquoi Alcatraz, qu’est-ce qu’il y a là-bas, pourquoi vous, les Indiens le voulez-vous ? ». Alors, elle a répondu « Alcatraz ressemble à une Réserve Indienne, il n’y a rien dessus ».

Jean Whitehorse a expliqué comment la société cataloguait les Amérindiens avant leur naissance. Elle a montré un prospectus du planning familial qui était distribué aux femmes Navajo autrefois. Le prospectus montrait sous forme de dessins comment une femme Navajo qui n’avait qu’un enfant pouvait avoir beaucoup de chevaux, alors que si elle avait beaucoup d’enfants, elle n’aurait pas beaucoup de chevaux.

Il y a aussi eu des cas d’infirmières et de médecins qui volaient des bébés Navajo. Maintenant, certains de ces « oiseaux perdus » reviennent et cherchent leurs familles. « Ce n’est pas seulement chez les Navajos, c’est partout ».

Des Mormons ont aussi enlevé des enfants du pays Navajo.

J. Whitehorse a montré des livres pour enfants et fait voir comment les Indiens y étaient présentés. Elle dit « Nous étions décrits comme des imbéciles, stupides ou sans éducation ».

Elle a aussi montré une recette, d’un livre prétendant être de cuisine Indienne, expliquant comment faire le pain frit. « C’est plutôt une recette de biscuits ».

Dans un livre pour enfants, l’auteur mélangeait les Navajo, les Hopi et les Pueblo comme une seule tribu, confondant tout dans une histoire confuse.

J. Whitehorse a indiqué qu’il y avait des livres qui racontaient les vraies histoires. Elle dit que les livres du poète Navajo Luci Tapahonso étaient un exemple d’écrits Autochtones authentiques.

« Vivre dans l’harmonie et l’équilibre, c’est notre prière » dit-elle. J. Whitehorse dit qu’après avoir vécu dans la région de la Baie de San Francisco à cause de la déportation, sa grand-mère lui avait appris à vivre dans l’harmonie et l’équilibre selon le ‘Beauty Way’.

Dans l’après-midi, le film ‘Autodescubrimiento 1492-1992 (Auto Découverte)’, sur les droits des Autochtones, a été projeté. Le film montre des images d’époque de nombreux Anciens Diné de Big Mountain qui sont passés dans le Monde des Esprits depuis, et des chants par Willie Lonewolf, Ute/Navajo, qui a aussi rejoint le Monde des Esprits, et beaucoup d’autres gens.

Le film de 62 minutes a été produit par Rodrigo Betancur. C’est un documentaire sur les 500 ans de lutte des Peuples Autochtones, avec entre autres les Diné de Big Mountain et les célébrations officielles et les contre-célébrations à San Francisco. Le film dit que le but est de « démythifier, affronter et défier l’imagerie de l’histoire officielle ».

Le coordinateur de la Conférence de l’AIM Ouest était Tony Gonzales. Les discussions du deuxième jour portaient sur les écoles de Vallejo, qui ont dû renoncer à la mascotte Apache, et les questions des Peuples Autochtones aux Nations Unies.

 

 

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