standingrockocetisakowincamp27-11-2016

 

Depuis le 20 novembre, les Autochtones qui tentent d’empêcher la construction du tronçon d’oléoduc sous le Fleuve Missouri, sont violemment attaqués par la police du Dakota du Nord. Il y a de nombreux blessés, certains graves, dont une jeune femme qui risque de perdre un bras et a déjà subi plusieurs opérations (*voir plus bas), et beaucoup de gens victimes d’hypothermie, vu que la police a utilisé des canons à eau alors qu’il gelait, il y a aussi eu de nombreuses arrestations non justifiées. La répression continue, les nouvelles arrivent en permanence, on ne peut transmettre que le plus urgent. Une partie du territoire – Lakota selon les Traités de Fort Laramie de 1851 et 1868 – est utilisée par le Corps des standingrockattack20-11-2016medicsIngénieurs de l’Armée. Après avoir dit qu’ils n’autorisaient pas DAPL à construire sur leur terrain, le Commandant de District dit dans une lettre qu’ils vont évacuer le camp Oceti Sakowin, qui se trouve sur la portion du territoire dévolue à l’armée. Des fils barbelés munis de lames de rasoir continuent à être posés. Ceci est la mise à jour la plus récente que j’ai traduite, mais la répression continue pendant que j’écris. [photo barbelés ©Rob Wilson]

Christine Prat

 

standingrockmilitary26-11-2016

 

Par le Collectif Légal des Protecteurs de l’Eau/Guilde Nationale des Juristes, ex Collectif Légal de Red Owl
Publié sur Censored News
Le 26 novembre 2016
Traduction Christine Prat
Zie ook een artikel in het Nederlands, vertaald door Alice Holemans

 

Le Collectif Légal des Protecteurs de l’Eau, un groupe d’avocats et juristes bénévoles, fondé par la Guilde Nationale des Juristes, qui défend les droits des Protecteurs de l’Eau, condamne la lettre du 25 novembre 2016 du Corps des Ingénieurs de l’Armée U.S., qui annonce qu’ils fermeront bientôt [le 5 décembre] le terrain de l’armée, actuellement occupé par le Camp Oceti Sakowin. Cette lettre révèle soit une ignorance incroyable de l’état actuel des problèmes dans le Dakota du Nord, soit un mépris extrême de la santé et de la sécurité du public, ou les deux.

Les ‘confrontations violentes’ entre ‘manifestants’ et forces de l’ordre auxquelles se réfère le Commandant ne sont des ‘confrontations’ et ne sont ‘violentes’ que dans la mesure où les Protecteurs de l’Eau rassemblés pacifiquement pour prier ont été attaqués à plusieurs reprises par les officiels de la sécurité publique chargés de leur protection. Les évènements de ces dernières semaines n’ont pas été des affrontements. C’était l’utilisation excessive de la force et des arrestations non-fondées lors de tentatives vaines de la part des forces de l’ordre locales de briser la résistance Autochtone contre le pipeline. Comme des heures de vidéos en direct l’ont montré, la violence des mois derniers a été le fait des forces de l’ordre et de la sécurité privée de DAPL, contre des Protecteurs de l’Eau sans armes, ce qui constitue une violation évidente de leurs droits constitutionnels et des droits selon les traités. C’est d’autant plus honteux que le lieu où s’est exercée la violence des forces de l’ordre, et le terrain réclamé dans la lettre du Corps d’armée, se trouve sur un territoire reconnu comme territoire Lakota par les Traités de Fort Laramie de 1851 et 1868.

Pour étayer sa décision, le Commandant de District invoque la nécessité d’accès adéquat pour ‘les services médicaux et ceux des pompiers, nécessaires en cas d’urgence’ ainsi que des ‘moyens efficaces de protéger les gens des conditions régnant sur cette propriété’. L’accès pour les services d’urgence, médicaux et des pompiers a été limité dès que les camps ont été établis, les responsables du Comté de Morton montrant clairement qu’ils n’offraient leurs services qu’aux populations non-Autochtones, en refusant à de nombreuses reprises de fournir les services réclamés ou nécessaires aux Protecteurs de l’Eau. Et le Comté de Morton a totalement coupé les camps de tous les services d’urgence depuis le mois passé, en bloquant la route principale 1806 sur le pont de Back Water.

En fait, la volonté de l’état de priver les camps de services d’urgence est si intransigeante qu’il a commis de nombreuses violations des droits civiques et des droits de l’homme, pour empêcher les Protecteurs de l’Eau d’ouvrir la route 1806 à la circulation – jusqu’à mutiler une jeune Protectrice de l’Eau avec une grenade lacrymogène explosive, tirer sur des dizaines d’autres avec des munitions prétendument ‘moins fatales’ (mais potentiellement mortelles lorsqu’elles sont utilisées abusivement, comme ce fut le cas ici), et en inondant des centaines de Protecteurs de l’Eau pacifiques avec des canons à eau alors qu’il gelait, les exposant à l’hypothermie ou pire.

Déplacer le Camp Oceti Sakowin 100 m plus au sud, de l’autre côté de la Rivière Cannonball, n’améliorera pas l’accès aux services d’urgence du Compté de Morton. Et un déplacement si minime ne réduira pas non plus l’escalade de la violence du Comté de Morton. Tout au plus, l’action projetée par le Commandant de District déplacera marginalement le lieu où le Comté de Morton traite ses citoyens Autochtones de manière inadmissible. Les réactions agressives du Comté de Morton envers les manifestants pacifiques partout à l’intérieur de ses limites, démontrent que ce n’est pas l’endroit où se pratiquent les prières des Protecteurs de l’Eau qui détermine les réactions violentes du Comté de Morton.

Beaucoup plus curieux, la lettre du Commandant exprime le souci d’assurer que les résidents d’Oceti Sakowin aient les ‘moyens suffisants’ d’affronter les durs hivers du Dakota du Nord. Les Protecteurs de l’Eau d’Oceti Sakowin ont travaillé pendant des mois pour se préparer à l’hiver, et ont investi beaucoup de temps et fait de dépenses pour réaliser l’exploit ambitieux de transformer l’endroit en camp d’hiver. Forcer les nombreuses personnes qui campaient à Oceti Sakowin à déménager et recréer un camp d’hiver à si court terme – en décembre! – mettra en péril la sécurité de milliers de Protecteurs de l’Eau qui sinon auraient été préparés aux dures conditions à venir.

Le Commandant de District a raison sur un point crucial: il faut faire quelque chose pour mettre un terme aux incessantes violations des droits de l’homme à Standing Rock. Mais l’action proposée par le Commandant de District – faire venir plus de policiers contre les Protecteurs de l’Eau – va à l’encontre de l’intention proclamée. Si le Commandant de District est vraiment préoccupé par la sécurité des Protecteurs de l’Eau, il doit s’assurer que le pipeline Dakota Access ne soit pas construit. Tant que le Pipeline Dakota Access sera en cours de construction, les Protecteurs de l’Eau continueront à prier et manifester et, autrement, à participer à des activités pour protéger le Premier Amendement [de la Constitution des Etats-Unis, qui garantit la liberté d’expression]. Et, comme le Comté de Morton l’a clairement fait savoir, tant que les Protecteurs de l’Eau continueront à prier et manifester, ils continueront à employer la violence contre la communauté. Enfin, si le Pipeline Dakota Access est construit, la santé et la sécurité de tous les habitants de la région – y compris la population non-Autochtone du Dakota du Nord – seront menacées.

Nous espérons que le Corps d’Armée va réévaluer sa décision et agir de façon à protéger effectivement l’intérêt public du Dakota du Nord en respectant les droits de prier, de se rassembler et de protester, garantis par le Premier Amendement, qui sont au cœur de la démocratie, et prendra la décision définitive de ne pas autoriser le Pipeline Dakota Access à traverser le Fleuve Missouri.

Quelle que soit la décision du Corps d’Armée, le Collectif Légal des Protecteurs de l’Eau continuera à entreprendre toutes les actions légales pour défendre les droits civiques et les droits de l’homme des Protecteurs de l’Eau.

Brandy Toelupe, Président, pour le Collectif Légal des Protecteurs de l’Eau.

 

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PROTECTRICE DE L’EAU EN CHIRURGIE, LES DOCTEURS ESSAIENT DE SAUVER SON BRAS

D’après un rapport des médecins, paramédicaux et du Conseil des Guérisseurs Traditionnels présents à Standing Rock
Publié sur Censored News, voir en anglais et en entier
21 novembre 2016

Extrait

[…]

Le 21 novembre, suite à la réaction violente de la police à Standing Rock, contre des gens sans armes s’opposant au Dakota Access Pipeline, une jeune femme de 21 ans, de New York, Sophia Wilansky, a été gravement blessée par une grenade tirée par la police, qui a touché son bras gauche et a explosé. Sophia allait porter de l’eau aux gens désarmés qui subissaient depuis des heures l’attaque des forces de police du Sheriff du Comté de Morton. […]

Sophia a été transportée hors du Dakota du Nord, pour des interventions chirurgicales d’urgence.

Témoignage de son père, le juriste Wayne Wilansky.

« A environs 16h30, après que la police ait attaqué le pont avec des canons à eau et des balles en caoutchouc, et pulvérisé du gaz poivré, ils ont tiré des grenades à concussion qui ne doivent pas être tirées directement sur les gens, manifestants ou protecteurs, comme ils veulent être appelés. Une grenade a explosé en touchant le bras gauche de Sophia, emportant une bonne partie de son bras. Ses artères radiales et cubitales ont été complètement détruites. Son radius a été broyé et un grand morceau a disparu. Une bonne partie de son nerf médial a également disparu. Tous les muscles entre son coude et son poignet ont été emportés par l’explosion. La police n’a pas fait ça par accident – c’était un acte intentionnel de la viser directement. En plus, la police visait les gens au visage et au sexe, dans l’intention de faire le plus de dégâts possible. Sophia sera à nouveau opérée demain, vu qu’ils essaient de reconstituer un bras et une main qui fonctionnent plus ou moins. Lors de la première opération, ils ont pris une veine de sa jambe qu’ils ont implantée dans son bras pour remplacer les artères manquantes. Elle devra subir de nombreuses opérations pour tenter de recouvrer quelque fonction de son bras et de sa main. Elle devra pourtant craindre, tous les jours du futur proche, de perdre son bras et sa main. Il n’y a pas de mots pour décrire la souffrance ressentie en voyant ma fille pleurer et en l’entendant dire qu’elle était désolée de la peine qu’elle nous causait, à ma femme et moi. J’ai cru mourir mille fois aujourd’hui et ça continuera pour pas mal de temps. Je ne trouve pas les mots pour décrire l’anxiété de la voir regarder un bras et une main qui lui sont maintenant étrangers. »

 

Contact personnel médical et paramédical:
Michael Knudsen, Medic Coordinator and Standing Rock Sioux Tribe ethno-botanist Linda Black Elk, PhDmedichealercouncil@gmail.com

 

 

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