AngelaMarieDavis

ANGELA MARIE DAVIS, DINE : L’ENNEMI DE L’INTERIEUR : LA CENTRALE NAVAJO

 

Publié par Censored News
Dimanche 24 février 2013
See original article in English
Traduction Christine Prat

 

Angela Davis, Diné, écrit au Délégué au Conseil d’Alamo à propos de son soutien à l’extension du contrat pour la Centrale Navajo [Navajo Generating Station], l’une des centrales au charbon les plus polluantes des Etats-Unis. Elle est alimentée avec du charbon arraché à la terre par les profiteurs de Peabody Coal, qui entretiennent les souffrances des Navajos de Black Mesa pour fournir de l’électricité au Sud-ouest, alors que de nombreux Navajos doivent s’en passer.

 

A l’Honorable George Apachito
P.O. Box 827
Magdalena, NM 87825
Nouveau-Mexique

 

Cher Délégué Apachito,

Yah’at’eeh. J’ai appris que vous avez récemment soutenu une résolution (004-13) qui recommande que la Nation Navajo prolonge le contrat de la Centrale Navajo. Je vous écris pour vous presser de suspendre le vote de cette résolution jusqu’à ce qu’elle ait été étudié plus avant et passée en revue par tous nos délégués tribaux. Je pense que prendre plus de temps pour décider peut assurer que la Nation Navajo obtienne un maximum de compensations économiques pour nos ressources naturelles et nos investissements. Cette question implique de trop nombreuses parties (le Projet d’Energie et Amélioration Agricole de Salt River Project, l’Energie et Eau de Los Angeles, le Service Public d’Arizona, l’Energie du Nevada et la Compagnie d’Energie Electrique de Tucson, par exemple) pour prendre une décision si monumentale dans le cours lapse de temps accordé actuellement. Je comprend qu’il y ait des pressions de tous côtés pour que le vote se fasse rapidement, mais je pense qu’il vaut la peine d’attendre pour assurer le meilleur résultat pour tous, spécialement pour notre tribu.

Il me semble qu’en dehors des groupes d’intérêts, ce sont surtout les compagnies d’énergie qui profiteront le plus de la résolution dans son texte actuel. Bien que la Nation Navajo doive recevoir 43 millions de dollars par an jusqu’en 2044 si l’accord est passé, je ne pense pas que ce soit suffisant pour justifier l’extension du contrat aussi rapidement. Si la résolution passe et les extensions sont accordées sans étude adéquate, nous pourrions ne jamais savoir comment nous aurions pu obtenir plus d’avantages et nous serons liés aux compagnies d’énergie pour des décennies. Je vous demande instamment de penser aux générations futures et de vous demander comment cette décision les affectera financièrement, écologiquement et, plus important, sur le plan de la santé. Investir plus d’argent dans l’énergie sale des centrales au charbon n’est pas une bonne décision à long terme, ni sur le plan écologique, ni sur le plan financier ni sur le plan physique. Investir dans l’énergie solaire et/ou éolienne est plus sain, plus sûr pour l’environnement et techniquement efficace. Je suis bien consciente que 538 travailleurs, dont quatre-vingt trois pourcent sont Navajos, travaillent à la Centrale Navajo. Il est important que leur emploi soit préservé et c’est pourquoi j’encourage une transition graduelle et en douceur du charbon à l’énergie solaire/éolienne. Peut-être peuvent-ils conserver leurs emplois pendant la transition, d’autant plus que l’industrie du charbon est mourante et que d’autres sources d’énergie sont actuellement explorées.

En conclusion, je souhaite exprimer ma déception de vous voir soutenir cette proposition. Vous êtes le représentant officiel de mon chapitre [­circonscription] et je pensais que vous feriez preuve de plus de conscience lorsqu’il s’agit de l’environnement et de la protection de nos ressources naturelles, étant donné que vous vous êtes récemment opposé à l’exploitation de mines d’uranium à l’est. Beaucoup de gens accusent les Navajos d’Alamo d’être des traitres à notre tribu et nous sommes souvent nommés « le Navajo ennemi ». Je trouve très triste que le fait que vous souteniez cette proposition risque de faire de nous justement cela – le Navajo ennemi ; nous serons considérés dans l’histoire comme la bande de Navajos qui ne se soucie ni de la santé ni de l’environnement, ni de la gestion juste et honnête de nos ressources, ni, par-dessus tout, de la santé de notre peuple. Changeons cette vision négative de nos gens. Je sais que vous pouvez trouver dans votre cœur ce qu’il faut pour faire le bon choix et retirer votre soutien à cette proposition ou au moins geler la discussion jusqu’à ce que des recherches supplémentaires puissent être faites. Merci beaucoup pour le temps que vous m’accorderez. Ahe’he’he’

Sincèrement,

Angela Marie Davis

Artiste, écrivain

 

confluence26-12-2012

 

LE PROJET ‘ESCALADE’ EN TERRITOIRE NAVAJO PRES DU GRAND CANYON SERAIT UNE PROFANATION ET UNE SUREXPLOITATION DE CE SITE SACRÉ

 

AngelaMarieDavis

Par Angela Marie Davis, Diné
Publié par Censored News
See original article in English
Traduction Christine Prat

27 décembre 2012

 

Ya’at’eeh, Honorable Président du Parlement Navajo Naize et 22ème Conseil de la Nation Navajo,

Je vous écris pour exprimer mon opposition au développement projeté à la Confluence des fleuves Colorado et Petit Colorado sur le bord est du Grand Canyon. Je ne souscris pas à la proposition de Projet Escalade de Confluence Partners LLC, qui comprend une station touristique avec un tramway et télécabine conduisant au fond du canyon, un hôtel, un parc pour caravanes, un « centre culturel » Navajo, des motels et des fast-food. Je vois une certaine ironie dans le fait qu’un « centre culturel » Navajo soit appelé à recouvrir un site sacré pour notre peuple.

Je comprend que les gens de la communauté de Gap/Bodaway ont un besoin urgent de développement économique. Cependant, je pense qu’il y a d’autres moyens de relancer l’économie de la communauté sans compromettre un site extrêmement sacré. Par exemple, construire un canal pour créer un système d’irrigation serait une option viable. Cela pourrait permettre de fournir de l’eau à des communautés qui n’ont pas l’eau courante, à cause de quarante ans de ‘Gel de Bennett’ qui ont bloqué tout développement dans la région.

Je trouve aussi très gênant que la majorité des gens de Gap/Bodaway aient exprimé à de nombreuses reprises leurs objections au développement de la Confluence et que leurs voix aient été ignorées ou censurées par certains représentants élus du Chapitre [administration locale] et par le Représentant de l’état d’Arizona Albert Hale, qui soutient le projet. Je trouve qu’il y a un grossier conflit d’intérêts dans le fait qu’un Représentant d’un état [des Etats-Unis] ait tant de pouvoir pour influencer la décision dans un Chapitre de la Nation Navajo Souveraine.

Un autre aspect gênant de cette proposition est d’avoir divisé notre peuple, allant jusqu’à créer des dissensions au sein de familles, au lieu de construire des relations positives pour unifier et améliorer nos communautés. La rive est du Grand Canyon est sacrée pour tous les membres de notre tribu, pas seulement ceux des Chapitres des environs. Notre Président tribal, Ben Shelly (parmi d’autres), a même qualifié ceux d’autres régions de la réserve qui s’opposent au projet « d’agitateurs de l’extérieur », accroissant par là l’animosité au sein de notre peuple. Les attaques personnelles superflues sont inacceptables et irrespectueuses.

En conclusion, je vous demande instamment de considérer avec le plus grand soin les implications culturelles, sociales et environnementales que ce projet pourrait avoir pour le peuple Navajo. Veuillez, je vous en prie, entendre le plaidoyer de beaucoup de nos Anciens, de l’Association des Hommes Médecine Diné, et de nombreuses organisations de base qui ne veulent pas de ce développement. Faisons que la Confluence reste en dehors de la liste des sites sacrés actuellement profanés, essentiellement par des instances extérieures, tels que les San Francisco Peaks (par Arizona Snowbowl) et Black Mesa. Merci d’avance pour votre temps et l’attention accordée à ma demande. Ah’he’he

[Veuillez agréer, etc.]

Angela Marie Davis
Artiste, écrivain