Reprise de l’extraction d’uranium sur des terres sacrées, près du Grand Canyon du Colorado, menace l’eau et l’existence même des Havasupai

Par Brenda Norrell
Censored News
12 janvier 2024
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan

Les Havasupai disent que leurs pires craintes se réalisent, maintenant qu’Energy Fuels extrait de l’uranium radioactif, violent leur site sacré, et menacent leur eau, ce qui compromet leur existence.

Le Conseil Tribal Havasupai dit, « C’est les cœurs lourds que nous devons reconnaitre que notre plus grande peur se réalise. »

« Malgré des décennies d’opposition active et sans relâche, Energy Fuels, une compagnie minière étrangère qui ne cherche que le profit, a agi uniquement dans son propre intérêt et extrait de l’uranium toxique de la Mine de Pinyon Plain (ex-Mine du Canyon), profanant l’un de nos sites les plus sacrés et compromettant l’existence de la Tribu Havasupai. »

Le Conseil Tribal Havasupai dit que les Supai, Gardiens du Grand Canyon, luttent pour protéger leur terre ancestrale. La Mine Pinyon Plain se trouve au-dessus de la nappe phréatique dont dépendent les Supai pour l’eau. Energy Fuels a déjà contaminé une des deux nappes phréatiques en creusant le puit de la mine.

Voir la Déclaration officielle du Conseil Tribal.

Photo Haul No!

Haul No! avait prévenu que si Energy Fuels allait effectivement transporter du minerai d’uranium – du nord de l’Arizona à l’usine de traitement White Mesa dans le sud-est de l’Utah, et passer à travers la Nation Navajo – ça violerait la loi Navajo. Ce transport dangereux ferait courir des risques aux Diné tout le long du trajet.

Energy Fuels a l’intention de faire passer jusqu’à 12 camions par jour, transportant chacun 30 tonnes d’uranium de la mine à l’usine.

« Energy Fuels n’a pas d’obligation légale de signaliser les camions. Le minerai ne sera couvert que de toiles cirées. On n’a pas trouvé d’entité responsable pour intervenir en cas d’urgence, agir légalement ou nettoyer » dit Haul No!

« Ça enfreint la loi de la Nation Navajo qui interdit le transport de nouvel uranium à travers le territoire Diné. »

« L’Usine de Traitement de White Mesa appartient à et est gérée par Energy Fuels, et c’est la seule usine des soi-disant Etats-Unis qui a une licence pour traiter du minerai d’uranium »

Le nouveau classement comme monument – Monument National de Baaj Nwaavjo l’tah Kukveni – a empêché près de 600 concessions d’être développées comme mines. Cependant, le classement n’a pas arrêté la Mine du Canyon, qui a été conçue sous la Loi Minière de 1872.

Depuis la Guerre Froide, alors que les terres des Shoshones de l’Ouest étaient utilisées pour le Site de Test de la bombe atomique du Nevada, les terres des Navajos et des Pueblos étaient utilisées pour extraire de l’uranium. Les mineurs étaient envoyés à la mort sans combinaisons de protection, et les terres des Pueblos étaient utilisées pour expérimenter la bombe, dans le nord du Nouveau-Mexique. Le gouvernement des États-Unis a utilisé les Autochtones et leurs terres comme sacrifiables.

Aujourd’hui, l’horrible héritage continue, avec des déchets radioactifs éparpillés dans la Nation Navajo, la nouvelle extraction par Energy Fuels en terre Havasupai qui menace leur eau, et l’usine de traitement d’Energy Fuels qui rejette des déchets radioactifs en terre Ute, dans le sud-ouest de l’Utah.

Les terres Autochtones du Sud-ouest ont été choisies pour les essais nucléaires et le stockage les plus mortels, et utilisées comme décharges des déchets radioactifs, par le gouvernement des États-Unis et ses corporations.

Les Utes de White Mesa en Utah: l’uranium de l’usine de traitement d’Energie Transfer nous empoisonne

La marche spirituelle et le rassemblement des Utes de Ute Mountain a appelé à arrêter l’usine de traitement d’uranium qui empoisonne la terre, l’eau et l’air, dans le sud-est de l’Utah, dans la région de Four Corners, le 14 octobre 2023.

L’usine de White Mesa, dirigée par Energy Fuels, apporte des déchets radioactifs d’autres pays, après avoir déjà stocké des déchets nucléaires trop dangereux pour rester sur le Site de Test du Nevada.

Le Président Ute de Ute Mountain Manuel Heart, dit que l’usine de traitement d’uranium n’est pas seulement un problème Ute, et que les ressources doivent être protégées pour le futur. « Nous voulons avoir des ressources pour le futur de nos enfants et petits-enfants qui ne sont pas encore là. »

« Les montagnes sont notre pays. Nous y avons été placés par notre Créateur pour prendre soin des montagnes partout, jusqu’à cette région » dit le Président Heart.

Voir le message urgent publié par Haul No! le 9 janvier 2024

Voir aussi vidéo sous-titrée en français, d’une interview de 2017 de Yolanda Badback, Ute de Ute Mountain

URANIUW, HAUL NO! DÉCLARATION DES HAVASUPAI: LA MENACE EST RÉELLE

Déclaration de la Tribu Havasupai Concernant Energy Fuels

Le 11 janvier 2023, les Havasupai ont publié cette déclaration sur le démarrage de l’extraction d’uranium à la mine de Pinyon Plain. Ils expriment leur douleur et leur détermination sans faille de fermer cette mine. La Mine de Pinyon Plain menace leur seule source d’eau.

Haul No! soutient nos parents Havasupai, les Gardiens du Grand Canyon.

Nous disons Haul No! [Pas de transport!] Protégez le territoire et tous nos parents du transport d’uranium et de l’exposition aux radiations !

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COMMUNIQUÉ DE PRESSE
CONSEIL TRIBAL HAVASUPAI
P.O. Box 10 • Supai, Arizona 86435
(928) 448-2731 • Fax (928) 448-2551
CONTACT : ABBIE S. FINK
afink@hmapr.com / 602-957-8881

11 janvier 2024

PINYON MINE : DÉCLARATION HAVASUPAI

Déclaration de la Tribu Havasupai au sujet d’Energy Fuels (12-1-2024)

C’est le cœur lourd que nous devons reconnaitre que notre plus grande peur est devenue réalité. Malgré des décennies d’opposition active et sans relâche, Energy Fuels, une compagnie minière étrangère qui ne cherche que le profit, a agi uniquement dans son propre intérêt et extrait de l’uranium toxique de la Mine de Pinyon Plain (ex-Mine du Canyon), profanant l’un de nos sites les plus sacrés et compromettant l’existence de la Tribu Havasupai.

En tant que Gardiens du Grand Canyon, nous, les Havasuw ‘Baaja, la Tribu Havasupai, nous sommes opposés à l’extraction d’uranium dans et autour de notre Réserve et du Grand Canyon depuis des temps immémoriaux. Nous faisons cela pour protéger notre peuple, notre terre, notre eau, notre passé, notre présent et notre futur. Et cependant, en dépit de l’assistance et de la défense historique et actuelle de nombreux alliés, et d’innombrables lettres, coups de téléphone et demandes personnelles, nos requêtes urgentes d’arrêter cette action qui menace la vie, ont été ignorées.

L’unique source d’eau de notre communauté tribale est alimentée par des nappes phréatiques, qui sont malheureusement situées directement sous la Mine Pinyon Plain. Le Service de la Qualité de l’Environnement d’Arizona et l’EPA fédérale prétendent qu’il n’y a pas de danger pour nous, qu’aucun effet néfaste ne viendra chez nous de cette source d’énergie supposée « verte ». Mais comment peuvent-ils affirmer cela avec une telle assurance, alors qu’Energy Fuels a déjà contaminé une des deux nappes aquifères en creusant le puit de mine, ce qui a fait qu’à l’époque, la compagnie a vaporisé de l’eau toxique dans l’air, qui a été étalée par les vents sur les plantes et animaux précieux. Toute une série de problèmes inconnus et nouveaux vont se présenter quand la compagnie commencera à transporter l’uranium par voie terrestre.

C’est un problème qui n’affecte pas seulement notre lointaine Tribu. En fait, des millions de gens seront maintenant forcés de passer près d’une mine d’uranium active sur leur route allant au majestueux Grand Canyon du Colorado. Tous les êtres devraient pouvoir connaitre librement cette merveille naturelle sans risquer leur vie. Honte à Energy Fuels, et à tous ceux qui n’ont pas assez de courage pour faire ce qui est juste et nécessaire.

Nous n’abandonnerons pas. Nous le devons à nos ancêtres, nos enfants, et les générations à venir. Nous continuerons le combat.


Photo Indigenous Action Media / Klee Benally

 

COMMUNIQUE DE PRESSE : UN JUGE FEDERAL APPROUVE L’EXTRACTION D’URANIUM A PROXIMITE DU PARC NATIONAL DU GRAND CANYON

Publié par Indigenous Action Media
8 avril 2015
Traduction Christine Prat

Par la Tribu Havasupai, le Grand Canyon Trust, le Sierra Club & le Centre pour la Diversité Biologique

La décision autorise l’extraction sans consultation des Tribus ni mise à jour d’une étude environnementale datant de plusieurs décennies

PHOENIX, Arizona – Le Juge David Campbell, de la Cour de District des Etats-Unis, a rejeté une requête de stopper toute nouvelle extraction d’uranium à la Mine du Canyon, située à seulement 10 km de la limite sud du Parc National du Grand Canyon. La Tribu Havasupai et une coalition de groupes de conservation avaient attaqué la décision du Service des Forêts des Etats-Unis d’autoriser Energy Fuels Inc. à rouvrir la mine sans entreprendre des consultations formelles avec les tribus et sans mettre à jour une étude environnementale dépassée, datant de 1986. Sont en jeu des valeurs culturelles tribales, la vie sauvage et des espèces menacées et le risque d’empoisonnement par des déchets toxiques des nappes aquifères et des cours d’eau qui alimentent le Grand Canyon et le fleuve Colorado.

« Nous sommes très déçus par la décision du Juge Campbell dans l’affaire de la mine du Canyon » dit le Président Havasupai Rex Tilousi. « Nous pensons que la Loi sur la Préservation Historique Nationale exige que le Service des Forêts nous consulte, nous et les autres tribus concernées, avant de laisser la compagnie minière endommager Red Butte, l’une de nos possessions culturelles traditionnelles les plus sacrées. Le Conseil Tribal Havasupai se réunira cette semaine pour discuter de la possibilité de faire appel de cette décision. »

 

La décision ne protège pas la « Propriété Culturelle Traditionnelle de Red Butte », que le Service des Forêts a classé en 2010 en raison de son importance religieuse et culturelle capitale pour plusieurs tribus, spécialement les Havasupai. En tant que « propriété culturelle traditionnelle » Red Butte se qualifie pour être inscrite au Registre National des Lieus Historiques. La tribu Havasupai et les groupes de conservation ont soutenu que le Service des Forêts enfreignait la Loi sur la Préservation Historique Nationale en ne consultant pas les tribus pour déterminer comment les effets négatifs de la mine du Canyon sur Red Butte pouvaient être évités ou réduits avant d’approuver l’ouverture de la mine.

« C’est une mauvaise nouvelle pour la protection du Grand Canyon et des sites sacrés tribaux » dit Roger Clark, du Grand Canyon Trust. « Au cours des deux dernières décennies, nous avons appris comment l’extraction d’uranium peut polluer les nappes aquifères qui alimentent les sources du canyon et les Chutes Havasu. Mais le Service des Forêts a ignoré ces informations et n’a pas demandé à Energy Fuels de prendre des mesures raisonnables pour prévenir la contamination de l’eau, des sites sacrés et des terres publiques. »

Le Service des Forêts a d’abord approuvé le projet de mine près du Canyon en 1986, malgré l’opposition de la tribu Havasupai. Les prix de l’uranium se sont effondrés peu de temps après et la mine a fermé en 1990 avant d’avoir produit de l’uranium. Le Service des Forêts a autorisé la Mine du Canyon à rouvrir en 2012, sans mise à jour du projet ni d’estimations environnementales reflétant les grands changements intervenus depuis l’estimation et l’approbation précédentes. Parmi ces changements on peut citer la désignation de Red Butte comme propriété culturelle traditionnelle, la réintroduction du condor de Californie – une espèce menacée – dans la région de la Mine du Canyon, et la décision de 2012 d’interdire toute nouvelle extraction d’uranium dans une zone de plus de 4000 km² autour du Grand Canyon.

« Ce projet d’uranium pourrait hanter la région du Grand Canyon pour des décennies à venir » dit Katie Davis du Centre pour la Diversité Biologique. « L’extraction d’uranium laisse un héritage extrêmement toxique qui met en danger la santé humaine, la vie sauvage et les cours d’eau et nappes aquifères qui alimentent le Grand Canyon. C’est décevant de voir le Service des Forêts donner la priorité à l’industrie minière plutôt qu’à la protection à long terme d’un lieu emblématique comme le Grand Canyon. »

« Nous continuerons à nous battre pour protéger le Grand Canyon, ses eaux et son bassin hydrologique » dit Sandy Bahr, directrice de la Section du Grand Canyon du Sierra Club. « Le Service des Forêts devrait prendre en considération les dégâts que cette mine pourrait causer aux eaux souterraines et finalement aux eaux du Parc National du Grand Canyon. Nous sommes très déçus de ce que le juge n’ait pas été capable de le reconnaître. »

Des géologues ont prévenu que l’extraction d’uranium pourrait épuiser et contaminer les nappes aquifères qui se déversent dans le Grand Canyon et que les nettoyer serait pratiquement impossible. Une étude de l’Institut d’Etudes Géologiques des Etats-Unis de 2010 a trouvé de forts taux d’uranium dans la terre et les sources d’eau concernés par l’extraction d’uranium passée. Des études sur la connectivité des eaux souterraines du Grand Canyon publiées suite à l’approbation de la mine en 1986 a indiqué que la contamination par l’uranium pouvait infiltrer des nappes aquifères en altitude ou profondes et les ruisseaux et les sources de la région, entre autres les Chutes Havasu. Energy Fuels a l’intention de commencer à extraire de l’uranium de la Mine du Canyon à la mi-juin 2015.

Les parties civiles dans l’affaire sont la Tribu Havasupai, le Grand Canyon Trust, le Centre pour la Diversité Biologique et le Sierra Club. La coalition a 60 jours pour faire appel de la décision du Juge Campbell devant la Cour d’Appel du 9ème Circuit.

Historique

La Mine du Canyon (Canyon Mine) se trouve dans la Forêt Nationale de Kaibab, à moins de 10 km de la limite sud du Parc National du Grand Canyon. La première autorisation de la mine en 1986 a causé des protestations et des poursuites en justice de la part de la tribu Havasupai et d’autres qui s’opposaient aux impacts potentiels de l’extraction d’uranium sur les eaux souterraines, les sources, les ruisseaux et les écosystèmes de la région, et les valeurs culturelles associées à Red Butte. L’infrastructure de surface a été construite au début des années 1990, mais l’effondrement des prix de l’uranium a fait fermer la mine en 1992 avant que le puits ne soit creusé ou du minerai extrait. Des forages exploratoires ont entrainé l’eau souterraine sous le site de la mine, éliminant suivant une estimation près de 5 millions de litres d’eau par an des sources de la région qui sont alimentées par les eaux souterraines.

Un rapport de 2010 de l’Institut d’Etudes Géologiques des Etats-Unis indiquait que des échantillons d’eau prélevés sous la mine contenaient des concentrations d’uranium dissous excédant les normes de l’Agence de Protection de l’Environnement pour l’eau potable. Les eaux souterraines menacées par la mine alimentent des puits municipaux et des eaux de ruissellement et des sources dans le Grand Canyon, entre autres les Sources Havasu et le Ruisseau Havasu. Les Permis de Protection Aquifère établis pour la mine ne prévoient pas de surveiller les nappes aquifères profondes ni de plans de réhabilitation pour remédier à la contamination de ces nappes aquifères profondes. La mine, qui appartenait à l’origine à Energy Fuels Nuclear, a été achetée par Denison Mines en 1997, puis, en 2012, par Energy Fuels Resources Inc., qui exploite la mine actuellement.