Par Red Warrior Society
Publié par Censored News
25 novembre 2023
Photos ©Lakota Media Project
Traduction Christine Prat

En tant que Lakota, d’Oceti Sakowin [Conseil des Sept Feux, ou ‘Sioux’], nous sommes solidaires avec les Palestiniens. Nous connaissons trop bien la lutte pour l’autodétermination et le combat pour conserver des terres qui sont depuis longtemps liées à notre mode de vie, notre langue, nos cérémonies et le sang de notre peuple.

Nous connaissons depuis trop longtemps la lutte de communautés, pour garder leur identité et leurs liens avec les terres prises de force, et les gens tués au cours du combat pour leur vie. Nous avons vu le sang de notre peuple versé dans nos terres sacrées, les terres où on a fait pousser des fruits, les terres que vous avez arrosées pour vos oliviers depuis des générations. Nous voyons votre combat continu pour vos modes de vie, pour vos enfants, pour votre avenir et pour votre identité.

Bien que nous ne soyons pas physiquement avec vous, là-bas, nous voyons que l’oppresseur continue de vous couper du sang vital de l’océan. Pourtant, ils ne peuvent pas entamer la grandeur que voit le monde entier.

Le peuple d’Oceti Sakowin vous envoie des encouragements pour continuer votre lutte incessante pour la liberté. Nous continuerons à partager votre lutte, nous continuerons à boycotter, désinvestir, sanctionner et éduquer ceux qui n’en sont pas conscients.

Comme nous avons dû reconnaitre les composants suivants de l’occupation et de l’oppression, c’est important de créer ces liens au milieu des dynamiques de pouvoir des colonisateurs et du patriarcat, qui continuent à perpétuer ces dynamiques contre lesquelles notre communauté lutte toujours.

La limitation de mouvement. La limitation de nourriture et d’eau. Le vol des terres, de l’eau et des ressources par l’oppresseur. La négation de l’humanité essentielle. La limitation de l’accès au travail, à l’éducation supérieure et aux soins médicaux. Le manque d’accès à la représentation dans les institutions légales, les tribunaux et les prisons. Ils bombardent des ambulances, des hôpitaux et des écoles, ce qui ne devrait pas être autorisé au cours d’une guerre, mais ils le font quand même.

Pour les jeunes, entendre et voir ce qui se passe à Gaza, c’est, pour toute une génération, faire face aux conséquences d’actions qu’ils n’ont pas commises. Les enfants pensent à leur futur, mais ils pourraient ne pas en avoir.

Nous devons nous souvenir, qu’il y a des siècles, le but militaire des États-Unis était d’éradiquer les communautés Autochtones, et leurs modes de vie, en établissant le Bureau des Affaires Indiennes en 1823. Deux siècles plus tard, les États-Unis financent les forces armées Israéliennes pour éradiquer les Palestiniens. Le génocide est mal et c’est inacceptable.

Nous ne gagnerons jamais si nous n’arrivons pas à comprendre que nous avons des choses en commun : le dogme du colonialisme de peuplement et le besoin de droits humains pour tous les peuples Autochtones du monde. Nous sommes une famille avec une grande diversité. Quand nos anciens ont résisté à Wounded Knee en 1973, et aussi quand nos jeunes se sont rassemblés par milliers pour bloquer le DAPL en 2016, qui a montré de la solidarité ? Les Palestiniens.

Aujourd’hui nous sommes avec toi, Palestine. Notre action est notre prière. Des rives de la crique de Wounded Knee, des terres d’O’yuhpe, nous déclarons notre solidarité avec la Palestine.

Solidairement,

Red Warrior Society

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Journée du 16 octobre 2022
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan
In English
Also published on Censored News

KATHY PELTIER PARLE DE SON PÈRE, LEONARD PELTIER

« Je viens de me présenter dans ma langue. Je m’appelle Kathy Peltier, je suis membre de la Tribu Navajo, je suis aussi Dakota et Anishinaabe. Je suis la plus jeune fille de Leonard Peltier. J’avais deux ans, à Fargo, dans le Dakota du Nord, au procès, où j’ai pu voir mon père. Je ne m’en souviens pas, mais ce que je sais c’est que nous avons toujours lutté, en tant que ses enfants, nous avons lutté toute notre vie, pour essayer de faire libérer notre papa. Nous, notre génération, avons besoin de faire savoir aux gens qui il est, qui est Leonard Peltier. Pour savoir, vous devez aller sur le site https://whoisleonardpeltier.info.

« En ce moment, nous effectuons une Longue Marche de Minneapolis, dans le Minnesota, jusqu’à Washington D.C., le 11 novembre 2022. C’est une Marche vers la Justice pour Leonard Peltier, ou Leonard Peltier Walk to Justice. Donc, la lutte a commencé et nous essayons toujours de rencontrer des sénateurs du Congrès des Etats-Unis, nous essayons même de rencontrer le Président Biden. Alors, si vous pouvez aller sur notre site web, vous pouvez simplement les suivre, ou, si vous pouvez, faire des dons, pour les marcheurs. Et je les rejoindrai le 28 octobre, à Pittsburg. Merci. »

JEAN ROACH, LAKOTA MINICONJOU, PARLE DE WOUNDED KNEE – 1890 ET 1973 – DE LEONARD PELTIER, DE STANDING ROCK

« Je m’appelle Jean Roach, de la Tribu Lakota Miniconjou, et je suis venue pour vous parler de Leonard Peltier. Ce qui arrive à Leonard est un exemple de ce qui arrive à nos Nations Autochtones depuis des générations. Ça a commencé il y a longtemps, lors du premier contact, quand des non-Autochtones sont venus et ont décidé de prendre nos terres parce que nous n’étions pas chrétiens.
« Une des choses qu’ils utilisent contre nous, sont les stéréotypes. Et il y a longtemps, dans les années 1800, ils utilisaient non seulement la Doctrine de la Découverte, mais aussi les stéréotypes. Quand ils ont massacré des gens de notre peuple à Wounded Knee, ils les ont présentés dans les médias comme moins qu’humains. L’une des déclarations faites par la Cavalerie concernait la raison pour laquelle ils avaient tué des innocents, femmes, enfants, vieillards – on leur avait spécifiquement demandé ‘pourquoi avez-vous assassiné ou massacré des bébés’, et leur réponse fut que ‘les lentes donnent des poux’. Ainsi, ils nous stéréotypaient dans les médias comme étant à jeter. Nos gens avaient été attaqués parce qu’ils étaient en train de prier, et nous priions par la Danse du Fantôme et dansions. Nous priions pour le bison et toutes les choses bonnes, tel que dans les temps d’avant l’arrivée des non-Autochtones.
« Quand l’American Indian Movement prit Wounded Knee, ils ont utilisé les mêmes tactiques, parce que c’était une résurgence du génocide contre notre peuple, quand toutes nos cérémonies ont été bannies. Chaque fois que nous prions, notre peuple est attaqué et ça a été prouvé chaque fois par les massacres. Et ce fut la même chose à Wounded Knee, les membres de l’AIM ont été qualifié d’activistes violents et de guérilleros, et toutes sortes de noms du même genre.
« Le gouvernement américain a aussi utilisé un programme appelé COINTELPRO, qui était utilisé contre l’AIM et visait ses membres, ou les éliminait.
« La période de 1975 fut appelée le règne de la terreur, dans la Réserve de Pine Ridge. Quiconque était en lien ou avait des connexions avec l’American Indian Movement était une cible pour la violence. Quand Peltier était chez les Oglala, c’était les anciens et la communauté qui lui avaient demandé de venir pour les protéger. Quiconque priait selon notre mode Lakota était une cible. Puis, quand le FBI est venu, ce jour-là, les agents étaient dans des voitures banalisées et ne portaient pas d’uniformes. Nous ne pouvions absolument pas savoir qui ils étaient.
« Les co-accusés de Leonard Peltier furent accusés de meurtre, puis sont passés au tribunal où ils ont été acquittés pour légitime défense. Le seul qui était encore accusé était Leonard, et il était au Canada. Les Etats-Unis sont allés jusque là-bas et ont violé la loi internationale pour le ramener aux Etats-Unis. Et ça fait partie d’un plan bien plus large, la colonisation et le génocide de notre peuple. Et ça conduit souvent des hommes en prison. Ou à ce que des enfants soient enlevés. Et nous savons tous ce que fait l’église catholique et que de nombreuses tombes ont été trouvées au Canada.
« Leonard Peltier n’avait pas le choix, il fut immédiatement un bouc émissaire, quand le gouvernement des Etats-Unis s’est assuré qu’il aille en prison. Ce qu’était la vérité n’avait pas d’importance.
« Les Autochtones sont attaqués à cause de notre système de croyances, qui protège Notre Mère la Terre. Ainsi, quand les évènements de Standing Rock se sont produits, beaucoup de gens sont venus pour aider dans le Dakota du Nord, et ils ont découvert ce que ça faisait d’être sur le front et d’être attaqué au cours de la prière.
« Le programme COINTELPRO existe toujours aujourd’hui, et ils l’ont utilisé contre les Protecteurs de l’Eau à Standing Rock, par l’intermédiaire de la firme de sécurité Black Water.
« Leonard Peltier était aussi une victime des pensionnats. Ça fait partie des moyens par lesquels les familles Autochtones ont été attaquées, et comment nous essayons de faire revivre nos rôles. Nous avons le sentiment que la raison pour laquelle le gouvernement des Etats-Unis ne veut pas libérer Leonard Peltier, au bout de 47 ans, est qu’ils ne veulent pas respecter les Autochtones à cause de notre système de croyances, qui est à l’opposé de la façon dont ils violent Notre Mère la Terre.
« Lona, ici présente, est une survivante des pensionnats, et je vais la laisser raconter son histoire. »

LONA KNIGHT, LAKOTA MINICONJOU, PARLE DE STANDING ROCK

« Je voudrais dire quelques mots sur Standing Rock. Tant de gens sont venus, tant de nations, pour les soutenir, et ont découvert à quel point c’est dur d’être sur la ligne de front et de recevoir les coups que la police est venue pour distribuer. Notre ennemi arrive toujours de la même façon, chaque fois. C’était le cas à Wounded Knee, en 1890, quand ils ont saisi toutes les armes et même pris les alènes que les femmes utilisaient pour faire leurs mocassins, ils ont pris tout ce qui pouvait servir d’arme. Puis ils ont amené leur mitrailleuse et ont tiré sur les Lakota. Des militaires qui y étaient, je crois que ce sont 8 médailles d’honneur du Congrès qui leur ont été données, à l’époque. Et nous avons un projet qui nous tient à cœur, nous voulons que ces médailles soient révoquées et reprises à ces gens, parce qu’il s’agissait de purs assassinats. À l’époque, le cercle a été brisé, beaucoup de nos gardiens de la sagesse, leur connaissance des cérémonies et des chants, sont partis, ce jour-là. Et par les pensionnats et la colonisation, il a été interdit à nos peuples de pratiquer nos cérémonies pendant cent ans.
« Mais, à travers les rêves de beaucoup de gens, nos chants reviennent, et nos cérémonies nous reviennent.
« Je vivais à Hawaii à l’époque de Standing Rock, et tous les matins je me réveillais très tôt, j’allais sur Facebook, et Myron Dewey – Repose En Paix, mon Frère – était là, avec ses drones, dans le camp, et nous pouvions voir ce qui se passait. Dans le camp, tous les matins, il montrait les prières et les chants. Pour moi, c’était très puissant de les voir par ce moyen et d’être en connexion avec eux – beaucoup de mes frères et sœurs étaient là-bas, et je me sentais connectée à eux.
« Ça m’a fait beaucoup de mal de voir la police tirer les gens hors de la cérémonie de purification. Je les ai vus se faire trainer. Je les ai vus sur les vidéos.
« Donc, le mouvement est fort, et je sais que ça continue, le gens y sont, il y a toujours des fronts. Mais beaucoup de nos gens souffrent de stress post-traumatique.
« Vu les contraintes de temps, je vais passer le micro. Merci de m’avoir écoutée, je vous aime tous, soyez fort, et je prie pour que Leonard Peltier soit libéré bientôt. »


Par Candi Brings Plenty
Censored News
17 octobre 2020
Traduction Christine Prat
(Les 6 personnes arrêtées le vendredi 16, ont été libérées le samedi)

[Note : quand les Autochtones disent ‘nos parents’ en parlant des SDF, il ne s’agit pas de pères et mères, mais d’Autochtones de la même Nation]

Nos Akićita étaient en train de prier, on pouvait entendre les magnifiques chants de cérémonie, lorsque la Police de Rapid City les a interrompus et les a fait partir de force. Ils ont aussi traîné une Un­či (grand-mère) Lakota alors qu’elle priait.

RAPID CITY, Dakota du Sud – Tous les vendredis, depuis deux ans, notre communauté Oyaté fournit un repas à nos parents SDF, par l’intermédiaire de l’organisation de base OyateKinChanteWastepi. La Patrouille Mni Luzahan patrouille à pied Rapid Creek depuis l’été dernier, parce qu’en août, huit homicides d’Autochtones ont été commis dans notre ville, et deux d’entre eux étaient des SDF qui dormaient près du ruisseau. Et cette semaine, deux parents Autochtones SDF sont morts dans la rue.

Les flics les harcèlent et confisquent les sacs de couchage et les couvertures de ces parents afin qu’ils ne puissent pas dormir tranquilles, ou ils doivent aller en détox et risquent d’être arrêtés, parce que c’est illégal de dormir dans un parc, dans cette ville, sur des terres Autochtones, dans nos Black Hills sacrées qui nous ont été volées.

Pour avoir monté des tipis dans un espace public non-utilisé, la police de Rapid City a déclaré qu’il s’agissait d’une assemblée illégale. Ils ont démonté les quatre tipis et arrêté ceux qui étaient dans le dernier.

Nos parents ont monté des tipis ici, dans cette ville raciste, comme camp d’hiver pour nos Oyaté pauvres, dans le besoin. Les seules options pour nos parents, ici sont : La mission de Corner Stone, un établissement Chrétien, oppressif et colonial, où les SDF doivent payer à la journée ; ou aller en détox, où ils sont confrontés à un racisme institutionnel et sont incarcérés temporairement, jusqu’à ce que la police déclare qu’ils ont désaoulé et peuvent être relâchés. Entretemps, ils doivent porter des blouses d’hôpital et pas de chaussures.

Nos parents méritent mieux que ces deux options. C’est pourquoi notre communauté Akićita a apporté de l’aide, étant donné que notre Maire refuse de dépenser quelques dollars des impôts pour nos parents Autochtones SDF et leur a dit de retourner d’où ils venaient. Alors que selon l’histoire Lakota de la Création, nous sommes sortis en rampant de la Caverne du Vent, ici, dans nos Black Hills sacrées. Nos parents SDF sont EXACTEMENT là d’où ils sont venus !

Notre Traité Oyaté, nos droits constitutionnels et humains sont violés. Deux heures après que les tipis aient été montés, la Police de Rapid City a encerclé le camp avec vingt voitures de police et une équipe SWAT (unité d’élite, genre GIGN, employant des armes et des tactiques spéciales) cachée un bloc plus loin.

Nos tipis sont des structures géométriques sacrées, données à nos ancêtres par les esprits et nous ont été transmises. Il n’y a pas de différence avec Standing Rock, quand nous avions monté nos tipis et que les agents de DAPL sont passés par-dessus la barrière qu’ils avaient édifiée pour les démonter et arrêter tous ceux qu’ils pouvaient attraper.

Cinq de nos Akićita étaient en train de prier, on pouvait entendre les magnifiques chants de cérémonie, lorsque la Police de Rapid City les a interrompus et les a fait partir de force. Ils ont aussi traîné une Unči (grand-mère) Lakota alors qu’elle priait aussi.

Ce n’était PAS une manifestation, c’était Lakota Oyaté installant le camp d’hiver dans notre He Sapa sacré, comme nous l’avons fait pendant des générations, sous la Wičahpi Oyaté (Nation Étoile), avec une cérémonie conduite par l’homme-médecine Chief Crow Dog. Il a également été évacué. C’était une solution temporaire TRADITIONNELLE, jusqu’à ce qu’un camp de petites maisons puisse être construit.

Le RCPD (Service de Police de Rapid City) et les médias appellent ça une « manifestation » et ont même annoncé verbalement qu’ils allaient arrêter Nick Tilsen et révoquer sa caution pour la manifestation du Mont Rushmore. Alors qu’il était là-bas en tant que IkčéWičasa (homme ordinaire) soutenant son frère, leur suprématisme blanc s’est étalé, quand ils ont spécialement choisi Nick, pour l’incriminer d’être un si bon parent.

J’ai une foi inébranlable dans notre spiritualité Lakota et j’organise la Justice Autochtone, en insistant sur l’organisation de la communauté. Et, avec ma grande expérience, je sais qu’il faut rendre visible l’injustice régnante pour élever la conscience de la situation, afin que nous puissions construire et démanteler les systèmes coloniaux d’oppression. Mais les médias dominants ne rapporteront pas cette histoire d’une perspective Autochtone, alors, nous devons le faire.

Ce camp d’hiver était construit sur la cérémonie et les cœurs des dirigeants de notre communauté Lakota.

S.V.P, faites des DONS, partagez et soutenez le Fonds Légal Mni Luzahan :
https://www.campmniluzahan.org/

 

STANDING ROCK: LES PROTECTEURS DE L’EAU SONT LE FUTUR

Par Brenda Norrell
Publié sur Censored News
Le 13 juillet 2017
Photo Rob Wilson
Zie Nederlandse vertaling door Alice Holemans
Traduction française Christine Prat

 

STANDING ROCK – Les protecteurs de l’eau et leurs camps – sont le futur.

Pourquoi? Parce que ce mouvement, conduit par des Autochtones, a résisté, sans compromis, au point où l’armée et la police militarisée ont été appelées pour les écraser.

Mais même ces forces n’ont pas été capables de casser leur esprit.

Si le monde n’avait pas été témoin, il ne fait aucun doute que la police aurait été encore plus violente envers les femmes, les enfants et les Anciens.

Une révélation devrait clarifier la question pour le monde entier. C’est arrivé par une fuite sur le site The Intercept.

Les rapports de sécurité ridicules des mercenaires de TigerSwan à Standing Rock ont servi de base à l’escalade coordonnée et massive de la police, avec tanks et armes de guerre.

Ce service de renseignements fabriqué est tout le symbole de ces actes guidés par le profit, qui aboutissent aux guerres fallacieusement initiées et justifiées par les Etats-Unis.

Ne soyez pas induits en erreur par la pause actuelle.

Standing Rock a été une graine dans un sol fertile.

La terre donne naissance à la résistance.

 

JURISPRUDENCE: DIX NOUVEAUX NON-LIEUX

 

 

Par le Water Protector Legal Collective [Collectif Légal de Protecteurs de l’Eau]
Publié le 10 juin 2017
Par Censored News
Traduction Christine Prat

 

Une grande victoire pour les Protecteurs de l’Eau, la semaine dernière: 10 poursuites concernant les arrestations du 22 octobre 2016, qui devaient passer en justice le jeudi 6 et le vendredi 7 juillet 2017, se sont terminées par des non-lieux. Les dix accusés étaient menacés d’accusation d’Infraction Criminelle et de Participation à une Emeute, et sept parmi eux étaient défendus par le Collectif Légal de Protecteurs de l’Eau (WPLC).

Toutes les poursuites résultaient des arrestations de masse qui ont eu lieu à Standing Rock le 22 octobre 2016 et sont en tout point comparables à celles qui ont été traitées le 29 juin 2017, lorsque le verdict de la Cour de District du Comté de Morton a été: non coupable.

La motion présentée par l’Assistant du Procureur du Comté de Morton Brian Grosinger dit: “Sur la base des décisions de l’audience du 29 juin 2017, et les respectant, l’état anticipe en substance que la preuve dans ces affaires est la même.” Ayant appris que le non-lieu avait été prononcé, l’avocat du WPLC Brian Fitzpatrick, dont le client était un des dix accusés, déclara: “Le Procureur de l’état, à mon avis, a agi selon son devoir éthique de prononcer un non-lieu dans tout cas où il ne peut pas donner de preuve au-delà du doute raisonnable. Toutes ces affaires sont dans cette catégorie. Je l’applaudie pour avoir fait ce qui était juste.”

Ces protecteurs de l’eau étaient parmi les nombreuses personnes qui prenaient part à une prière ou appartenaient aux groupes de soutien, le 22 octobre, quand les forces de l’ordre leur ont dit de se disperser, dans un champ à l’ouest de la nationale 1806, près des sites sacrés et du site du DAPL. Il n’y a eu aucune enquête ou constatation déterminant si ces ordres de dispersion étaient légaux. Cependant, avant que les protecteurs de l’eau puissent se retirer, ils ont été encerclés et bloqués par les forces de l’ordre, dans un champ, et arrêtés. L’avocat du WPLC, Andrea Carter, dit à propos des non-lieux, “ce qui a été déterminant pour nous, dans ces affaires, n’a pas été seulement le travail légal infatigable, mais plus fondamentalement, la force et le courage de la culture et des valeurs des peuples Autochtones, et le soutien de milliers de supporters, locaux et de tout le pays, créant de nouvelles façons de s’exprimer, en dépit de toutes les difficultés, et dans des conditions d’injustice et de traitement différent extrêmes.”

Les six premiers protecteurs de l’eau devant comparaitre, avaient été arrêtés le 27 octobre 2016, et devaient passer au tribunal le 14 juillet 2017. Le 27 octobre 2017, environs 147 des plus ou moins 400 protecteurs de l’eau, avaient été arrêtés après avoir quitté le camp, alors qu’ils étaient en train de marcher, prier et inviter à prendre conscience. La plupart des personnes arrêtées ont renoncé à une comparution devant un jury, de peur, hélas, de ne pas pouvoir avoir un procès équitable dans cette région. Il pourrait y avoir une autre comparution, et deux autres audiences finales, respectivement les 11 et 14 juillet, pour des individus qui ont aussi été arrêtés alors qu’ils priaient, le 27 octobre ou le 18 décembre.

Les protecteurs de l’eau qui ont besoin d’un avocat bénévole ou qui ont vu ou subi des préjugés ou de la discrimination de la part des officiels, à cause du fait qu’ils sont Autochtones ou des organisations politiques auxquelles ils appartiennent, sont encouragés à prendre contact avec le Collectif Légal de Protecteurs de l’Eau, pour des conseils ou pour être représentés, au 701-566-9108.

 

Contacts:
Andrea Carter, Avocat du WPLC : (701) 425-5406, andreacarter@protonmail.com
Jessica Beheler, Porte-parole, contact medias: (701) 595-1509 pr@wplegal.org

 

 

LES LAKOTAS, NAVAJOS ET SUPAIS PRESENTENT UN PUISSANT TEMOIGNAGE AU RAPPORTEUR DES NATIONS UNIES EN ARIZONA ET DANS LE DAKOTA DU SUD

Par Brenda Norrell
Censored News

Original article in English

Photos: Arizona, Forgotten People; Dakota du Sud, Vi Waln

Traduction Christine Prat

 

Jeudi 3 mai 2012

En Arizona et dans le Dakota du sud, des Amérindiens ont présenté un témoignage puissant sur la destruction de leurs terres natales par l’exploitation d’uranium, les centrales au charbon et les forages pétroliers et gaziers, au cours de sessions de consultation avec le Rapporteur des Nations Unies sur les Droits des Peuples Autochtones, James Anaya.

Debra White Plume, Lakota, qui a témoigné à l’université de Sinte Gleska, sur le territoire de la Nation Lakota Sicangu, à Rosebud, Dakota du sud, les 1er et 2 mai, dit qu’il était temps de mettre un terme à l’écocide de Notre Mère la Terre.

Au cours d’un témoignage à Tucson, les 26 et 27 avril derniers, des Navajos de Black Mesa ont décrit les crimes commis par la compagnie Peabody Coal, des sénateurs d’Arizona et des avocats non-Indiens, qui ont conduit à la déportation de Navajos, à l’exploitation de charbon sur Black Mesa, et au maintient de certaines des centrales au charbon les plus polluantes des Etats-Unis sur le territoire de la Nation Navajo.

Les Havasupai ont demandé la fin de l’exploitation de mines d’uranium dans le Grand Canyon qui constitue une menace pour les générations futures du Sud-ouest en empoisonnant l’eau.Damon Watahommigie, Supai, dit « En tant que premiers guerriers du Grand Canyon, nous refusons d’être les terroristes du monde du prochain millénaire en autorisant les super complexes industriels nucléaires à exploiter des mines dans le Grand Canyon. »

Dans le Dakota du Sud, Debra White Plume, Lakota, a déclaré : « M. Anaya, je vous demande de conserver toute la clarté de ce message, n’édulcorez pas mon témoignage. Je dis que l’Amérique est en train de commettre un ethnocide contre notre mode de vie, un écocide contre Notre Mère la Terre et un génocide contre le Peuple Lakota dont la Nation est aussi profanée. Sans accès à nos terres et à nos eaux nous ne pouvons vivre de Droits Inhérents et collectifs d’être qui nous sommes. Il y a des compagnies d’uranium, de pétrole, de gaz ici en ce moment, et d’autres veulent venir. Nous ne les avons pas invitées.
« L’Amérique accueille la compagnie d’uranium Canadienne Cameco, la compagnie d’oléoducs TransCanada et PowerTech uranium qui veulent des permis pour exploiter les mines d’uranium et trainer du pétrole à travers notre Territoire contre notre volonté, des extractions et des oléoducs qui menacent notre nappe aquifère Ogalalla, qui fournit l’eau potable à 2 millions d’habitants et irrigue le ‘panier à pain’ du monde.
Debra White Plume ajoute : « Nous n’avons jamais donné notre consentement libre, préalable et informé ainsi que l’exige la Déclaration des Droits des Peuples Autochtones adoptée par l’Assemblée Générale de Nations Unies ; nous savons que personne n’est satisfait par cette Déclaration, mais c’est un document qui donne des normes minimales. »

En Arizona, la Navajo Leta O’Daniel a témoigné des horreurs imposées aux Navajos, de la Longue Marche à la déportation, des mines de charbon aux sévices des internats scolaires.
« Mes voisins sont descendants des Yeii, le gens Sacrés des anciens Anasazi. Trois de mes frères sont Hommes Médecine et j’écoute leurs histoires. Je peux vous montrer où nos traces sont parallèles à celles des dinosaures et vous raconter des histoires des origines, du temps où les dinosaures ont mangé des humains, où nos ancêtres vivaient dans les falaises pour se protéger d’eux et quand guerriers jumeaux – le Tueur de Monstres et Celui Né de l’Eau – ont aidé à sauver notre peuple des dinosaures.
« Nous avons des prières et des chants pour nos troupeaux donnés par les Gens Sacrés. Notre tradition orale passée de génération en génération, nous apprend à garder et soigner nos troupeaux. La Femme Araignée nous a appris à tisser les tapis. Nos motifs racontent des histoires tissées. Cela nous maintient et nous fournit le moyen de vivre. »

Leonard Benally, qui résiste depuis des décennies contre la déportation de Big Mountain, a décrit les plans qui ont présidé à la déportation des Navajos et aux tentatives actuelles de voler les droits sur l’eau des Navajos. Benally dit qu’il est temps de rendre la compagnie Peabody responsable de génocide et de démasquer le rôle de politiciens Navajo corrompus, des membres du Congrès pour l’Arizona et des avocats non-Indiens.
Benally dit que le Président Navajo « Ben Shelly, de la Nation Navajo, travaille avec les Sénateurs Kyl et McCain pour faire passer la loi sur l’Accord pour les Droits sur l’Eau de la rivière Little Colorado, qui abandonne nos droits sur l’eau à la compagnie Peabody Coal et à la Centrale Navajo. Nous sommes persuadés que l’Accord est une tragédie non seulement parce qu’il réduit les droits des Navajos mais aussi parce qu’il nous fait renoncer à des millions de dollars de compensation pour ces droits.
Notre liberté est sacrifiée pour un bonus économique fondé sur la tromperie et la corruption. Notre justice a été prostituée par des abandons, du désespoir, et du conformisme élevés au rang de doctrines de Sécurité Nationale. Nous sommes le destin historique des dépossédés. La Démocratie a été blanchie avec des détergents importés qui autorisent de l’eau d’égout recyclée à être larguée sur nos Pics San Francisco Sacrés.
La collusion entre Peabody et le gouvernement des Etats-Unis a résulté dans la sombre infamie du génocide et des crimes contre mon peuple et contre l’environnement – la déportation, le Bennett Freeze, l’exploitation d’uranium, le tout pour la poursuite du développement des ressources énergétiques, alimentée par l’avidité et la collusion des compagnies et du gouvernement. »

L’Ancienne Navajo de Black Mesa Glenna Begay dit que Peabody ne respecte pas les morts. « les résidents de la région minière ont été emprisonnés ou menacés de l’être pour avoir tenté de protéger leurs sites funéraires et sacrés. D’autres résidents ont été témoins de déterrement de tombes. »

Hathali (Homme Médecine en Diné) Norris Nez dit que les prières des Diné – Navajos – sont pour toute l’humanité. « A Big Mountain, Black Mesa, le Territoire Partagé Hopi, il y avait beaucoup de sites sacrés où des sacrifices étaient offerts. Les Gens Sacrés, les Gens des Etoiles, nous reconnaissent par ces sites qui sont sacrés là où nous, Diné, humains à cinq doigts, donnons des offrandes. Ils reconnaissent que nous faisons notre devoir de donner nos offrandes aux Gens Sacrés. Ces sites sont là pour le bien des gens, pas seulement pour les Diné. Nos prières sont dites pour toute l’humanité. »

Tandis que les sessions continuent à travers les Etats-Unis, le Rapporteur et les Nations Unies sont pressées par les Amérindiens d’utiliser ces témoignages afin qu’ils résultent en bénéfices réels pour les gens, au lieu de se limiter à récolter des mots et de réduire ces mots à des résumés sommaires ne conduisant à aucun changement réel.

 

Pour une autorisation de reproduire la totalité de cet article, s’adresser à : brendanorrell@gmail.com

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UN FIL DANS LA BELLE ETOFFE DE LA RESISTANCE

Par Debra White Plume

Censored News
Original article in English

Traduction Christine Prat

Jeudi 19 janvier 2012

L’eau est finie, et sacrée. “Mni wicozani », par l’eau il y a la vie. Nous devons boire de l’eau propre, nourrissante, pour vivre. Tout comme notre Mère la Terre est faite de beaucoup d’eau, nos corps humains contiennent 70% d’eau. C’est pourquoi à la Pleine Lune, et aux changements de marée, certains humains ont un comportement imprévisible. Pour nous, peuple Lakota, mni (l’eau) est notre premier médicament, notre première demeure. Il y a tout un corpus d’enseignement spirituel et social que nous apprenons en grandissant, la Vision du Monde Lakota concernant l’eau. Mni est notre parente, et la Loi Lakota exige que nous protégions les membres de nos familles. Notre Mère la Terre est notre parente.

Cette croyance a conduit notre organisation, Owe Aku (Bring Back the Way – Ramenez la Voie traditionnelle), qui s’occupe de préservation et revitalisation de la culture, des Droits garantis par les Traités et des Droits de l’homme, à s’interroger sur le taux anormal de cancer et de diabète sur la réserve de Pine Ridge. Cette recherche nous a conduit en des lieus où nous n’aurions jamais pensé aller ! Nous avaons consulté les études sur la qualité de l’air et de l’eau, ce qui nous a conduit à la mine d’uranium de Cameco, Inc. qui pratique la dissolution sur place [terme officiel : lixiviation in situ], à 30 minutes de notre frontière sud. Nous avons appris que cette technique d’exploitation contamine chaque jour une incroyable quantité d’eau. Cameco était sur le point de demander le renouvèlement de sa license et avait déposé une demande pour ouvrir une deuxième mine. Nous avons fait des recherches sur la procédure et nous sommes aperçus que nous pouvions intervenir, sur la base de la science et de la loi. Nous l’avons fait et sommes maintenant partie civile dans le procès contre le soi-disant ‘droit’ de Cameco d’empoisonner notre eau. C’était il y a sept and. Depuis çà continue.

Le travail de protection de l’eau exige une recherche constante, c’est ainsi que j’ai entendu parler du forage de sables bitumineux sur le territoire de Premières Nations dans le bassin de la Rivière Athabasca, près de Fort McMurray, au Canada. Ce que j’ai appris sur cette mine et ces effets sur Notre Mère la Terre a été un choc, alors j’ai commencé à parler de plus en plus de cette horrible profanation de Notre Mère la Terre et de nos parents des Premières Nations. Le forage des sables bitumineux se fait depuis des décennies et est devenu l’opération d’exploitation minière la plus sale au monde. Les grandes compagnies se sont introduites il y a des dizaines d’années, en trompant les élus pour leur faire signer des contrats d’exploitation, contrats qui ont résulté en une augmentation de formes rares de cancer, les gens meurent, les poissons aussi, ainsi que les orignacs [ou orignaux, sortes d’élans du Canada] et d’autres animaux dont les gens dépendent pour se nourrir. C’est devenu un problème d’alimentation. Est-ce que çà va devenir un problème de famine ? La forêt vierge boréale a été abattue, l’Amazonie du Nord est en train d’être détruite, des millions d’oiseaux et d’autres animaux sont morts, des espèces se sont éteintes. Le forage utilise 3 à 4 barils d’eau potable pure pour obtenir 1 baril de pétrole, chaque jour. Cela produit tant de gaz à effet de serre qu’il est quasiment impossible de les mesurer.

L’étude du forage des sables bitumineux nous a amené à découvrir l’intention de la compagnie TransCanada de construire et d’utiliser l’oléoduc Keystone XL, allant du site de forage au Canada, à travers le Montana, le Dakota du Sud, le Nebraska, le Kansas, l’Oklahoma jusqu’à la côte du Texas, ou le pétrole serait raffiné et expédié on ne sait où. Nous avons appris que le Keystone XL aurait 90 cm de diamètre, serait plutôt mince, et que le pétrole brut très lourd, soumis à une haute pression, devrait être chauffé à 65,5 degrés pour être suffisamment liquide pour couler dans l’oléoduc. Un ouvrier syndiqué a été licencié pour avoir signalé que le tuyau était défectueux, alors que les employés de la compagnie le déclaraient agréé. L’ouvrier licencié a renoncé à sa carrière de toute une vie. Je l’ai rencontré à Washington, DC.

L’oléoduc devrait croiser notre aqueduc d’Eau Rurale, qui transporte de l’eau potable du fleuve Missouri sur 320 km jusqu’à Pine Ridge. L’oléoduc Keystone XL devrait traverser 200 lacs, cours d’eau et rivières. Il serait enterré dans la nappe aquifère Ogallala, qui irrigue 30% des cultures vivrières des Etats-Unis et qui fournit l’eau potable à 2 million d’habitants, ainsi qu’aux troupeaux, aux chevaux, aux bisons et autres créatures à quatre pattes. TransCanada devrait utiliser beaucoup d’eau potable pour la mélanger au pétrole brut très lourd. Des enseignements sacrés et issus de ma société sur l’eau m’ont pousser à consacrer de plus en plus de temps au combat pour la vie (et contre la mort) que cette histoire d’oléoduc est devenue. Je connaissais les menaces des mines d’uranium pour notre sol et ce qui vit à la surface, et ce que j’ai appris sur cet oléoduc m’a fait prendre conscience que çà menaçait notre vie, car où trouverions nous assez d’eau potable pour les 50 000 Oglala de Pine Ridge si l’oléoduc craquait ou fuyait ? Qui se sentirait suffisamment concerné pour y faire quelque chose ? La technologie pour nettoyer ce genre de pétrole lourd n’existe pas. Et on n’a pas encore invité le tuyau qui ne fuit pas et ne craque pas.

Des amis du Réseau Environnemental Indigène ont pris contact avec moi et nous avons amorcé un dialogue sur la protection de l’eau, la contamination et quelques autres sujets. Les tribus vivant sur le trajet projeté pour l’oléoduc ont entrepris des actions pour s’y opposer. Toutes les Nations Amérindiennes des Etats-Unis se sont fait entendre pour dire ‘Non’. J’ai décidé d’aller à Washington, DC, pour participer à une audience du Sénat et rencontrer des officiels du Département d’Etat pour leur parler des violations du Traite de Fort Laramie et de la Déclaration des Droits des Peuples Autochtones adoptée par les Nations Unies en 2007. Je me suis rendue avec d’autres personnes à Pierre, Dakota du Sud, pour témoigner à une audience du Département d’Etat, mais je n’ai pas pu le faire, vu que j’étais le numéro 152. J’ai vu des syndiqués ivres témoigner qu’ils avaient besoin d’un emploi de soudeur. La plupart venaient de l’extérieur.

Alors ma famille et moi avons décidé que j’irais à Washington, DC. J’ai pris part à l’action directe de désobéissance civile, je suis entrée par effraction à la Maison Blanche, et j’ai été arrêtée, comme 1200 autres personnes qui voulaient aider à faire entre la question dans la tête de l’Amérique moyenne et attirer l’attention du Président Obama. Une douzaine d’entre nous, Amérindiens, ont été arrêtés. Les Lakota de Pine Ridge ont reçu Tom Weis, qui a été du Montana au Texas sur une moto marchant à l’énergie solaire pour éveiller la conscience des gens le long de la route prévue pour l’oléoduc Keystone SL. Nous avons aussi reçu à Pine Ridge un Rassemblement pour Notre Mère la Terre et une marche. Nous avons accueilli un tour de Solidarité avec les éleveurs, les fermiers, le peuple Lakota, et une star de cinéma Américaine, Darryl Hannah. Nous avons fait des émissions de radio, écrit des articles, assisté à divers évènements. Du jour au lendemain, je me suis retrouvée dans une Tournée de Résistance, j’ai fait 16 000 km en avion en 5 semaines. En route, j’ai perdu ma brosse à cheveux, mon peigne et il ne me restait plus qu’une chaussette. Heureusement, c’était presque fini entretemps ! Le 15 janvier, un groupe de Lakota parmi lesquels j’étais, ont reçu Winyan Ituwan, une réunion de femmes sur Notre Mère la Terre et l’Eau Sacrée, avec comme invités Kandi Mosset du Réseau Environnemental Indigène, et Tantoo Cardinal, une star de cinéma Cree du Canada. Tout cela dans le but d’encourager la prise de conscience et la résistance à l’exploitation d’uranium, à l’oléoduc Keystone XL et au forage des sables bitumineux, et la protection de notre eau sacrée.

Au départ, le Nebraska protégeait la nappe aquifère Ogallala, mais a depuis accepté de s’engager dans des négociations pour autoriser un oléoduc sur un trajet encore inderterminé. Le Dakota du Sud a accordé $30 millions de réduction d’impôts à Keystone XL pour s’installer ici, le Montana a fait des concessions aussi. Cependant, des individus et des groupes se sont engagés, de façon spectaculaire. Des groupes écologistes, beaucoup de groupes citoyens, des milliers de gens de part et d’autre de la frontière en le Canada et les Etats-Unis, ont dit d’une seule voix ARRETEZ L’OLEODUC. Des Prix Nobel, des chefs et présidents Autochtones et des Premières Nations, des scientifiques, des militaires en retraite, des médaillés olympiques, des sénateurs, des membres du congrès, des acteurs, des écrivains, des étudiants, des gens de toutes origines sociales ont fait entendre leur vois et risqué leur liberté pour bloquer l’oléoduc. Les grands media des Etats-Unis ont rarement couvert ces évènements, mais dans les petites villes, les journaux et radios locaux l’ont fait. L’information s’est répandue, le nombre de résistants s’est accru. La dernière fois que je suis allée à Washington, DC, j’ai parlé devant un rassemblement de 15 000 personnes, nous avons fait 4 fois le tour de la Maison Blanche. Les gens venaient de partout, pour parler d’une seule vois. Nous nous sommes fait des amis et des alliés.

Les politiciens du Nebraska ont tenu une audience spéciale pour autoriser Keystone XL à y pénétrer, mais la Maison Blanche a entendu l’appel à protéger la nappe aquifère Ogallala. Ensuite, TransCanada a exercé des pressions sur les Etats-Unis pour qu’ils prennent une décision et des politiciens élus se sont empressés de soutenir le projet Keystone XL, ont lié une nouvelle proposition de loi à une proposition sur l’emploi, et ont donné 60 jours à la Maison Blanche pour autoriser Keystone XL ou le rejeter comme contraire à l’intérêt national.

Le 18 janvier 2012, le Département d’Etat et le Président Obama ont rejeté le projet d’oléoduc, vu qu’il n’était pas possible d’effectuer les études sur l’impact écologique en 60 jours. Cependant, TransCanada peut toujours déposer une nouvelle demande de permis.

Nous tous qui avons travaillé sur cette question de vie ou de mort, sommes un fil dans cette étoffe de résistance. Des gens ont écrit des lettres, prononcé des discours, préparé des repas, écrit des courriels, transmis sur Twitter et Facebook, ont fabriqué des banderoles, ont payé l’essence, ont fait des t-shirts, ont donné des coups de téléphone, fait des recherches, des photocopies, ont fait la queue pour témoigner, ont été arrêtés, ont fait pression sur des Sénateurs et des membres du Congrès, ont gardé des enfants, ont prêté leurs voitures, ont offert leur canapé ou une chambre d’amis, des musiciens et artistes ont fait des concerts et spectacles de soutien, ont pris des photos, récolté des fonds, ce fut une action vraiment collective pour protéger notre eau et Notre Mère la Terre.

Ce n’est pas une personne, ou une organisation particulière, qui a arrêté l’oléoduc, cette victoire n’est peut-être que temporaire, cette victoire est partielle, vu que le forage des sables bitumineux continue. Mais c’est l’amour de beaucoup de gens pour Notre Mère la Terre et les générations futures, toutes leurs prières et leurs sacrifices, qui ont donné une telle force à ce mouvement. Je crois que l’amour est plus fort que la cupidité. Je crois que les gens agissant ensemble peuvent être aussi efficaces que les plus grands conglomérats du monde. Je crois que Notre Mère la Terre veut vivre, et que nous ne pouvons pas vivre sans elle. Je crois en notre prophétie Lakota, « Un jour la Terre pleurera, Elle pleurera des larmes de sang. Vous devez choisir. Vous L’aidez, ou Elle mourra. Si Elle meurt, vous mourrez aussi. »

Partout dans le monde, des choses se produisent, du genre 200 tornades en deux jours l’été dernier ? Des tremblements de terre là où il n’y en avait pas eu depuis des centaines d’années ? Des inondations ? Des vagues de sécheresse ? Ce sont évidemment des phénomènes météorologiques courants, mais pas à ce rythme et pas dans ces endroits. Chaque été a été plus chaud que le précédent depuis 1996. Notre Mère la Terre nous dit quelque chose, Elle pleure, et Elle se soulève. La Terre qui Pleure se Soulève ! Tout ce qui arrive à Notre Mère la Terre arrive à tous les gens de la Terre. Une telle lutte est faite de beaucoup, beaucoup de fils, tous ensemble nous formons une belle étoffe de résistance, et une protection pour notre Mère, Notre Mère la Terre.

La dernière fois que nous avons quitté Washington, DC, mon amie et moi, nous avons vu un grand vautour à queue rouge qui a tourné au-dessus de nous et au-dessus de la Maison Blanche, et s’est envolé vers l’ouest. Le jour de Winyan Ituwan, le Rassemblement de l’Hiver, nous avons vu un aigle chauve tourner au-dessus de nous, puis s’envoler vers l’Ouest. Des messages Sacrés… Si nous écoutons, nous pouvons entendre, si nous entendons, nous pouvons comprendre. Quand nous comprenons, nous remercions. Lila wopila iciciyapi. Hecetuye.