3 janvier 2017
Kari Ann Boushee, Contact de la Famille et Codirectrice du Comité International de Défense de Leonard Peltier
contact@whoisleonarpeltier.info
Publié sur Censored News
Traduction Christine Prat

 

Le mois dernier, une lettre plaidant la clémence pour le prisonnier fédéral Leonard Peltier a été envoyée au Président Obama par l’ex Procureur des Etats-Unis, James H. Reynolds.

Tous ceux qui le soutiennent sont convaincus que l’activiste Autochtone Leonard Peltier a été injustement condamné en 1977 pour la mort de deux agents du FBI. Emprisonné depuis plus de 41 ans, Peltier a le soutien d’Amnesty International et d’autres organisations des droits de l’homme. Plus de 50 Membres du Congrès et d’autres – parmi lesquels le Juge Gerald Heaney (de la Cour d’Appel du 8ème Circuit) qui a siégé comme membre de la Cour lors de deux appels de Peltier – ont demandé sa libération immédiate.

Comme il l’indique dans sa lettre au Président Obama, M. Reynolds avait été nommé au poste de Procureur des Etats-Unis pour le District de l’Iowa, par l’ancien Président Jimmy Carter. Il était en poste en 1977, l’année où l’affaire de Leonard Peltier est passée en jugement, et il supervisait les procureurs, y compris l’Assistant Procureur des Etats-Unis Evan Hultman, lors du jugement et des appels. Plus tard, il a été nommé Procureur des Etats-Unis pour le Dakota du Sud.

Des Cours d’Appel ont reconnu à répétition des preuves de fautes du gouvernement dans l’affaire Peltier – entre autres, avoir fait de fausses déclarations à un tribunal Canadien pour obtenir l’extradition de M. Peltier aux Etats-Unis, et avoir forcé des témoins à mentir à l’audience. Un procureur fédéral a admis par deux fois que le gouvernement « ne pouvait pas prouver qui avait tiré sur ces agents. » Pour la Cour d’Appel du 8ème Circuit, « le FBI a utilisé des méthodes inappropriées pour s’assurer de l’extradition de Peltier du Canada et dans l’enquête et le jugement de l’affaire Peltier. » La Cour a conclu que le Gouvernement a dissimulé des preuves de la défense, favorables à Peltier, « ce qui met fortement en doute la position du Gouvernement », et que si ces preuves avaient été produites « il est possible qu’un jury aurait acquitté Leonard Peltier. » En 2003, les juges du 10ème Circuit ont déclaré: « Une bonne partie de la conduite du Gouvernement dans la Réserve de Pine Ridge et ses poursuites de M. Peltier est condamnable. Le Gouvernement a dissimulé des preuves. Il a intimidé des témoins. Ces faits sont indiscutables. »

Selon le Ministère de la Justice des Etats-Unis, de l’époque de la condamnation de Peltier en 1977 jusqu’au milieu des années 1990, la durée moyenne d’emprisonnement pour homicide aux Etats-Unis, avant une libération conditionnelle, allait de 94 à 99,8 mois (environs 8 ans). Selon les standards de l’époque de sa condamnation, Peltier aurait dû être libéré depuis longtemps. Selon les standards de 1977, il a subi l’équivalent de cinq condamnations à perpétuité. Mais, en violation de la Loi sur la Réforme des Condamnations de 1984 (et ses amendements), le Gouvernement a prolongé illégalement l’emprisonnement de Peltier. Entrée en application le 12 octobre 1984, la loi ordonnait des libérations conditionnelles pour tous les prisonniers de l’ « ancien système » au cours des cinq années suivantes, période au bout de laquelle (le 11 octobre 1989), la Commission des Libérations Conditionnelles cesserait d’exister. Après avoir techniquement cessé d’exister, la Commission a prétendu avoir besoin de plus de temps pour finir son travail. Inexplicablement, le Congrès a accordé plusieurs prolongations après coup. Ces prolongations étaient nulles selon la loi, et donc inapplicables, étant donné qu’à l’époque où elles ont été accordées, la Commission avait déjà été abolie.

De plus, en fixant sa date de libération, le Gouvernement n’a pas appliqué sa règle des 30 ans. Après 30 ans, toutes les condamnations doivent être confondues et le prisonnier libéré. Et en plus, le gouvernement n’a pas pris en considération le temps gagné par Peltier pour bonne conduite (20 ans, entretemps). Peltier a depuis longtemps droit à une libération sans conditions.

Reynolds dit dans sa lettre au Président Obama que la clémence est « … dans l’intérêt supérieur de la justice, considérant la totalité des questions impliquées. »

Agé de 71 ans et en mauvaise santé, Peltier a officiellement demandé la grâce le 17 février 2016, et attends la décision du Président Obama.

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Lettre du 21 décembre 2016, adressée au Président Obama

 

Ce que VOUS pouvez faire: demandez au Président Obama de libérer Leonard Peltier

Tél.: (00 1) 202-456-1111 ou (00 1) 202-456-1414
Email: http://www.whitehouse.gov/contact/submit-questions-and-comments
Facebook: https://www.facebook.com/whitehouse (ou https://m.me/whitehouse )
Twitter: President Obama @POTUS ou @WhiteHouse

International Leonard Peltier Defense Committee
Headquarters: 202 Harvard Drive SE, #5, Albuquerque, NM 87106
Tél.: (00 1) 505 217-3612
Courrier: PO Box 24, Hillsboro, OR 97123
www.whoisleonardpeltier.info

 

Publié par brendanorrell@gmail.com

 

 

LEONARD PELTIER: ‘QUARANTE ANS EN PRISON’

‘Le 6 février, j’aurai été incarcéré depuis 40 ans! J’ai 71 ans et je suis toujours dans un pénitencier de haute sécurité.’ Leonard Peltier

 

Leonard Peltier
International Leonard Peltier Defense Committee
Publié sur Censored News
6 février 2016
Traduction Christine Prat

Salutations à vous, amis, soutiens et à tous les Peuples Autochtones.

Que pourrais-je dire que je n’aie pas déjà dit avant? Je suppose que je peux commencer par dire ‘à plus tard’ à tous ceux qui sont décédés au cours de l’année passée. Nous, les Autochtones, n’aimons pas dire leurs noms. Nous croyons que si nous prononçons leurs noms, çà troublera leur voyage. Ils pourraient se perdre et leurs esprits errer pour toujours. Si trop de gens les appellent, ils essaieront de revenir. Mais leurs esprits savent que nous pensons à eux, alors tout ce que je dirai est ‘bon voyage et j’espère vous voir bientôt’.

Le 6 février, j’aurai été emprisonné pendant 40 ans! J’ai 71 ans et je suis toujours dans un pénitencier de haute sécurité. A mon âge, je ne suis pas sûr d’avoir encore beaucoup de temps.

J’ai gagné 4 ou 5 ans pour bonne conduite que personne ne semble vouloir reconnaître. Ça ne compte pas, je suppose? Et quand j’ai été condamné, le temps moyen pour ceux condamnés à perpétuité avant de pouvoir obtenir une libération conditionnelle était de 7 ans. Ça signifie que j’ai fait près de 6 fois perpétuité et je devrais avoir bénéficié d’une libération conditionnelle il y a très longtemps. Ensuite, la libération est obligatoire au bout de 30 ans de détention. J’ai fait 10 ans de plus. Le gouvernement n’est pas censé changer les lois pour vous garder en prison – SAUF si vous êtes Leonard Peltier, apparemment.

Maintenant, on me dit que je resterai à l’USP Coleman jusqu’en 2017, quand on décidera que je peux aller dans un établissement de sécurité normale – ou PAS. Mais, vous pouvez vérifier, j’ai été classé comme prisonnier à risque modéré depuis plus de 15 ans, et le règlement dit que les prisonniers âgés doivent être placés dans des établissements moins dangereux. Mais PAS si vous êtes Leonard Peltier, je suppose.

Vous vous souvenez sans doute que l’histoire de ma demande de clémence est longue. Ma première demande était adressée à Jimmy Carter. Il l’a rejetée. Ronald Reagan a promis au Président Mikhaïl Gorbatchev qu’il me libèrerait si l’Union Soviétique relâchait un certain prisonnier, mais Reagan est revenu sur sa promesse. George H.W. Bush n’a rien fait. La demande suivante était adressée à Bill Clinton. Il a terminé son mandat sans rien entreprendre bien que la Procureur ait mené une enquête qui a duré 11 mois (habituellement ça prend 9 mois) et on nous a dit qu’elle avait recommandé la clémence. George W. Bush a nié cet avis en 2009. Et pour chaque demande, le FBI est intervenu pour bloquer le décret. C’est totalement illégal!

Aujourd’hui, je suis confronté à un autre dilemme – un anévrisme de l’aorte abdominale (AAA). Il est de la taille d’une pile AAA. Le docteur me dit que s’il éclate, je risque de mourir d’hémorragie. En plus, c’est très proche de la moelle épinière et je pourrais rester paralysé. La bonne nouvelle est qu’on peut le traiter et que l’opération réussit à 96-98%. MAIS je suis dans une prison haute sécurité. Nous ne sommes pas envoyés pour un traitement avant que ce ne soit à un stade terminal.

Alors que le Président Obama terminera la dernière année de son mandat, j’espère qu’il continuera à se battre pour réaliser ses promesses, et qu’il poussera plus loin les progrès faits par son Gouvernement pour travailler en partenariat avec les Peuples Premiers. Ça me donne de l’espoir, que ce Président ait travaillé dur pour consolider la relation de confiance avec les Nations Tribales. Avec VOTRE encouragement, je crois qu’Obama aura le courage et la conviction suffisante pour commuer ma peine et me renvoyer chez moi à ma famille.

En repensant à ces 40 années d’efforts faits pour moi, je suis bouleversé et honoré. Je voudrais remercier tous les soutiens qui ont cru en moi au cours des années. Certains d’entre vous m’ont soutenu dès le début. Vous vous êtes arrangés pour que j’ai des livres à lire et des fonds pour acheter ce dont j’ai pu avoir besoin pour avoir le confort qu’on peut espérer dans un tel lieu. Vous avez aussi fait des dons au comité de défense afin que nous puissions continuer le combat pour ma liberté. Vous avez tous travaillé dur – et vous continuez – pour diffuser l’information sur ce qu’on appelle maintenant la condamnation la plus choquante de l’histoire des Etats-Unis. Il y a des gens qui ont bon cœur dans ce monde, et vous en êtes. Je suis désolé de ne pas pouvoir répondre à toutes vos lettres. Mais je vous remercie pour l’amour que vous m’avez manifesté. Sans cela, je n’aurai jamais pu tenir aussi longtemps. J’en suis sûr.

Je suis convaincu que mon incarcération, les manquements constitutionnels dans mon affaire, et la conduite inqualifiable du gouvernement au cours du procès, sont des problèmes infiniment plus importants que ma vie ou ma liberté. J’ai le sentiment que chacun de vous qui a combattu pour ma libération fait partie d’une lutte plus grande des Peuples Autochtones – pour les Traités, la souveraineté et notre survie même. Si je devais être rappelé, n’abandonnez pas notre lutte, s’il vous plait.

Dans l’Esprit de Crazy Horse…

Doksha,

Leonard Peltier

#89637-132
USP Coleman I
PO Box 1033
Coleman, FL 33521