Par Chili Yazzie, Diné
Shiprock, Nation Navajo
Publié par Censored News
25 février 2023
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan

La pensée occidentale du développement, c’est de prendre d’énormes quantités d’éléments de la terre pour fabriquer des choses utiles à l’humanité, comme l’électricité et le pétrole. La pensée occidentale du développement inclut une économie non-énergétique et un développement communautaire pour créer une économie de vente au détail et d’infrastructure. La pensée occidentale est la perspective du Bilagáana [l’homme blanc]. L’inquiétude soulevée par la façon dont l’énergie est développée vient de sa destructivité, les dégâts qu’elle cause à la terre, les déchets et la pollution qu’elle laisse derrière elle.

Ces dégâts ne semblent pas avoir d’importance pour l’industriel ou le développeur dont la pensée est occidentale, tant que le produit est fabriqué avec un profit. Comme cette façon de se développer continue, elle se renforce, et il semble que rien ne peut l’arrêter. Les dégâts empirent. L’appât du gain, le besoin créé par l’avidité est trop fort, il est écrasant. C’est la pire addiction qui soit.

Pour les Autochtones, qui maintiennent leur connexion avec leurs racines, et pour ceux qui se préoccupent de la nature, cette façon de développer l’énergie est mauvaise. Ceux d’entre nous qui pensent comme cela, le croient parce que nous savons que la Terre Mère est une entité vivante avec un esprit, c’est la façon dont elle a été faite, c’est la façon dont elle est.

La pensée extrême sur le développement de l’énergie sale, c’est que ça tue la terre. Personne ne sait si la terre va mourir ou se régénérer après la disparition de l’humanité. L’optimiste suggère que la terre ne va pas mourir. Je ne suis pas si optimiste ; quand une entité vivante est constamment et de plus en plus endommagée, elle finira par mourir. Dans la pensée de l’expansion de l’univers, il semble y avoir d’innombrables entités célestes ‘mortes’ (du moins, c’est ce qu’elles paraissent à notre perception limitée ; elles sont peut-être ‘vivantes’ dans des dimensions différentes et dans leurs réalités séparées). Qu’ont été leurs origines, leurs temps de vie, leurs destins ?

Je n’ai pas une conception positive de la science, simplement parce qu’elle est unilatérale. Dans son attitude d’être tout, elle prétend à une supériorité, une arrogance ridicule qui ne reconnait pas son incomplétude. La science demande des preuves physiques empiriques ; elle ne prend pas en compte la foi ou la croyance dans la spiritualité. Dans l’équation de la vie, il y a une composition du physique et du spirituel, c’est absolu. L’un ne pourrait pas être sans l’autre. Comment la science peut-elle avoir une conception complète de quoique ce soit dans la vie, si elle ne repose que sur un côté et ignore ou ne reconnait pas, ne comprend pas la réalité de l’autre partie de l’équation ?

Cette conception de la science est la même conviction que celle qu’ont les développeurs d’énergie, en ce qu’ils croient que les technologies sur lesquelles ils fondent leur exploitation est la meilleure manière de faire ce qu’ils font. Avec cette conviction, qui est partagée par des organisations comme la NTEC [Compagnie Navajo d’Energie Transitionnelle] et la NOGC [Compagnie Navajo de Pétrole et de Gaz], ils refusent de reconnaitre la présence indéniable de la réalité spirituelle vivante sur la terre. Avec cette idiotie, ils affirment sciemment ou dans l’ignorance, que leur compréhension des dégâts permanents qu’ils infligent à la vie sur terre, et en conséquence, à toute vie, est absolument nulle.

Nous, Autochtones, qui pensons ces dynamiques, comprenons les méthodologies du développement de l’énergie sale, ce n’est pas compliqué, il n’y a rien à imaginer, c’est effrontément simpliste. Exploitons la terre, faisons un maximum de profits, au diable les conséquences. À l’inverse, la hiérarchie des entreprises Bilagáana ne comprend apparemment pas ces réalités ; ils n’ont pas le temps, ça ne fait rien, ou ils n’ont pas la capacité de comprendre et d’accepter que la terre est vivante. Et qu’ils sont en train de faire décliner sa vie.

La base commune potentielle entre les compagnies énergétiques et les Défenseurs de la Terre Mère est d’arriver à s’entendre sur ces réalités fondamentales de la vie. Ce serait un début ; sinon, nous sommes en guerre éternellement. L’énergie sale a empiété sur nos territoires il y a 100 ans, elle reste un intrus tant qu’elle refuse de comprendre que la terre et nous ne sommes qu’un. C’est notre terre, c’est notre droit de naissance, nous sommes désignés pour en prendre soin, ce sera toujours ainsi.

Défendons la Terre.

©chiliyazzie


Par Indigenous Environmental Network
Publié sur Facebook
7 novembre 2020
Traduction Christine Prat

Nous, le Réseau Environnemental Autochtone, applaudissons la défaite de Donald Trump, comme rappel de notre pouvoir collectif d’affronter la suprématie blanche et le fascisme. Un effort national de la base, organisé par les Noirs, les Peuples Autochtones, LGBTQIA et les Gens de Couleur, a fourni des votes essentiels nécessaires pour gagner cette élection. Nous ne le dirons jamais assez : C’est notre victoire, nous l’avons faite pour nos communautés. Nous n’allons pas mâcher les mots. Les Etats-Unis sont un état de colons qui a toujours exploité la terre, son peuple et ses ressources. Même avec le changement de l’Exécutif, nous savons que les systèmes qui ont réduit à l’état de marchandises notre peuple, nos terres, notre eau et notre ciel, ne seront pas ceux qui les sauveront. Ainsi, nous applaudissons ce moment en tant que baromètre de la direction et de la stratégie des BIPOC [Black, Indigenous, People Of Color] et nous fixons notre attention sur la récompense d’imaginer radicalement un futur meilleur pour nous tous. Un futur qui dépend d’une nouvelle économie et d’un paradigme environnemental.

Les Etats-Unis ont un nouveau président. Notre réseau continuera d’être une force motrice pour tenir les pouvoirs en place responsables vis-à-vis des peuples d’origine de ces terres et territoires. Dans toute l’Île de la Tortue, des Peuples Autochtones se soulèvent pour affirmer nos droits souverains inhérents, défendre nos territoires et protéger les générations futures. Pour la santé et le respect du caractère sacré de Notre Mère la Terre et Notre Père le Ciel, nous ne faiblirons pas, les voix Autochtones seront entendues.

Nous exigeons la justice climatique, nous exigeons une transition juste, nous exigeons un redressement économique juste, dirigé par la justice et l’éthique environnementales, nous exigeons que nos droits souverains soient respectés et renforcés. La nouvelle présidence doit accepter le rejet d’une économie extractive et construire une relation avec le sacré de Notre Mère la Terre et tout ce qui est en relation avec elle.

Nous devons voir un changement systémique dans les relations entre les Amérindiens, les Autochtones d’Alaska et d’Hawaï, et ce gouvernement fédéral. Nous devons voir une reconnaissance et une application complètes de nos droits selon les traités, que nos terres nous soient rendues, et la mise en pratique totale du principe de Consentement Libre, Préalable et Informé.

Nous concevons un nouveau paradigme qui reconnaitrait l’intégrité territoriale et les droits de Notre Mère la Terre, et l’auto-détermination des premiers peuples de ce pays. Et nous soutenons les Afro-américains, les gens de couleur, les pauvres, les migrants, LGBTQIA et tous les autres gens marginalisés qui demandent exactement le même changement de système.

Nous n’avons qu’Une Terre Mère et Un Père Ciel. Dans l’intérêt des sept prochaines générations de vie sur cette planète, nous continuerons à renforcer le pouvoir menant à des lendemains meilleurs.

Nous vous reverrons sur les lignes de front,

L’équipe d’Indigenous Environmental Network

Photo : Nedahness Greene